Jacques DRUCKER

1901-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Jacques DRUCKER

Jacques Drucker est né le 26 Novembre 1901 au 43 rue Simart dans le 18ème arrondissement de Paris[1]. Il est le fils de Chaïm Drucker, tailleur, et de Beïla Roman, tous les deux d’origine autrichienne. Il est reconnu par ses parents lors de leur mariage, le 3 décembre 1904, avec ses sœurs, Jeannette, née à Berlin en 1896, et Juliette, née en 1904 à Paris. La famille réside désormais au 27 de la rue Simart[2]. Jacques obtient la nationalité française par déclaration souscrite devant le juge de paix du 17e arrondissement de Paris, le 11 juin 1915[3]. A ce titre, il effectue son service militaire et est incorporé dans l’armée en avril 1921. Il passe caporal le 7 octobre 1921, puis sergent le 21 décembre 1922, après avoir été formé à l’école préparatoire militaire des Andelys. Il est renvoyé dans ses foyers le 30 mai 1923 avec un certificat de bonne conduite. Il passe dans la réserve en 1925 mais est réformé pour un reliquat de fracture à la jambe droite au début de la Seconde Guerre mondiale. Selon son livret militaire, il aurait exercé les professions d’interprète et vendeur[4].

Le 27 octobre 1932, Jacques épouse Dobrisch Rose Goldfeld, née en Russie à Chargorod le 6 décembre 1906 de Beila et Haïm Goldfeld. Le couple s’installe alors chez les Goldfeld au 47 rue Boinod dans le 18ème arrondissement de Paris[5]. C’est à cette adresse que naissent leurs deux enfants, Raymond, le 23 juin 1933, et Maurice Raoul, le 21 janvier 1936. Dobrisch exerce alors  la profession de sténodactylographe[6].

La famille déménage ensuite au 37 de la rue Boinod et y réside toujours au moment de l’arrestation de Dobrisch et Jacques, le 23 juillet 1944[7]. Le registre de la Préfecture de police de Paris précise le motif de l’arrestation (« juif ») et les autorités responsables (« affaires juives »)[8]. Dans sa demande d’attribution à son mari du titre de déporté politique, Dobrisch Drucker affirme que celui-ci a été arrêté à proximité du domicile par la Gestapo, ce qui est confirmé par une enquête interne de la police judiciaire du 10 août 1953[9]. Dobrisch précise, dans sa demande, que Jacques était alors ouvrier chez Renault mais également vendeur et interprète[10]. Jacques et Dobrisch sont internés dès le 24 juillet au camp de Drancy puis déportés vers Auschwitz, le 31 Juillet 1944[11].

Dans une déclaration rapportée par la direction de la police judiciaire, Dobrisch explique avoir été ensuite transférée dans un camp différent de celui de son mari et ne plus avoir eu ensuite de nouvelles de sa part[12]. En effet, Jacques est interné au Struthof, où il est affecté au travail de la métallurgie, à partir du 28 octobre 1944[13]. Dobrisch, de son côté, est envoyée à Kratzau (actuelle République Tchèque)[14]. Malgré la progression rapide des armées Alliées en France et alors que le Struthof fait déjà l’objet de procédures d’évacuations des détenus vers Dachau, il a sans doute paru pertinent aux autorités allemandes d’exploiter jusqu’au bout les compétences acquises par Jacques chez Renault en le transférant dans ce camps de travail dont l’activité est dirigée, à partir de 1943, vers l’effort de guerre et notamment la production de moteurs d’avion[15]. Jacques fait partie des derniers détenus du camp puisque qu’il semble avoir été exécuté juste avant l’arrivée des américains, le 25 novembre 1944[16].

Biographie réalisée au cours de l’année scolaire 2023-2024, par les élèves de 3ème A du collège Christine de Pisan (Aulnay-Sous-Bois), dans le cadre du projet européen « Convoi 77 ».

