Isaac CHOUKROUN (1896-1944)
Photo : Isaac avant 1930
©Archives personnelles de Richard Cartozo
I . Sa vie avant-guerre
Sa famille
L’origine et la signification du nom de famille CHOUKROUN est un nom arabe formé sur « ashqar » (blond et roux).
Isaac est né le 11 décembre 1896 à 3h30 du matin, rue d’Alger, à Blida, surnommée « la ville des Roses » en Algérie.
Son père, Moïse, a alors 36 ans et exerce la profession de colporteur.
Sa mère Sultana (Sadia Chaïa) a 23 ans et est sans profession.
Nous avons retrouvé l’acte de mariage de ses parents qui nous donne des renseignements complémentaires.
Son père est né en 1860 à Kelaia, au Maroc. Il est le fils d’Isaac Choukroun, décédé au Maroc, en 1869 et de Semah Choukroun, décédée à Jérusalem (date non connue).
Sultana est née le 2 juin 1873 à Blida. Elle est la fille de Sadia Chaïa, employé à la salle des ventes, décédé à Blida le 8 octobre 1892, et de Luna Bent Jacob Dahan, ménagère.
Acte de naissance d’Isaac Choukroun, ©ANOM
Moïse et Sultana se sont mariés le 26 janvier 1893 à Blida et ont deux enfants : Félicie née le 7 octobre 1894, puis Isaac, deux ans plus tard. De confession juive, ils sont nés français en application du « décret Crémieux » du 24 octobre 1870 qui donne la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie.
Son arrivée en France et sa vie pendant l’entre-deux-guerres
Richard Cartozo nous a raconté comment la famille d’Isaac était arrivée en Métropole.
De 1894 à 1906, l’affaire Dreyfus divise la France ; l’antisémitisme se développe en métropole et également dans les colonies. Une vague de violence touche l’Algérie française. En mai 1897, Blida est le théâtre de manifestations anti-dreyfusardes et antisémites. Les manifestants passent dans les rues avec une banderole « A mort les juifs ! » Le frère de Sultana Sadia Chaïa, Joseph Jacob Chaïa (soit l’oncle d’Isaac), cordonnier, sort de son atelier et tranche la gorge de celui qui tenait la banderole avec un fil de fer qui lui servait à découper le cuir. Le coup n’a pas été fatal mais après cette agression, Joseph a dû fuir et se cacher dans les montagnes pendant plusieurs mois avec l’aide de son entourage pour ne pas se faire arrêter. Par peur des représailles, la famille composée de Moïse, Sultana et leurs deux enfants Isaac et Félicie ainsi que leur grand-mère Luna sont partis en direction de Marseille. Isaac est donc arrivé en France pendant son enfance.
Nous avons retrouvé l’acte de décès de Moïse Choukroun aux Archives municipales de Marseille où il est indiqué qu’il est décédé le 16 janvier 1908, rue Rameau, à Marseille à l’âge de 47 ans. Isaac est donc orphelin de père à l’âge de 12 ans.
Sultana, veuve, se remarie religieusement avec Moïse Haïm Cartozo. Ils ont deux enfants : Sarah Sadia Chaïa (7 décembre 1909) et David Gaston Cartozo (27 janvier 1912). Ce dernier est le père de Richard Cartozo, qui est notre témoin.
Depuis le code civil de 1804, les personnes de confession juive, comme de confession catholique ou protestante, doivent se marier d’abord à la mairie puis, si elles le souhaitent, religieusement. Donc, dans ce cas à la synagogue ou devant un rabbin. Sultana et Moïse ont fait l’inverse. En 1915, Moïse qui fait partie de la classe militaire 1897, est mobilisé sur le front de la Marne en tant que canonnier conducteur au 38e régiment d’artillerie. Sultana et Moïse se marient par procuration le 8 juin 1915 à Marseille afin de protéger Sultana et régulariser leur situation. Moïse reconnaît et légitime ainsi leurs deux enfants. Ils résident rue Haxo située dans le quartier de l’Opéra à Marseille qui était un lieu de vie important pour la communauté juive, notamment au XIXe et au début du XXe siècle. Beaucoup de familles juives, souvent issues de milieux aisés, résidaient dans ce secteur central et dynamique, à proximité de la grande synagogue de la rue Breteuil, et de la Canebière.
