Sommer GINZBURG
Reconstituer la biographie de Sommer Ginzburg n’a pas été une mince affaire, souvent bloqués dans nos recherches du fait de l’attente de certaines réponses de Mémoriaux, les sites payants, mais aussi l’approche du bac qui nous a contraints d’arrêter notre projet.
Tout d’abord, nous étions en terminale générale au lycée Cassini de Clermont de l’Oise lorsque notre professeur d’histoire géographie, Madame Limonier, nous a proposé de faire de la micro-histoire. Le but était de nous intéresser, non pas à une grande masse, à un grand événement mais à un petit groupe d’individus, à une personne en particulier. Ayant eu le choix entre reconstituer la vie des enfants cachés de l’Oise ou reconstituer la biographie d’un homme ayant vécu dans notre département, l’Oise, j’ai choisi la deuxième proposition. Accompagnée d’un petit groupe composé de Lucie, Valentine, Raphaël, Thibault et Maxime, nous avons entrepris nos recherches tous les lundis après-midi. Dès le début nous n’avions pas énormément d’informations concernant Sommer Ginzburg, d’après le site de l’Association Convoi 77, il serait né le 01/08/1897 à Walsilishki dans l’actuelle Biélorussie. Il habitait dans le village de Ressons-sur-Matz, dans l’Oise et a été arrêté à l’âge de 46 ans à Compiègne. Madame Limonier nous voyant perdu, nous a tout d’abord conseillé de chercher dans les archives de l’Oise le dernier recensement qu’a effectué Sommer Ginzburg, cela nous a donc permis de poser un premier contexte temporel. De son côté, notre professeur a fait une demande auprès des archives du service Historique de la Défense de Caen. Une soixantaine d’archives nous ont alors été transmises, le travail d’historien pouvait alors véritablement commencer.
Nous avons tout d’abord classé les archives, écrit les dates importantes afin de retracer le parcours de cet homme. Nous avons écrit de nombreux mails à des Mémoriaux comme le Mémorial de la Shoah à Paris, les archives d’Arolsen en Allemagne, le Mémorial de l’Internement et de la Déportation de Compiègne, le Mémorial de Drancy, nous avons contacté la mairie de Ressons-sur-Matz et enfin nous avons essayé de joindre la mairie de Walsilishki, sans succès, le numéro de celle-ci était introuvable. Nous avons tenté de joindre les petits commerces aux alentours mais aucun de parler l’anglais. Nous n’avons toutefois pas rebroussé chemin, nous avons envoyé un mail à l’Ambassade de France afin d’avoir des informations sur Sommer Ginzburg. Cependant, comme nous avons prédit, aucun retour ne nous a été destiné. Quelques mois sont passés et le bac est vite arrivé, nous avons été contraints d’arrêter la biographie de Sommer Ginzburg pour nous concentrer sur nos révisions.
Durant les grandes vacances, n’ayant pas de job d’été, j’ai décidé de reprendre les recherches. J’avais beaucoup d’informations, d’archives qui m’avaient été transmises, je trouvais cela dommage de ne pas finir cette biographie. Je me suis rappelée que derrière cette biographie se cachait un véritable hommage à rendre Sommer Ginzburg. Victime de la Shoah, Sommer Ginzburg méritait qu’on lui redonne l’honneur et l’estime que les nazis lui avaient arraché au cours de sa vie.
Au cours de mes recherches, j’ai remarqué que je n’avais point de photographie de Sommer Ginzburg afin d’illustrer mon projet mais aussi pour que je puisse afin mettre une tête sur l’homme sur qui je travaille depuis quelques mois. J’ai donc décidé d’utiliser les réseaux sociaux : Facebook, pour tenter de retrouver sa famille. Voyant que son nom était populaire dans la barre de recherches et donc peu de chances de trouver sa famille, je me suis concentrée sur la famille de sa femme, du nom de Bezborodko.
