Fanny LUZZATO, née Weil

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Biographie de Fanny Marthe LUZZATO, née WEIL (1882-1944)

 

 

 

 

Simone ZIMBARDI, M1 Archives 2017/2018, N°étudiant : 17806882,
sous la direction de la Professeure Marie-Anne MATARD-BONUCCI
Université Paris 8, Vincennes-St Denis
Séminaire « Les Archives de la Shoah »

Sommaire :

  1. Mlle Weil (1882-1903)

  2. Mme Luzzato (1904)

  3. Les joies de la maternité, les douleurs de la guerre (1905-1919)

  4. Reconstruire le quotidien (1920-1939)

  5. Humiliée, spoliée, internée (1940-1943)

  6. « Morte pour la France » (1944)

  • Abréviations des sources d’archive

  • Bibliographie

  • Annexes

  • Rencontre avec Philippe Bouvard

  • Chronologie

  1. Mlle Weil (1882-1903)

Fanny Marthe Weil est née à Dambach-la-Ville, en Alsace, dans le département du Bas-Rhin, le 17 décembre 1882[1]. Elle est la fille aînée d’Henri Weil, marchand de vin, et de Clémentine Schill, sans profession[2]. Sa famille paternelle est originaire de Dambach-la-Ville, qui, à sa naissance n’est qu’un petit bourg de 3132 habitants[3]. Une importante communauté de juifs – on en compte près de 300 au milieu du XIXe siècle, pour la plupart des commerçants – y est installée depuis le Moyen Age[4].
Fanny appartient à une famille assez respectée de Dambach-la-Ville : son grand-père paternel, en effet, est le rabbin Seligmann Weil. Talmudiste, il est actif à Versailles pendant la difficile période de la guerre franco-prussienne. Homme énergique, il s’oppose à la décision du rabbin des troupes israélites d’Allemagne de prier dans le temple de Versailles pour l’empereur allemand Guillaume Ier. Seligmann meurt encore jeune le 4 octobre 1870 à 54 ans, douze ans avant la naissance de sa petite-fille[5]. Son épouse Babette Süsskind lui survit et meurt le 17 juillet 1893, âgée de 77 ans[6].
Le rabbin Weil et sa femme ont eu plusieurs enfants ; Henri, le père de Fanny, est le deuxième. Il voit le jour à Dambach-la-Ville le 17 octobre 1846[7]. Clémentine Schill, la mère de Fanny, quant à elle est née à Neunkirch (Lorraine) le 14 mars 1858 dans une famille juive. Fille du rentier Joseph Schill et de Julie dite Mathilde Kahn[8], elle épouse Henri Weil le 27 février 1882 dans la ville lorraine de Sarreguemines[9].  Le couple a quatre enfants : Fanny, l’aînée ; Nanette, née à Dambach-la-Ville le 22 février 1884[10] et morte aussitôt dans la même ville le 17 octobre 1885[11] ; Seligmann, le seul fils mâle du couple, né lui aussi à Dambach-la-Ville le 20 février 1886[12] ; et enfin Hélène, née à Sarreguemines le 17 janvier 1890[13].
Fanny passe ses premières années à Dambach-la-Ville. Dans le recensement de la population de l’Alsace-Lorraine du 1er décembre 1885, elle est indiquée au 57 Langasse avec ses parents, la domestique Sophie Spitz et sa grand-mère paternelle Babette. Cette dernière est toutefois absente au moment du recensement car en voyage à Strasbourg[14]. En 1888 la petite fille se déplace avec sa famille à Sarreguemines (où ses parents ont déjà ont vécu), une plus grande ville qui, en 1891, compte 13.076 habitants[15]. Elle passe ici son adolescence et son enfance, avant de rejoindre Paris le 15 octobre 1903 pour commencer sa nouvelle vie[16].
La capitale française a un fort attrait pour la famille de Fanny, surtout pour sa famille maternelle, composée en grande partie de commerçants. C’est à Paris que nombreux membres de la famille Schill déménagent entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, en y fixant leur résidence et leur activité professionnelle. Dès son arrivée à Paris, Fanny (alors jeune femme de 21 ans) peut compter sur le soutien matériel de ses oncles.
Dans la capitale se trouvent aussi le frère de Fanny, Seligmann, installé depuis décembre 1902[17], mais aussi sa mère Clémentine et sa sœur cadette Hélène, qui y arrivent en 1904[18] et qui sont hébergées chez leurs parents au 7 rue d’Abbeville (Paris 10e). A cette adresse en 1904, habite une grande partie de la famille Schill, parmi lesquels Nanette, la tante de Fanny, avec son fils Armand, et Joseph, le grand-père de Fanny[19].
A Paris il y a également les oncles maternels de Fanny, in primis Louis Schill. Frère cadet de Joseph, il a épousé en 1873 sa nièce Nanette. Représentant en cartonnages dans le 4e arrondissement[20], Louis est également commissionnaire en marchandises vers l’étranger, en particulier le Brésil, d’où il importe la gomme élastique[21]. On peut supposer qu’il travaille au moins avec un des frères de sa femme, David Schill, agent consulaire intérimaire de France à Manaus (Brésil), une ville très active dans le commerce de caoutchouc à l’international[22] et où demeure une colonie de Français, pour la plupart commerçants comme l’oncle de Fanny[23]. La famille Schill possède en effet, depuis la fin du XIXe siècle au moins, des propriétés immobilières et des terrains à Manaus[24], qui seront en partie reçus en héritage, après la guerre, par le fils de Fanny, Jules[25].
Louis meurt le 28 mars 1903 au 32 Boulevard de Strasbourg (Paris 10e), sans doute une de ses résidences[26]. Il est intéressant d’observer qu’à cette même adresse, le 2 janvier 1904, un autre oncle maternel de Fanny, le commerçant en gros Adolphe Schill, crée sa société d’achat de marchandises à l’étranger, la Maison Schill et Kahn[27]. Sans doute accueillie par ses oncles, Fanny fixe son domicile au 32 Boulevard de Strasbourg dès son arrivée à Paris[28].
Ce n’est pas non plus le hasard si la jeune femme commence à travailler en tant que cartonnière, c’est-à-dire une « ouvrière papetière qui procède au montage manuel des boites de carton »[29]. On peut supposer que l’influence de ses oncles dans ce domaine, et surtout de la famille de Louis Schill, représentant en cartonnages, a aidé la jeune femme à trouver cet emploi.
C’est peut-être aussi (mais il s’agit d’une hypothèse) en fréquentant la communauté juive parisienne des commerçants du 9e et du 10e arrondissement, que Fanny a rencontré son futur mari, Sigismond Luzzato, un juif autrichien naturalisé français. Grâce à son mariage Fanny elle-même accède à la nationalité française.

