Alice KORSSIA

1935-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: , ,

Alice KORSSIA

Ci-Contre : acte de naissance d’Alice Korssia, SHD

Sa naissance et son enfance à Oran (1935-1939)

D’après son acte de naissance, Alice Korssia naît à Oran en Algérie, au 18 rue Montabor, le 9 janvier 1935 à 22 heures. Son père s’appelle Yaya et sa mère Tamar. A sa naissance, ils ont respectivement 33 et 31 ans. C’est leur cinquième enfant. Ils avaient déjà : Fortune, Jacques, Jacqueline et Gabrielle. Ils auront ensuite : Marcelle, Élise, Claude et Paulette.

La rue Montabor se situe dans le quartier juif d’Oran, à l’ouest de la ville. Les rues de ce quartier portent des noms de victoires napoléoniennes.

Le quartier Juif d’Oran, BNF

C’est alors un quartier très animé et très peuplé. En 1936, il y a 205 000 habitants à Oran. Environ 2 500 vivent dans ce quartier. Aujourd’hui, ce quartier est en ruine à l’exception de la synagogue qui a été transformée en mosquée.

La rue d’Austerlitz, MAHJ

Depuis le décret Crémieux de 1870, les juifs algériens étaient des citoyens français. Après la naissance de Claude, la famille Korssia quitte l’Algérie car elle est pauvre et que le père d’Alice espère trouver du travail à Marseille. Ils s’y rendent en bateau.

Sa vie à Marseille (1939-1942)

Le port de Marseille et son pont à transbordeur, 1940 © ign 1932

A Marseille, la famille Korssia vit Quai du Maréchal Pétain, dans le quartier Saint Jean, au nord du Vieux-Port. C’est un quartier pauvre, peuplé d’étrangers (Grecs, Italiens, Espagnols…) et dans lequel exercent beaucoup de prostituées. Il y a 20 000 personnes dans ce quartier. C’est un vieux quartier, les immeubles sont abîmés et les rues très étroites. En novembre 1942, les alliés de la France débarquent en Afrique du Nord. Les Allemands décident d’occuper la ville de Marseille qui était pourtant située en zone libre.

En janvier 1943, des policiers français et des soldats allemands arrêtent tous les habitants du quartier. Ils vérifient l’identité des gens. Beaucoup d’entre eux sont internés. C’est l’opération SULTAN. En février 1943, le quartier est complètement évacué ; les immeubles sont détruits à la dynamite. A ce moment-là, la famille Korssia semble avoir déjà quitté Marseille pour La Destrousse. Mais le père d’Alice travaille toujours là-bas. Il est arrêté puis déporté. Son convoi quitte Drancy le 23 mars 1943 en direction du camp d’extermination de Sobibor.

Son arrestation à La Destrousse en mai 1944

Enquête sur l’arrestation de la famille Korssia

On sait peu de choses sur l’arrestation des autres membres de la famille Korssia. Paulette raconte qu’en mai 1944 sa mère Tamar l’a emmenée à l’hôpital de Marseille. Tamar y est arrêtée et Paulette est sauvée par une infirmière qui la fait passer pour sa fille. La Gestapo va ensuite à La Destrousse. Ginette Martin, alors secrétaire de mairie, cache Jacques pour le sauver. Alice, Marcelle, Claude et Élise sont quant à eux arrêtés et emmenés à la prison des Baumettes à Marseille, avant d’être transférés à Drancy.

Son internement à Drancy du 19 au 31 juillet 1944

Le 19 juillet 1944, Alice arrive à Drancy. Le camp de Drancy se situe dans la Région Île-de-France, au nord-est de Paris, dans le département de la Seine-Saint-Denis. Avant d’être un camp, c’était la cité de La Muette comptant 1 250 logements bon marché. Elle a été réquisitionnée par les Allemands en 1940 pour enfermer des prisonniers de guerre français et anglais. Puis c’est devenu un camp d’internement pour les juifs à partir d’août 1941.
Deux mois et onze jours, c’est le temps qu’Alice a passé dans ce camp. Les conditions de vie y sont difficiles : manque d’hygiène, maladies, mauvaise alimentation. Pendant la guerre, 63 000 juifs y seront internés. Dès 1946, les barbelés du camp et les miradors seront retirés et les logements du bâtiment en « U » redeviendront des habitations. Il y a encore actuellement environ 500 locataires. La cité sera classée Monument historique en 2001.