J’ai trouvé énormément de personnes portant ce nom et j’ai tenté le tout pour le tout, j’ai envoyé un message à une vingtaine de personnes. Quelques jours plus tard je reçois une réponse d’une certaine Louise Bezborodko qui m’affirme faire partie de la famille de la femme de Sommer Ginzburg mais qu’elle n’aura certainement pas beaucoup d’informations à m’apporter, elle m’a alors donné le numéro de son grand-oncle. Ce projet est alors devenu davantage personnel à mes yeux. Jacques Bezborodko était l’un des neveux de Sommer Ginzburg mais il ne l’a jamais connu, il m’a cependant énormément aidé à finaliser la biographie de son oncle, notamment avec l’aide d’un autre de ses cousins germains : Joseph Rober. Je tiens d’ailleurs à les remercier pour l’aide qui m’ont apportée durant ce projet, pour les recherches qu’ils ont fourni sur leur temps libre afin de retrouver des archives et des photographies de leur oncle. C’est avec une grande gentillesse qu’ils ont accepté de lire la biographie de leur oncle avant que je ne la transmette à l’association Convoi 77 pour être publiée.
Merci à vous pour la confiance et pour le temps que vous m’avez accordés, j’espère rendre hommage à votre oncle et à votre famille.
Merci également aux Mémoriaux de nous avoir répondu et un grand merci à Madame Limonier de nous avoir accompagnés durant ce projet.
Le 1er août 1897, à Wasiliszki, en Pologne (l’actuelle Biélorussie) est né Sommer Ginzburg.
Photographie 1 m’ayant été transmise par la famille de la femme de Sommer Ginzburg, il est assis à gauche de l’image avec le vêtement blanc. Photographie 2 transmise par le Service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains.
Extrait du registre des actes de l’état civil, avec comme indication l’identité des parents de Sommer Ginzburg et sa date, lieu de naissance. Document signé à la date du 1er juin 1946.
Enfant unique de Josel Ginsburg et Sosia Dolinska, la famille polonaise était de confession juive.
Extrait du registre des actes de l’état civil, avec comme indication l’identité des parents de Sommer Ginzburg et sa date, lieu de naissance. Document signé à la date du 1er juin 1946.
L’arrivée de Hitler au pouvoir : un danger pour les Juifs
Le début des années 1930 marque l’apparition de l’antisémitisme en Europe, notamment en Allemagne avec Adolf Hitler qui devenait chancelier le 30 janvier 1933. Cette arrivée au pouvoir a promu la culture de l’antisémitisme du côté ouest de l’Europe, en plus de la Russie, déjà antisémite à cette période. Face à cette manifestation de haine, de nombreux Juifs ont émigré aux Etats-Unis, en Palestine et en France. C’est notamment le cas de Sommer Ginzburg, qui, voyant le danger arrivait dans son pays natal, décida de se réfugier en France en 1936. Celui-ci fait une demande de carte de séjour, qui lui sera délivrée le 27 avril 1937 avec un statut de célibataire.
Copie de la “carte de séjour délivrée à un étranger” délivrée par la Préfecture de l’Oise,
copie réalisée le 21 janvier 1964 à Beauvais.
Sommer Ginzburg a étudié l’agronomie dans l’Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Nancy. Durant ces années, il a rencontré Perla Bezborodko, de nationalité russe et de confession juive, fille de Joseph Bezborodko et de Macha Peremoling. Elle est née le 19 mai 1910 à Lodz, une ville de 600 000 habitants. Surnommée “Paula” par sa famille, elle devient la femme de Sommer Ginzburg le 23 février 1942, tous les deux, se sont mariés durant la Seconde Guerre Mondiale dans la zone occupée par les Allemands (date de l’invasion : 10 mai 1940) à Ressons sur Matz.
Copies des extraits des registres des actes de mariage, le document de gauche est au nom de Sommer Ginzburg, celui de droite est au nom de Perla Bezborodko, sa femme. Copies réalisées par le Maire de Ressons-sur-Matz le 1er juin 1946.