  1. Mme Luzzato (1904)

Sigismond, dit Simon, Luzzato, de neuf ans l’aîné de Fanny, est né à Vienne (Autriche) le 1er juin 1873 d’Henri Luzzato et de Jeanette Steiner, morte à Paris le 21 décembre 1888, à l’âge de 42 ans[30]. Il a été naturalisé français le 20 décembre 1903[31]. Son père Henri, né le 25 septembre 1842 à Pazzossy (Hongrie)[32], arrive à Paris avec sa femme, couturière, et ses enfants entre 1874 et 1876[33]. Dès 1886[34] Henri s’établit en tant que tailleur pour homme (il travaille pour des particuliers, en réalisant et en vendant lui-même les vêtements) rue du Faubourg Montmartre (Paris 9e), où dans les premières années du XXe siècle il fixe définitivement son domicile et son activité au numéro 53[35] : c’est à cette adresse que Fanny passe le reste de sa vie.
Le choix d’Henri de placer son activité au Faubourg Montmartre n’est pas fortuit : au XIXe siècle ce quartier est habité par un grand nombre de juifs, provenant surtout d’Europe centrale et de l’Est et qui, arrivés à Paris, ont choisi d’installer là leurs activités commerciales[36]. Mais si pendant le jour la rue du Faubourg Montmartre, véritable cœur du quartier, se présente « honnête, laborieuse et commerçante », le soir elle se peuple de « souteneurs, bonneteurs et bookmakers, boursiers et filles publiques », rendant le quartier bruyant et très animé, sinon dangereux[37].
On peut supposer qu’entre les dernières années du XIXe et les premières du XXsiècle, l’activité d’Henri Luzzato fonctionne bien. En 1903, son entreprise compte une dizaine d’ouvriers, parmi lesquels Sigismond, domicilié et établi avec son père depuis 1902[38]. Le 30 novembre 1903 Henri et Sigismond fondent enfin la société « Luzato et fils », qui permet à Sigismond de devenir patron aux côtés de son père[39].
C’est donc dans un contexte économique plutôt favorable que Fanny et Sigismond signent leur acte de mariage le 23 novembre 1904 devant le notaire Albert Perè (9 Place des Petits-Pères, Paris 2e). La cérémonie a lieu le lendemain, à 11 heures du matin à la mairie du 10e arrondissement[40]. Des parents du couple, est seulement présent Henri Luzzato ; sa femme Jeanette est déjà morte à cette date ; la mère de Fanny, Clémentine, est sans doute gravement malade (elle meurt quelques jours après, le 28 novembre[41]) ; quant à Henri Weil, il est selon toute probabilité encore domicilié à Sarreguemines pour ses affaires.
Les témoins de Fanny et de Sigismond, tous d’origine juive et appartenant aux familles Luzzato et Weil, travaillent dans le domaine du commerce, ce qui révèle les liens très étroits des nouveaux époux avec ce milieu. Isidore Goldenberg, 25 ans, tailleur, et Jean Kraselchick, 30 ans (dont la profession n’est pas mentionnée) ne sont autres que les beaux-frères de Sigismond : le premier est le mari d’Hélène Luzzato[42], le deuxième celui de Pauline Luzzato[43]. Les deux autres témoins sont deux des oncles maternels de Fanny : il s’agit de Michel Polack, négociant âgé de 52 ans, qui a épousé une tante maternelle de Fanny, Hélène Schill, et Adolphe Schill, 40 ans, également négociant.
L’allégresse du mariage est de courte durée : quelques jours après la cérémonie, Fanny perd sa mère Clémentine. Cette dernière meurt à Paris le 28 novembre 1904, à l’âge de 46 ans[44]. Ce n’est que le premier d’une longue série de deuils qui frappent Fanny dans les années suivantes.

  1. Les joies de la maternité, les douleurs de la guerre (1905-1919)

Mariée en novembre 1904, Fanny a un seul enfant de son mari : Jules, venu au monde le 30 avril 1907, à 4 h du matin[45]. Avec cet événement, sa vie va radicalement changer, d’autant plus que le mois précédant la naissance de Jules, le 9 mars 1907, son mari a liquidé la société « Luzato et Fils ». Il a en effet assumé la gérance de l’activité commerciale des Luzzato, établissant sa propre société, toujours au 53 rue du Faubourg Montmartre, avec cinq partenaires[46].
Comme la plupart des femmes de la bourgeoisie commerciale, Fanny arrête de travailler dès la naissance de son premier enfant. On peut l’imaginer consacrer ses journées à son fils. Mais aussi, malheureusement, à pleurer ses deuils : le 3 février 1909 le grand-père maternel de Fanny, Joseph Schill, s’éteint à l’âge de 80 ans[47] ; l’année suivante, le 22 janvier 1910, c’est son oncle maternel David qui meurt encore jeune (il n’a que 41 ans)[48].
En revanche, au milieu de toute cette douleur, Fanny fête le mariage de sa sœur cadette Hélène qui, le 4 avril 1911, épouse le négociant Louis Joseph Lévy[49]. Parmi les quatre témoins il y a Sigismond. Il est intéressant de remarquer également que les trois autres témoins appartiennent au milieu des commerçants : Samuel Lévy est fabricant de chapeaux ; Justin Lévy est confectionneur ; enfin Adolphe Schill, l’oncle de Fanny et d’Hélène, est négociant[50].
Le déclenchement de la Première guerre mondiale en 1914 frappe avec violence le quotidien de Fanny. En effet, son statut d’ex-Allemande risque de la mettre en difficulté, d’autant plus qu’elle est n’est pas mariée avec un Français, mais un ex-Autrichien naturalisé français (l’Autriche est alliée de l’Allemagne en guerre)[51].
C’est dans le cadre d’une procédure de surveillance des étrangers en France, mise en place par le Ministère de l’Intérieur en septembre 1914, que la Préfecture de Police mène une enquête sur Fanny[52], suite à une demande du Ministère du 3 février 1915. Après un contrôle effectué par les gendarmes à son domicile, la Préfecture de Police signale au Ministère que « la dame Luzzato (…) n’est pas internée. Elle est toujours domiciliée au 53 rue du Faubourg Montmartre et sa santé paraît satisfaisante. Son mari (…) est mobilisé »[53]. Cette lettre est reproduite, au bas de la biographie, sur trois pages.
Sigismond, en effet, a dû quitter sa famille pour s’engager dans l’armée[54]. En février 1917 il fait partie du 13e bataillon territorial ; il est ensuite intégré au corps Expéditionnaire d’Orient au cours de l’expédition de Salonique, pendant laquelle il est nommé le 29 janvier 1918 caporal fourrier (il s’agit d’un rôle au caractère plutôt administratif au sein de l’armée). Capturé par les ennemis, il est libéré le 22 janvier 1919 et rentre à Paris blessé, mutilé à 10%. Pour ses mérites sur le front il obtient une médaille commémorative de l’Etat français[55].
Dans les années noires de la guerre, Fanny doit aussi endurer la mort de deux de ses parents les plus proches. En avril 1915, son père Henri meurt à l’âge de 69 ans[56]. L’année suivante, le 6 octobre 1916, c’est sa tante maternelle Nanette qui s’éteint à 60 ans dans son domicile de Montmorency[57]. Toutefois avant de mourir, Nanette a fait rédiger un testament dans lequel elle laisse en héritage à sa nièce Fanny un beau pavillon de plaisance à Montmorency, villa « Les Mésanges ». Elle a acheté ce pavillon, bâti dans les dernières années du XIXe siècle, en 1910[58]. Dans le testament il y a en revanche une clause très stricte : Fanny doit en faire sa seule propriété et ne peut pas la vendre ni la louer à des personnes étrangères à la famille[59].
Situé sur la rue du Parc Séchan, un des quartiers bourgeois de la ville, ce pavillon de 100 mètres carrés est ainsi présenté en 1949, au moment de régler la succession des Luzzato : « construit en meulières sur caves composé au rez-de-chaussée, d’une entrée, salon, salle à manger, cuisine W.C., grande véranda, au premier étage trois chambres et une salle de bains, grenier sur le tout, jardin »[60].