Quant à Isaac, d’après les archives militaires de l’ANOM, Il fait partie de la classe 1916 et son numéro de matricule est le 425. Il n’a pas été appelé et a été rayé comme fils d’étranger (son père étant marocain) par le conseil de révision de la classe 1917.
Registre matricule militaire d’Isaac, ©ANOM
Isaac en tenue militaire, ©Archives personnelles de Richard Cartozo
Pourtant, nous avons une photographie de lui en tenue militaire prise dans un studio bien qu’il n’ait jamais été à la guerre. Elle daterait de 1925. Selon Richard Cartozo, Isaac avait un côté « dandy » et était toujours élégant.
Le 6 mars 1920, la sœur d’Isaac, Félicie se marie à Marseille avec Adolphe Bentata, commis en douane, né à Oran en Algérie. D’après Richard Cartozo, il était chanteur d’opéra en tant que ténor. Il change officiellement de nom en 1955 pour son nom de scène et devient Adolphe Richard. C’est pourquoi Félicie, qui se fera appelée également Alice, prend pour nom de famille Richard.
Le 17 mars 1926, à 11h20, dans le 10e arrondissement de Paris, à l’âge de 30 ans, Isaac épouse Violette Esther Tikozinski.
Acte de mariage entre Isaac et Violette, 1926, Mariages
©Archives de la Ville de Paris
Violette est née à Lille le 6 mars 1905 et vit à Paris avec ses parents : Edouard, négociant et Mathilde, qui porte le même nom de famille que son mari. Ils sont originaires de Pologne et également de confession juive. Violette a deux sœurs : Colette Rachel et Marcelle Léa.
Photographie du mariage d’Isaac et de Violette et de leur fils Maurice à 28 mois, Source © Archive personnelle de Richard Cartozo
Le jeune couple a un fils, Maurice, qui naît à Marseille le 30 janvier 1927.
Isaac s’installe comme représentant de commerce au 9 rue Richer à Paris. Vers 1935, il fait la navette entre l’appartement parisien et celui de la rue d’Haxo, à Marseille. Puis la famille part à Paris et y reste jusqu’à la déclaration de la guerre en septembre 1939. D’après les archives, comme de très nombreux habitants du Nord et de la région parisienne, ils partent de leur domicile le 20 mai 1940 pour fuir l’avancée de l’armée allemande.
©DAVCC dossier 21 P 436 448
Photo 1 : De gauche à droite : Violette, David, Maurice Choukroun, Sarah, Félicie « Alice » et Maurice Bentata à Apt (Vaucluse), en 1928, ©Archive personnelle de Richard Cartozo
Photo 2 : En haut : Isaac et Violette Choukroun, Au milieu : Sultana, En bas : Maurice leur fils, Photographie prise en 1932, ©Archive personnelle de Richard Cartozo
II. La famille réfugiée à Néris-les-Bains en 1940
Le 7 octobre 1940, les Juifs d’Algérie qui avaient obtenu la nationalité française grâce au décret Crémieux, la perdent avec son abrogation[1].
Nous avons retrouvé aux Archives départementales de l’Allier des documents qui attestent de la présence d’Isaac à Néris-les-Bains dans l’Allier, en Auvergne. Isaac est recensé trois fois.
Recensement des Israélites de Néris-les-Bains au 21 janvier 1943
©Archives départementales de l’Allier, 996 W 2NDE GUERRE article 66
En 1943, dans une liste des « Israélites français s’étant soumis aux lois du 9 et 11 décembre 1942 résidants dans la commune de Néris les Bains », tamponnée du commissaire de police de Montluçon du 21 janvier 1943, figurent Isaac, sa femme Violette et leur fils Maurice avec leur adresse : rue Voltaire à Néris-les-Bains. Les parents de Violette se sont également réfugiés à la même adresse. L’oncle de Violette, Maurice Tikozinski loge quant à lui au Splendid Hôtel. Nous avons comptabilisé 129 Juifs recensés sur cette liste.
Recensement des Israélites de Néris-les-Bains non frappés d’une mesure d’éloignement au 5 juin 1943, ©Archives Départementales de l’Allier, 996 W 2NDE GUERRE article 66
En 1943, sur une liste des Israélites non frappés d’une mesure d’éloignement résidant dans la circonscription de Montluçon, tamponnée par le commissaire central de Montluçon le 5 juin puis par la préfecture de l’Allier le 9 juin, Isaac et Violette figurent toujours sur la liste avec la mention de leur profession et leur ancienne adresse à Paris (rue Richer). Ils résident rue Barra à Néris-les-Bains et la date de leur arrivée indiquée est le 16 novembre 1942. En revanche, Maurice, leur fils, n’est pas sur la liste, pas davantage les parents et l’oncle de Violette. Seuls 37 Juifs sont recensés.
