Abraham KAPLAN
Par Livia Gonzales, Joanna Michel, Pauline Porcher, Alexandra Magré, Lisa Bauduin, Margot Thieffry-Parpaillon, Marion Bonnaud-Delamare, Lucie Richard et Camille Dubois.
Du Yiddish Land jusqu’à Paris
Abraham Kaplan naît dans une famille juive à Minsk (ou dans le district de Minsk) le 20 mars 1870[1] en Biélorussie, dans l’Empire russe. Dans son dossier de demande de naturalisation déposé en 1906[2], on apprend qu’il a deux frères et deux sœurs résidant en « Russie », que sa mère est toujours vivante et son père visiblement décédé. Sa future femme, Anna, Kaplan de son nom de jeune fille, elle aussi de confession juive, naît le 21 octobre 1872 en Lituanie, région également sous domination de l’empire tsariste, sans doute à Chavel[3]. Ces régions de l’ouest de la Russie ont été annexées à la fin du XVIIIème siècle et comportent de fortes concentrations de populations juives, lesquelles sont contraintes de respecter la « zone de résidence » (appelée aussi The Pale, voir la carte ci-contre). Cela explique le surnom de « Yiddish land » donné à ce territoire sur lequel on trouve une forte concentration de juifs.
Non seulement leur liberté de se déplacer est restreinte, mais en plus, les juifs sont aussi victimes de pogroms, actes de violences soudains et meurtriers, qui les visent à la fin du XIXème siècle. Abraham et Anna vécurent donc leur jeunesse dans une insécurité croissante, et peu de temps après s’être mariés religieusement, le 15 juin 1893 à « Saveli [4]» en Russie, ils décident de partir et s’installent en France, terre considérée comme accueillante pour les juifs. Il est probable que les parents d’Anna aient voyagé avec eux de Chavel jusqu’en France car on trouve mention de leur présence dans un acte d’état civil[5].
La famille Kaplan s’installe définitivement en France, dans l’Est parisien
Joseph, leur premier enfant, naît le 10 mai 1894 en France, à Paris dans le 12ème arrondissement Nous pouvons donc établir que le couple a émigré en France entre ces deux événements bien que le manque de documents ne nous donne pas la date de ce voyage avec précision. Le dossier de naturalisation faisant mention d’une présence en France en 1893, leur arrivée en France a pu avoir lieu entre fin juin et décembre 1893[6]. Puis deux autres fils naissent, Léon en 1896 et Marcel en 1898, et enfin, en 1901 une fille, Henriette.
Le couple change fréquemment de lieu de résidence, à mesure que la famille s’agrandit et sans doute au gré des changements d’employeur d’Abraham. En 1894, ils habitent au 18 rue de Reuilly dans le 12ème arrondissement [7] (1), en 1896, au 57 rue de Charonne dans le 11ème arrondissement (2), et, en 1898 et en 1901, leur résidence est attestée au 287 rue du Faubourg Saint-Antoine (3). Au moment où Abraham obtient sa naturalisation, en 1907, il est domicilié au 9 rue Crozatier (4). Cette localisation centrée sur les 11ème et 12ème arrondissements s’explique par le fait que ce sont des quartiers populaires et par la profession d’Abraham qui exerce le métier d’ébéniste/brocanteur, ces quartiers sont alors connus pour leurs nombreux ateliers de fabrication de meubles.
Après la naissance de leurs enfants, nous ne disposons que de peu d’informations concernant le quotidien de la famille, qui, nous le supposons, vit assez chichement ainsi que le suggèrent les éléments fournis lors de la demande de naturalisation d’Abraham.
La naturalisation, une démarche évidente pour Abraham, mais ardue
En effet, en 1906, Abraham entame une démarche essentielle, il demande à être naturalisé français. L’étude de son dossier de naturalisation nous apprend qu’une partie de sa famille est restée en Russie, il déclare y avoir rempli ses obligations militaires sans que nous puissions en avoir confirmation. Il assure vouloir se fixer en France et ne pas vouloir « s’occuper de politique ». Anna ajoute sa demande à la sienne. Ce qui semble poser problème dans le traitement du dossier, ce sont les frais élevés. Abraham insiste sur ses conditions de vie modeste : il est ébéniste à façon, a quatre enfants à charge, son loyer est de 600 francs plus 75 de contributions, le loyer de son atelier est de 520 francs et il déclare 40 francs seulement de revenus par semaine, par ailleurs sa femme ne travaille pas. Cela le conduit à négocier un échéancier ou une remise pour payer ses droits. Une lettre qu’il fait écrire par quelqu’un d’autre (l’écriture est maîtrisée, ce qui n’est pas le cas de sa signature, malhabile[8]) plaide ainsi cette remise : « (…) ouvrier, père de quatre enfants en bas âge et de plus malade, je suis dans l’impossibilité de payer cette somme, bien forte pour mes moyens. »[9]. Nous n’en saurons pas davantage sur les problèmes de santé d’Abraham, peut-être sont-ils en relation avec ce que l’administration militaire note sur son dossier en 1912, un « développement musculaire inégal »[10]. Il propose donc de payer seulement 40 francs au lieu des 70,25 et, finalement, après plusieurs mois d’attente et de déconvenues, car sa demande de remise est plusieurs fois refusée, il est décidé qu’il s’acquitte de 40 francs plus les frais, bénéficiant ainsi d’une remise des 6/10ème de la somme initiale. Proposition est également faite d’assurer la nationalité aux quatre enfants mineurs, sans attendre qu’ils atteignent la majorité, en vertu de la loi sur la nationalité de 1889[11].