  1. Reconstruire le quotidien (1920-1939)

Une fois la guerre terminée, la vie de la famille Luzzato recommence. Sigismond a pu rentrer en France, bien que blessé. Après avoir repris en main son activité, il commence à apprendre à Jules le métier de tailleur : il représente la troisième génération des Luzzato dans l’entreprise de famille. L’apprentissage de Jules a déjà commencé en 1926 (il a alors 19 ans), au moment du recensement de la population de Paris : il est en effet mentionné en tant qu’ « ouvrier tailleur », alors que Sigismond est simplement « tailleur » tout court, c’est-à-dire patron[61].
Quant au vieux Henri Luzzato, âgé désormais de 84 ans, il est également indiqué comme « ouvrier tailleur » dans ce recensement[62]. On imagine toutefois qu’en cette même année 1926 sa santé est sans doute faible : il s’éteint le 11 juin à son domicile[63]. La mort de l’ancien chef de famille ne représente pas un coup d’arrêt pour l’activité des Luzzato. Au contraire, les revenues de l’entreprise permettent même aux Luzzato de recruter du personnel de service pour les tâches quotidiennes de la famille. Entre 1926 et 1931 au moins, ils ont à leur disposition une cuisinière alsacienne domiciliée chez eux, Anne Knecht[64]. Toutefois, à partir de 1936 au moins, les Luzzato ont une nouvelle domestique à la place de Mme Knecht : une jeune femme de chambre nommée Marcelle Thibault[65].
Vers la fin des années 1930 Fanny fête le mariage de son frère Seligmann et celui de son fils Jules. Le premier, représentant de commerce comme la plupart de ses parents [66], se marie le 23 décembre 1937, désormais âgé de 51 ans, avec Madeleine Elisabeth Dumora[67], veuve en premières noces d’Alcide Jean Valtaud[68]. L’union reste stérile[69].
En ce qui concerne Jules, il se marie à la mairie du 9e arrondissement de Paris le 3 mars 1939[70] avec Andrée Gensburger. Juive, née en 1904 et employée du commerce au moment de son mariage, Andrée est déjà divorcée de son premier mari, Marcel André Bouvard[71]. De cet homme, qui l’a abandonnée alors qu’elle était enceinte, elle a eu un fils en 1929, Philippe, journaliste de la chaîne radiophonique RTL. M. Bouvard a toujours considéré Jules comme son père : ayant vu son père biologique une seule fois dans sa vie, c’est avec Jules et les Luzzato qu’il a grandi[72].
De l’union entre Jules et Andrée naissent deux filles, Claudette, née à Paris 16e le 10 novembre 1942 et Anne Marie Clémentine, née à Paris 9e le 14 septembre 1944[73]. Mais Fanny n’aura pas le temps de profiter de sa famille élargie et de voir grandir ses petites-nièces, nées toutes les deux dans les années noires de l’occupation nazie de la France et de la persécution des juifs.

  1. Humiliée, spoliée, internée (1940-1943)

Au début des années 1940, dans toute la France, le régime de Vichy puis le régime nazi entreprennent une persécution de plus en plus féroce envers les juifs. Fanny et sa famille ne sont pas épargnées par cette véritable obsession antisémite.
Dès le début de la guerre Jules s’engage contre l’ennemi allemand. Quelque temps après son mariage il se mobilise en effet en tant que volontaire, dans la vaine tentative d’empêcher l’avancée des troupes allemandes en territoire français[74]. Rentré à Paris, il obtient une médaille de Service volontaire[75]. Dans les années suivantes, son combat se poursuit, non pas sur le champ de bataille mais dans son atelier.
Malgré les difficultés de la période, au début de l’occupation l’entreprise des Luzzato semble continuer de fonctionner. En effet, sans doute connue au niveau international, comme l’a rappelé M. Bouvard, elle peut se targuer d’avoir parmi ses clients le sultan du Maroc Mohammed V, « la gloire de l’atelier », proche des milieux musulmans parisiens fréquentés par la femme de Jules[76].
Toutefois, on peut supposer que c’est Jules qui gère l’activité dans ces années. En effet, à partir du 1er octobre 1940 déjà, à cause de la pression politique, Sigismond ne peut plus exercer la profession de commerçant, mais seulement celle d’artisan à façon, comme l’indique une inspection de l’Administration des Contributions Directes[77] . De patron de son atelier, il travaille comme simple ouvrier depuis son domicile[78], au 3ème étage du 53 rue du Faubourg Montmartre pour les entreprises « The Sport », 17 Boulevard Montmartre et « Fernand Bardet », tailleur, 21 rue Saint-Marc[79]. Philippe Bouvard, en répondant à quelques questions sur ses grands-parents adoptifs le 5 février 2018, confirme que Sigismond, à cette époque, travaille chez lui.
Impuissants, Fanny et Sigismond doivent aussi assister à l’expropriation de leurs biens immobiliers, comme le prévaut la loi du 22 juillet 1941 sur l’aryanisation des propriétés des juifs. En 1941 la belle maison de campagne à Montmorency leur est prise, et c’est le tour l’année suivante de l’activité commerciale de famille, fondée il y a plus de 50 ans par le beau-père de Fanny et qui est la principale source de revenus de la famille.
Le 21 octobre 1941, Georges Retif, de Sartrouville est nommé administrateur provisoire de la villa « Les Mésanges », que Fanny possède depuis 1916 grâce à l’héritage de sa tante maternelle Nanette[80]. En revanche, M. Retif ne semble pas satisfait : la maison de Montmorency étant une villa de plaisance qui ne porte aucun profit, il demande l’annulation de l’attribution. Le mois suivant, le 20 novembre, il écrit au Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ), l’office chargé d’administrer le patrimoine des juifs de France : « j’ai l’honneur de vous demander de vouloir bien me relever de mes foncions, cette propriété ne constituant pas une source de revenus. En conséquence, je vous demanderai de bien vouloir fixer ma rémunération »[81]. Cette dernière est enfin établie par le CGQJ à 800 francs[82] et versée à l’administrateur provisoire par les Luzzato le 10 décembre 1941[83].
Toujours dans le contexte alarmant des aryanisations du patrimoine des juifs, l’activité des Luzzato aussi est attribuée le 4 mai 1942 à un administrateur provisoire, Paul Aspord, un parisien licencié en droit[84]. Dans les mois suivants, l’entreprise périclite tellement qu’elle ne peut pas supporter la charge de 500 francs forfaitaires, correspondant à la rémunération prévue pour l’administrateur provisoire ; la somme, ainsi que les frais de gestion de l’activité (385 francs), est payée en février 1944 à M. Aspord par le CGQJ[85].
Entre temps, en 1942 – l’année terrible dans laquelle l’Allemagne prend la décision d’appliquer partout la « solution finale » -, la situation pour les juifs de France s’est faite dramatique, la propagande antisémite étant toujours plus féroce. « L’été 1942 fut évidemment marqué par les grandes rafles de la région parisienne, à la mi-juillet »[86] : c’est exactement dans ce cadre de persécution brutale que les Luzzato sont perquisitionnés et arrêtes à leur domicile par la police française. Sigismond est interné à la prison du Cherche-Midi le 10 juillet ; il en sort seulement le 21 décembre 1942[87]. Le 12 juillet, Fanny aussi est arrêtée et enfermée dans la prison de Fresnes. Elle y reste pendant plus de cinq mois[88] et ne sera libérée que le 21 décembre, le même jour que son mari[89].
Quant à Jules, on possède le précieux témoignage délivré par M. Bouvard au journaliste Mohammed Aïssaoui, qui en 2012 a reconstruit le rôle qu’a eu Si Kaddour Benghabrit, fondateur de la Grande Mosquée de Paris et directeur de l’Institut Musulman de la Grande Mosquée de 1926 à 1954, dans les années de la persécution des juifs en soutien à ces derniers[90].
Déjà engagé militairement contre l’ennemi, au début des années 1940 le fils de Fanny continue le combat en utilisant son savoir-faire de tailleur pour fabriquer des vêtements civils pour les déserteurs allemands. Mais un jour, comme le rappelle M. Bouvard, « la Wehrmacht a repris l’un de ces déserteurs qui a donné son nom. Mon père a été interné à la Santé[91]. Je crois que c’était durant l’année 42. Ma mère est allée solliciter Si Kaddour, il avait une réputation d’homme de cœur et d’influence. Il était de ces rares personnes qui, de par sa position et sa stature, pouvaient parler aux Allemands tout en paraissant neutre. Ma mère lui a raconté ses malheurs. Quinze jours après, mon père a été libéré »[92]. Jules, donc, obtient sa libération grâce à l’intercession de l’influent Si Kaddour Benghabrit. Il s’agit, en ce cas, d’une faveur personnelle, car la femme de Jules est une amie proche de M. Benghabrit[93].
A la fin de l’année 1942 Fanny peut embrasser à nouveau son fils et son mari. Néanmoins, la situation des Luzzato et des juifs de France reste extrêmement critique. A ce propos M. Bouvard se souvient qu’en ces années d’incertitude « avec ma mère (…) on se cachait, on a peut-être changé une dizaine de fois de domicile »[94]. Mais si en se cachant, la famille de son fils réussit à échapper à la déportation, Fanny ne connaît pas le même sort.