Recensement des Israélites de Néris-les-Bains ayant quitté la commune depuis le 20 mai 1943 (document du 13 juillet 1944),
©Archives départementales de l’Allier (996 W 2NDE GUERRE article 66)
En 1944, sur une « liste des Israélites résidant dans la commune titulaire d’une autorisation ayant quitté Néris depuis le 20 mai 1943 » établie par le maire de Néris-les-Bains le 13 juillet et tamponnée par la préfecture de l’Allier le 18 juillet figurent Sultana Cartozo née Chaia, avec la mention de son adresse à Marseille (1, rue Victor-Hugo), et Isaac Choukroum
Nous avons retrouvé deux témoignages sur la vie à Néris-les-Bains à cette époque. Nous nous sommes appuyés sur deux ouvrages. Le premier, Quand vient le souvenir, de l’historien Saul Friedlander, né à Prague en 1932, qui a vécu également à Néris-les-Bains entre 1940 et 1942. Il est venu avec ses parents s’y réfugier et évoque cette période de sa vie : « S’il me fallait choisir une définition (de la ville), je me hasarderais à affirmer que Néris, c’est Vichy en plus petit – ce qui n’est guère précis ou encore, pour la période dont je parle, Vichy en plus petit, moins le gouvernement et plus les Juifs (…) Avec la défaite et l’exode, les hôtels et pensions de Néris-les-Bains s’emplirent d’une foule de curistes forcés, dont certains étaient des habitués de l’endroit. Presque tous, je viens de le mentionner, étaient juifs ».
Il y avait peu de Juifs dans l’Allier avant la guerre. Ils se sont réfugiés à Néris-les-Bains qui offre alors plusieurs avantages pour les familles en fuite, car c’est une petite ville thermale de l’Allier où il y a des possibilités de se loger dans des hôtels ou des meublés. Elle est loin des grands axes et est en zone non occupée. Le recensement des Juifs, effectué en 1941[2], donne pour l’Allier, un total de 3.669 personnes, dont 2.894 Juifs français et 775 Juifs étrangers. Dans l’arrondissement de Montluçon, c’est Néris-les-Bains qui en accueille le plus grand nombre, puis Montluçon, Villebret, Commentry. L’arrondissement de Montluçon recense en tout 501 Juifs. Le port de l’étoile n’est pas imposé en zone sud. On pouvait se croire en sécurité et les Juifs pouvaient se loger, se ravitailler et s’entraider plus facilement étant donné qu’ils leur étaient interdits de travailler. En effet, à partir du « premier statut des Juifs » du 3 octobre 1940, de nombreuses professions sont interdites aux Juifs et certains ont commencé à se cacher.
Le second témoignage est l’ouvrage, Ces excellents Français, une famille juive sous l’Occupation, de l’avocate Anne Wachsmann, publié en 2020, qui s’appuie sur une centaine de cartes postales échangées pendant la Seconde Guerre mondiale entre son grand-père, son père (alors enfant) et d’autres proches. Ils ont vécu à Néris-les-Bains pendant la guerre. L’auteure mentionne des plaintes de la population locale à l’égard des Juifs, bien trop nombreux à son goût, qui seraient réfugiés sur place et qui seraient accusés d’acheter de grandes quantités de denrées alimentaires à n’importe quel prix eu égard à leur supposée richesse. Les temps sont durs à cause des réquisitions qui pèsent sur la vie quotidienne des habitants.
Ne pouvant travailler, Isaac n’avait donc pas de salaire. Pour survivre avec sa femme, il devait vendre au marché noir les bijoux de famille, des bas de soie… L’argent permettait de se nourrir et de faire des économies, car la nourriture était alors très chère.