Abraham est de ce fait naturalisé français officiellement le 17 mars 1907 et avec lui, Anna et leurs quatre enfants.
Sur son livret militaire[12], il est indiqué qu’en 1909, il habite Cité Moynet dans le 12ème (5), et en 1910, au 83 rue Claude Decaen, toujours dans le 12ème arrondissement (6). Son dossier militaire nous permet de nous l’imaginer : assez petit, 1,62 m, il est brun, ses yeux sont marrons, son visage, ovale, n’offre pas de particularités, son nez et sa bouche sont qualifiés de « moyens » et, son menton est « rond ». Cette description sommaire correspond assez bien à la seule photo de lui qui nous soit parvenue par l’intermédiaire du médaillon qui figure sur sa tombe à Bagneux, médaillon sur lequel il semble avoir une soixantaine d’années.
En tant que Français naturalisé, Abraham est immédiatement appelé à faire se faire recenser sur le plan militaire, et doit prouver qu’il est prêt à défendre sa nouvelle patrie d’adoption[13].
La première guerre mondiale, une famille mobilisée
Sept ans après l’obtention de la naturalisation française de la famille Kaplan, les hommes vont avoir l’occasion de prouver leur reconnaissance à la patrie française en participant à différents degrés à la Première guerre mondiale.
Abraham avait été incorporé dès 1908 dans la classe 1890 dont il est amené à suivre le sort. Le 1er octobre 1908, il est placé en disponibilité de l’armée de réserve car il a dépassé 27 ans. Rattaché au régiment d’infanterie d’Auxerre, il est proposé pour le service auxiliaire par la commission de réforme d’Auxerre du 31 août 1912 pour « développement musculaire insuffisant » sur décision du Général.
La constitution fragile d’Abraham est donc assez rapidement établie, ce qui ne l’empêche pas d’être sollicité à divers titre par l’administration militaire au moment de la Première guerre mondiale. En effet, le décret de mobilisation générale du 1er aout 1914 le concerne et il se présente le 3 août. Il est maintenu en disponibilité et réserve de l’armée active par la commission spéciale qui se tient à Vincennes en octobre 1914, et affecté au régiment d’infanterie de Fontainebleau. Puis le 15 mars 1915, il est affecté à la 22ème Section des Commis et Ouvriers d’Administration de Paris[14]. Entre le 1er mars et le 1er juillet 1917, il est détaché pour travailler au 120 rue de Javel dans le 15ème arrondissement, puis il doit rejoindre le 2ème régiment de Cuirassiers, on ignore s’il est alors amené à combattre, mais c’est peu probable. Finalement, en vertu de l’article 5 de la loi du 20 février 1917 sur les réformés et exemptés, en tant que père de 4 enfants, et vu qu’il avait déjà précédemment été jugé inapte physiquement, Abraham est renvoyé dans ses foyers le 10 décembre 1917. Il est libéré définitivement de toutes ses obligations militaires le 10 octobre 1918, il avait alors 48 ans.
La carte de la préfecture établie sous le gouvernement de Vichy retiendra qu’Abraham fut mobilisé deux ans pendant la Première guerre mondiale en tant qu’auxiliaire[15].
En revanche, les trois fils Kaplan furent mobilisés et appelés à combattre dès qu’ils eurent l’âge requis, c’est-à-dire 20 ans, parfois même avant, en raison des mobilisations anticipées. Nous avons retrouvé leur trace dans les registres de recrutement militaire de la Seine[16]. Joseph, né en 1894, classe 1914, Léon, né en 1896, classe 1916 et Marcel, né en 1898, classe 1918. Tous trois furent confrontés aux combats de la Grande guerre.
Les dossiers militaires des archives de Paris sont une source précieuse pour savoir quel fut l’engagement de Joseph, Léon puis Marcel[17].
Joseph, alors employé de commerce, a été mobilisé dès le 13 septembre 1914[18]. Soldat de 2ème classe au 94ème régiment d’infanterie, il combat en première ligne. Le signalement du dossier donne un descriptif de Joseph : 1,68 m, cheveux châtains, yeux bleu, front large, nez fort, visage allongé. Il est blessé au combat le 18 décembre 1914 à Ypres. Il reçoit une balle dans l’œil droit. Cette blessure lui permet d’être réformé dès février 1915 « pour énucléation de l’œil droit ». Il reçoit en juillet 1915 une citation armée pour son bon comportement au feu et il est décoré de la médaille militaire avec attribution de la Croix de guerre avec palme. A partir de février 1916, il perçoit une pension de retraite de 620 francs.