  1. « Morte pour la France » (1944)[95]

« Si l’année 1942 a été la plus lourde dans le calvaire juif, les arrestations, les exactions et les déportations continuent en 1943 et en 1944 »[96]. Ces dernières, en effet, se succèdent dans toute la France à un rythme inquiétant, d’autant plus que le 6 juin 1944 les Alliés ont débarqués en Normandie. Paris n’est libérée qu’entre le 19 et le 25 août : Fanny, toutefois, à cette date, est déjà morte.
On peut imaginer Fanny et Sigismond, en cette terrible année 1944, fatigués et terrorisés suite à leur rude captivité qui a duré presque six mois deux ans auparavant. Mais ils sont aussi vieux et malades (Fanny a 62 ans et Sigismond 71), comme le rappelle M. Bouvard : c’est pour cette raison qu’ils n’ont pas essayé de se cacher avec la famille de Jules. Ils n’ont plus la force de s’opposer à la violence de la guerre.
Le couple est finalement arrêté à son domicile le 12 juillet 1944[97]. Le lendemain les époux Luzzato sont envoyés au camp de Drancy ; Fanny est transférée au secteur 18,2 et on lui attribue le numéro de déporté 25103[98]. Enfin, le 31 juillet elle prend place avec plus de 1300 autres personnes, dont son mari, dans le convoi 77, le dernier grand convoi de déportés de Drancy, qui a comme destination finale le camp d’Auschwitz[99].
Ni Fanny ni Sigismond n’ont de chance de survivre à la déportation. Trop vieux pour le travail forcé dans le camp, ils font sans doute partie des 847 prisonniers tués dès leur arrivée à Auschwitz. L’acte officiel de décès des époux Luzzato est fixé au 15 août 1944. Quelques jours d’après, Paris est finalement libérée par les Alliés. La guerre, désormais, est presque terminée.
Dans l’après-guerre Jules peut enfin retrouver ses nombreux parents qui, comme lui, ont échappé à la déportation. En effet, en observant l’arbre généalogique de Fanny, on s’aperçoit que la presque totalité (voire tous) les membres de la famille ont survécu à la guerre.
Jules doit enfin gérer l’importante succession de ses parents. Unique héritier, il remet la question de cet important héritage au notaire Paul Jullien (9 Place des Petits-Pères, Paris 2e)[100]. En ce qui concerne l’activité commerciale de la famille, le 14 novembre 1945 Jules est nommé seul administrateur. Il rentre en possession de sa propriété suite à un accord à l’amiable avec l’ex-administrateur, M. Aspord, dans les mois suivants[101]. Toutefois, l’entreprise Luzzato ne reste ouverte que quelques années encore : Jules cesse toute activité le 28 février 1952, 66 ans après la fondation de l’atelier par son grand-père[102]. Il meurt en 1974, trente après ses parents.

Abréviations des sources d’archives

  • ADBR : Archives Départementales du Bas Rhin.
  • ADMP : Archives Départementales et Municipales de Paris.
  • ADVM : Archives Départementales du Val-de-Marne.
  • AMS : Archives Municipales de Sarreguemines.
  • AN : Archives Nationales.
  • ANé : Archives Nénert.
  • AONACVG : Archives de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.
  • MS : Mémorial de la Shoah.

Bibliographie

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Annexes

Rencontre avec Philippe Bouvard

Le 5 février 2018, à l’âge de 89 ans (il est né en 1929), le journaliste Philippe Bouvard a accepté de répondre à quelques brèves questions sur ses grands-parents adoptifs, Fanny et Sigismond Luzzato. En effet, abandonné par son père avant sa naissance, il a grandi à Paris avec la famille Luzzato. Malgré le temps, qui a effacé la plupart de ses souvenirs, d’autres restent bien fixés dans sa mémoire. Il a également parlé de ses demi-sœurs Claudette et Anne Marie Clémentine : la première est décédée et la deuxième, malheureusement, est malade et a perdu beaucoup de sa mémoire.  
Q : Mr Bouvard, quels sont les premiers souvenirs que vous avez de vos grands-parents adoptifs Fanny et Sigismond ?
R : C’était un couple des braves gens. Sigismond était tailleur pour hommes, comme mon père adoptif Jules. Ils avaient comme client le sultan du Maroc. Sigismond était tailleur en appartement, 53 rue du Faubourg Montmartre ; Fanny, elle, ne travaillait pas. Ils étaient des gens normaux, très équilibrés et très liés à la famille. Je me souviens aussi qu’ils étaient très gentils avec moi : j’étais un très mauvais élève à l’époque !  En ce qui concerne leur vie avant la guerre, je ne saurais pas répondre ; ils ne m’en ont jamais parlé.