A l’exception du registre des arrestations de la préfecture de Police de Paris (DRUCKER-Dobrisch-APP_CC2-9) et d’une fiche de renseignement du Struthof conservée par le fond d’archives de Bad Arolsen (Enveloppe-STUTTHOF-1.1.41.2-4454061-62), les élèves ont travaillé essentiellement sur un conséquent dossier issu du Service Historique de la Défense de Caen et composé par les documents rassemblés ou produits dans le cadre des démarches administratives accomplies par Dobrisch Drucker, après son retour de déportation. Les 58 documents numérisés de ce corpus sont nommés « DRUCKER-Jacques-DAVCC-21-P-445-173-1 » à « DRUCKER-Jacques-DAVCC-21-P-445-173-58 ». Pour faciliter la lecture de la biographie, la nomenclature des documents a été abrégée « DAVCC1 » à « DAVCC58 ». Dès août 1945, Dobrisch a ainsi entrepris diverses démarches, d’abord pour obtenir des nouvelles de son époux[17], puis pour faire valoir son statut de « non rentré » et obtenir une allocation militaire[18]. En 1947, elle demande et obtient l’inscription, à l’état civil de son mari, de la mention « Mort pour la France »[19] qui lui assure une pension de veuve de guerre et l’adoption par la nation de ses enfants[20]. Enfin, elle demande, en 1951, et obtient, en 1954, l’octroi à Jacques du statut de « déporté politique »[21] qui lui assure une compensation financière de 12 000 francs[22]. La principale limite de ce corpus est la très courte période qu’il permet d’appréhender : essentiellement l’arrestation et la déportation. Les documents révèlent parfois des contradictions entre les informations transmises par Dobrisch et celles enregistrées par l’administration française. Ces dernières s’avèrent par ailleurs très lacunaires. Ce travail a cependant permis de mettre en avant un parcours de déportation singulier, entre Auschwitz et le Struthof, et de rendre visible la complexité des procédures administratives aillant permis aux familles des victimes de faire reconnaître leur statut et de faire valoir leurs droits. Pour compléter la biographie de Jacques Drucker, les élèves sont également parvenus à se procurer trois documents précieux, issus des archives numérisées par la mairie de Paris (https://archives.paris.fr/r/123/archives-numerisees/) : l’acte de naissance de Jacques[23], l’acte de mariage de ses parents[24], et son matricule militaire[25]. Ces archives ont permis de documenter la vie de Jacques avant son mariage et notamment ses origines autrichiennes.

Sources et références

[1] Etat civil de Paris, Etat civil à partir de 1860 : 1901, Naissance, 18, V4E10466 (numéro de l’acte : 5571).

[2] Etat civil de Paris, Etat civil à partir de 1860 : 1904, Mariage, 18, 18M330 (numéro de l’acte : 2532).

[3] Certificat de nationalité (DAVCC16).

[4] Recrutement militaire de la Seine, Registres matricules du recrutement (1887-1921) : Drucker, Jacques, Matricule 2834, D4R12292.

[5] Bulletins de mariage (DAVCC48 et 49)

[6] Actes de naissance de Raymond (DAVCC36) et de Maurice Raoul (DAVCC37).

[7] Recrutement militaire de la Seine, Registres matricules du recrutement (1887-1921) : Drucker, Jacques, Matricule 2834, D4R12292.

[8] Registre de la Préfecture de police de Paris (DRUCKER-Jacques-APP_CC2-9).

[9] Demande d’attribution du titre de déporté politique – page 3 (DAVCC25) et rapport de la direction de la police judiciaire (DAVCC31-32).

[10] Demande d’attribution du titre de déporté politique – pages 1 et 3 (DAVCC23 et DAVCC25).

[11] Registre de la Préfecture de police de Paris (DRUCKER-Jacques-APP_CC2-9), lettres d’attestation (DAVCC13 et 14), demande de renseignements administratifs (DAVCC33).

[12] Rapport de la direction de la police judicaire (DAVCC31 et 32).

[13] Dossier du Stutthof (Enveloppe-STUTTHOF-1.1.41.2-4454062-recto_1.1.41.2).

[14] Voir biographie de Dobrisch Drucker.

[15] https://www.struthof.fr/le-site/le-kl-natzweiler

[16] Acte de décès (DAVCC3), demande de renseignements administratifs (DAVCC33), Attestation sur l’honneur (DAVCC42).

[17] Lettres de Dobrisch (DAVCC53 et 55).

[18] Certificat de « non rentré ce jour » (DAVCC34), demande de régularisation d’Etat civil (DAVCC43-46).

[19] Demande d’inscription de la mention « mort pour la France » (DAVCC8) et avis favorable du Préfet (DAVCC9).

[20] Actes de naissance de Raymond et Maurice Drucker (DAVCC36 et 37).

[21] Demande d’attribution du titre de déporté politique (DAVCC23-28) et attribution du titre de déporté politique (DAVCC30).

[22] Fiche de contrôle pour le paiement du pécule aux ayants-cause des déportés politiques décédés (DAVCC21).

[23] Etat civil de Paris, Etat civil à partir de 1860 : 1901, Naissance, 18, V4E10466 (numéro de l’acte : 5571).

[24] Etat civil de Paris, Etat civil à partir de 1860 : 1904, Mariage, 18, 18M330 (numéro de l’acte : 2532).

[25] Recrutement militaire de la Seine, Registres matricules du recrutement (1887-1921) : Drucker, Jacques, Matricule 2834, D4R12292.

Contributeur(s)

Biographie réalisée au cours de l’année scolaire 2023-2024, par les élèves de 3ème A du collège Christine de Pisan (Aulnay-Sous-Bois).

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