Léon, qualifié « d’employé de commerce/représentant » est mobilisé dès avril 1915[19]. Soldat de 2ème classe, il est incorporé au 139ème régiment d’infanterie. Il est assez grand, 1,78 m, il est blond, a les yeux marron, le front découvert, le nez droit, le visage ovale. De 1915 à 1918, il alterne bravement séjours au front et séjours à l’hôpital. Il finit par être placé en service auxiliaire à partir de mars 1918, car la commission de réforme le considère comme « inapte » en raison de problèmes cardiaques[20] et d’un état général médiocre. Il est démobilisé le 17 avril 1919 et reçoit un certificat de bonne conduite.
Marcel, tourneur-outilleur, qui habite lui aussi chez ses parents, s’engage spontanément à la mairie du 12ème arrondissement en avril 1917[21] pour 4 ans est-il spécifié[22]. Tout d’abord soldat de 2ème classe au 121ème puis au 109ème régiment d’artillerie lourde, il passe, après l’armistice, à l’escadron du train où il est encore attesté en décembre 1919. Il semble avoir rencontré des problèmes au sein de l’armée, peut-être la démobilisation lui paraissait-elle longue à venir[23], toujours est-il qu’il « est maintenu au corps par mesure disciplinaire pendant 45 jours ». Il peut rentrer chez lui le 29 mai 1921, sans avoir reçu de certificat de bonne conduite. Il bénéficie cependant d’une citation collective pour avoir servi sous le « commandement énergique » du chef d’escadron Grollemund au 109ème régiment d’artillerie lourde.
Il est assez remarquable qu’aucun des frères ne soit mort pendant cette guerre au bilan humain si terrible. On constate que les trois fils Kaplan ont servi la France avec courage, avec sans doute le sentiment d’honorer la patrie qui avait accueilli leur famille et qui était la leur.
La fratrie Kaplan, des familles solidement implantées dans l’Est parisien
L’immédiat après-guerre est marqué par l’établissement successif des enfants Kaplan qui quittent le domicile de leurs parents au moment où ils se marient. Tout d’abord Joseph, l’aîné, en 1922, puis Léon et Henriette, en 1923, et finalement Marcel, en 1926.
En 1926, le recensement nous apprend que seul Marcel vit encore chez ses parents au 81 rue Claude Decaen (6) dans le 12ème arrondissement Abraham y est dit « négociant en meubles (patron) », Anna « négociante en tissu (patronne) » et Marcel « commerçant en article de bois ». Nous pouvons en déduire que les parents sont à leur compte et peut-être Marcel travaille-t-il avec son père[24]. Après le départ de leur dernier enfant, Anna et Abraham déménagent et s’installent au 4 rue Gossec (7). Nous ne savons pas exactement à quelle date cela se produit mais assurément entre 1931 et 1936, car en 1931 le recensement atteste leur présence au 81 rue Claude Decaen alors qu’en 1936, ils sont domiciliés au 4 rue Gossec[25].
Joseph, l’aîné de la famille, se marie le 2 février 1922[26] avec Rachel Schwartz, 28 ans, veuve depuis 1918, et s’installe au domicile où elle vivait avec son premier époux[27], au 22 de la rue Titon dans le 11ème arrondissement. En 1931, le recensement ne mentionne pas d’enfants, Rachel étant alors âgée de 41 ans, il est peu probable qu’ils en aient eu par la suite. En 1938, sur sa carte d’électeur, et au moment du recensement de 1946, Joseph habite au 25 de la rue Alexandre Dumas toujours dans le 11ème arrondissement. Il est alors employé, et sa femme déclarée sans emploi. Son épouse, Rachel, décède le 1er avril 1953 à 59 ans à leur domicile. Peu de temps après le décès de sa mère et de son frère Léon en janvier 1953, puis de son épouse en avril de la même année, Joseph emménage au 4 rue Gossec, dans l’appartement occupé précédemment par ses parents, se rapprochant ainsi de son frère Marcel. En avril 1953, Marcel et Joseph sont les deux seuls de la fratrie à être encore en vie.
Joseph décède le 4 août 1959, à 65 ans, dans le 15ème arrondissement Il est inhumé au cimetière de Bagneux[28].
Léon, le deuxième fils, se marie le 24 mai 1923 avec Rosa Khaiëté, née en 1900. Ils habitent d’abord au 9 de la rue Ebelman dans le 11ème arrondissement, puis au 19 rue de la brèche-aux-loups dans le 12ème arrondissement (8), ainsi que le précisent sa carte d’électeur de 1927 et les recensements de 1931 et 1936. Le couple a un enfant, Claude Armand, né le 24 avril 1924[29] dans le 12ème arrondissement. Léon décède à l’âge de 56 ans, le 30 janvier 1953, à 1h00 du matin, à l’hôpital, le jour de l’inhumation de sa mère qui est morte quelques jours auparavant. Sur son acte de décès, on apprend qu’il est marchand forain, il faisait donc sans doute les marchés[30].
Enfin, Marcel, le troisième frère, se marie le 20 octobre 1927 avec Sarah Strulovici à la mairie du 4ème arrondissement. Ils ont une fille, Nicole, née en 1942[31]. Marcel réside également rue de la Brèche-aux-loups, au numéro 21 (8), non loin de son frère donc[32]. Il y vivra jusqu’à son décès en 1975. Il semble avoir exercé de multiples professions, tourneur[33], représentant[34] et teinturier[35]. Sarah, quant à elle, y est dite exercer la profession de secrétaire chez un créateur et fabricant de meubles « Paul Giordano »[36] au 22 rue Marsoulan. Sarah est décédée en 2008 à Hambourg à l’âge de 101 ans.
