Eliette MEYER (1904-1944)
Eliette Meyer ©Archives familiales-Claude Bloch
Dans le cadre du projet Devoir de Mémoire mené depuis plusieurs années au collège Alexis-Kandelaft, à Chazay-d’Azergues (Rhône), nous, Blandine Renard et Olivier Charnay, enseignants d’Histoire et de Lettres, avons choisi de travailler avec des élèves de troisième à la rédaction et à la réalisation de la biographie d’Eliette Meyer. Nous avons aussi souhaité lui adjoindre une autre forme de restitution, sous forme de documentaire vidéo.
Ce travail, entamé début avril 2020, en pleine période de confinement, s’est poursuivi avec les élèves grâce aux moyens numériques mis à notre disposition pour permettre la continuité pédagogique. Ces élèves ont aussi été épaulés par Séverine Koprivnik, médiatrice culturelle au Mémorial National de la prison de Montluc.
Cette idée de restitution a été développée conjointement avec Philippe Perron, réalisateur et producteur à CANOPE Lyon : filmer et faire filmer la création même de cette biographie pendant ce temps, si spécial, de confinement. L’idée n’est pas ici de se mettre en scène mais bien de lire et de voir comment le travail des élèves a permis de reconstituer au mieux l’histoire personnelle d’Eliette Meyer.
Claude Bloch, son fils, rescapé de la Shoah, a accepté de témoigner en juin 2020 lors d’un entretien filmé au Mémorial National de la prison de Montluc.
La restitution vidéo de cette biographie ainsi que l’entretien de Claude Bloch sont disponibles sur la chaîne Peertube Mémento de la DANE de l’Académie de Lyon :
Eliette Meyer (1904-1944)
La biographie ci-après présente un choix de documents illustrant certains moments. Toutefois, l’ensemble de ceux qui nous ont permis de reconstituer au mieux sa vie sont disponibles à la fin de ce récit.
Lyon : Enfance et vie de famille
Eliette Simonne Meyer voit le jour le 17 mars 1904 dans le 2e arrondissement de Lyon, au 46 rue Franklin. Elle est la fille de Lucien Moïse Meyer, né le 9 novembre 1874 à Belfort, et de Caroline Bloch, née le 28 janvier 1878 à Lyon qui, depuis son mariage le 16 décembre 1901, a pris le nom de son mari.
Eliette passe toute son enfance avec ses parents dans le 2e arrondissement de Lyon et est enfant unique. Eliette a une dizaine d’années lorsque la famille déménage rue Sainte Hélène. Sa famille se compose aussi d’une tante et d’une cousine germaine, la sœur et la nièce de son père, et d’un oncle, le frère de sa maman.
Eliette s’unit le 27 janvier 1927 à Albert Bloch, né le 23 octobre 1894 à Guebwiller et change ainsi de nom de famille.
Elle s’installe avec lui au 35 quai Gailleton à Lyon.
Un premier garçon naît en 1927 mais meurt peu de temps après. Le 1er novembre 1928, elle donne naissance à un second fils, Claude Léon Bloch. Un troisième garçon, né en 1931, décède deux ans plus tard en 1933.
Eliette emmène souvent Claude jouer place Bellecour où elle loue une chaise et retrouve ses amies. Comme elle ne travaille qu’occasionnellement dans le magasin de son mari, en tant que secrétaire, elle a du temps libre à l’époque.
Après 10 ans de mariage, Eliette divorce d’Albert le 17 juin 1937 et reprend son nom de jeune fille, Meyer.
Elle déménage alors et va habiter avec Claude un petit appartement au 46 rue Franklin tandis que ses parents occupent un grand appartement au 44 de la même rue. L’année suivante, en 1938, le père de son fils décède.
La France en guerre
Le 3 septembre 1939, la France entre en guerre contre l’Allemagne qui a envahi la Pologne le 1erseptembre. Après la grande offensive allemande du 10 mai 1940, les forces françaises sont submergées et signent un armistice avec le Reich le 22 juin 1940. Celui-ci prévoit le découpage de la France en deux zones principales : la zone occupée au nord et la zone libre au sud.
Le régime de Vichy : antisémitisme et collaboration
En France, la IIIe République s’effondre le 10 juillet 1940 et l’État français se met en place. Cet État français, aussi appelé Régime de Vichy, est dirigé par le maréchal Pétain et collabore avec le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale.
