Denise CAHN

1908-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

DENISE CAHN

Née le 27 août 1908 à Paris, Denise, Josette, Félicité Cahn est une Juive Française. Elle est la fille de Salomon Cahn et Caroline Lévy, mariés le 4 juillet 1901. Divorcée de Gaston Frédéric Levy le 23 juin 1927, sa dernière adresse est le 4, rue Turgot dans le IXe arrondissement de Paris. Sa vie a été marquée par la Seconde Guerre Mondiale. Elle a été arrêtée et internée une première fois dans le camp de transit de Drancy le 27 janvier 1944, elle est ensuite relâchée avant d’être arrêtée à nouveau. Cette fois-ci, elle est déportée le 31 juillet 1944 à Auschwitz où elle meurt le 5 Août 1944.

Une employée de l’UGIF et de l’école Lucien de Hirsch

L’école Lucien de Hirsch a été créée en septembre 1901, pour éduquer les enfants juifs d’Europe. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en avril 1944, l’école devient un centre d’accueil de l’UGIF, à la place du centre Lamarck, bombardé. 125 enfants et 52 moniteurs sont transférés à l’école Lucien-de-Hirsch.

L’UGIF (Union Générale des Israélites de France) a été fondée sous commandement nazi par une loi du gouvernement de Vichy le 29 novembre en 1941. Le but de cette institution était d’assurer la représentation des Juifs auprès des pouvoirs publics. Tous les Juifs de France, français et étrangers, sont tenus de s’y affilier.  De plus, toutes les associations juives sont dissoutes à sa création. Cela a eu pour conséquence néfaste de regrouper un grand nombre de Juifs ensemble notamment les enfants ce qui a permis de mieux les recenser, et, par la suite, de les déporter. Par conséquent, l’UGIF fut très critiquée. L’UGIF zone nord n’a pas pu mettre sur pied la moindre résistance. En revanche, L’UGIF zone sud a pu avoir une action concrète, du moins jusqu’en novembre 1942. Dans une certaine mesure, l’UGIF a malgré tout contribué à la survie de quelques-uns, fourni des moyens de subsistance, donné des soins indispensables.

Sur les 1306 déportés du convoi 77, il y a eu 324 enfants, qui viennent en partie de centre de l’UGIF.

Ainsi, Denise Cahn a travaillé pour l’UGIF zone nord. Elle faisait partie d’un comité de dames qui s’occupaient de la cantine casher, travaillaient avec les assistantes sociales. Elle accompagnait également les sorties de colonies de vacances et faisait de la surveillance médicale.  Dans un document de l’UGIF du 16 Mars 1944, elle est inscrite comme surveillante générale. Il est mentionné qu’elle est présente dans l’école Lucien de Hirsch jour et nuit. On apprend également qu’elle a demandé 4 étoiles juives pour deux personnes. On ne sait pas qui était la deuxième personne.

Un premier internement à Drancy

Nous connaissons le premier internement de Denise Cahn grâce au journal d’Hélène Berr. Hélène Berr, Juive parisienne née le 27 mars 1921, étudiante à la Sorbonne, est arrêtée en mars 1944 et décède dans le camp de concentration de Bergen-Belsen en avril 1945. Hélène Berr se renseigne sur Drancy et raconte dans son Journal (1942-1944) le premier internement de Denise Cahn dans ce qu’elle définit comme un « reportage », elle s’adresse à elle car c’est l’une des rares revenantes des internés du camp de Drancy. En effet, ils étaient quasiment tous envoyés dans un camp de déportation ou un centre de mise à mort à la suite de leur internement. Dans l’édition du journal d’Hélène Berr, son nom est orthographié Denise Kahn mais il ne peut s’agir de cette dernière, déportée du convoi 70, plus jeune et ne travaillant pas à l’UGIF.

Domicile d’Hélène Berr, sortie avec les élèves, 6 mars 2024
Photo : Hélène Berr

 

Denise Cahn est d’abord arrêtée à Orly en février 1944, elle est internée pendant 8 jours au camp de Drancy. Les autres Juifs arrêtés avec elle voyagent dans des wagons à bestiaux, ils sont autour de 60 par wagon. Hommes et femmes mélangés doivent se partager 16 paillasses au total. Il y a entre 1 et 3 seaux dans un wagon pour qu’ils puissent effectuer leurs besoins. Au départ, ils reçoivent un panier repas pour les 6 jours de voyage comportant : 4 pommes de terres cuites à l’eau ; 1 livre de bœuf ; 125 grammes de margarine ; du gruyère ; quelques gâteaux secs et un pain.