C’est certainement pour se rapprocher de Léon et Marcel qu’Abraham et Anna s’installent entre 1931 et 1936 au 4 de la rue Gossec, toute proche.
En 1923, Henriette, la benjamine, quitte le domicile de ses parents lorsqu’elle épouse Henri Sanderowitz[37], le 25 octobre 1923. Il est mécanicien-dentiste et Henriette est déclarée sans profession. Ils ont eu une fille, Madeleine Jacqueline Sander[38], née le 28 juillet 1927 dans le 12ème arrondissement. En 1939, la carte d’électeur de Henri Sanderowitz indique qu’ils habitent au 54 boulevard de Reuilly dans le 12ème arrondissement. Nous ne savons pas grand-chose d’elle si ce n’est qu’elle décède jeune, à l’âge de 42 ans, en juillet 1944, peu de temps avant ou de manière concomitante à l’arrestation de son père, on ignore la cause de son décès, se pourrait-il que les deux événements soient liés ? Le registre des inhumations du cimetière de Bagneux mentionne que sa dépouille arrive d’Etampes. Son enterrement a lieu le 18 novembre 1945, soit plus d’un an après son décès, elle est inhumée dans ce qui sera le caveau familial[39]. Sur la stèle, on peut voir son médaillon au centre d’une étoile de David[40]. La famille fait apposer une dédicace spéciale pour Abraham en bas à gauche de cette pierre tombale.
La deuxième guerre mondiale, l’Occupation et l’arrestation d’Abraham
En 1939, les fils Kaplan sont de nouveau confrontés à la guerre. Joseph qui touchait déjà une pension de blessé de guerre n’est pas mobilisé, mais il n’est cependant définitivement dégagé de toutes ses obligations militaires que le 6 juin 1943. Léon, réserviste, est mobilisé le 2 septembre et affecté au dépôt de guerre du train n°19 qui s’occupe de la gestion des unités du Train auprès des différentes divisions. Quant à Marcel, il est réformé par la Commission de Meaux pour un état de santé insuffisant[41].
Nous ne savons que très peu de choses sur la famille durant la guerre et surtout la période de l’Occupation.
En 1944, Abraham et Anna habitent toujours au 4 rue Gossec. Anna étant absente ou s’étant cachée ailleurs, seul Abraham est arrêté à son domicile par les Allemands le 27 juillet, à 13H00, ainsi que le registre le mentionne. Le lendemain, il quitte le commissariat à 15h00 pour le camp de Drancy.
Registre d’arrestation par la police française. Archives de la Préfecture de Paris, KAPLAN-Abraham-APP_CC2-9.
Le reçu établi à Drancy indique qu’il possède avec lui une somme d’argent assez conséquente, 4800 francs[42]. En 1944, le salaire moyen étant estimé à 1650 francs en ville[43], la somme possédée par Abraham au moment de son arrestation peut représenter l’ensemble des économies du couple.
Anna n’a pas été arrêtée avec lui, on peut supposer qu’elle se cachait ailleurs, peut-être chez l’un de leurs enfants ou qu’elle a fui Paris avec eux. Aucun autre membre de la famille n’a été arrêté pendant l’Occupation, ce qui assez surprenant la famille étant assez étendue, et tous habitaient Paris dans des quartiers ciblés par les rafles, notamment le 12ème arrondissement, où le taux d’arrestations est le plus élevé de la capitale[44]. Sur les 5 couples Kaplan, seul le père, Abraham, a été arrêté. On peut supposer que les différentes familles se sont cachées en dehors de Paris. Henriette étant décédée en juillet 1944 à proximité d’Etampes, peut-être qu’une partie de la famille Kaplan y avait trouvé refuge. Abraham, soit en raison d’une incapacité à se déplacer, soit pour veiller sur ses biens, aura préféré rester à Paris.
Dans tous les cas, le reste de la famille a eu la chance de rester en vie, évitant de justesse une mort dictée par le troisième Reich. Après son arrestation, le 27 juillet, Abraham est interné le 28 à Drancy qui est la plaque tournante de la politique de déportation antisémite en France d’août 1941 à août 1944. En effet, neuf juifs déportés sur dix passent par ce camp avant d’être déportés à Auschwitz-Birkenau. A Drancy, Abraham est interné pour motif racial jusqu’au 31 juillet, date à laquelle le convoi n° 77 entame son trajet vers le centre de mise à mort.
Abraham a alors 74 ans, c’est un homme âgé, il n’a donc aucune chance de survivre à sa déportation. Le convoi arrive le 3 août à Auschwitz-Birkenau. Il est déclaré mort le 5 août. Considérant son âge avancé, il est même envisageable qu’il n’ait pas survécu au trajet au regard des terribles conditions de déportation.
Les démarches administratives et mémorielles de la famille Kaplan
Le 14 juin 1946, Anna commence ses démarches pour la régularisation de l’état civil d’un « non-rentré ». Cette étape est un préalable indispensable pour la suit. Il y est précisé qu’Abraham est un « déporté racial » mais, dans le paragraphe manuscrit, on notera un lapsus ou une erreur, il y est dit qu’il a été arrêté par les « allemands (sic) », alors qu’il l’a été par la police française.
