Germaine AKIERMAN

1925-2016 | Naissance: | Arrestation: |

Germaine AKIERMAN

Biographie établie en 2019, révisée en 2023 par ses enfants (Alain, Michel et Nelly).

Photo ci-contre : Germaine (1942)

Notre mère, Germaine, est née à Paris le 06/09/1925 ; certains documents font état du 17 septembre, mais son acte de naissance corrobore la date exacte du 6.

Elle sera naturalisée française en 1926.

Ses parents : Chaïm Pinkus Akierman (1890-1984) et Syma Taubé Rosenberg (1897-1969) sont nés en Pologne.

Chaïm vient s’installer en France au début des années 20, accompagné d’une petite fille Chana dit Clara (1914-2000), née d’un premier mariage.

Syma Taubé rejoint Chaïm en France et Germaine est le premier enfant à naître ; suivront Jeanne (1927-2021) Bernard (1930-) Adèle (1933-) et Roger (1941-) La famille Akierman habite au 6 rue Hoche à Montreuil. Chaïm est cordonnier.

En septembre 1939, Chaïm s’engage dans la Légion Etrangère.

Affecté au 21ème Régiment de Marche de Volontaires Étrangers à Septfonds, il ne sera pas appelé au combat. (Matricule 10100)

Liste des Engagés Volontaires pour la durée de la guerre (EVDG)
La date de naissance est erronée : 1898.
Source : Mémoire des Hommes /Service Historique de la Défense (SHD)

Acte d’engagement.

Extrait des Services.
Source : Commandement de la Légion Etrangère -Bureau des anciens de la Légion Etrangère (BALE)

Témoignage de Jeanne Kerbel (Nénette-janvier 2019)

En 1941, à quatorze ans et un jour, je vais travailler à l’usine Dentzer à Montreuil. Je suis opérée pour une appendicite, mes amis viennent me voir à l’hôpital, ils m’apportent des viennoiseries achetées au marché noir.

 

Jeanne et Germaine 1941-1942 (?)

Témoignage d’Adèle Schaffier (Dédèle – novembre 2016)

Au printemps 1941, des rumeurs persistantes faisant état d’arrestation des juifs étrangers, mon père  part se réfugier à Castelsarrasin (chez Mr Ballarin, grainetier) et il ne sera jamais inquiété, espérant nous faire venir un jour.

Photo signée Monsieur Ballarin B.R. Date inconnue

 

Au verso, « à mon ami Paul Akierman, mon camarade et mon protégé pendant les jours funestes » (Paul, prénom de Chaïm).

Fausse carte d’identité de Chaïm au nom de Paul Maillot

 

Commentaire d’Alain :

Par suite des mesures anti-juives d’octobre 1940 (Statut des Juifs) l’entreprise de Chaïm est aryanisée en mars 1941.

Un administrateur est nommé pour gérer ses avoirs.

L’administrateur Grapillard est nommé pour administrer l’entreprise Akierman en date du 15 mars 1941.

Extrait du Journal Officiel de la République du 27 mai 1942 (page 1958)
Source : Site Gallica

Le 14 mai 1941 a lieu la rafle dite « du billet vert ».

Près de 4000 Juifs étrangers sont convoqués au commissariat de police pour contrôle d’identité. Ils sont alors arrêtés et envoyés dans des camps d’internement situés dans le Loiret (Beaune-la Rolande – Pithiviers) La plupart des internés sera envoyé ultérieurement dans des camps d’extermination en 1942.

Témoignage d’Adèle :

Étant établi que Chaïm est porté « disparu », et que Germaine, citoyenne française, travaille aux Ets Denzer, l’assistante sociale fait le nécessaire pour qu’elle soit déclarée « soutien de famille ». Germaine reçoit alors des subsides des Allocations Familiales du régime de Vichy.

Germaine à l’usine Denzer (1941-1942 ?)

Germaine et son amie Jeanne Kravetz – date inconnue (après juin 1942). Archives Claude Schouflikir

Germaine est seule à porter l’étoile, Jeanne non, car les Kravetz, ne s’étant jamais enregistrés auprès des Autorités de Vichy, ne seront jamais inquiétés.