Wagon placé devant l’ancien camp d’internement de Drancy, sortie avec les élèves, 6 février 2024

Denise explique que les internés qu’elle a rencontré à Drancy venaient de différentes communes telles que Bordeaux, Grenoble ou encore Nice et même de la région des Ardennes. Arrivés au camp, elle constate que les douches sont mixtes : hommes et femmes se lavent au même endroit. Ainsi, les femmes tentent de se cacher au mieux durant la douche. C’était un moment très déplaisant en raison du manque d’intimité. Denise partage sa chambre avec une famille de 13, ils sont « mutilé[s] et décoré[s] » (p.291). Le plus jeune de la fratrie a 15 mois et le plus vieux 20 ans.

La veille de la date prévue de sa déportation, elle est libérée probablement sur demande de l’UGIF où elle travaillait. En effet, les employés disposaient au départ d’une « carte de légitimation », un sauf-conduit qui leur évite d’être arrêté et permet de pénétrer dans le camp d’internement. Mais ils perdent rapidement ce privilège. On peut donc penser que l’UGIF est intervenue en faveur de sa libération. En effet, l’UGIF s’efforça de faire libérer quelques Juifs internés avec des résultats très limités : 817 libérations seulement, surtout des enfants qui seront à nouveau arrêtés et déportés. Et cette sortie est plus marquante que son entrée à ses yeux : « Cela ne m’a rien fait d’entrer à Drancy, le choc a été lorsqu’on m’a dit que je sortais » (p. 293).

Déportée et assassinée à Auschwitz

Denise est de nouveau arrêtée le 21 juillet 1944 par la Gestapo en tant qu’«israélite». Elle est ensuite internée à partir du 22 juillet 1944 à Drancy. On lui prend la somme de 374 francs. Les conditions de vie à Drancy étaient insalubres. Les internés sont entassés, les repas sont très rares et peu nourrissants. De plus, les douches n’étaient possibles qu’une seule fois par semaine sans séparation entre hommes et femmes.

Denise Cahn est déportée avec 78 enfants de l’école Lucien de Hirsch, le 31 juillet 1944 vers le centre de mise à mort d’Auschwitz à bord du convoi 77.  Il s’agit du dernier grand convoi de déportation parti depuis la France avec 1306 déportés dont 847 ont été exterminés dans les chambres à gaz dès leur arrivée.

L’hypothèse que l’on peut se faire est que Denise Cahn ait accompagné des enfants de l’école Lucien de Hirsch et qu’elle en portait un ou en tenait un par la main à Auschwitz. Certaines monitrices refusaient de les lâcher lors de la sélection et étaient assassinées avec les enfants dont elles s’occupaient. Cette étape de la sélection n’existait qu’à Auschwitz, le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois camp de concentration et centre de mise à mort. Elle a donc sûrement été amenée à la chambre à gaz dès son arrivée. L’administration française a donc mis une date de décès fictive au 5 août 1944 à Auschwitz.

Denise Cahn meurt exterminée dans une chambre à gaz à Auschwitz. Son histoire nous a permis de mieux comprendre la vie des Juifs à cette époque ainsi que le génocide. Travailler sur les archives implique aussi de combler les trous : nous avons peu d’informations au sujet de sa 2ème arrestation, nous avons utilisé nos connaissances et la visite du mémorial de la Shoah à Drancy ainsi que celle de la gare de déportation de Bobigny. Nous n’avons pas non plus retrouvé de photo de Denise Cahn.

ARCHIVES

  • Dossier de déportée de Denise Cahn, DAVCC, SHD de Caen
  • Archives de l’UGIF, centre Secrétan, YIVO, New York

BIBLIOGRAPHIE

  • Joseph BERG,  » L’Ecole Lucien de Hirsch de 1901 à 1940 « , Document de l’école Lucien de Hirsch.
  • Helène BERR, Journal, éditions Points, Paris, 2009, p.290-293
  • André KASPI,  » Les résistances juives en France face à la Shoah  » dans Alexandre BANDE, Pierre-Jérome BISCARAT et Olivier LALIEU, Nouvelle Histoire de la Shoah, éditions Passés composés, Paris, 2021, p.186-190

SITOGRAPHIE

  • Histoire et composition du convoi – Convoi 77

SORTIES

  • Visite du Mémorial de la Shoah à Drancy et de la gare de déportation de Bobigny, le 6 février.
  • Sortie sur les traces d’Hélène Berr, le 6 mars.

Photographies Jennifer Ghislain

Contributeur(s)

Malaike Benouali, Sarah Oubeid, Martina Ben Ben, Adja Karamoko, Eve-Lucie Rouly, , Tiago Figueiredo et François-Henry Bergès, élèves de l'Atelier Premier Campus au lycée François Villon (Paris), accompagnés par Jennifer Ghislain, professeur au lycée François Villon (Paris)

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