Fiche de recensement en tant que « Juifs français », ©Archives Départementales de l’Allier, 996 W 2NDE GUERRE article 60
Le 26 août 1942, un peu plus d’un mois après la rafle du Vel d’Hiv’ en région parisienne, et trois jours après la lettre pastorale de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, et les réactions d’autres dignitaires des églises catholiques et protestantes françaises contre la collaboration active de Vichy dans l’arrestation des Juifs, une grande rafle est menée par la police française en zone libre contre les Juifs apatrides. 18 communes de l’Allier sont concernées : 170 personnes sont arrêtées dont plus de 140 seront déportées à Auschwitz. Les troupes allemandes investissent Néris-les-Bains entre mai et juillet 1944, ce qui s’est révélé tragique pour Isaac notamment. En effet, 29 Juifs qui résidaient dans la commune sont arrêtés au cours de cette période.
III. Arrestation et déportation
D’après les archives, Isaac est arrêté le 7 juin 1944 lors d’une rafle par la Gestapo. Richard Cartozo nous a relaté une autre version qu’il tient de la petite-fille d’Isaac.
Isaac aurait reçu pour son fils Maurice une convocation pour le STO (Service du Travail Obligatoire) ou plutôt pour aller travailler dans une Groupement de travailleurs étrangers en France. Or, Maurice s’était engagé dans la Résistance locale et se cachait aux alentours. En voulant le protéger et l’informer sur le fait que la Gestapo le traquait, Isaac se rend à leur cachette, mais il tombe sur la Gestapo qui avait déjà investi les lieux. Les résistants prévenus avaient déjà pris la fuite. Isaac se fait arrêter et dépouiller par la Gestapo. Il avait à ce moment-là tous les bijoux de la famille sur lui, leur seul moyen de subsistance.
Après son arrestation, il est interné à Vichy, peut-être boulevard des États-Unis où la Gestapo a réquisitionné 25 bâtiments, dont l’hôtel du Portugal (qui leur a servi de siège), puis il est envoyé à la Mal-Coiffée, une prison militaire allemande à Moulins. Il est ensuite transféré au camp de Drancy, camp d’internement et de transit des Juifs en France le 15 juillet 1944. Il reçoit le numéro de matricule : 25.139.
D’après le carnet de fouilles de Drancy, Isaac avait également la somme de 12 162 francs sur lui. Ils lui sont retirés dès son arrivée à Drancy comme l’atteste le reçu.
Carnet de fouilles de Drancy, ©Mémorial de la Shoah
Une quinzaine de jours plus tard, le 31 juillet 1944, Isaac est acheminé par autobus jusqu’à la gare de Bobigny, avec 1305 autres Juifs destinés à la déportation. Le plus jeune, Alain Blumberg, avait 15 jours (il est né au camp de Drancy), le plus âgé, Benoît Levy, avait 87 ans.
Isaac monte ensuite dans un wagon à bestiaux avec très peu d’eau et des conditions sanitaires déplorables. Le trajet a duré plusieurs jours, dans la chaleur de l’été, sans arrêt ni ravitaillement suffisant. Il fait partie du dernier convoi de déportés pour Auschwitz Birkenau : le convoi 77.
Itinéraire du Convoi de déportation n°77
©Site Convoi 77
À l’arrivée à Auschwitz, dans la nuit du 3 au 4 août 1944, une sélection a été immédiatement pratiquée :
- Sur les 1306 déportés, 836 sont dès leur arrivée dirigés vers les chambres à gaz, dont la quasi-totalité des enfants.
- 291 hommes et 183 femmes ont été sélectionnés pour le travail forcé.
- En 1945, au moment de la fin de la guerre, seulement 250 déportés (157 femmes et 93 hommes) auront survécu.
Concernant le décès d’Isaac, nous n’en connaissons pas les circonstances précises. Il avait alors 47 ans, il aurait pu être sélectionné pour entrer au camp mais quel était son état de santé ?
On sait par Richard Cartozo qu’Isaac était atteint de la maladie de Parkinson. Le voyage a dû l’éprouver et il a dû faire partie des personnes inaptes. Il aurait donc peut-être été emmené directement dans les chambres à gaz par les nazis dès son arrivée. Mais il est possible qu’il soit mort également pendant le trajet du convoi 77. Ou bien que, homme convoyé sans sa famille, il se soit retrouvé dans le wagon dit des « célibataires » où a été tentée une évasion qui a échoué. Les 60 hommes qui ont été repérés (ou dénoncés) ont été emprisonnés pendant le trajet et immédiatement conduits nus et enchaînés, dans les chambres à gaz.