Habitant du village de Ressons-sur-Matz dans le département de l’Oise, il se fait recensé pour la dernière fois en 1936, avec comme adresse postale le 3 rue du Bail, Ressons-sur-Matz.
Capture d’écran des archives de l’Oise notamment une partie du document concernant les recensements des habitants de Ressons-sur-Matz en 1936. Sommer Ginzburg y figure à la dernière ligne du document.
Sommer Ginsburg y travaillait comme ingénieur agronome dans laquelle lui étaient confiées les exploitations agricoles de la coopérative de laiterie, beurrerie et fromagerie de la Vallée du Matz.
Fiche de renseignement concernant Sommer Ginzburg lors de son arrestation le 8 juin 1944, dessus y figure son identité ainsi que sa profession lors de son arrestation.
Sa première arrestation : le 20 mai 1943
C’est le 20 mai 1943 qu’il est arrêté la première fois dans son village puis emmené dans le camp de Royallieu à Compiègne, alors âgé de 46 ans. Sommer Ginzburg est incarcéré 9 jours où son nom a été substitué par le matricule 42 639.
Le 29 mai 1943, il est libéré du camp de Royallieu grâce à son employeur. Étant bien vu des autorités, il a pu négocier sa libération.
Le premier document prouve la première arrestation et la libération de Sommer Ginzburg en mai 1943, document réalisé le 24 juin 1952. Le deuxième document est un texte retraçant les arrestations de Sommer Ginzburg jusqu’à son décès, y figure notamment sa première arrestation, le 20 mai 1943.
Photographie du “Mur des Noms” où figurent le nom de toutes les personnes qui sont passées par le camp de transit de Royallieu durant la Déportation. Photographie prise par moi-même le 10 février 2024.
“Fiche de renseignements concernant une personne arrêtée par les autorités d’occupation” concernant Sommer Ginzburg durant sa première arrestation.
Dénonciation anonyme, la dernière fois qu’il sera libre : le 8 juin 1944
Il est de nouveau arrêté 2 jours après le débarquement de Normandie, le 8 juin 1944 par la Gestapo sur dénonciation anonyme en raison de sa “nationalité juive”.
Copie sur les “renseignements relatifs et l’exécution, l’internement ou la déportation”, nous pouvons voir la date de sa deuxième arrestation, le 8 juin 1944, par dénonciation anonyme.
Suite de la copie sur les “renseignements relatifs et l’exécution, l’internement ou la déportation” réalisée suite la demande de Perla Bezborodko, la femme de Sommer Ginzburg. Nous pouvons encore voir la date, les circonstances de l’arrestation.
Document réalisé après la demande de la femme de Sommer Ginzburg pour qu’il soit considéré comme “non-rentré” et comme un “déporté racial et politique” par le Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. Sur le bas du document est noté au stylo plume “arrêté par la Gestapo le 8 juin 1944 […] depuis plus de nouvelles, plus de témoignages.”
Document réalisé par le maire de Ressons-sur-Matz le 24 juillet 1950 pour certifier l’arrestation de l’un de ses habitants: Sommer Ginzburg, le 8 juin 1944.
Une fois de plus, Sommer Ginsburg est interné au camp de Royallieu portant un nouveau matricule : 15126.
Document écrit à la main pour informer le lieu de détention de Sommer Ginzburg.
Document portant le nom de “Fiche de contrôle” réalisée en 1962, retraçant le parcours effectué par Sommer Ginzburg depuis l’arrestation du 8 juin 1944. Sur la photographie recadrée et agrandie, à la deuxième ligne, nous pouvons lire “Compiègne 15 126” donc le camp de Royallieu et son matricule qui lui a été attribué.
Par la suite, il a été déporté vers le camp de Drancy le 6 juillet 1944 sous le matricule 24874, où il est
assigné à l’escalier 18, chambrée du 4e étage.
Plan de Drancy, vue de haut.
