Nathan POTZEHA
Photo ci-contre : Nathan et Regina Potzeha (transmission par leur arrière petite-fille)
Nathan Potzeha est né le 1er avril 1880 à Bielsk, en Pologne. Il était le fils de Jean Potzeha et Lea Podoura.
Bielsk: Un village dans la partie centrale de la Pologne, près de Płock, sous domination russe à l’époque de Nathan
Nous ne retrouvons sa trace que plus tard, à Paris, où il épouse Regina Katz le 5 janvier 1909, dans le 11e arrondissement. Regina est née le 5 mai 1887 en Russie (actuelle Ukraine).
Le couple a eu 2 enfants : Ignace Claude, né le 3 février 1922 à Paris 12e et Marcelle, née le 14 juin 1910 à Paris 14e.
Ces éléments nous permettent de supposer qu’ils vécurent à Paris au moins jusqu’à la naissance de leurs enfants. Mais leur dernier domicile fut la maison familiale au 13 rue de Boissy à Brévannes (Seine et Oise).
La maison de Limeil-Brévannes, aujourd’hui (Google Maps)
Nathan était tailleur. Des documents nous informent que sa situation financière était “aisée“ et qu’il n’avait pas fait son service militaire, ce qui est logique puisqu’il n’a été naturalisé français qu’à 46 ans, en 1926. Lui et sa femme étaient de confession juive, cela leur fut fatal.
En effet, c’est en raison de sa “race juive“ que M. Potzeha a été arrêté, tout comme sa femme et son fils, par la Feldgendarmerie de Corbeil le 3 juillet 1944, et donc par des Allemands. Leur fils a pu s’échapper, mais les parents furent internés au camp de Drancy le jour même.
Auschwitz-Birkenau: camp de concentration et d’extermination
Nathan et Regina Potzeha ont été victimes de la Collaboration de l’État Français et ont été déportés le 31 juillet 1944 dans le convoi 77, le dernier parti de Drancy pour Auschwitz. Ils furent assassinés le 5 août 1944, peu de temps après leur arrivée, dans le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne). Nathan avait 64 ans et Regina 57.
Drancy, camp de transit avant la déportation à Auschwitz
Marcelle Potzeha, épouse Rubin, a habité le reste de sa vie dans la maison familiale, dont la rue a changé de nom, au 13, rue Roger Salengro, à Limeil Brévannes.
Ignace Claude a lui aussi fondé une famille et a habité à Paris. Le jour de l’arrestation à Limeil, il s’est blessé en sautant par la fenêtre, et les médecins l’ont gardé le plus longtemps possible à l’hôpital. Il a ainsi évité la déportation.
Petits-enfants et arrières-petits enfants, voisins, gardent vivant le souvenir de Nathan et Regina.
Sortie pédagogique de la classe polonaise dans les camps de concentration d’Auschwitz
De Drancy à Auschwitz et… Plaque commémorative à Limeil-Brévannes
Témoignages sur Nathan Potzeha au travers d’un essai de Michel Rubin, son petit-fils, fils de sa fille Marcelle.
MAZAL TOV: Bonne chance
A quelque temps de la libération, mes grands-parents furent arrêtés, déportés pour ne plus revenir. Dans leur maison tout fut saccagé. Armoires et coffres vidés, tiroirs brisés, matelas déchirés, cheminées éventrées. Par miracle, dans leur aveugle furie les soldats oublièrent d’emporter la clarinette faite de bois d’ébène. Un oubli insolite qui fait songer un peu à ces contes d’enfants. Si ce n’est que ce n’était pas un conte. A présent la vénérable relique est posée simplement sur une commode ancienne. Elle évoque pour moi un grand-père peu connu qui fut dans sa jeunesse musicien à la cour du Tsar Nicolas II. Reviennent à ma mémoire, en fragments vagues et morcelés, les récits savoureux qu’il nous faisait de sa vie à Saint Pétersbourg, des fêtes fastueuses qui s’y déroulaient ou de la guerre en Chine à laquelle il avait dû participer à son corps défendant … (…)
SHA : Silence
(…) Bref, foin de digressions, mon grand-père faisait partie de ces crédules et ceux qui l’ont connu ne tarissaient pas d’éloges à son sujet. Surtout n’oublions pas. On me l’a répété. Il était bon, il était droit, il était juste et généreux. Sans compter travailleur, assidu, Froum encore et bon père de famille, avec la place du pauvre sur la table dans la cuisine et le poulet du dimanche égorgé selon les rites. Il n’avait d’autre velléité que la recherche du calme et de la sérénité. C’était un être cultivé. Amateur éclairé de musique, de beaux livres et de collections rares, il aimait dans le faste le raffinement qu’il impliquait. Il exécrait le bruit, le désordre, les mensonges. Mais on a rarement la vie dont on rêvait. Aussi lorsque autour de lui les conversations s’échauffaient sur des sujets futiles jusqu’à devenir trop bruyantes à son goût, il attendait d’abord patiemment dans l’espoir de voir l’insupportable tumulte s’apaiser de lui-même. Entendons-nous bien. Il attendait patiemment comme un bouillon qui frémit sous le couvercle. Mais que la tension loin de faiblir augmente au contraire d’un cran c’est le couvercle qui sautait. Oh pas de longs discours, pas de morceaux de bravoure, pas de menaces ni d’injures. Ce n’était pas dans sa nature. Il se contentait d’un seul mot. Une sorte de rugissement remisant loin derrière schrei nit azä, Ich starb av hec ou autres expressions du même tonneau. Il disait Sha. Un point c’est tout. Mais pas un Sha mou, miaulé. Plutôt un Sha tigresque avec mimique appropriée, œil bleu flambant, lèvres écartées découvrant une rangée de crocs prêts à mordre, sourcils dressés comme les poils d’un chien en colère, le tout accompagné d’un geste ample des deux mains rapprochées vivement, les deux index figés raides sur la bouche. C’était un Sha de chef d’orchestre ! Avec ce Sha là, inutile de préciser que l’ordre et le calme étaient rétablis sur le champ…
Un jour, juste un mois avant la fin des hostilités pour être précis, des soldats sont venus. Ils se sont emparés du grand-père, le juste, le brave, le droit, le coléreux. Hop embarqué vite fait et passé au four avec sa compagne, la farouche d’Ukraine dans le même panier pour faire bon poids. Pas eu le temps de dire ouf. Pas eu le temps de faire Sha. (…)
DIR ZU LANGE YOR ! : Puisses-tu vivre longtemps
(…) – Tu m’écoutes? gronde mon père sévère. A quoi rêves-tu? Avec tes yeux bleus comme ton grand-père. (…)
L’effet madeleine, Petits croquis d’époque autour de mots yiddish, chez l’Harmattan (2005)
Nathan Potzeha : eine erste Biografie
Nathan und Regina Potzeha (von ihrer Urenkelin überreicht)
Nathan Potzeha wurde am 1. April 1880 in Bielsk, Polen, geboren. Er war der Sohn von Jean Potzeha und Lea Podoura.