IV. Sa mémoire et la vie de sa famille après-guerre
Après-guerre, Isaac est déclaré décédé le 5 août 1944, soit seulement 5 jours après avoir quitté le camp de Drancy : sans nouvelles de lui, l’administration française déclare que les plus jeunes déportés et les plus âgés sont systématiquement emmenés à la chambre à gaz pour être tués à leur arrivée, d’où cette date conventionnelle du 5 août sur de nombreux actes de décès des déportés de convoi 77.
Sa femme Violette effectue de nombreuses démarches auprès de l’administration en vue d’obtenir la régularisation de l’état civil d’un non rentré le 28 septembre 1947. Un acte de disparition est formulé le 14 octobre 1948 (numéro de dossier : 63500) par le ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.
Puis en 1953, Violette dépose une demande d’attribution du titre de « déporté politique », c’est-à-dire qu’Isaac a été déporté comme « juif ». Le 5 décembre 1955, son dossier étant complet et validé, ce statut est attribué à Isaac à titre posthume sur décision du ministère des Anciens Combattants. La carte de déporté politique 117.508.160 est attribuée à sa femme en son nom.
Attribution du titre de déporté politique, ©DAVCC dossier 21 P 250 086
Isaac possédait toute sa richesse sur lui au moment de son arrestation, ce qui fait que sa femme s’est retrouvée sans argent. Elle a été aidée financièrement par ses parents et sa sœur Colette. Lorsqu’Isaac a été reconnu par l’État comme déporté, elle a pu toucher une indemnité de 13.200 francs (décret de 1953 qui accorde un pécule aux ayants droits de déportés pour l’amélioration de leur situation).
Moïse Haïm Cartozo, le beau-père d’Isaac, qui l’avait beaucoup aidé financièrement pendant la guerre, a lui aussi été raflé à Marseille et déporté le 22 janvier 1942 par le convoi 52 de Drancy à Sobibor, où il décède à l’âge de 66 ans.
Paiement du pécule aux ayants-cause des déportés ou internés politiques décédés pendant leur détention, ©DAVCC dossier 21 P 436 448
Une plaque commémorative apposée sur le monument aux morts de la ville a été inaugurée le 8 mai 2008 en mémoire des 29 Juifs réfugiés à Néris-les-Bains et morts en déportation. Le nom d’Isaac Choukroun figure également sur le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah de Paris.
Plaque commémorative de Néris-Les-Bains
Mur des Noms, ©Mémorial de la Shoah, Paris
Quant à son fils Maurice, il se marie avec Jacqueline Rosenberg en 1946 à Paris. Leurs deux pères étant décédés en déportation, ils décident de changer de vie et partent vivre aux États-Unis. Ils s’installent d’abord à Boston puis à Hollywood en Floride, où ils ont une fille prénommée Nancy en 1949. Ils vivent ensuite à Santa Monica en Floride avant de revenir dans le sud de la France. Maurice décède en 2007 à Montpellier. Jacqueline vit actuellement avec sa fille Nancy à Perpignan.
La femme d’Isaac, Violette, décède à l’âge de 86 ans à Nice, en 1991.
Photographie de Maurice et Jacqueline Choukroun (photo 1) et avec leur fille Nancy (photo 2), ©Archive personnelle de Richard Cartozo
Ce travail a été réalisé par les élèves de 3e du collège François Rabelais de Néris-les-Bains au cours des années scolaires 2023-2024 (3e C) et 2024-2025 (3e A) sous la conduite de Mme Aurélie Bernard, professeur d’Histoire-Géographie, et de Mme Marie-Laure Dugay, professeur documentaliste.
Nous avons réussi à retrouver par le biais des réseaux sociaux et d’un site généalogique Richard Cartozo qui nous a permis de retracer la vie d’Isaac et de sa famille lors d’entretiens téléphoniques.
Nous le remercions infiniment pour toute l’aide qu’il nous a apportée en nous fournissant de nombreux détails et de nombreuses photos sur la vie d’Isaac Choukroun et de sa famille.
Notre travail s’est appuyé sur des documents provenant du Mémorial de la Shoah et du Service historique de la Défense à Caen, les archives nationales d’outre-mer, les archives départementales de l’Allier et des archives personnelles de Richard Cartozo. Nous avons également utilisé la biographie du site AFMD de l’Allier et de Convoi 77. Les références sont données au fil du récit et des documents.