Fiche de reçu destinée à Sommer Ginzburg lorsqu’il était interné à Drancy, ce reçu était donné lors des confiscations des biens des internés. Il semblerait que c’était de l’argent confisqué d’une somme de 555 francs.
La Déportation : le trajet vers la mort
La veille du départ, le 30 juillet 1944, Sommer Ginzburg et les personnes désignées pour être déportés, étaient parqués dans une partie du camp, dans l’étage de l’escalier 22, conçue pour les départs vers les camps de concentration. Le matin, ils étaient réunis dans la cour interdite aux autres détenus où des autobus étaient sur place pour les emmener vers la gare de Bobigny. Escortés jusqu’à la gare par les gendarmes français, ils étaient ensuite confiés aux nazis allemands.[3]
C’est donc le 31 juillet 1944 que Sommer Ginsburg est transféré par le dernier grand convoi 77, composé de 1300 Juifs, dont 330 enfants. Parti de la gare de Paris-Bobigny, celle-ci était utilisée comme point de départ pour les transports ferroviaires en direction du camp d’Auschwitz-Birkenau de juillet 1943 à août 1944. [4]
La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) a largement participé à la déportation des Juifs, peu de conducteurs français ont refusé de participer à ces déportations, mis à part Léon Bronchart, l’un des rares à avoir refusé de conduire son train.
Liste des déportés du Convoi 77, “Convoi de Drancy départ du 31 07 44” que nous pouvons voir sur le haut de la première liste des déportés. Sommer Ginzburg y figure sur la deuxième liste à la huitième ligne en partant du bas de la liste.
Entassés à 50 dans un seul de la vingtaine de wagons présents, beaucoup mouraient d’épuisement et de forte chaleur notamment durant le convoi 77, à noter que le voyage durait environ 55 heures avec peu d’eau apportée aux déportés. La déshumanisation des déportés commençait déjà, lors du voyage : traités comme des animaux, ils étaient entassés dans les wagons à bestiaux, peu nourris, forcés de faire leurs besoins au milieu de la cinquantaine de personnes présentes perdant le peu de dignité qu’il leur restait.
Après ce long trajet, le 3 août 1944 Sommer Ginzburg et le reste du convoi 77 arrivaient au centre de mise à mort d’Auschwitz à environ 60 Km de l’ouest de Cracovie, en Pologne.
Capture d’écran du trajet du Convoi 77.
Le convoi 77 est donc parti de la gare de Bobigny, dans le département de Seine-Saint-Denis, il a traversé la gare de Novéant sur Moselle, la gare de Saarbrücken en Allemagne, la gare de Frankfurt am Main, la gare de Fulda, la gare d’ Erfurt, de Leipzig, de Dresden, de Goerlitz, de Cosel, la gare de Katowice en Pologne et enfin la gare de Birkenau. [5]
Document nommé “Section “Documentation-Recherches””, fiche de renseignement sur les dates d’arrivées et de sorties de camps de Sommer Ginsburg: “ Arrivé le: 3.1.44 à Auschwitz”.
A leur arrivée, lors de la sélection, Sommer Ginzburg, jugé apte au travail forcé, a échappé aux chambres à gaz. Je n’ai cependant pas trouvé d’informations concernant sa vie et le travail qu’il était contraint de faire dans le camp de concentration d’Auschwitz ou un camp satellite.
L’Allemagne nazie perd du pouvoir, les déplacements de camp à camp
Le 12 janvier 1945, l’Armée rouge commença sa grande offensive avec comme but de prendre Berlin en moins de 45 jours. Les nazis voyant leur pouvoir s’affaiblir face à l’arrivée les Russes, décident du sort des détenus d’Auschwitz en les déplaçant au camp de Mauthausen en Autriche.
Le premier convoi arrive au camp le 25 janvier 1945. C’est donc 5 jours plus tard, le 30 janvier, que Sommer Ginzburg arrive lui aussi au camp de Mauthausen sous le nouveau matricule 124 843.