Q : Les Luzzato ont été arrêtés une première fois en 1942. Vous en vous souvenez ?
R : Ces événements sont trop éloignés pour que je puisse m’en souvenir. Je n’ai pas non plus de souvenirs de leur déportation en 1944 : j’avais seulement 14 ans. Mon père adoptif aussi a été arrêté en 1942, car il fabriquait des vêtements civils pour les déserteurs allemands. Il est resté en prison une quinzaine des jours et a été libéré grâce à l’intervention d’un ami de ma mère, Si Kaddour Benghabrit, le directeur de l’Institut Musulman de la Grande Mosquée de Paris. Je me rappelle encore que dans les années 40 je me suis caché souvent avec ma mère pour échapper aux arrestations de la Gestapo. Fanny et Sigismond, quant à eux, n’ont jamais voulu le faire car ils étaient déjà vieux et malades.

Chronologie

La vie de Fanny

  • 1er juin 1873 : naissance de Sigismond Luzzato (1873-1944) à Vienne, en Autriche
  • 17 décembre 1882 : naissance de Fanny (1882-1944) à Dambach-la-Ville, en Alsace
  • 1886 : Henri Luzzato, père de Sigismond, ouvre son atelier de tailleur pour hommes à Paris
  • 15 octobre 1903 : déménagement de Fanny à Paris chez sa famille maternelle
  • 23 novembre 1904 : mariage de Fanny avec Sigismond Luzzato ; Fanny obtient la citoyenneté française
  • 30 avril 1907 : naissance à Paris de Jules Luzzato (1907-1974), fils unique de Fanny
  • 3 février 1915 : la Préfecture de Police mène une enquête sur Fanny
  • Février 1917 : Sigismond est mobilisé dans l’armée
  • 29 janvier 1918 : Sigismond est nommé caporal fourrier à Salonique
  • 22 janvier 1919 : après avoir été fait prisonnier par l’ennemi, Sigismond est libéré et rapatrié
  •  1er mars 1939 : mariage de Jules Luzzato avec Andrée Gensburger (1904-1984)
  • 10 juillet 1942 : Sigismond est interné à la prison du Cherche-Midi
  • 21 juillet 1942 : Fanny est internée à la prison de Fresnes
  • 21 décembre 1942 : libération de Fanny et de Sigismond
  • 12 juillet 1944 : arrestation de Fanny et Sigismond à leur domicile
  • 13 juillet 1944 : déportation de Fanny et Sigismond au camp de Drancy
  • 31 juillet 1944 : déportation de Fanny et Sigismond du camp de Drancy à celui d’Auschwitz sur le convoi 77
  • 15 août 1944 : mort officielle de Fanny et Sigismond au camp d’Auschwitz

Les événements et la persécution des juifs en France

  • 1866 : on compte en France métropolitaine 90.000 juifs
  • 10 mai 1871 : traité de Francfort ; l’Alsace et le nord de la Lorraine françaises sont attribuées à la Prusse
  • 1886 : publication du pamphlet antisémite La France Juive d’Edouard Drumont
  • 19 décembre 1894 : procès contre le capitaine juif Dreyfus
  • 1914 : on compte en France métropolitaine 120.000 juifs
  • 28 juillet 1914 : début de la Première guerre mondiale
  • 11 novembre 1918 : armistice de Rethondes entre l’Allemagne et les Alliés
  • 28 juin 1919 : traité de paix de Versailles entre l’Allemagne et les Alliés ; l’Alsace et la Lorraine reviennent officiellement à la France
  • 1919 : avec l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, on compte en France métropolitaine 150.000 juifs
  •  1920 : publication du document antisémite Protocoles des Sages de Sion
  • 3 septembre 1939 : la France et la Grande-Bretagne déclarent guerre à l’Allemagne
  • 17 juin 1940 : formation du gouvernement Pétain
  • 22 juin 1940 : armistice franco-allemand ; la France est divisée en deux : le nord (zone occupée) est géré par l’armée allemande ; le sud (zone libre) est soumis au régime de Vichy
  • 27 septembre 1940 : première ordonnance allemande du régime de Vichy contre les juifs et recensement des juifs de la zone occupée (fichier juif)
  • 3 octobre 1940 : premier statut des juifs pris par le régime de Vichy, visant à interdire aux juifs l’accès à certains domaines professionnelles (presse, enseignement, fonction publique, radio, théâtre, cinéma et armée)
  • 18 octobre 1940 : une ordonnance allemande impose aux commerçants juifs de la zone occupée d’apposer sur leurs commerces l’affiche « entreprise juive »
  • 29 mars 1941 : création par loi du Commissariat général aux Question juives (CGQJ), chargé de l’application de la législation antisémite de Vichy
  • 26 avril 1941 : une ordonnance allemande impose la nomination d’administrateurs provisoires pour les entreprises juives en zone occupée
  • 14 mai 1941 : première rafle des juifs étrangers et apatrides à Paris ; 3710 personnes sont transférés dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande
  • 2 juin 1941 : deuxième statut des juifs du régime de Vichy, qui aggrave les conditions faites aux juifs dans le premier statut
  • 22 juillet 1941 : loi sur l’aryanisation des biens juifs
  • 20 août 1941 : deuxième rafle des juifs à Paris ; les 4232 personnes arrêtées, étrangères et françaises, sont envoyés au camp de Drancy, ouvert le même jour
  • 12 décembre 1941 : troisième rafle des juifs à Paris ; 743 personnes sont transférées du lendemain à Compiègne
  • 27 mars 1942 : première déportation des juifs de France vers Auschwitz
  • 7 juin 1942 : suite à l’ordonnance allemande du 29 mai 1942, en zone occupé les juifs sont obligés au port de l’étoile jaune
  • 16-17 juillet 1942 : grande rafle du Vel’ d’Hiv’ à Paris ; 12.884 juifs apatrides sont arrêtés et renfermés à Drancy ou au Vélodrome d’Hiver
  • 26-28 aout 1942 : rafle de juifs en zone libre
  • 11 novembre 1942 : dans le cadre de l’Opération Torche, la zone libre est occupée par l’Allemagne et l’Italie
  • 6 juin 1944 : débarquement des Alliés sur les côtes de Normandie
  • 31 juillet 1944 : départ du convoi 77, le dernier parti de Drancy pour Auschwitz, avec 1320 personnes
  • 19-25 août 1944 : libération de Paris par les troupes alliées
  • 8 mai 1945 : capitulation de l’Allemagne