Demande de régularisation de l’état civil pour un non-rentré.
Archives de Caen, 26296-KAPLAN_Abraham_21P_467_955_26296_DAVCC_copyright_0029
Son décès est déclaré à l’état civil le 28 août 1946. Dans les années 1950, la famille Kaplan entame des démarches administratives afin de faire reconnaître la mort d’Abraham comme conséquence de la politique pratiquée par le gouvernement collaborationniste de Vichy. En 1952 et 1953, des lois et décrets sont pris pour attribuer un pécule aux victimes de la déportation ou à leurs ayant-cause afin d’améliorer leurs situation. En effet, le 22 juillet 1952, Anna, son épouse et donc ayant-cause directe, constitue un dossier afin d’obtenir pour Abraham le statut de « déporté politique », un statut qui permet des compensations financières et qui honore la mémoire du défunt, mais qui ne permet pas de caractériser la déportation raciale. A partir de 1948, seules deux catégories de déportés sont reconnues, les « déportés résistants » assimilés à des militaires et bénéficiant de droits supérieurs et les « déportés politiques », assimilés à des victimes civiles[45]. En effet, même si sur le registre de la police du gouvernement de Vichy on peut lire dans la colonne « motifs de l’arrestation », « Juif », il faudra à la France encore de nombreuses années pour assumer sa responsabilité dans cette politique raciale[46]. Le statut de « déporté politique » est obtenu trois ans plus tard, le 17 janvier 1955[47].
Anna et Léon meurent à quatre jours d’intervalle les 25 et 30 janvier 1953, avant donc que les démarches n’aboutissent. Agée de 81 ans, il est probable qu’Anna soit morte de vieillesse, d’autant que l’acte de décès précise qu’on ne sait à quelle heure elle est décédée, sans doute dans son sommeil. Son fils Léon, âgé de 57 ans, meurt quelques jours plus tard[48], dans la nuit qui précède l’inhumation de sa mère. Était-il souffrant ? Son cœur malade depuis longtemps[49] n’a-t-il pas tenu à l’annonce du décès de sa mère ?
Le 30 janvier 1956, Joseph et Marcel -les deux seuls enfants encore en vie et seuls ayant-cause depuis le décès de leur mère- reçoivent chacun une compensation de 5400 francs pour la mort de leur père[50]. En 1961, Marcel, dernier fils d’Abraham, poursuit ses démarches et se rend au Ministère des Anciens combattants et des victimes de la guerre afin d’obtenir la date et le lieu de la transcription du décès, ou à défaut un duplicata de l’attestation de disparition, afin de faire rendre un jugement de décès. En décembre 1961, il sera informé que les mentions souhaitées ont été apposées sur les registres d’état civil de la mairie du 12ème arrondissement. Le 27 juillet 1973, le ministère des anciens combattants et victimes de la guerre octroie à Abraham le statut de “Mort pour la France” signé par le maire du 12ème arrondissement le 7 août. A chaque nouvelle étape de la reconnaissance, l’état civil est informé et peut apposer la mention afférente sur l’acte de décès. Seul Marcel vit encore à cette date-là et sait que son père obtient cette reconnaissance posthume, aboutissement de longues démarches entamées dès l’après-guerre par sa famille. Lui-même ne verra pas la reconnaissance de déportation pour motif racial officialisée.
L’Etat poursuit en effet sa reconnaissance des victimes juives du régime de Vichy parallèlement au travail des historiens et à l’implication des rescapés qui témoignent de plus en plus[51]. Ainsi l’Etat reconnaît le 29 mars 1993 qu’Abraham est « Mort en déportation » ainsi qu’en attestent les ajouts en marge de son acte de décès établi le 17 aout 1946, soulignant ainsi la spécificité du sort réservé aux victimes du génocide.
Acte de décès d’Abraham Kaplan. Mairie du 12ème arrondissement
Archives de Caen, KAPLAN-Abraham-DAVCC-21P-259-807-2
Le caveau familial et la mémoire d’Abraham
Le dessus du caveau permet de constater que l’ensemble de la famille d’Abraham y est inhumé. Le médaillon de Marcel s’est sans doute descellé et n’est plus visible aujourd’hui.
Les proches d’Abraham n’avaient pas attendu pour lui pour rendre un hommage personnel. Dès novembre 1945, date où Henriette est inhumée au cimetière de Bagneux, une plaque funéraire en forme de livre ouvert est scellée sur le caveau. Les deux pages portent des inscriptions gravées. Elles ne sont plus très lisibles, mais nous avons pu reconstituer le texte. Page de gauche, l’épitaphe française entoure le médaillon avec la photo d’Abraham, page de droite, un texte en hébreu/yiddish.
A un autre endroit du cimetière de Bagneux, on trouve un hommage rendu à Abraham par la société caritative juive, Tsedoko Tatsil Mimoves. De nombreuses sociétés caritatives juives ont rendu hommage aux disparus en inscrivant leurs noms dans la pierre, malgré l’absence de dépouilles.