Archives officielles du camp de concentration de Mauthausen nommée “Liste der Zugänge vom 30. Januar 1945” (situé en haut de la première liste blanche, comme titre) ce qui veut dire en français: “Liste des arrivés du 30 janvier 1945”, datant du lendemain de l’arrivée de ce convoi: “Mauthausen, den 31, Januar 1945” (situé en haut à droite de la première liste blanche). Le nom de Sommer Ginzburg est situé sur la deuxième liste au numéro 70, voir sur l’agrandissement.
Document individuel du camp de Mauthausen.
Des milliers de détenus sont morts durant le trajet de 3 jours en raison des conditions météorologiques, mais également de leur santé physique déjà bien dégradée. “À Mauthausen, les Juifs déportés de France ont pour la plupart été enregistrés comme Français, alors que la consultation des dossiers de demande de titre de déporté politique ou résistant ainsi que des dossiers de régularisation d’état-civil permet de constater que 36 % d’entre eux étaient en réalité de nationalité étrangère (polonaise pour la plupart)” [6]
Sommer Ginzburg a donc été noté comme Juif et Français alors il aurait dû être désigné comme polonais malgré la nationalité française qu’il avait acquis quelques années avant.
Mauthausen et ses annexes : une mort lente par l’épuisement
Le camp de Mauthausen était classé comme “niveau 3 ”, c’est-à-dire un régime beaucoup plus sévère que les autres camps. [7]
La plupart des prisonniers envoyés à Mauthausen étaient là-bas pour être exterminés par le travail forcé “Vernichtung durch arbeit”. Mauthausen avait plusieurs annexes, notamment les plus célèbres : Gusen 1, Gusen 2, Gusen 3. Construits non loin de carrières de roches, Sommer Ginzburg figurait sur les listes des prisonniers choisis pour y travailler. En effet, le 17 février 1945, Sommer Ginzburg est déplacé dans le sous-camp de Mauthausen le Kommando Gusen.
Document retraçant le parcours de Sommer Ginzburg depuis sa dernière arrestation. Sur l’image agrandie nous pouvons lire que celui-ci a été transféré le “17 février au camp de GUSEN”.
Capture d’écran d’une “vue aérienne de Guen I,II et du Kommando Steyr”.
“Gusen Karte” qui veut dire en français “Carte de Gusen”, elle appartenait à Sommer Ginzburg, nous y voyons son nom et prénom mais également son numéro de matricule en haut de la carte. La carte semble petite et y figure au milieu une croix, sans doute tracée après sa mort.
Il faisait partie de l’un des deux groupes de travail : le premier consistait à extraire le granit, le deuxième groupe devait sortir les pierres de la carrière “Wiener Graben” en faisant des allers-retours dans l’escalier comportant 186 marches. Tout cela sous les yeux attentifs des soldats SS qui n’hésitaient pas à pousser certains prisonniers du haut de la carrière pour l’amusement. [8] [9]
Archives officielles du camp de concentration de Gusen, tapées à la machine le 18 février 1945. Le titre: “Nach dem Nebenlager Gusen wurden für Bergkristall-Bau überstellt.” (visible sur le la partie haute du document présenté ci-dessus) qui veut dire: “Transférés au sous-camp de Gusen pour la construction de cristaux de roche.” Sommer Ginzburg est le numéro 482 de la deuxième liste.
Tué par le nazisme
Le 29 mars 1945, les soldats SS chargés d’effectuer les changements dans les effectifs des prisonniers, notent le nom de Sommer Ginzburg dans la liste des détenus décédés. Il serait décédé d’une « faiblesse du muscle cardiaque » à 6 h 00 du matin ou 18 h. Cependant, l’heure écrite ne doit pas être très précise au vu de l’heure de mort de chaque détenu qui est arrondie. Sommer Ginzburg est décédé environ 1 mois avant la libération de Mauthausen. En effet, Mauthausen et ses kommandos n’ont pas été libérés par les troupes américaines et russes, mais selon le père de Jacques Bezborodko : “On s’est réveillé le matin et les SS avaient disparu. On a attendu presque 48 heures avant de sortir des baraquements et là ça a été la chasse au kapo.” Le 5 mai 1945 marque la libération du kommando Gusen, 17 heures après celui de Mauthausen. [10]
Fiches de renseignements concernant Sommer Ginzburg, du bureau du Service international de Recherches situé à Bad Arolsen en Allemagne. Les deuxième et quatrième fiches renseignent le décès du défunt notamment avec la raison “Todesursache: Herzmuskelschwäche” qui signifie en français: “Cause du décès: Faiblesse du muscle cardiaque”.