Témoignage de Jeanne :

En juin 1942, nous devons porter l’étoile jaune.

Cette mesure vexatoire s’ajoute à toutes les interdictions qui nous frappent : ne pas faire les courses après 18h, ne pas rentrer dans les parcs et jardins publics, obligation de prendre le dernier métro etc.

Témoignage d’Adèle :

En juin 1942, ma mère est convoquée au Commissariat de Police pour recevoir les étoiles jaunes, remises contre des tickets de rationnement. Je me rends le lendemain à l’école Jean-Jaurès avec un très fort sentiment de honte.

Dans la cour, avec d’autres fillettes juives je subis des quolibets de la part d’élèves ; la directrice, Mme Perrin convoque toutes les classes, menaçant les élèves d’exclusion immédiate si de tels faits se reproduisaient.

Il n’y eut plus jamais de tels débordements.

En juillet 1942 (le 16 ou le 17 ?), deux agents en uniforme viennent nous prévenir de préparer nos valises. Ils reviennent l’après-midi et nous emmènent à l’école Marcelin-Berthelot.

Sur le chemin, des passants nous manifestent des marques de sympathie (un morceau de pain) et des regards empreints de tristesse.

A l’école, se trouve un Commissaire de Police, chargé d’accueillir les Juifs pour leur signifier leur arrestation.

De prime abord, il nous semble particulièrement fatigué et excédé.

Interrogeant ma mère qui ne parle pas bien le français, il ne comprend pas pourquoi nous portons le nom de notre père alors que ma mère est listée comme Rosenberg. Ma sœur aînée Germaine lui explique que nos parents se sont mariés en Pologne religieusement et non civilement.

Devant cet état de fait qui lui semble incompréhensible, ma mère insistant pour expliquer notre cas, le policier nous renvoie chez nous en disant « Foutez-moi le camp ». Nous repartons sous les applaudissements des badauds. Il nous semble être les seuls à repartir.

De juillet 42 à février 44, nous menons une vie « normale » : mes sœurs travaillantes, moi-même allant à l’école « sans problème ».

Témoignage de Jeanne :

Comme le raconte Adèle, nous nous rendons à Marcelin-Berthelot, sur les explications de Germaine, le policier excédé nous donne l’ordre de f..le camp.

Commentaire d’Alain :

Au début du mois de juillet 1942, la sœur de Syma Taube, Gitla Finkelstein viendra vivre quelques jours à Montreuil avec son fils Bernard. Le père, Maurice Finkelstein, étant resté à Paris, rue Charlot.

Après quelques jours, Gitla Finkelstein et son fils Bernard décidèrent de retourner chez eux. Quelques jours plus tard, ils furent tous trois arrêtés lors de la rafle du 16 juillet. 

Maurice Finkelstein fut déporté le 31 juillet 1942 par le convoi 13, Gitla le 3 août par le convoi 14 et Bernard le 24 août par le convoi 23.

Furent arrêtés lors de cette rafle :

  • une cousine de ma grand-mère, Mala Czarny déportée le 3 août par le convoi 14,
  • son fils Henri qui sera déporté le 26 août par le convoi 24.
  • Yankel, mari de Mala et père d’Henri avait été arrêté en mai 1941, il sera déporté le 22 juin 1942 (convoi 3).

(Source : Mémorial de la Shoah)

Leur fille Rose (surnommée Rosette) était dans un préventorium et elle échappa ainsi à la déportation.

Entre 1940 et 1944, le Préventorium d’Arbonne accueillera plus de 200 enfants, dont de nombreux enfants juifs qu’il fallait cacher après l’arrestation et la déportation de leurs parents.

Assistée de Mlle Rospide et Jean Lhérété, Marguerite Schwab parvient à nourrir tout le monde.

Marguerite Schwab et son équipe sauvera 40 enfants juifs. Certains resteront que quelques mois, d’autres resteront au Préventorium de mars 1942 à décembre 1945, après la Libération.

Marguerite Schwab et Mlle Rospide œuvrent en liaison avec le mouvement de résistance Notre-Dame-Castille.

