Clarisse WEILL

1879 - 1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Clarisse WEILL

Clarisse Weill est née en 1879 et a grandi sur la ferme de ses parents à Pontailler-sur-Saône, en Bourgogne. C’est là qu’elle a été arrêtée en juillet 1944, avant d’être envoyée à Drancy et déportée à Auschwitz par le convoi 77, le 31 juillet 1944.

Portrait de Clarisse Weill
Photographie issue du dossier de recherche, fonds PAVCC, SHD, Caen.

Clarisse Weill est née le 4 décembre 1879 à Pontailler-sur-Saône, une petite ville d’environ 1 300 habitants située à l’Ouest de la Côte-d’Or à environ 40 kilomètres de Dijon. Elle est la deuxième fille d’une fratrie de cinq enfants. Celle-ci se compose de trois sœurs, Fanny, Clarisse et Henriette et de deux frères, Jules et Louis.

Acte de naissance de Clarisse Weill

ADCO, 2 E 496/016

Ses parents sont Léopold et Rachel Weill (née Walch), tous deux originaires d’Alsace. Son père est marchand de bestiaux et sa mère femme au foyer. Il possède une ferme située rue Saint-Jean près de la vieille Saône. Il assure sa gestion jusqu’à son décès en 1905. Louis Weill reprend alors la direction de l’exploitation familiale aidé par son frère Jules. La famille emploie aussi parfois un domestique ou un commis.
Pendant une dizaine d’années ils ont vécu avec leur oncle Isaac Weill, frère de Léopold, son épouse, et leurs trois cousins Albert, Edmond et Berthe. Ceux-ci ensuite ont quitté Pontailler-sur-Saône pour s’installer à Dole dans le Jura à la fin du XIXe siècle.

Recensement de 1886

ADCO, 10 M 496-11 recherche effectuée par Juliette Blaise

 

Vue d’un quartier de Pontailler-sur-Saône vers 1900

ADCO, 9/Fi/1

 

Photographie actuelle du domicile présumé de Clarisse et de sa famille

Photographie Charlotte Poux

 

Photographie de Louis Weill, frère de Clarisse Weill

DAVCC 21 P 549 827

Il s’agit du domicile présumé car les numéros ont souvent changé sur les recensements de population.
Durant la Grande Guerre l’un des frères de Clarisse, Jules, est mobilisé le 2 août 1914. Il sert dans l’Infanterie puis dans l’Artillerie lourde. Il est évacué à deux reprises à l’hôpital en raison de maladies contractées sur le Front. Louis est réformé par la commission de réforme d’Auxonne le 17 août 1914 pour « crétinisme » (sic). On peut imaginer que c’est un stratagème pour éviter que les deux frères ne soient au Front.
Clarisse a passé presque toute sa vie dans sa petite ville natale. Elle semble être partie quelques années autour de 1936 car il n’est pas fait mention d’elle sur le recensement de cette année-là, mais les informations manquent sur cette période de sa vie. Sur les divers recensements de population il est noté qu’elle est sans profession. On peut néanmoins supposer qu’elle aide grandement et participe aux travaux de la ferme et qu’elle a en charge une partie des tâches domestiques. Sa mère meurt en 1935.
Lorsque la guerre éclate le 1er septembre 1939, ne vivent plus à la ferme familiale que quatre personnes : Clarisse, son frère Louis, sa belle-sœur Alice et la mère de cette dernière Pauline Lévy qui est venue habiter chez son gendre. Rapidement, le famille Weill subit les mesures antisémites imposées par l’État Français et l’occupant nazi. Clarisse doit remplir un document sur sa filiation en application de la loi du 2 juin 1941. Son frère Louis remplit le même document. En revanche il ne fait pas porter la mention « Juif » sur sa carte d’identité et ne porte pas « l’insigne juif ».

Extrait d’un courrier de la préfecture du 13 juin 1944

ADCO, 1090/W/35

 

Document de l’État français imposant aux Juifs de se faire recenser

ADCO, 1090/W/36

Le 1er février 1942, une interdiction d’exercer la profession de marchands de bestiaux est imposée à Louis. Ses bêtes sont saisies. C’est la conséquence des mesures de spoliation, un élément important de la politique antisémite initié dès 1940. La vie est de plus en plus difficile.

Extrait du bilan des spoliations en Côte-d’Or

ADCO, 1090 W41

Un premier drame lié à la politique génocidaire a lieu en 1943. Henriette, la plus jeune sœur de Clarisse est arrêtée avec sa fille Paulette. Elles sont transférées à Drancy puis déportées à Auschwitz dans le convoi n° 48 le 13 février1943 et assassinées.
L’année suivante, Louis est aussi arrêté avec sa femme Alice le 8 mai. Ils sont transférés à la prison de Dijon. Puis le 23 mai, ils sont envoyés à Drancy et déportés le 30 mai 1944 dans le convoi n° 75. Ils y sont tous les deux assassinés dès leur arrivée.
La Kommandantur ordonne aussi l’arrestation de Clarisse. Le maire de Pontailler-sur-Saône, (pour gagner du temps ?), indique que Pauline Lévy est toujours domiciliée chez les Weill et doit impérativement être transportée dans un hôpital. En attendant, Clarisse doit s’occuper d’elle. Début juin, Maurice Quirot, docteur à Pontailler, domicilié dans la même rue que les Weill, établit un certificat médical indiquant que Pauline Lévy souffre d’une hémiplégie droite ancienne. Elle doit donc être prochainement hospitalisée. Le 26 juin 1944, Pauline Lévy étant trop faible, son état la rend intransportable ; l’arrestation de Clarisse Weill est donc retardée. La Kommandantur insiste toutefois pour que l’ordre de déportation soit appliqué sans délais.
Le 4 juillet 1944, à 14h 30 deux gendarmes de Pontailler-sur-Saône, à la suite des instructions allemandes impératives, se rendent au domicile de Clarisse Weill. Ils dressent un procès-verbal de l’arrestation.