Relevé journalier des effectifs du camp de concentration de Mauthausen du 30.3.1945, n°47 Sommer Ginzburg, noté comme décédé.
Registre écrit à la main des décès du camp de concentration de Mauthausen et de ses annexes, Sommer Ginzburg: matricule 124 843.
Registre matriculaire du camp de concentration de Mauthausen qui semble avoir été modifié après la mort de Sommer Ginzburg (avant dernier de la liste) puisque sa ligne est barrée et est notée, au-dessus de sa date de naissance, sa date de décès.
Registre des décès du camp de concentration de Mauthausen et de ses annexes,
Sommer Ginzburg: n°5020, matricule 124 843.
Première de couverture: photographie 1; code des nationalités: photographie 2; liste: photographie 3. Liste matriculaire des détenus morts au camp de concentration de Mauthausen et ses commandos, Sommer Ginzburg: 8ème ligne en partant du haut de la liste.
Première de couverture: photographie 1; Catégorie de victime: photographie 2; liste: photographie 3. Liste alphabétique des détenus morts aux commandos de Gusen du camp de Mauthausen, Sommer Ginzburg: 28ème ligne ne partant du haut de la liste.
Première de couverture: photographie 1; code des nationalités: photographie 2; liste: photographie 3. Liste alphabétique des détenus décédés au camp de concentration de Mauthausen et de ses commandos, livre 1. Sommer Ginzburg: 13ème ligne en partant du bas de la liste.
“Judge advokate sektion third unites states army war crimes investigation”= ”Section du juge-avocat, troisième enquête sur les crimes de guerre de l’armée américaine”. Liste alphabétique des victimes du camp de concentration de Mauthausen, également classées par nationalité (ici les français) c’est notamment une liste rédigée d’après guerre par l’armée américaine. Sommer Ginzburg: 17ème à partir du haut de la liste.
Liste des personnes décédées du camp de concentration de Mauthausen, c’est une liste d’après-guerre réalisée par le Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. Sommer Ginzburg se trouve sur la deuxième liste ci-dessus au numéro 1522.
Fiche présentant la date et le lieu de décès de Sommer Ginzburg.
Document affirmant la mort de Sommer Ginzburg, ainsi que le lieu et la date.
Acte de décès de Sommer Ginzburg réalisé le 20 décembre 1946 réalisé par le Ministère des anciens combattants et victimes de guerre.
Enfin, sur le site de Légifrance nous pouvons retrouver grâce à la barre de recherche l’arrêté du 6 juillet 1993 portant apposition de la mention “Mort en déportation” sur l’acte de décès de Sommer Ginzburg: “Ginzburg (Sommer), né le 1er août 1897 à Wasiliszki (Pologne), décédé le 29 mars 1945 à Gusen (Autriche).” [11]
Le 8 avril 1946, le directeur de la coopérative de laiterie, dans laquelle Sommer Ginzburg était ingénieur agronome, écrit au Ministère des anciens combattants et victimes de guerre afin d’avoir la confirmation de son décès.
Lettres écrites à la machine à écrire et manuscrite du directeur de la coopérative de laiterie.
Réponse du Chef du Bureau de l’État-Civil-Déportés datant du 17 mai 1946.
