Léon VAINER

1932-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Léon VAINER

Ce projet « Convoi 77 » a été mené par des élèves de 3e du collège Victor-Duruy dans le cadre d’un travail de mémoire qui a prolongé le cours d’histoire-géographie.

Merci à M. Charlie Kohn et à ses sœurs, Hélène et Martine pour leur aide et pour les documents qu’ils nous ont apportés.

Léna Carbain, Azilis Chafsey, Martin Renollet
Élèves encadrés par leur professeur d’histoire-géographie Cécile Boudes

Léon VAINER

La famille VAINER était constituée du père David VAINER, de la mère Mali HERSCU et des enfants Anna et Léon VAINER. Les parents sont tous les deux des Juifs roumains. Ils se rencontrent en France et ont deux enfants : Anna, née en 1929, et Léon, en 1932. Mali est arrêtée la première en 1942, puis c’est au tour de Léon en juillet 1944. Ils sont assassinés tous les deux à Auschwitz.

Photo de la famille Vainer
Source : famille d’Anna Kohn

Léon Vainer, est né le 23 décembre 1932, à Paris dans le 8e arrondissement. C’est un enfant français juif dont les parents David Vainer et Mali Herscu sont nés en Roumanie.

Léon VAINER
Source : Coll. Serge Klarsfeld

Mémorial de la Shoah

Léon a obtenu la nationalité française par déclaration le 9 septembre 1935.

La demande a été faite le 27 avril 1935 par David, son père, devant un juge de paix dans le 16e arrondissement.

Déclaration pour obtenir la nationalité française pour Léon
DAVCC-21-P-545-966

Après l’arrestation de leur mère en septembre 1942, Léon et sa sœur Anna trouvent refuge chez une tante avec leur père.

Selon une source familiale, Léon est assez turbulent et supporte mal la séparation d’avec sa mère. Cette photo, remise par sa sœur au mémorial de la Shoah a été prise avant la guerre lors d’une cérémonie familiale.

Photo de Léon déposée au Mémorial de la Shoah par Anna Kohn

Léon est ensuite pris en charge par l’O.S.E. (Organisation de secours aux enfants), l’UGIF et est scolarisé à l’école Lucien de Hirsch de Paris. Nous ne connaissons ni la date ni la raison de ce placement. Les enfants des maisons gérées par l’UGIF, dont celle où se trouve Léon, sont raflées entre le 22 et le 24 juillet par le directeur nazi du camp de Drancy, Aloïs Brunner, qui tient absolument à ce qu’ils soient tous déportés, alors que l’avancée alliée approche de Paris.

Avec ses camarades du centre Lamarck-Secrétan, Léon est ensuite interné au camp de transit de Drancy. Il reçoit le matricule 25.369 du 22 au 30 juillet 1944. Comme 323 autres enfants, il est déporté le 31 juillet 1944 par le convoi n°77 vers Auschwitz. Il est sans doute assassiné dès son arrivée le 3 août 1944 avec les 835 personnes, sur 1306 qui étaient au départ du convoi à la gare de Bobigny, et qui sont conduites vers les chambres à gaz.

Photo 1 : Photo de classe de Léon
Photo 2 : Léon et Anna sa sœur, déposée au Mémorial de la Shoah par Anna Kohn

Demande au bureau des fichiers de recherche à propos de Léon
DAVCC-21-P-545-966

La rafle de l’avenue Secrétan

La rafle de l’avenue Secrétan s’est déroulée dans la nuit du 21 au 22 juillet 1944 au numéro 70 dans le 19e arrondissement de Paris en France, dans l’école Lucien-de-Hirsch, la plus ancienne école juive de Paris, construite en 1901. C’est là que se trouve Léon.

Comme lui, toutes les victimes sont déportées par le Convoi 77, le 31 juillet 1944, de Drancy par la gare de Bobigny vers Auschwitz.

Cette rafle concerne 78 enfants et 19 adultes.

Pourquoi y-a-t-il autant d’enfants dans cette école la nuit ?

Le centre Lamarck un centre de l’Union Générale des Israélites de France (UGIF) ayant été bombardé le 20 avril 1944, l’école devient alors un centre d’accueil pour les enfants orphelins de l’UGIF. Les 125 enfants et 52 moniteurs du pensionnat y sont alors transférés.

Dans la nuit du 21 au 22 juillet, ce sont aussi les quatre autres sites de l’UGIF de Paris et la région parisienne qui sont victimes de cette dernière grande rafle : École du travail (ORT), Louveciennes, Saint-Mandé, Vauquelin.