Elles recevront la médaille de la Résistance et la Croix de guerre

Marguerite Schwab sera reconnue « Justes parmi les nations » par l’Institut Yad-Va-Shem en Israël.

(Source : AJPN)

Témoignage de Jean Czarny :

Il est difficile d’établir mon parcours pour 42-43. Étais-je dans un préventorium comme Rosette ?

En 1944, je suis chez une nourrice, Mme Ringeval à Houdan, en 1945 je suis pris en charge par l’OSE puis en 46 par la CCE.

Au début de 1944, la haine anti-juive d’Alois Brunner oblige Germaine à disperser sa famille.

Témoignage de Jeanne :

Le 4 février 1944, les Allemands frappent à notre porte, nos voisins leurs disent que nous sommes absents. Le lendemain, je vais me réfugier chez mes amis les Boyenval qui habitent rue de la Noue dans le Haut-Montreuil. Grâce à un ami dans la Résistance, je vais être placée chez les Roussel à Saint-Germain en Laye. Avant d’y aller, j’accompagne mon frère Bernard à la gare Montparnasse car il va être envoyé à la campagne.

Nous sommes interpellés par un jeune policier à la Nation qui nous demande où nous allons ; je lui réponds que mon petit frère est malade et qu’il va se soigner à la campagne. Cela lui suffit, il nous laisse passer. 

Témoignage d’Adèle :

Le 4 février 44, les Allemands se présentent à notre domicile, essayant d’y pénétrer; une de nos voisines leur signalant que nous sommes absents, ils repartent.

Le lendemain matin, nous quittons notre domicile. Nos voisins du rez-de-chaussée (les Cretaz) nous accueillent chez eux. Germaine nous mène ensuite chez des amis, les Blumenthal (qui ne se sont jamais faits enregistrés) et rapidement nous sommes séparés.

Je séjourne dans différents endroits dont Fontenay- sous- Bois dans une pension de jeunes filles.

Sur les conseils de Mme Perrin, je continue ma scolarité et je passe un examen d’entrée en 6ème. Recueillie à l’UGIF de Montreuil avec mon frère Bernard, nous n’y restons pas très longtemps, la direction craignant pour nous. Ma sœur Jeanne s’établit à Saint-Germain en Laye. Mon frère Bernard est hébergé chez des paysans dans la Sarthe.

Témoignage de Germaine :

Je parviens à contacter par l’entremise d’un curé, la Congrégation Notre -Dame de Sion dirigé par le père Théomir de Vaux afin que Bernard soit confié à une famille à la campagne.

Témoignage de Bernard :

En février 1944, avec Germaine je rencontre le père Théomir de Vaux, j’étais impressionné par ce colosse barbu.

Rendez-vous pris à Montparnasse.

Ma sœur Jeanne m’accompagne à la gare (nous avions enlevés nos étoiles) au changement à Nation, un jeune policier nous contrôle et nous demande où nous allons. Jeanne répond que je suis malade et que je pars à la campagne, il nous laisse passer.

A Montparnasse, le père de Vaux nous attend avec deux jeunes filles qui nous serviront d’accompagnatrices et de quatre garçons juifs.

Arrivés en gare d’Ecommoy, je suis accueilli par un paysan (Mr Auguste Landeau) qui me conduit d’abord chez un certain Muller et enfin chez les Gendron.

Commentaire d’Alain :

Les Gendron seront honorés du titre de « Justes parmi les Nations » en 2003. Sur la famille Gendron et les Landeau :

(Source AJPN)

Le Père Théomir Devaux les attend à la gare Montparnasse avec quatre autres garçons juifs, dont Alfred et Léon Rosenblat, âgés de 12 et 10 ans, et deux jeunes accompagnatrices. Ils partent rejoindre leur refuge, à la campagne.

Les enfants arrivent dans la Sarthe à Yvré-le-Pôlin où Auguste Landeau vint les chercher en carriole et les emmena chez Monsieur Muller où ils resteront 3 jours.

Auguste Landeau emmena ensuite tout ce petit monde à Requeil (Sarthe) au lieu-dit Le Couran dans la famille Gendron.