Références

[1] Il est important de rappeler que suite au traité de Francfort du 10 mai 1871 la France cède à la Prusse l’Alsace et une partie de la Lorraine. Pour cette raison, Fanny, née 11 ans après cette annexion, est une citoyenne allemande ; elle n’obtiendra la citoyenneté française qu’en 1904 après son mariage. Sur l’histoire de l’Alsace et de la Lorraine entre 1870 et 1945 : Roth François, Alsace-Lorraine. Histoire d’un « pays perdu ». De 1870 à nos jours, Nancy, Editions Place Stanislas, 2010.
[2] ADBR, Dambach-la-Ville, Etat civil, Registre de naissances 1882, 4 E 83/23, n. 80. Dans l’acte de naissance on trouve également une note écrite dans la marge le 4 mars 1949 par le greffier de l’Etat civil : « décédée le 15 août 1944 à Auschwitz (Pologne) et transcrit à la mairie du 9e arrondissement à Paris. Avis du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre à Paris du 13 juin 1946 ».
[3] Base Cassini-EHESS.
[4] Entre les personnalités juives originaires de Dambach-la-Ville il y a le fondateur des Galeries Lafayette Théophile Bader, qui y est né en 1864 : Gaston-Breton Tristan, Galeries Lafayette, la légende d’un siècle, Paris, ClioMedia, 1997, p. 18.
[5] ADBR, Dambach-la-Ville, Etat civil, Registre de décès 1870, 4 E 83/20, n. 68. Sur Seligmann Weil : L’univers israélite. Journal des principes conservateurs du judaïsme, vol. 26, Paris 1871, pp. 315-316 ; Chaumont Jean-Philippe et Lévy Monique (dir.), Dictionnaire biographique des rabbins et autres ministres du culte israélite. France et Algérie du Grand Sanhédrin (1807) à la loi de Séparation (1905), Paris, Berg International Editeurs, 2007, p. 757.
[6] Chaumont et Lévy (dir.), Dictionnaire biographique des rabbins…, op. cit., p. 757.
[7] ADBR, Dambach-la-Ville, Etat civil, Registre de naissances 1846, 4 E 83/6, n. 105.
[8] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 10D 287, n. 5072.
[9] AMS, Acte de mariage d’Henri Weil et de Clémentine Schill, 27 février 1882.
[10] ADBR, Dambach-la-Ville, Etat civil, Registre de naissances 1884, 4 E 83/29, n. 13.
[11] ADBR, Dambach-la-Ville, Etat civil, Registre de décès 1885, 4 E 83/32, n. 57.
[12] ADBR, Dambach-la-Ville, Etat civil, Registre de naissances 1886, 4 E 83/29, n. 20.
[13] Sur les sites geni.com et geneanet.org, on peut consulter un arbre généalogique de la famille Weil composé par un ou plusieurs descendants de la famille.
[14] ADBR, Dambach-la-Ville, Recensement de 1885, 294 D/B 82, n. 72.
[15] Base Cassini-EHESS
[16] AMS, Fiche domiciliaire de la famille Weil.
[17] Idem.
[18] Il ne semble pas, en revanche, que le père de Fanny ait déménagé avec sa femme et ses enfants à Paris. On peut supposer qu’il est resté à Sarreguemines pour gérer son activité commerciale.
[19] Plusieurs membres de la famille de Fanny s’éteignent à cette adresse, notamment sa mère Clémentine, le 28 novembre 1904 : ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 29 novembre 1904, 10D 287, n. 5072 ; son grand-père Joseph y meurt le 3 février 1909 : ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 3 février 1909, 10D 314, n. 595 ; sa tante maternelle Hélène, morte en mars 1932 : Le Matin, 17 mars 1932, p. 2. Nanette et son fils Armand décèdent en revanche à Montmorency, la première le 6 octobre 1916 : ANé, Compléments de la délivrance du legs de Mme Vve Louis Schill à Mme Luzzato, 7 octobre 1948-15 juillet 1949, p. 3, le second le 12 août 1922 : ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, transcription du 12 aout 1922, 10D 398, n. 4621.
[20] Il est engagé dans cette activité au moins depuis 1896 : Annuaire-Almanach du Commerce, 1896, p. 2853.
[21] Annuaire-Almanach du Commerce, 1886, p. 1081.
[22] Serre Agnés T., La question urbaine en Amazonie au tournant du 2e millénaire, dans Tourrand Jean-François, Sayago Doris, Bursztyn Marcel et Drummond José Augusto (dir.), L’Amazonie, un demi-siècle après la colonisation, Versailles, Quae, 2010, p. 257-268, p. 257.
[23] Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche, 16 janvier 1886, p. 11.
[24] Annuaire-Almanach du Commerce, 1886, p. 1081.
[25] ANé, Succession de M. et Mme Luzzato, 28 septembre 1949, p. 3.
[26] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 28 mars 1904, 10D 278, n. 1447. Son corps est transporté le 30 mars 1903 à la Gare de l’Est pour être ensuite transféré pour l’inhumation au cimetière de Frauenberg, près Sarreguemines : Le Temps, 29 mars 1903, p. 3.
[27] Bulletin des soies et des soieries de Lyon, 6 février 1904, p. 6.
[28] AMS, Fiche domiciliaire de la famille Weil.
[29] Boucard Daniel, Dictionnaire illustré et anthologie des métiers, Paris, Jean-Cyrille Godefroy, 2008, p. 125.
[30] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 21 décembre 1888, V4E 6252, n. 1547.
[31] AN, Dossier de naturalisation de Sigismond Luzzato, 20 décembre 1903, BB/11/4119, extrait 2862X02.
[32] AN, Renseignements divers sur Sigismond Luzzato, 2 mai 1919, BB/11/4119, extrait 2862X02 ; ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 11 juin 1926, 9D 143, n. 722.
[33] Sur la date d’arrivée d’Henri en France il n’y a pas de certitude, étant les documents en contradiction entre eux. D’après le dossier de naturalisation de Sigismond, on apprend qu’il demeure en France depuis 1876 : AN, Renseignements divers sur Sigismond Luzzato, 2 mai 1919, BB/11/4119, extrait 2862X02. En revanche, d’après le dossier d’aryanisation de la villa « Les Mésanges », maison de campagne que les Luzzato possédaient à Montmorency, il semble que Sigismond ait déménagé en France avec ses parents à l’âge d’un an, en 1874 : AN, Rapport de l’administrateur provisoire Georges Retif sur la propriété de Simon Luzzato-Personnalité du propriétaire, 21 octobre 1941, AJ38/3 223, dossier 22595.
[34] Annuaire-Almanach du Commerce, 1886, p. 516. Le dossier d’aryanisation de la maison de campagne des Luzzato signale qu’Henri est établi tailleur en 1885 ; toutefois son activité ne figure pas dans l’Annuaire-Almanach du Commerce de 1885.