Pour honorer la mémoire des déportés de la rafle de l’avenue Secrétan, une plaque commémorative en granit est déposée sur la façade du bâtiment Lucien-de-Hirsch, qui donne la liste des enfants et adultes déportés de l’école. La liste est classée par ordre alphabétique.

Nous n’avons pas réussi à éclaircir plusieurs zones d’ombre : Léon faisait-il partie de l’UGIF du fait que sa mère a été déportée ? David avait-il commencé son activité résistante et pour cela il avait confié Léon à cette organisation ? Ce qui expliquerait qu’il ait été présent à l’école pendant la nuit de la rafle.

Les témoignages familiaux disent que Léon et Anna étaient cachés avec David chez une sœur de Mali ou peut-être chez une autre famille et que David sentant la libération arriver avec le débarquement de Normandie avait repris confiance et remis Léon à l’école.

Anna aurait dit à l’une de ses filles que c’était elle qui avait emmené Léon à l’école ce jour-là (elle avait 15 ans, elle était au collège et n’était pas scolarisée dans cette école).

Or, le 22 juillet, il est peu probable qu’il y ait encore des cours et la rafle s’est produite dans la nuit du vendredi au samedi. Donc peut-être Anna se rappelle-t-elle avoir raccompagné son frère à la pension où il dormait avec les autres enfants de l’UGIF, après avoir passé la journée avec lui en ce mois de juillet ?

Mali HERSCU

Mali Herscu, mère de Léon et Anna, est née le 29 octobre 1907 à Jassy en Roumanie. Elle arrive en France au début des années 1920 et rencontre son mari David Vainer à Paris dans une association de Juifs de Bessarabie. Ils se marient le 12 juillet 1928 dans le 18e arrondissement de Paris. De nombreuses personnes de sa famille vivent en France car les Roumains parlent le français. Elle est arrêtée le 22 septembre 1942 comme de nombreux Juifs roumains et déportée à Auschwitz par le convoi n°38 après avoir été internée à Drancy.

Photo 1 : Mali Herscu déposée au Mémorial de la Shoah par Anna Kohn
Photo 2 :
Mali et sa mère en Roumanie.
Source familiale

 

Le Convoi 38

Le 17 septembre 1942, le ministère des Affaires étrangères à Berlin déclare que suite aux négociations entre Berlin et le Gouvernement roumain, les Juifs roumains, habitant le Reich ou autres pays occupés, pourraient désormais être déportés alors qu’ils étaient jusque-là épargnés. C’est sûrement suite à ces décisions que la police s’est présentée au domicile de David et Mali, 13 rue Courbet dans le 16e arrondissement.

Le convoi 38 en date du 28 septembre part à 8h 55 du matin de la gare du Bourget.

Le convoi comprend 904 Juifs : 468 hommes et 436 femmes, 609 d’entre eux sont de nationalité roumaine : 282 hommes, 360 femmes (dont Mali), 21 fillettes et 46 garçons.

Du convoi n° 38, seuls 20 hommes survivront.

1 401 des 1 574 Juifs roumains recensés en France ont été déportés en deux convois (N°37 et N°38) en trois jours.

Cent hommes avaient été sélectionnés en route pour des travaux forcés à Cosel, avant l’arrivée à Auschwitz. À Auschwitz, 123 hommes supplémentaires sont sélectionnés et sont tatoués des numéros 66 515 à 66 637. De plus, 48 femmes sont sélectionnées et sont tatouées des numéros 21 116 à 21 163. Les autres déportés sont gazés dès leur arrivée au camp.

source : Serge Klarsfeld, La Shoah en France, Fayard, 2001

Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, 1978                                                         collections.yadvashem.org

Mali Herscu, mère de Léon et Anna, est née le 29 octobre 1907 à Jassy (ou Iasi), ancienne capitale de la Roumanie.

(David Vainer ou Meyer Kohn), père de Léon et Anna, n’a pas de date de naissance précise, on l’estime après 1895. Il vient de Galati, en Roumanie.

Source : encyclopedia.ushmm.org

David VAINER

Meyer Kohn, père de Léon et Anna, n’a pas de date de naissance précise, on l’estime après 1895. Il vient de Galati, en Roumanie. Pour échapper à la mobilisation lors de la Première Guerre mondiale, il prend l’identité d’un mort, David Vainer1. Il arrive en France et rencontre sa femme Mali dans une association de Juifs de Bessarabie. Ils se marient le 12 juillet 1928 dans le 18e arrondissement de Paris. Sa langue maternelle est donc le roumain, mais aussi le yiddish et comme beaucoup de Roumains à cette époque, il devait aussi parler français. La famille vit au 13, rue Gustave Courbet dans le 16e arrondissement. David est tailleur, il fait des vêtements sur mesure.