Procès-verbal de l’arrestation

ADCO, 1090/W/41, procès-verbal analysé par Célia Marin et Solène Fourcroy

Sa lecture permet d’avoir tous les détails de l’arrestation. Dans ce compte rendu, Clarisse est appelée « la juive Clarisse Weill » (sic). Elle n’est déjà plus considérée comme une femme mais comme « une juive » à exterminer. Les gendarmes appréhendent Clarisse et la confient à un gendarme venu spécialement pour la conduire à Dijon. On relève aussi la présence d’une dame de la Croix-Rouge et d’une ambulance automobile pour transporter Pauline Lévy aux hospices de Champmaillot à Dijon.
Après le départ des deux femmes, les scellés sont apposés par le maire conformément aux instructions de la Gendarmerie. Les clés du logement sont ensuite déposées, étiquetées, à la mairie locale. Le compte-rendu de l’arrestation est adressé au Préfet de la Côte-d’Or ainsi qu’au responsable des gendarmes de Pontailler-sur-Saône.
Clarisse est ensuite transférée à Drancy. Elle y est enregistrée le 9 juillet. Le préfet Régional de Dijon reçoit, le 20 juillet 1944, la confirmation de son internement.

Courrier confirmant le transfert de Clarisse à Drancy

ADCO, 1090/W/41

Elle est déportée le 31 juillet 1944 dans le convoi n° 77 et décède en le 5 août de la même année à Auschwitz. On peut noter l’erreur sur la note marginale de son acte de naissance. Il est écrit « décédée à Auschwitz le 17 juillet 1944 ». À cette date elle est encore à Drancy.
Dès décembre 1944, la belle-famille de Louis lance des recherches sur le sort de Louis, Alice et Clarisse. Elle écrit au ministère des Prisonniers, Réfugiés et Déportés. La réponse arrive quelques mois après : « elle est présumée décédée ».
Fanny, la sœur aînée de la fratrie qui a épousé en Suisse Edmond Ulmann est la seule à survivre à la Seconde Guerre mondiale. Elle meurt en 1948.

Photographie du monument aux morts avec la plaque en mémoire de Clarisse, Louis & Alice Weill

Photographie, Charlotte Poux

    Clarisse Weill a été certainement la dernière personne Juive arrêtée en Côte-d’Or, transférée à Drancy et déportée.
 
 
 
 
 

Sources

Archives départementales de la Côte-d’Or

  • Archives de la Préfecture de la Côte-d’Or, 1ère Division

1090/W/35 à 38 & 41

  • Recrutement militaire (1867-1940) : accès aux tables alphabétiques et registres numérisés

R/2386
R/2395

  • État civil de la Côte-d’Or

2E/496/16 à 2E/496/21

  • Population (sous-série 6M). Dénombrement de la population

10 M 496-9 à 10 M 496-18

  • Cartes postales

9/Fi/21496-1
Service Historique des Armées

  • Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC), dossier 21 P 482 603

Mémorial de la Shoah

  • Fiches Drancy, carnet de fouilles et cahier de mutations

Contacts téléphoniques avec le descendant de la famille d’Alice Levy Weill. Malheureusement, il ne dispose d’aucun papier et pas non plus de photographie. La famille suisse du mari de Fanny, épouse ULMANN, a hérité des biens de la famille Weill, mais la trace s’est perdue.

Rédacteurs: élèves de la classe seconde 1 du professeur Dimitri Vouzelle, enseignant d’histoire-géographie du lycée international Charles de Gaulle de Dijon, année scolaire 2019-2020.

Annexe 1 : arbre généalogique de Clarisse Weill

Travail réalisé par Margaux Rébé

 

Annexe 2 : « état nominatif des Juifs résidant à Dijon à qui a été remis l’insigne spécial »

ADCO, 1090/W/37

On peut relever la signature de la sœur et de la nièce de Clarisse, Henriette et Paulette Franck.

Annexe 3 : courrier de la Feldkommandantur du 7 juin 1944

ADCO, 1090/W/35

 

Annexe 4 : information sur la belle famille de Louis Weill, les Gensburger

L’Univers israélite du 1er avril 1927

Contributeur(s)

Élèves du Professeur Dimitri Vouzelle, professeur d'histoire et de géographie au Lycée International Charles de Gaulle à Dijon, année scolaire 2019-2020.

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1 commentaire
  1. henri-pierre Lenoble 2 ans ago

    Bonjour, je pense que le logement n’est pas le bon. Ma tante née en 1936 se souvient de cette période, ce serait plutot la ferme située au 28 ou 26 de cette meme rue (de l’autre coté du rond-point en allant vers Maxilly). Le maire de Pontailler etait M. Boiteux.

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