Dès les premiers jours, la famille témoigna aux jeunes réfugiés une gentillesse et une affection qui perdurent encore aujourd’hui. Du fait du métier d’Albert Gendron, la nourriture était excellente, variée et abondante. Les légumes et les fruits venaient du potager et le reste des fermes voisines. Le jeune Bernard Akierman partageait avec le fils de la famille un grand lit dans une chambre confortable. Cependant, les garçons n’étaient pas scolarisés, le maire du village craignant les dénonciations car, au Château de la Roche Mailly, dans la commune, était stationné de nombreux soldats allemands.

Malgré leurs tampons « juifs » sur leurs cartes d’identité, le maire de Requeil fournissait à Marie-Louise Gendron des tickets d’alimentation.

Marie-Louise et Albert Gendron étaient des gens aux revenus des plus modestes, mais au grand cœur. Marie-Louise Gendron pour pouvoir nourrir ces trois bouches supplémentaires était dans l’obligation absolue de recevoir une toute petite participation financière. C’est Jeanne Akierman et Clara Bouri (née Akierman) qui envoyaient chaque mois une mensualité à Notre-Dame-de-Sion par l’intermédiaire d’Auguste Landeau qui la faisait parvenir à Marie-Louise Gendron.

Les questions religieuses ne furent jamais abordées ni par Marie-Louise et Albert Gendron, ni par le Père Théomir de Vaux.

En octobre 1944, Marie-Rose et Auguste Landeau recueillirent les enfants dans leur ferme où se trouvait déjà une dizaine d’enfants et quelques adultes, tous juifs qu’Auguste Landeau dispersait dans la campagne pour les cacher.

Un camion envoyé de Paris à la Libération rapatria tout ce petit monde dans un centre du 14e arrondissement où deux jours plus tard la famille Akierman récupéra ses enfants.

Fiche au nom de Bernard Akierman(n !) dit Acker.
Liste chronologique des frais payés à la famille Gendron de février à novembre 1944.
(Jean Laloum du CNRS-GSRL archives du CDJC microfilm intitulé registre des sœurs de Sion)

Germaine : « Ma sœur Clara donne également de l’argent pour subvenir à ses besoins. » Voir sur le document dans la marge à gauche : « répondant Mme Bouri ».

Germaine : « Je fais le nécessaire pour que le reste de ma famille soit éloigné de Paris ».

 

Photo datée du 3 mai 1944 : Germaine, sa mère Syma Taubé, son petit frère Roger et son amie Paulette Dzialochinski.

Au verso : « A mon cher petit frère, en souvenir d’une séparation qui sera brève, j’espère ».

Témoignage de Robert Wacjman, cousin de Germaine :

Nous habitions Lyon, et j’ai été arrêté avec mes parents le 24 mai 1944. On nous a enfermés à Montluc où mon père Maurice a été fusillé le 3 juin. Jeannette, ma mère et moi avons été déportés par le convoi 76, auquel nous survivrons, malgré plusieurs transferts de camp en camp pour moi.

 

Adèle :

Germaine reste à Montreuil, à l’usine Denzer, pour subvenir à nos besoins.

Sur les conseils d’une assistante sociale, nous faisons partie d’un groupe de réfugiés (ma mère, mon petit frère et moi) du quartier Vaugirard bombardé par l’aviation alliée, et évacués dans le Jura près de Poligny.

Ma mère parlant le « polonais ! », c’est à moi de répondre aux autorités que nous habitons rue Lecourbe à Paris et que nous voulons échapper aux bombardements.

En juillet 44, Germaine, restée seule à Montreuil, est dénoncée et déportée à Auschwitz. De retour à Montreuil, en novembre 44, je retrouve ma famille. En quête d’un logement (n’ayant jamais récupéré le nôtre) nous attendons la fin de la guerre et dans l’angoisse le retour de Germaine en juin 1945.

Germaine :

Début juillet 1944, seule à Montreuil, toujours chez Dentzer,

Revenant du travail, je croise une patrouille de policiers qui emmène une famille juive montreuilloise au commissariat ; le chef de famille me montre du doigt et demande aux policiers de les libérer (lui et sa famille) et de me prendre en échange. En chemin je croise mon amie Ginette Renard, je lui demande de contacter ma sœur Clara afin qu’elle fasse passer de l’argent à Bernard.