[35] Annuaire-Almanach du Commerce, 1907, p. 546. L’activité commerciale d’Henri a changé d’adresse plusieurs fois. En consultant l’Annuaire-Almanach du Commerce pour la période 1885-1907, sauf pour les années 1889 et 1902-1906, qui sont manquantes, on apprend qu’il est installée d’abord au 29 rue du Faubourg Montmartre entre 1886 et 1888 ou 1889 ; il passe ensuite au 21 rue du Faubourg Montmartre et s’établit définitivement au 53 entre 1901 et 1907.
[36] Le 9e arrondissement, qui se situe à l’Ouest de la capitale, est considéré dans la première moitié du XXsiècle comme un quartier bourgeois, habité par des juifs aisés, au contraire des quartiers de l’Est parisien, peuplés de juifs moins fortunés : Azéma Jean-Pierre et Bédarida François (dir.), La France des années noires. Tome 2 : de l’Occupation à la libération, Paris, Seuil/Points-Histoire, 2000, pp. 131-132.
[37] Deschaumes Edmond, Pour bien voir Paris. Guide parisien pittoresque et pratique, Paris, Maurice Dreyfous, 1889, p. 213.
[38] AN, Demande de naturalisation de Sigismond Luzzato, 29 avril 1903, BB/11/4119, extrait 2862X02.
[39] ANé, Contrat de mariage entre M. Luzzato et Mlle Weil, 23 novembre 1903, 19042311 CM, p. 3. A sa création la société a un capital total de 85.000 francs : 60.000 francs sont apportés par Henri, 25.000 francs par son fils : Bulletin des soies et des soieries de Lyon, 3 janvier 1903, p. 6.
[40] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Mariages, 24 novembre 1904, 10M 278, n. 1578.
[41] AMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 29 novembre 1904, 10D 287, n. 5072.
[42] Née en 1880 et mariée avec Isidore Goldenberg entre 1903 et 1904 : AN, Demande de naturalisation de Sigismond Luzzato, 29 avril 1903, BB/11/4119, extrait 2862X02, Hélène Luzzato survit à la guerre : en 1946, âgée de 66 ans, domiciliée à Paris, 12 rue Caumartin, et exerçant la profession de tailleur pour dames, elle témoigne avoir connu Fanny et son fils Jules : AONACVG, Déclaration par devant le juge de paix Clément Charpentier, 7 mai 1946, dossier 5.776.
[43] Née vers 1872, elle habite avec son mari Jean Kraselchick à Paris dans le 9e arrondissement : AN, Demande de naturalisation de Sigismond Luzzato, 29 avril 1903, BB/11/4119, extrait 2862X02.
[44] ADM, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 29 novembre 1904, 10D 287, n. 5072. Ses obsèques ont lieu le lendemain, le mercredi 29, à 2 heures et demie au domicile parisien de la défunte. Son corps est conduit le 30 novembre à la Gare de l’Est pour être enterré sans doute à Sarreguemines : Le Matin, 29 novembre 1904, p. 2.
[45] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Naissances, 30 avril 1907, 9N 153, n. 503.
[46] ADMP, Registre analytique pour le Registre des Métiers, 2163W 22, n. 32.012, p. 92.
[47] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 3 février 1909, 10D 314, n. 595.
[48] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 23 janvier 1910, 10D 320, n. 383.
[49] Le couple survit à la Deuxième guerre mondiale. Hélène meurt à Paris le 17 octobre 1979 ; Louis Joseph toujours à Paris en 1955. En 1946 Louis témoigne d’avoir connu Fanny et Jules : AONACVG, Déclaration par devant le juge de paix Clément Charpentier, 7 mai 1946, dossier 5.776.
[50] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Mariages, 4 avril 1904, 10M 327, n. 415.
[51] Il faut rappeler que pendant la guerre le Gouvernement français vote plusieurs lois pour prévenir une intégration massive d’étrangers. La loi du 7 avril 1915 prévoit, dans le cas échéant, la révision de la naturalisation pour les sujets de puissances ennemies : Journal Officiel, 8 avril 1915, p. 1948 ; deux ans après, la loi du 18 mars 1917 subordonne à la décision du Gouvernement l’acquisition de la nationalité française aux femmes étrangères qui se marient avec des citoyens français : Journal Officiel, 21 mars 1917, p. 2256.
[52] D’ailleurs, dans le cadre des contrôles, le 2 avril 1917 un décret du gouvernement rende obligatoire à tous les étrangers résidants en France la possession d’une carte d’identité : Peschanski Denis, La France des camps. L’internement, 1938-1946, Paris, Gallimard, 2002, pp. 74-75 ; Journal Officiel, 7 avril 1917, p. 2726.
[53] AN, Service Central des Cartes d’Identité des Etrangers, lettre de la Préfecture de Police au Ministre de l’Intérieur (Direction de la Sûreté Générale), 10 mars 1915, 19940505/170. On signale qu’il n’y a aucun dossier sur cette enquête conservé aux Archives de la Préfecture de Police.
[54] Des 190.000 hommes juifs de France et d’Algérie, 46.000 ont été mobilisé pendant la Grande Guerre : Blumenkranz Bernhard (dir.), Histoire des Juifs en France, Toulouse, Edouard Privat, 1972, p. 373. Azema et Bedarida ont noté que « ce qui domine dans ces milieux généralement aisés et cultivés, c’est la fierté de leur francité. Très vive en particulier est la mémoire de la guerre de 1914-1918, non seulement parce qu’elle a été l’occasion pour les Juifs de participer avec ardeur à l’union sacrée et de verser leur sang pour la patrie, mais parce qu’elle a fait reculer pendant un temps l’antisémitisme. Il s’ensuit chez les anciens combattants un légitime orgueil, générateur pour l’avenir d’une sécurité trompeuse » : Azéma et Bédarida (dir.), La France des années noires…, op. cit., p. 131. Ce fait peut s’appliquer sans doute à Sigismond et à sa famille, qui font partie des juifs français engagés dans la guerre.
[55] AN, Renseignements divers sur Sigismond Luzzato, 2 mai 1919, BB/11/4119, extrait 2862X02 ; AN, Rapport de l’administrateur provisoire Georges Retif sur la propriété de Simon Luzzato-Personnalité du propriétaire, 21 octobre 1941, AJ38/3 223, dossier 22595.
[56] Les obsèques ont lieu le mardi 27 avril 1915 au cimetière de Montparnasse : Le Matin, 26 avril 1915, p. 2.
[57] ANé, Compléments de la délivrance du legs de Mme Vve Louis Schill à Mme Luzzato, 7 octobre 1948-15 juillet 1949, p. 3. Elle est inhumée au cimetière de Montparnasse : Le Temps, 8 octobre 1916, p. 3.
[58] ANé, Compléments de la délivrance du legs de Mme Vve Louis Schill à Mme Luzzato, 7 octobre 1948-15 juillet 1949, pp. 10-11.
[59] ANé, Réquisition d’attestation de propriété, 15 juillet 1949, p. 2.
[60] ANé, Succession de M. et Mme Luzzato, 28 septembre 1949, p. 2.