Ainsi, même si Abraham a disparu, assassiné à Auschwitz-Birkenau, et même si son corps ne repose pas auprès de ceux de sa famille, sa femme et ses enfants ont tenu à mentionner sa présence non seulement par un tombeau dédié à la famille « A. Kaplan », mais aussi par une mention spéciale intégrée sur le dessus du caveau. Symboliquement, il était ainsi près d’eux et ils pouvaient venir honorer sa mémoire. Les solidarités juives ont également joué un rôle mémoriel important ce qui explique la mention d’Abraham sur le caveau d’une des sociétés de secours mutuel.
La chronologie :
- 20 mars 1870 : naissance d’Abraham à Minsk, en Russie tsariste (Biélorussie) (fils de Meyer Kaplan et de Sonia Sandovitch), de confession juive.
- 21 octobre 1872 : Naissance d’Anna Kaplan à Kowna[52] (ou dans le district de Kowna où se trouvait le shtetl de Chavel) en Russie tsariste (fille de Matszer[53] Kaplan et de Sophie Guitelsohn[54]) sa future femme, de confession juive.
- 15 juin 1893 : mariage religieux de Abraham Kaplan (23 ans) et Anna Kaplan (21 ans), à « Saveli »[55].
- [On ne sait pas quand ils sont arrivés en France mais entre le 15 juin 1893 et le 10 mai 1894, peut-être avec les parents d’Anna et le frère d’Anna dont la présence est attestée en France.[56]]
- 10 mai 1894 : Naissance de Joseph[57]. Les parents habitent alors au 18 rue de Reuilly, dans le 12ème arrondissement à Paris.
- 13 février 1896 : Naissance de Léon[58]. Les parents habitent alors au 57 rue de Charonne, dans le 11ème arrondissement à Paris.
- 20 juillet 1898 : Naissance de Marcel[59] . Les parents habitent alors au 287 rue du Faubourg Saint-Antoine , dans le 11ème arrondissement à Paris.
- 2 octobre 1901 : Naissance d’Henriette[60]. Les parents habitent toujours au 287 rue du Faubourg Saint-Antoine, dans le 11ème arrondissement à Paris.
- 17 mars 1907 : Abraham est naturalisé français, ainsi que sa femme et leurs enfants. Au moment de la demande de naturalisation (1906), et de son obtention, la famille habite au 9 rue Crozatier, dans le 12ème arrondissement.
- 1909 : la famille habite Cité Moynet dans 12ème arrondissement.
- 1910 : la famille habite 83 rue Claude Decaen dans le 12ème arrondissement.
- Entre 1914 et 1918 : mobilisé comme auxiliaire durant la Première guerre mondiale. Les trois fils dans l’armée active.
- 27 juillet 1944 à 13h00 : arrêté à son domicile (4 rue Gossec, 75012) par la police française, il est en détention jusqu’à son transfert à Drancy (départ pour Drancy à 15h00 le 28).
- 28 juillet 1944 15h00 au 31 juillet : il est interné à Drancy pour motif racial.
- 31 juillet 1944-3 août 1944 : il est déporté à Auschwitz-Birkenau.
- Juillet 1944 : Décès de Henriette Kaplan ép. Sanderowitz, fille d’Abraham, à 42 ans.
- 5 août 1944 : mort d’Abraham. Il est déclaré mort ce jour mais le convoi étant arrivé au camp le 3 août et le tri ayant eu lieu immédiatement, on peut supposer qu’il est mort le 3, et au plus tard le 5 août.
- 2 avril 1946 : un certificat de renseignement provisoire est remis à Anna récapitulant ce que l’on sait de la déportation d’Abraham afin qu’elle puisse entamer ses démarches administratives.
- 13 avril 1946 : Anna reçoit un certificat du Ministère attestant qu’Abraham n’est pas rentré.
- 25 avril 1946 : acte de notoriété établi pour attester qu’Anna était bien l’épouse d’Abraham, leur mariage (religieux) ayant été contracté en Russie. Elle doit également fournir la preuve de leur naturalisation en produisant un certificat de nationalité.
- 17 août 1946-28 août 1946 : acte de décès transcrit à l’état civil.
- 22 juillet 1952 : Accusé de réception de la demande du titre de déporté politique pour Abraham Kaplan faite par sa femme.
- 26 janvier 1953 : Anna meurt chez elle.
- 30 janvier 1953 : Léon décède à l’hôpital le jour de l’enterrement de sa mère.
- 17 janvier 1955 : Abraham est officiellement déclaré « déporté politique ».
- 9 mai 1955 : Devant notaire, Marcel déclare son frère Joseph comme mandataire pour le représenter dans le cadre de la liquidation des droits d’Abraham Kaplan ouverts par le décès de ce dernier en déportation. Le notaire transmet cette demande au Ministère le 14 mai.
- 30 janvier 1956 : versement de l’État d’une somme pour « dédommager » le décès d’Abraham (chèque reçu par les ayant-cause encore vivants, Joseph et Marcel).
- Novembre-décembre 1961 : démarches entreprises par Marcel pour connaître la date et le lieu de la transcription du décès. L’acte de décès établi en 1946 à la mairie du 12ème arrondissement lui est confirmé.