David jeune
Source familiale

Le jour où sa femme est arrêtée, David échappe de peu à l’arrestation, car il croise les policiers dans les escaliers, mais cache l’étoile jaune qui est cousue à sa poitrine et passe son chemin. Lorsque les policiers reviennent quelques jours plus tard, il saute par la fenêtre pour leur échapper.

Après l’arrestation de Mali, David et ses enfants vivent cachés, peut-être chez une sœur de Mali.

Après la guerre, lorsqu’il fait ses déclarations pour la reconnaissance de la disparition de Mali et Léon, David vit au 91, rue de Maubeuge à Paris dans le 10e arrondissement.

David remplit une demande d’attribution du titre de déporté politique en 1953 pour son fils Léon et reçoit un avis favorable le 17/04/1956. Le titre est attribué le 22/05/1956. En 1957, il reçoit un pécule de 12.000 francs par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre au titre d’ayants-cause des déportés ou internés politiques décédés pendant leur détention ou après leur rapatriement.

Paiement du pécule aux ayants-cause des déportés ou internés politiques décédés pendant leur détention ou après leur rapatriement
DAVCC-21-P-545-966

1 = Selon le témoignage de sa famille

La compagnie Rayman

Le 25 août 1944, au moment de la Libération de Paris, un groupe de résistants prend la caserne de Reuilly qui servait de centre de mobilisation pour la milice française et décide de constituer une compagnie juive.

Jacob Tancerman, qui a le grade de lieutenant, fait fonction de commandant de compagnie. Un tract en yiddish daté du 31 août 1944 annonce la création de la compagnie Rayman et appelle les jeunes Juifs parisiens à venir grossir ses rangs pour terminer la guerre et libérer tout le territoire. C’est sans doute à ce moment-là que David Vainer intègre la compagnie, mais nous n’avons aucune information précise à ce sujet. Il figure sur la photo conservée par le mémorial de la Shoah au N°58. La compagnie juive prend l’appellation de compagnie « Marcel Rayman » en hommage à cette figure emblématique de la jeunesse juive résistante, fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien. La compagnie comprend environ 160 volontaires juifs, français et étrangers, presque tous âgés pour la plupart de 15 à 18 ans, dont la plupart des familles ont été déportées. David, lui, a presque 50 ans, il doit être parmi les plus âgés de sa compagnie.

Source : museedelaresistanceenligne.org

Source : Mémorial de la Shoah ML_A2_95

Anna VAINER

Anna Vainer, née le 13 juillet 1929, est la fille de David et Mali Vainer. Lorsque sa mère est déportée en 1942, elle et son frère se réfugient chez une tante. Malheureusement, Léon est arrêté en 1944. Anna se cache dans la synagogue de la rue Montévidéo1, ce qui lui permet d’échapper à la déportation. Anna reconstruit sa vie après la guerre, mais garde beaucoup de séquelles de cette douloureuse période, selon ses enfants. Elle a vécu dans un premier temps dans l’espoir d’un retour de sa mère et de son petit frère, mais a dû se résoudre à la triste réalité. Il ne lui restait plus que les photos, qu’elle a confiées au Mémorial de la Shoah, qui témoignent de son attachement à son frère.

Photo de Léon et Anna sa sœur, déposée au Mémorial de la Shoah par Anna Kohn

Insigne de Anna Kohn
Source : famille d’Anna Kohn

Ses enfants racontent que, plusieurs années après la guerre, Anna avait gardé son étoile jaune au fond d’un tiroir, mais qu’elle ne supportait pas de porter le moindre badge d’identification, même en club de vacances. Cela lui rappelait l’étoile de David, signe distinctif que les Juifs ont été obligés de porter après mai 1942.

Photo de Anna et Chanina Kohn
Source : famille d’Anna Kohn

Anna s’est mariée avec Chanina Kohn et ils ont eu trois enfants : Hélène, Martine et Charlie, auxquels elle n’a jamais vraiment parlé de tous ses souvenirs, trop douloureux.

Anna est décédée le 24 mars 2019 à Limeil-Brévannes (Val de Marne).

Contributeur(s)

Biographie réalisée par les élèves de 3e du collège Victor-Duruy dans le cadre d'un travail de mémoire qui a prolongé le cours d'histoire-géographie, encadrés par leur professeur d'histoire-géographie Cécile Boudes.

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