Sa déportation vers le centre de mise à mort d’Auschwitz

Alice est déportée dans le convoi numéro 77 qui part de Drancy le 31 juillet 1944. C’est un train de marchandises à destination d’Auschwitz. Il arrive le 3 août 1944. Le trajet a duré trois jours. Alice a voyagé dans de très mauvaises conditions. Elle a été traitée comme du bétail. On a cherché à la déshumaniser.  Dans ce convoi, il y a 1 306 personnes dont 324 ont moins de 16 ans. 847 de ces déportés sont exterminés dès leur arrivée à Auschwitz. C’est le cas d’Alice, de sa mère, de ses trois sœurs et de son frère. Ils figurent tous sur le Mur des Noms à l’entrée du Mémorial de la Shoah.

Photographie de la famille Korssia

Photographie de la famille korssia, 2e à droite assise, coll. Serge Klarsfeld

Nous avons trouvé cette photographie sur le site du Mémorial de la Shoah, elle est exposée dans le Mémorial des enfants. Elle a probablement été prise à La Destrousse. Tamar, la mère d’ Alice est assise avec, sur ses genoux, Élise, née le 14 décembre 1940 à Marseille. Le bébé à ses pieds, c’est Paulette. La jeune fille à ses côtés, c’est Gabrielle, née le 1er octobre 1929 à Oran. Le petit garçon assis par terre au centre, c’est Claude, né le 25 avril 1939 à Oran. La petite fille debout à droite, c’est Marcelle, née en août 1936 à Oran. Alice est assise à sa droite.

Paulette Korssia

Paulette Dorflaufer, la petite sœur d’Alice

En faisant nos recherches sur Alice, nous avons découvert l’existence de Paulette. Paulette est la sœur cadette d’Alice Korssia. Elle a été cachée par une infirmière ce qui lui a permis d’échapper à la déportation et de survivre. Après la guerre, elle a été adoptée par une famille américaine. Elle vit actuellement aux États-Unis dans la ville de Livingstone. Mme Novoa l’a contactée sur Facebook. Elle est ravie que nous effectuions des recherches sur Alice. Pour nous aider, elle nous a envoyé un carnet dans lequel elle a répertorié des informations sur sa famille.

Arbre généalogique d’Alice Korssia

Sandy a réalisé l’arbre généalogique d’Alice Korssia.

Arbre généalogique d’alice korssia réalisé par sandy

 

Dans le cadre d’un projet e-Twinning, nous avons collaboré avec des lycéens de Gniezno afin que la biographie d’Alice soit traduite en anglais et en polonais. Voici la biographie en polonais rédigée et illustrée par Julia, Marianna, Weronika, Julia, Paulina, Weronika, Tamara, Malwina, Tosia, Maja, Jagoda, Oliwia, Sebastian et Jan les élèves de Jagoda Grobelna.

Sources :

  1. SHD, AC 21 P 470104, Dossier individuel de personnel de KORSSIA, ALICE, SIMONE
  2. Collection Serge Klarsfeld

Liens :

  1. https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=identifiant_origine:(FRMEMSH0408707106935)
  2. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530651971/f1.item.zoom
  3. https://www.mahj.org/fr/decouvrir-collections-betsalel/oran-le-quartier-juif-la-rue-dausterlitz-8773
  4. https://www.marseille.fr/sites/default/files/contenu/mairie/RAFLES-1943/livret_commemorations_rafles_1943.pdf
  5. https://www.marseille.fr/mairie/les-vieux-quartiers-dans-les-annees-40
  6. https://drancy.memorialdelashoah.org/le-memorial-de-drancy/qui-sommes-nous/histoire-de-la-cite-de-la-muette.html
  7. https://njjewishnews.timesofisrael.com/shoa-orphan-rediscovers-her-lost-siblings/

 

This biography of Alice KORSSIA has been translated into English.

Contributeur(s)

Mohamed, Darid, Sandy, Jordan, Filipe, Mattéo, Franck, Faguimba , Mélaine et Kévin, élèves en CAP MMEV à l'EREA de Montélimar, leur professeure d’internat Christelle Grisat, leur professeure d’anglais Angie Basile, leur professeure de français et histoire Lauranne Novoa et leur professeur de mécanique Karim Djouber. En collaboration avec des lycéens de Gniezno : Julia, Marianna, Weronika, Julia, Paulina, Weronika, Tamara, Malwina, Tosia, Maja, Jagoda, Oliwia, Sebastian et leur professeure de français Jagoda Grobelna.

Reproduction du texte et des images

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