Bielsk: Ein Dorf im zentralen Teil Polens, bei Płock. Zu Nathans Zeiten stand es unter russischer Herrschaft
Spuren von ihm finden wir erst später in Paris, wo er am 5. Januar 1909 im 11. Arrondissement Regina Katz heiratete. Regina wurde am 5. Mai 1887 in Russland geboren.
Das Paar hatte 2 Kinder: Ignace Claude, am 3. Februar 1922 in Paris 12. geboren, und Marcelle, am 14. Juni 1910 in Paris 14. geboren.
Diese Elemente lassen vermuten, dass sie zumindest bis zur Geburt ihrer Kinder in Paris gelebt haben. Aber ihr letztes Zuhause war das Einfamilienhaus in der Rue de Boissy 13 in Brevannes (Seine et Oise).
Das Haus in Limeil-Brévannes heutzutage (aus Google Maps)
Nathan war Schneider. Aus Dokumenten geht hervor, dass seine finanzielle Lage “wohlhabend“ war und er seinen Militärdienst nicht abgeleistet hatte, was logisch ist, da er 1926, erst mit 46 Jahren, als Franzose eingebürgert wurde. Er und seine Frau waren jüdischen Glaubens, was ihnen zum Verhängnis wurde.
Tatsächlich wurde Herr Potzeha wegen seiner « jüdischen Rasse » am 3. Juli 1944, zusammen mit seiner Frau und seinem Sohn, von der deutschen Feldgendarmerie Corbeil festgenommen. Ihr Sohn konnte fliehen, die Eltern wurden jedoch noch am selben Tag im Lager Drancy interniert.
Auschwitz-Birkenau: Konzentrations- und Vernichtungslager
Nathan und Regina Potzeha wurden Opfer der Kollaboration des französischen Staates. Sie wurden am 31. Juli 1944 im Konvoi 77, der letzten Abfahrt von Drancy nach Auschwitz, deportiert. Sie wurden kurz nach ihrer Ankunft am 5. August 1944 im Konzentrations- und Vernichtungslager Auschwitz Birkenau (Polen) ermordet. Nathan war 64 und Regina 57.
Drancy, Durchgangslager vor der Deportation nach Auschwitz
Marcelle Rubin, geborene Potzeha, lebte den Rest ihres Lebens im Haus der Familie, in der Rue Roger Salengro 13 in Limeil Brévannes, da die Straße umbenannt wurde.
Auch Ignace Claude gründete eine Familie und er lebte in Paris. Am Tag der Verhaftung in Limeil verletzte er sich, indem er aus dem Fenster sprang, und die Ärzte behielten ihn so lange wie möglich im Krankenhaus. Damit entging er der Deportation.
Enkel und Urenkel können die Erinnerung an Nathan und Regina wachhalten.
Auschwitz-Birkenau: Konzentrations- und Vernichtungslager
THANKS :
Kollaborative Arbeit auf eTwinning, mit 9. Klassen aus Frankreich, Limeil-Brévannes (Frau Toucas-Lacroix) und Polen, Bielsko-Biala (Frau Szalajko), mit speziellem Dank an Abii, Ariana, Antek, Bastien, Celeste, Elodie, Enzo, Hejan, Joshua, Lucien, Malwina, Mamadou, Marta, Mathieu, Michal, Mikolai, Oliwia, Ousmane, Soukayna, Szymon, Tomek, Viktoria, Yuni…
Travail collectif sur eTwinning entre classes de troisièmes de France et Pologne
Wspólna praca nad eTwinningiem między trzecioklasistami we Francji i Polsce
Collective work on eTwinning between third graders in France and Poland
Projet Convoi 77 et Par les vivants, collège Daniel Féry de Limeil-Brévannes (M-A Deweerdt), construire une histoire sensible et sonore rendant compte des trajectoires individuelles et collectives.
Crédits : Wikipédia, Google Maps et photographies personnelles.