Jean EIOLÉ
Enquête réalisée par les élèves de 3e du collège Nicolas de Staël à Maisons-Alfort durant l’année scolaire 2023-2024: Nejjari Nouaim ; Cau-Gourdon Valentin ; Ferreira Adrien ; Garcette Gabrielle ; Gatabazi Nuru ; Leroy Morgane ; Bousson Alexandre ; Sandrolini Léna ; Srour Raphaël ; Catel-Martin Julia ; Vlei Camélia ; Manot Rémi ; Cadoz Thomas ; Ogé Aurélien ; Gulia-Degomme Maxence. Élèves encadrés par Roso Adrien, professeur d’histoire-géographie.
Depuis le mois de janvier, nous travaillons sur deux déportés du Convoi 77, le dernier grand convoi de déportation de Juifs parti du camp d’internement de Drancy le 31 juillet 1944 en direction du centre de mise à mort d’Auschwitz Birkenau, en Pologne. Nous nous sommes attelés à rédiger les biographies d’Esther Eiolé et de son fils Jean Eiolé, qui vivaient à Maisons-Alfort au moment de leur arrestation fin juillet 1944. Esther a survécu et est revenue de déportation tandis que son fils Jean est décédé dans les premiers jours de sa déportation.
Nous avons eu l’occasion de nous familiariser avec des archives de provenances et de natures diverses, ce qui nous a permis de mieux comprendre la méthode de travail des historiens. Puisque nous vivons et étudions dans la commune où vivaient Esther et Jean, nous avons pu nous confronter dans le cadre d’une logique de micro-histoire au drame d’un destin bouleversé par les horreurs de la guerre et de l’antisémitisme, et ainsi consolider nos connaissances sur le système concentrationnaire nazi. Dans le cadre de ce projet, nous avons aimé le fait de mener une « enquête », de découvrir la vie d’une personne à mesure que les archives nous parvenaient. Ainsi, ce projet nous a permis de réaliser que le processus génocidaire que nous étudions en classe a coûté la vie à des hommes, des femmes, des enfants, qui avaient aussi une vie avant la guerre, des tracas du quotidien et des ambitions.
Nous tenons particulièrement à remercier pour leur aide et les précieux documents fournis, Françoise et Jean Jakubowiez, les petits-enfants d’Esther.
Nous tenons également à remercier (plus particulièrement notre professeur) Claire Podetti pour son aide précieuse dans la recherche d’archives.
Carte postale sur laquelle figure Jean Eiolé.
SOURCES : Jean Eiolé © SHF de Caen, Dossier 21P4471348202
Jean Eiolé est né le 12 février 1933 à Maisons-Alfort au 7 rue Girard à 4 heures du matin.
Acte de naissance Jean Eiolé, 1933
SOURCES : Jean Eiolé © SHF de Caen, Dossier 21P4471348202
Maurice Eiolé, né le 25 septembre 1896 à Bracieux (Loir-et-Cher) est un employé de contentieux, précédemment marié Isabelle Robert. Il est, semble-t-il, un fervent Républicain et/ou communiste. En effet, il part se battre en Espagne dans le cadre des Brigades internationales contre les franquistes le 29 août 1936. La date du décès Maurice Eiolé est incertaine ; certaines sources mentionnent son décès sur le front du Jarama le 13 novembre 19361. D’autres sources situent son décès au 7 février 1937.
Jean avait trois grands frères : Léon, Joseph et Jacques Jackubowicz, nés d’un premier mariage de sa mère Esther avec un Polonais, Kiva Jackubowicz.
Jean entre le 20 février 1939 à l’école Paul Bert de Maisons-Alfort, à l’âge de six ans. Il habite alors au 7 rue Girard.
Registre de matricule tenu par les instituteurs de l’école Paul Bert à Maisons-Alfort
SOURCES : Archives Départementales du Val-de-Marne
Jean Eiolé est arrêté à l’âge de 11 ans par la gestapo au 12 allée des Rosiers, chez M.Ruffieux, le compagnon de sa mère Esther. Le motif de son arrestation est connu : la gestapo l’appréhende car sa mère refuse de livrer ses fils aînés aux Allemands. Cependant, la date de cette arrestation est plus incertaine.
Selon le procès-verbal de Julien Philippon, un voisin, il aurait été arrêté environ huit jours avant sa mère. D’après une lettre envoyée le 4 juin 1965 par sa mère au Ministre des Anciens Combattants afin de demander le titre de déportés pour elle et son fils, il est arrêté le 25 juillet en même temps qu’elle. Néanmoins, plusieurs sources avancent la date du 27 juillet, comme le fichier du camp de Drancy, la déposition de M.Ruffieux, la déposition de M.Ruffieux qui explique avoir tenté de soustraire Jean à l’arrestation, ainsi que la lettre de la voisine au moment des faits, Madame Zimmerman.
Déclaration sur l’honneur des voisins concernant les circonstances de l’arrestation d’Esther et de Jean. SOURCES : Jean Eiolé © SHF de Caen, Dossier 21P4471348202
Jean est interné avec sa mère à Drancy le 27 juillet 1944, dans le baraquement 16.1, dans le 4e escalier du 3e dortoir. De plus la lettre « B » inscrite en rouge indique qu’elle était « déportable » immédiatement. Son numéro d’internement était le 26 019.
Carte d’interné de Drancy issue des cahiers de mutation du camp de Drancy
SOURCES : Mémorial de la Shoah/ Archives nationales de France
Jean Eiolé décède le 5 août 1944, soit dans le train le menant à Auschwitz, soit dans le camp même.
Il est reconnu comme « otage racial » et qu’il s’agit d’un déporté « non-rentré ». Cela signifie qu’il est mort. Son acte de disparition est établi le 12 février 1954, soit dix ans après sa mort.
SOURCES : Jean Eiolé © SHF de Caen, Dossier 21P4471348202
Après la libération du camp d’Auschwitz par l’Armée Rouge, le 8 mai 1945, la mère de Jean rentre en France. Là, elle obtient une carte de déportée politique et la mention « mort pour la France » pour son fils le 24 août 1955.