Notes & références
[1] Cette mesure ne sera abolie que le 21 octobre 1943, soit presque un an après le débarquement des troupes alliées en Algérie (8 novembre 1942) et le rétablissement d’un territoire français libre.
[2] Bien que l’Allemagne n’occupe pas la zone au-delà de la ligne de démarcation (sauf les côtes) avant le 11 novembre 1942, le recensement des Juifs y est imposé par le gouvernement de Vichy avec la loi du 2 juin 1941.
——————————————————————————————————————–
Il épouse Violette née TIKOZINSKI le 17 mars 1926 à Paris (10ème) et ils ont un fils, Maurice, né à Marseille.
Commerçant /représentant de commerce domicilié rue Richet à Paris (9ème) il se réfugie à Néris-les-Bains le 16 novembre 1942 d’abord rue Voltaire, puis rue Barra […]

إسحاق شوكرون
1896- 1944/ الولادة : بليـــــدة / الاعتقال : مولانس / الإقامة : بليدة، نيريس-لي-بان، باريس
هذا المقتطف مقتبس من سيرة أنجزتها جمعية « أصدقاء مؤسسة من أجل ذاكرة الترحيل بألــيـي »
ازداد إسحاق شوكرون يوم 11 دجنبر 1896 في مدينة بليدة بالجزائر. فهو ابن موسى وسعدية كتانو. تزوج بفيوليت تيكوزينسكي يوم 17 مارس 1926 بالمقاطعة العاشرة بباريس. وازداد ابنهما، موريس، بمارسيليا يوم 30 يناير 1927.
كان إسحاق يشتغل تاجرا وممثلا تجاريا يقطن بزنقة ريشي في المقاطعة التاسعة بباريس، ولجأ إلى مدينة نيريس-لي-بان يوم 16 نونبر 1942 أولا بزنقة فولتير ثم بزنقة بارا.
وتحتفظ أرشيفات إقليم الأليـي ببطاقة برتقالية تؤكد أن إسحاق مقيد من طرف الدولة الفرنسية سنة 1943 كيهودي فرنسي.


وقد ألقي القبض على إسحاق في حملة حصلت بنيريس-لي-بان يوم سابع يونيو 1944، سجن على إثرها بفيشي، ثم بمال-كوافي، في السجن العسكري الألماني في مولانس (03). ونقل بعد ذلك، في 15 يوليوز 1944، إلى معسكر درانسي تحت رقم 25139.
ورحل يوم 31 يوليوز 1944 نحو أوشفيتز عبر القافلة 77.
وقد كتب سيرج كلارسفيلد، في ميموريال ترحيل يهود فرنسا، بخصوص القافلة 77 : « إن عدد المرحلين بلغ 1.300 مرحلا. والقافلة 77 (…) دفعت نحو غرف الغاز بأوشفيتز بأكثر من 300 طفل يبلغون أقل من 18 سنة. (…) 291 رجلا منهم تم انتقاؤهم بالأرقام من باء 3673 إلى باء 3963، ونفس الشيء بالنسبة للنساء 283 امرأة من الرقم ألف 16457 إلى ألف 16739. وكان هناك سنة 1945، 209 ناجيا من بينهم 141 امرأة ».
بعد وفاته، منح إسحاق شوكرون بطاقة « مرحل سياسي » تحت رقم 1.175.0816، بناء على قرار من وزارة قدماء المحاربين بتاريخ خامس دجنبر 1955. وكان قد توفي يوم الثالث غشت 1944 بأوشفيتز في بولونيا حسب ما جاء في الجريدة الرسمية عدد 190 بتاريخ 17 غشت 2012.


وقد ورد اسم إسحاق شوكرون في لوحة تذكارية علقت بنيرس-لي-بان خصصت لموتاها، وكتب عليها « متوفون في الترحيل ». هذه اللوحة أنجزت على إثر أبحاث « جمعية أصدقاء مؤسسة من أجل ذاكرة الترحيل بأليي ». وقد تم الكشف عنها يوم ثامن ماي 2008 من طرف السيد جان كلود دوبان، عمدة نيريس-لي-بان، والسيدة مود لورش، والسيدة كوليت بورغوانيون، نائبة رئيس فرع مونلوسون–كونتري، التابع للفدرالية الوطنية للمرحلين والمحتجزين المقاومين والوطنيين.
مع جزيل الشكر لبلدية نيريس-لي-بان على وفائها لذاكرة الترحيل.