- 27 juillet 1973 : Abraham obtient la mention « Mort pour la France ».
- 29 mars 1993 : Abraham obtient la mention « Mort en déportation ».
Sources & références
[1] Bulletin de décès d’Abraham Kaplan, Archives de Paris.
[2] Archives KAPLAN_Abraham_BB11BB11_4489_4001x06_A_N (11).
[3] Archives KAPLAN_Abraham_BB11_4489_4001x06_A_N (9)
[4] C’est le nom qui est mentionné sur les papiers administratifs établis en France, par exemple sur l’acte de notoriété d’Anna Kaplan établi le 25 avril 1946, KAPLAN-Abraham-DAVCC-21P-467-955-31. Nos recherches sont restées infructueuses pour le nom « Saveli », mais nous pensons que c’est une déformation du nom d’un shtetl, Chavel/Shavel/Chavli en russe qui se situe au nord de Kowno (voir carte The Territory of Jewish Lithania) et qui est aujourd’hui la ville de Šiauliai, en Lituanie et où sont nés les parents d’Anna.
[5] Les parents d’Anna ont une pierre tombale au cimetière de Bagneux, où ils sont enterrés. Son père, Hatzkel Wolf Kaplan était marchand de chiffons. Il est décédé le 26 avril 1932 à 82 ans. Son épouse, Svie/Sophie Guitelsohn est décédée le 16 octobre 1918 à 72 ans. Le frère d’Anna, Abraham Félix (dit Félix) vivait également à Paris, il était tailleur et possédait une boutique au 170 rue de la Convention dans le 15ème arrondissement
[6] Dossier de naturalisation, demande de naturalisation pièce KAPLAN_Abraham_BB11_4489_4001x06_A_N-9.
[7] Voir les différentes localisations sur la carte.
[8] D’ailleurs le dossier militaire d’Abraham mentionne un degré d’instruction de « 0 », ce qui signifie qu’il ne sait ni lire ni écrire.
[9] Archives KAPLAN_Abraham_BB11_4489_4001x06_A_N-7.
[10] Ce qui lui vaut alors d’être proposé pour le service auxiliaire. Archives numérisées de Paris, dossier militaire d’Abraham Kaplan archives_FRAD075RM_D4R1_1433_0748_D.
[11] Création de l’effet collectif attaché à la naturalisation du père étranger.
[12] Dossier militaire Abraham Kaplan archives_FRAD075RM_D4R1_1433_0748_D
[13] L’article 12 de la loi du 21 mars 1905 est modifié ainsi qu’il suit: « Les individus devenus Français par voie de naturalisation, réintégration ou déclaration faite conformément aux lois, sont portés sur les tableaux de recensement de la première classe incorporée après leur changement de nationalité».
[14] Les sections COA, de Commis et Ouvriers d’Administration font partie des principaux organes d’exécution propres à l’organisation de l’intendance en collaboration avec les officiers d’administrations et les détachements du train des équipages.
[15] Selon la mention sur la carte de la préfecture de Paris, qui reprend celle du dossier militaire où il est précisé qu’il participe à la campagne contre l’Allemagne du 15 mars 1915 au 10 décembre 1917.
[16] Archives numérisées de Paris, Kaplan Joseph, 1914, 4ème bureau, liste principale, matricule 2898 ; Kaplan Léon, 1916, 4ème bureau, liste principale, matricule 2627 ; Kaplan Marcel, 1918, 4ème bureau, liste principale, matricule 2740.
[17] Leur niveau d’instruction est de « 3 », ce qui signifie qu’ils possèdent une instruction primaire développée, sans avoir toutefois obtenu le brevet d’instruction primaire.
[18] Archives numérisées de Paris, dossier militaire de Joseph Kaplan archives_FRAD075RM_D4R1_1817_0937_D.
[19] Archives numérisées de Paris, dossier militaire de Léon Kaplan archives_FRAD075RM_D4R1_1938_0298_D.
[20] Plus précisément, « une endocardite, insuffisance mitrale, souffle systolique » et « instabilité cardiaque notable sans lésion organique ».
[21] Archives numérisées de Paris dossier militaire Marcel Kaplan archives_FRAD075RM_D4R1_2072_0575_D.
[22] Cet engagement volontaire pour 4 ans à ce stade de la guerre relève, semble-t-il, d’une stratégie et non pas comme au tout début de la guerre d’un engagement patriotique, car les engagés volontaires pouvaient choisir leur corps d’armée. Marcel, sachant qu’il serait mobilisé et sans doute versé dans l’infanterie, a sans doute préféré un engagement volontaire et choisit l’artillerie lourde, plus en retrait du front afin d’échapper aux offensives très meurtrières, telles celles du Général Nivelle. Philippe Boulanger, « Les conscrits de 1914 : la contribution de la jeunesse française à la formation d’une armée de masse », in Annales de démographie historique, 2002, n° 1, pp. 24-26
[23] La démobilisation des combattants français de la Première Guerre mondiale s’est déroulée sur une période de 19 mois, du 16 novembre 1918 au 14 juin 1920.
[24] Recensement de 1926, Archives numérisées de Paris.
[25] La carte d’électeur d’Abraham établie en 1937 indique également cette adresse.