Je suis conduite au commissariat de police puis envoyée au Dépôt à la Préfecture de Police le 5 juillet. Je suis interrogée par les Autorités afin de savoir s’il y avait d’autres membres de la famille pour pouvoir les arrêter à leur tour. Je refuse de dire quoique ce soit à leur sujet, craignant qu’ils soient arrêtés à leur tour.

Registre des consignés provisoires CC2/8.
Motif : « Juive ». Destination : Drancy.
Source: Archive Préfecture de Police de Paris

 

Cette fiche 83 mentionne mon numéro de dossier juif (61712) et comporte plusieurs erreurs : née le 17 09 1925 et que je suis sténo !
En milieu de page : mention : Interné Drancy, date du 05 07.
Mentions diverses : SS AJ AO. SS : ? AJ: Affaires Juives. AO : Signifierait Remis aux Autorités Allemandes. En bas de page: carte d’alimentation timbrée.
Source : Archives nationales – Fichier familial-F/9/5605

Mêmes indications erronées : nom, date de naissance, emploi. Interné Drancy le 05/07/1944. Je suis fouillée et je donne ma montre (bordereau 6265)
Source : Mémorial de la Shoah. J 61712, Akerman (!)

Document original titré « Camp de Drancy » daté du 05/07/1944, bordereau 6265.  Je suis fouillée et je donne ma montre bracelet jaune or
Source : Mémorial de la Shoah

Transcription d’après les souches originales du carnet de fouille 154 daté du 05/07/1944.  À Drancy, j’y rencontre la famille Drai et  je sympathise avec leur fille Perlette et une autre jeune fille, Mathilde Jaffe.
Source : Archives du CDJC.

Fiche de départ datée du 31 juillet  1944. Mêmes mentions mais adresse différente : 35 rue François Arago.
Source : Archives Nationales – Fichier Drancy Adultes-F/9/5675 : Cette fiche est datée du 31/07/1944.

 

 

Au verso : Mention « c (mot illisible) remis à son père le 19 02 1945 ».
35 rue François Arago : Lieu où habitent les Akierman à leur retour à Montreuil en novembre 44, Paris ayant été libéré. La famille Akierman n’ayant pas récupéré son logement rue Hoche.

Fiche n° 34 104 : carte d’identité
Akerman (références en bas du document : MK 490.105 f-506)
Source : Archive d’origine inconnue 

Bernard :

En juillet, je reçois une lettre qui me dit que c’est Ginette qui s’occupera de moi dorénavant; je comprends qu’il est arrivé quelque chose à Germaine.

Germaine :

Je pars avec le convoi 77 le 31 juillet avec de nombreux enfants arrêtés dans les foyers de l’UGIF.

Nous arrivons à Auschwitz-Birkenau début août. La sélection est faite par Mengele, les parents de Perlette sont envoyés vers leur destin.

Avec Perlette et Mathilde,nous sommes autorisées à entrer au camp. Nous cherchons à savoir où se trouvent les parents de Perlette et les enfants qui faisaient partie de notre convoi.

Les autres déportées, arrivées quelque temps avant nous, nous montrent le ciel. Nous refusons d’y croire. Hélas, la vérité s’impose très vite à nous. Les conditions de vie sont dures : les châlits à partager, les latrines communes …

Nous passons notre temps à transporter des pierres d’un endroit à un autre sans aucune raison sauf celle de nous épuiser.

Chaque matin, à l’aube, les appels à l’extérieur semblent durer une éternité.

Un peu plus tard, j’ai « la chance » de travailler aux cuisines (où je rencontre Mengele pour la deuxième fois). Je le regarde, il me demande de baisser les yeux et de cesser de le fixer. Je finis par céder.

En novembre 1944, je suis envoyée au camp de Kratzau dans les Sudètes.

Je travaille dans une usine d’armement qui sera bombardée par les Alliés. Notre souhait est d’en finir et de mourir sous les bombes alliées.