[61] ADMP, Dénombrement de population de Paris en 1926, D2M8 245, pp. 320-321.
[62] Idem.
[63] ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Décès, 11 juin 1926, 9D 143, n. 722.
[64] Née en 1873, Mme Knecht est célibataire : ADMP, Dénombrement de population de Paris en 1926, D2M8 245, pp. 320-321 ; ADMP, Dénombrement de population de Paris en 1931, D2M8 329, p. 307.
[65] Née en 1908, Mme Thibault est originaire du département de Maine-et-Loire : ADMP, Dénombrement de population de Paris en 1936, D2M8 578, p. 289.
[66] ANé, Compléments de la délivrance du legs de Mme Vve Louis Schill à Mme Luzzato, 7 octobre 1948-15 juillet 1949, p. 4.
[67] ADBR, Dambach-la-Ville, Etat civil, Registre de naissances 1886, 4 E 83/29, n. 20.
[68] ANé, Compléments de la délivrance du legs de Mme Vve Louis Schill à Mme Luzzato, 7 octobre 1948-15 juillet 1949, p. 2.
[69] Idem, p. 8.
[70] La cérémonie à la mairie a été précédée par un acte de mariage devant le notaire Jacques Robineau fait le 1er mars 1939 : ADMP, Etat civil de Paris, Actes d’état civil, Mariages, 3 mars 1939, 9M 351, n. 167.
[71] ANé, Notoriété après le décès de M. et Mme Sigismond Luzzato, 16 octobre 1947, p. 2.
[72] Aïssaoui Mohammed, L’étoile jaune et le croissant, Paris, Gallimard, 2012, p. 67.
[73] ANé, Notoriété après le décès de M. et Mme Sigismond Luzzato, 16 octobre 1947, p. 3.
[74] On signale qu’en France, entre 1939 et 1940, 35% à 40% des engagés volontaires en guerre sont juifs : Poznanski Renée, Les juifs en France pendant la Seconde guerre mondiale, Paris, Hachette, 1994, p. 41.
[75] AN, Rapport de l’administrateur provisoire Georges Retif sur la propriété de Simon Luzzato-Personnalité du propriétaire, 21 octobre 1941, AJ38/3 223, dossier 22595.
[76] Aïssaoui, L’étoile jaune…, op. cit., p. 67.
[77] AN, Note de l’inspecteur, 27 mai 1941, AJ38/1 811, dossier 32192.
[78] Enregistré au Registre du Commerce depuis le 21 juin 1921 : ADMP, Registre analytique pour le Registre Du Commerce, D33U3 268, n. 43.816, p. 158, le 28 mai 1941 Sigismond en est rayé : AN, Registre du Commerce – Déclaration aux fins d’inscription modificative, 28 mai 1941, AJ38/1 811, dossier 32192.
[79] AN, Rapport concernant Luzzato Simon, 17 juin 1942, AJ38/1 811, dossier 32192.
[80] AN, Nomination d’administrateur provisoire, 21 octobre 1941, AJ38/3 223, dossier 22595.
[81] AN, Lettre de Georges Retif au CGQJ, 20 novembre 1941, AJ38/3 223, dossier 22595.
[82] AN, Lettre du CGQJ à Georges Retif, 2 décembre 1941, AJ38/3 223, dossier 22595.
[83] « Monsieur le Directeur, j’ai l’honneur de vous rendre compte que Monsieur Luzzato m’a adressé la somme de 800 frs fixée par vos soins en règlement de mes honoraires dans cette affaire qui se trouve donc ainsi classée » : AN, Lettre de Georges Retif au CGQJ, 10 décembre 1941, AJ38/3 223, dossier 22595.
[84] AN, Nomination d’administrateur provisoire, 4 mai 1942, AJ38/1 811, dossier 32192.
[85] AN, Décision relative au paiement de frais d’administration provisoire de contrôle d’une entreprise déficitaire ou dont les disponibilités ne permettent pas de supporter ces charges, 15 février 1944, AJ38/1 811, dossier 32192.
[86] Peschanski, La France des camps…, op. cit., p. 349.
[87] AONACVG, Demande d’attribution du titre déporté/interné politique, 3 mai 1957, p. 3, dossier 5777.
[88] Pendant sa captivité Fanny perd son frère Seligmann, qui meurt le 30 septembre 1942 à Ahun, en Creuse : ANé, Compléments de la délivrance du legs de Mme Vve Louis Schill à Mme Luzzato, 7 octobre 1948-15 juillet 1949, p. 8.
[89] AONACVG, Fiche de contrôle, Luzzato Fanny Marthe, 29 mai 1957, dossier 5776. Il n’y a aucune trace de l’incarcération de Fanny à Fresnes aux Archives Départementales du Val-de-Marne, qui conservent les archives de cette prison. Les registres rédigés dans les années de l’Occupation sont pour la plupart brulés ; le nom de Fanny n’est pas mentionné dans les Répertoires généraux des personnes enfermées à Fresnes : ADVM, 2742W 108-112, dans le fonds Autorités allemandes, Maison de correction : répertoire hommes et femmes : ADVM, 2742W 101 et dans le fonds Dossiers individuels des détenus sortis 1940-1950, 1960, 1970, 1980 : ADVM, 511W 1-350.
[90] Aïssaoui Mohammed, L’étoile jaune…, op. cit.
[91] Les recherches sur l’incarcération de Jules n’ont pas permis de trouver sa trace. Elles ont porté sur l’examen systématique des répertoires alphabétiques de 1942 : ADMP, 1807W 3, 4, & 5 ainsi que la Section spéciale : ADMP, 1807W 137 et le fonds Arrêté par la Gestapo au printemps 1942.
[92] Aïssaoui, L’étoile jaune…, op. cit., p. 68.
[93] Ibidem, p. 67.
[94] Ibidem, p. 68.
[95] Fanny obtient la mention de « morte pour la France » sur son acte de décès le 13 juin 1946 : AONACVG, Acte de décès de Fanny Marthe Luzzato née Weil, 13 juin 1946, dossier 5776.
[96] Azéma et Bédarida (dir.), La France des années noires…, op. cit., p. 147.
[97] AONACVG, Fiche de control, Luzzato Fanny Marthe, 29 mai 1957, dossier 5776 ; AONACVG, Demande d’attribution du titre déporté/interné politique, 3 mai 1957, p. 3, dossier 5777.
[98] MS, Fichier de Drancy, Luzzato, F9-5713.
[99] Au total, près de 76.000 juifs (entre lesquels 50.000 étrangers, 8000 naturalisés et 8000 nés de parents étrangers) ont été déportés depuis la France entre le printemps 1942 et l’été 1944. Il faut noter qu’en 1941 la population juive en France métropolitaine s’élève à environ 320.000 individus : Peschanski, La France des camps…, op. cit., p. 348. Sur le convoi 77 : Klarsfeld, Serge, Le mémorial de la déportation des juifs de France, Paris, Beate et Serge Klarsfeld, 1978, s. n. p.
[100] ANé, Succession de Monsieur et Madame Luzzato, 16 octobre 1947, p. 3.
[101] AN, Lettre de Jules Luzzato au Ministère des Finances, Service de Restitution des biens des Victimes des lois et mesures de Spoliation, décembre 1942, AJ38/1 811, dossier 32192.
[102] ADMP, Registre analytique pour le Registre des Métiers, 2163W 22, n. 32.012, p. 91.

Contributeur(s)

Simone ZIMBARDI, N. étudiant : 17806882, Master 1 Archives 2017/2018, Université Paris 8, Vincennes-St Denis, sous la direction de la Professeur Marie-Anne MATARD-BONUCCI.

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