[26] Archives numérisées de Paris, acte de mariage Joseph et Rachel, mairie du 14ème arrondissement, archives_AD075EC_14M275_0043.
[27] Rachel Schwartz s’est en effet mariée le 1 mai 1916 dans le 11ème arrondissement à Moïse Casviner, un juif d’origine roumaine (acte n° 613 archives numérisées de Paris). Ce dernier décède à leur domicile de la rue Titon à l’âge de 27 ans, le 17 mai 1918.
[28] Cimetière de Bagneux, caveau familial, Division 115, Ligne 2, n° 19, 161 CT 1944, 1ère section. Voir photos du caveau en fin de biographie.
[29] Epoux de Camille Marie Mathilde Denise Friès (1923-2010), il est décédé à Poissy en 2014 à 90 ans. D’après le site Généanet, Claude et Camille auraient eu deux fils, Dominique et François Kaplan.
[30] Les registres du recensement indiquaient « représentant ».
[31] Recensement de 1946. Archives numérisées de Paris.
[32] Recensements de 1931 et de 1936. Archives numérisées de Paris.
[33] Carte d’électeur de 1921. Archives numérisées de Paris.
[34] Recensement de 1931. Archives numérisées de Paris.
[35] Recensement de 1936. Archives numérisées de Paris.
[36] Appellation exacte « sténodactylo » chez « Giordano, rue Marsoulan 22 », recensement de 1936. Archives numérisées de Paris.
[37] Acte de mariage n° 1559, Archives numérisées de Paris.
[38] Elle est née « Sanderowitz », mais par jugement, son père a obtenu de pouvoir changer son patronyme en « Sander » en 1951. La pierre tombale familiale au cimetière de Bagneux porte mention de Henri Sander et de Jacqueline Sander, il semblerait que c’était par son deuxième prénom que la fille d’Henriette se faisait appeler.
[39] Division 115, Ligne 2, n° 19, 1ère section, 161CT.
[40] Voir photos en fin de biographie.
[41] On y évoque des « tumeurs sous-cutanées multiples, état général déficient, urée sanguine 0,96. » Dossier militaire Marcel Kaplan archives_FRAD075RM_D4R1_2072_0575_D.
[42] Carte d’internement de Drancy. En 1944, le salaire moyen est estimé à 1650 F en ville (https://www.resistance60.fr/salaires), la somme possédée par Abraham au moment de son arrestation peut représenter l’ensemble des économies du couple.
[43] https://www.resistance60.fr/salaires.
[44] Laurent Joly indique qu’il est de 63 %, notamment en raison de la personnalité zélée du commissaire en charge des arrestations des juifs dans cet arrondissement, Henri Boris. Laurent Joly, « Vichy et la Shoah », in Nouvelle Histoire de la Shoah, dir. A. Bande, P.-J. Biscarat et O. Lalieu, Paris, 2021, pp. 150-151.
[45] Olivier Lalieu, « La mémoire de la Shoah en France », in ibid., p. 217
[46] On note cependant que dans le dossier de demande d’attribution du titre de déporté politique établi en 1952, au chapitre V-Renseignements relatifs aux motifs de l’exécution, de l’internement ou de la déportation, il a été ajouté « déporté racial ».
[47] Archives de Caen, 26296-KAPLAN_Abraham_21P_467_955_26296_DAVCC_copyright_0004.
[48] Il décède à l’Hôpital de la Salpêtrière, Archives numérisées de Paris, acte de décès n° 788, mairie du 12ème arrondissement
[49] Voir note précédente et la mention sur son dossier militaire.
[50] Paiement du pécule validé le 30 janvier 1956 et versé par un mandat de 10 800 francs. Archives de Caen, 26296-KAPLAN_Abraham_21P_467_955_26296_DAVCC_copyright_0005.
[51] Olivier Lalieu, « La mémoire de la Shoah en France », in ibid., pp. 224-229.
[52] Aujourd’hui Kaunas en Lituanie.
[53] Ou Hatzkel Wolf Kaplan, né en 1847, à Chavelsk (Russie/Pologne) marchand de chiffon, décédé à Paris le 26 avril 1932. source Généanet.
[54] Orthographié aussi Guitelzohn ou Guitelsohn.
[55] Nom que l’on trouve sur les papiers officiels du couple, mais il s’agit probablement d’une déformation du nom du lieu de naissance des parents d’Anna, Chavel, ville de Lituanie dans l’empire de Russie, qui se dit « Chavli » en russe, déformé en France en « Saveli ». Il s’agit aujourd’hui de la ville de Šiauliai, située à 121 km au nord-nord-ouest de Kaunas.
[56] Voir l’acte de décès n° 820, mairie du 4ème arrondissement de Paris en 1932. Le frère d’Anna, Félix (en réalité Abraham Félix) est mentionné comme témoin.
[57] Archives numérisées de Paris, acte de naissance 1302, mairie du 12ème, 1894.
[58] Archives numérisées de Paris, acte de naissance 658, mairie du 11ème, 1896.
[59] Archives numérisées de Paris, acte de naissance 2244, mairie du 11ème, 1898.
[60] Archives numérisées de Paris, acte de naissance 4230, mairie du 11ème, 1901.