Deux camps normaux de travail :

  • Usine de Spreewerk (armement, aujourd’hui Elitex), essentiellement des Français,
  • Dépôt (aujourd’hui dépôt d’OTS Elitex), surtout des Luxembourgeois.

Deux camps de concentration :

  • Saint-Jean, près du réservoir/déversoir : logements des hommes et femmes de la SS, logements de femmes et filles juives, surtout polonaises et ukrainiennes travaillant pour l’usine Cichorius (aujourd’hui Mykana),
  • Usine Jäger (armement)

(Source Wikipédia

Le 8 mai 1945, l’Armée Rouge arrive aux portes du camp :

« Vous êtes des femmes libres » nous dit en français un officier soviétique.

Nous rejoignons un groupe de prisonniers de guerre français récemment libérés.

De retour en train à Paris,  je passe d’abord au Lutétia.

Je garde le souvenir d’une personne de l’accueil qui a refusé que je choisisse des vêtements « trop luxueux » selon elle pour une pauvre banlieusarde comme moi. Je rejoins Montreuil. Le bruit a couru que je revenais, aussi je suis assaillie à la sortie du métro Robespierre par de nombreuses personnes qui veulent avoir des nouvelles de leurs familles, ils me montrent des photos pour savoir si je les reconnais et surtout s’ils sont vivants. Je ne pouvais pas leur dire la vérité : ils ne les reverraient jamais.

Je retrouve ma famille à Montreuil, nous habitons au 35 rue François Arago car il nous sera impossible de récupérer notre appartement.

Jeanne :

Je reviens tous les dimanches à Montreuil, rue François Arago faire le ménage à la boutique où nous habitons, n’ayant pas pu récupérer notre logement.

Bernard :

A notre retour à Montreuil, n’ayant pas pu récupérer notre logement pour cause de départ précipité, notre propriétaire n’ayant pas touché de loyer pendant notre absence(!)mon père trouve un local insalubre rue François Arago

Je me souviens des cafards grouillants partout.

Retour à la vie :

Germaine et son amie Ida Jablonski qui lui présente son frère Joseph (1946)

 

Germaine :

J’épouse Joseph Jablonski le 8 mai 1947 et donne naissance à deux jumeaux (Alain et Michel) Nelly suivra en 1954.

 

DOCUMENTS ANNEXES

 

Attestations de l’arrestation de Germaine Akierman, 3 et 6 décembre 1947
Direction des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre

 

 

Déclaration de l’arrestation de Germaine Akierman, 17 mai 1949
Direction des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre

Demande d’attribution du titre de Déporté Politique, 24 octobre 1957
Ministère des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre

 

Renseignements de Germaine Akierman relatifs à son arrestation,

 

Dossier d’attribution du titre de Déporté Politique de Germaine Akierman,
25 mars 1957,
Direction des statuts et des services médicaux

Décision de l’attribution du titre de Déporté Politique à Germaine Akierman,
16 janvier 1958,
Ministère des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre

 

Dossier d’attribution du titre de Déporté Politique de Germaine Akierman, 21 P 574 963,
16 janvier 1958,
Ministère des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre

 

Avis favorable suite à l’attribution du titre de Déporté Politique,
29 janvier 1958,
Direction des statuts et des services médicaux

 

 

 

Contributeur(s)

Ses enfants, Alain, Michel et Nelly

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2 commentaires
  1. Akierman 5 ans ago

    Comme il est important de connaître l’histoire d’une partie du passé familial….
    C’est un devoir de mémoire pour les descendances à venir.

  2. AKIERMAN Roger 5 ans ago

    Roger Akierman
    né en 1941, j’ai pris connaissance de certains faits en étant plus agé .
    Maintenant, à 78 ans par le texte ci-dessus j’ai encore appris des choses que
    j’ignorais sur ma famille durant ces années noires.
    Ce qui m’a beaucoup ému c’est le verso de la photo 3 où ma sœur Germaine
    décédé en 2016 écrit sur notre prochaine séparation. Il faut noter que l’écriture
    de ma sœur jusqu’à quelques années avant son décès est restée la même.

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