Sommer Ginzburg : un homme qu’il ne faut pas oublier
Ainsi, Sommer Ginzburg était un homme d’une grande gentillesse, c’était un saint homme, d’après ses proches. Apprécié de tous, son employeur lui avait redonné sa liberté après sa première arrestation. Cependant, il avait été dénoncé anonymement à la Gestapo à cause de sa religion un an plus tard. Contraint de laisser sa femme, Perla, et sa famille derrière lui, Sommer Ginzburg est décédé dans le camp annexe de Mauthausen le 29 mars 1945. Désignée par le terme “Shoah” (“Catastrophe” en hébreu), l’extermination des Juifs, qui résultait d’un antisémitisme profond de l’Allemagne nazie, a fait environ 6 millions de victimes. Sommer Ginzburg en faisait partie.
Après la libération des camps de concentration et des centres de mise à mort, sa femme Paula, a lancé des démarches administratives afin que la France reconnaisse son mari comme un déporté racial et politique auprès du Ministère des anciens combattants et victime de guerre.
“L’oubli signifierait danger et insulte. Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si, les tueurs et leurs complices exceptés, nul n’est responsable de leur première mort, nous le sommes de la seconde.” La nuit d’ Elie Wiesel.
Photographies prises le dimanche 1 septembre 2024, à Ressons-sur-Matz.
Sur la première photographie nous pouvons voir le monument aux morts en entier de face.
Sur la deuxième photographie, j’ai capturé le monument de profil puisque comme nous le voyons sur la troisième photographie le nom de Sommer Ginzburg y est inscrit à la troisième ligne en partant du bas de la liste.
Sources
- (1): Archives familiales de la famille de la femme de Sommer Ginzburg : photographie de Sommer Ginzburg.
- (2): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (3): Archives familiales de la famille de la femme de Sommer Ginzburg : photographie de Sommer Ginzburg.
- (4): Archives familiales de la famille de la femme de Sommer Ginzburg : photographie de Sommer Ginzburg.
- (5): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (6): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (7): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (8): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (9): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (10): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (11): Photographie du “Mur des Noms” situé au Mémorial du camp de transit de Royallieu durant la Déportation. Photographie prise par moi-même le 10 février 2024.
- (12): Photographie transmise par le Mémorial de l’internement et de la déportation de Royallieu.
- (13): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains.
- (14): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (15): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (16): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains.
- (17): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (18): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (19): Photographie d’une photocopie m’ayant été transmise par le personnel lors de la visite du Mémorial de la Shoah à Paris.
- (20): Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (21): Capture d’écran du trajet du Convoi 77 du site Yad Vashem Institut international pour la mémoire de la Shoah.
- (22): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (23): Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (24): Photographie transmise par le service des Archives d’Arolsen.
- (25): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains.
- (26): Capture d’écran d’une “vue aérienne de Guen I,II et du Kommando Steyr”
- (27): Photographie transmise par le service des Archives d’Arolsen
- (28): Photographie transmise par le service des Archives d’Arolsen.
- (29): Photographie transmise par le service des Archives d’Arolsen.
- (30):Photographie transmise par le service des Archives d’Arolsen.
- (31): Photographie transmise par le service des Archives d’Arolsen.
- (32):Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (33):Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (34):Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (35):Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (36):Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (37):Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (38): Photographies transmises par le service des Archives d’Arolsen.
- (39): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (40): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (41): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (42): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (43): Photographie transmise par le service Historique de la Défense-Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains GINZBURG_Sommer_21_P_455_668_14852.
- (44): Photographies capturées Albane Aubin.
Liens
- [1] https://archives.oise.fr
- [2] https://www.memorialdelashoah.org/
- [3] https://garedeportation.bobigny.fr/
- [4] https://garedeportation.bobigny.fr/
- [5] https://collections.yadvashem.org/
- [6] https://monument-mauthausen.org/
- [7] https://www.mauthausen-memorial.org/
- [8] https://www.jewishgen.org/
- [9] https://www.monument-mauthausen.org/
- [10] https://francearchives.gouv.fr/
- [11] https://www.legifrance.gouv.fr/