L’État français promulgue différentes lois antisémites visant ainsi à exclure les Juifs de la société.
Le 3 octobre, les Juifs travaillant au sein de l’administration française sont forcés de quitter leur fonction.
Eliette Meyer, employée à ce moment-là à la préfecture du Rhône, est donc renvoyée et contrainte de chercher un nouveau travail.
À partir du 2 juin 1941, les Juifs sont obligés de se faire recenser et des fichiers sont constitués par les autorités françaises, avec leurs noms et leurs adresses, facilitant ainsi les futures arrestations.
Eliette et toute sa famille se soustraient volontairement à ce recensement. Dès lors, la famille Meyer, ainsi que tous ceux qui ne sont pas recensés, sont considérés comme hors-la-loi.
Les rafles s’intensifient dans la région.
À Lyon, en août 1942, ce sont plus de 500 personnes juives qui sont arrêtées et déportées, tandis qu’à Villeurbanne, où travaille désormais Eliette, près de 300 personnes sont raflées en mars 1943. Par ailleurs, la cousine germaine d’Eliette, domiciliée à Paris avec sa famille, se trouve alors en Auvergne où elle s’est réfugiée avec ses enfants à proximité du village du Chambon-sur-Lignon. Son mari, resté à Paris en zone occupée, est arrêté et déporté dans le premier convoi pour Auschwitz où il meurt en mars 1942.
C’est aussi en 1942, en novembre, qu’Hitler lance l’opération « Attila » ou « Anton », en réponse au débarquement Allié en Afrique du Nord. La zone libre est envahie et la France est à présent totalement occupée. Les autorités françaises imposent désormais le tampon « Juif » sur les cartes d’identités de ces derniers et cette catégorisation nourrit davantage l’antisémitisme sur le territoire français. La crainte d’être découverts est constante pour les membres de la famille Meyer. C’est pour cette raison que le 1er janvier 1943, ils enfreignent à nouveau la loi pour se protéger. Alors que Claude est âgé de 15 ans, son grand père Lucien Moïse Meyer maquille sa première carte d’identité, en changeant le nom de famille de son petit-fils « Bloch » en « Blachet », un nom à connotation moins juive.
La vie quotidienne durant la guerre
Eliette travaille chez L.Carel, une entreprise de fabrication de casseroles située à Villeurbanne, en tant que comptable et secrétaire après avoir dû quitter son poste dans l’administration.
Depuis le début de la guerre, il est très difficile de se ravitailler. Il y a des tickets de rationnement pour tout. Cependant, les Meyer trouvent dans la vallée de l’Azergues (nord-ouest de Lyon) un petit village, Saint-Appolinaire, où ils peuvent troquer des casseroles contre de la nourriture auprès des paysans. Ces casseroles sont vendues à Eliette par L.Carel environ une fois par mois, après maintes supplications. Eliette et son fils peuvent alors prendre le train pour aller au village et faire le tour des fermes pour demander de la nourriture. C’est le laitier qui les dépose sur la place du village le matin et les retrouve en fin de journée pour les redescendre vers la gare. « Être à l’heure était essentiel » se rappelle son fils Claude Bloch. Il faut également éviter les contrôles français et allemands.
En février 1944, la mère d’Eliette Meyer, Caroline, apprend que des rafles de Juifs vont avoir lieu à Lyon. La famille décide donc de quitter leurs appartements de Lyon et de louer un trois pièces chez des gens qui acceptent de les héberger au 6 chemin de Bellevue à Crépieux-la-Pape, commune de l’Ain appartenant aujourd’hui à Rillieux-la-Pape.
Ils ont effectivement raison de déménager car en mai 1944, l’appartement des parents d’Eliette est pillé par la Milice qui le transforme en bureau.
C’est pour cette raison que très peu de documents familiaux (photos, lettres, fiches de paie…) subsistent.
Claude Bloch possède une seule et unique photo de sa maman; celle-ci a été prise avant-guerre.
29 juin 1944 : L’arrestation
Le 26 mai 1944 un bombardement allié touche Lyon et notamment l’avenue Berthelot où est situé le siège de la Gestapo depuis avril 1943. Ce dernier déménage donc 32 place Bellecour. Le 28 juin 1944, Philippe Henriot, un collaborateur au service de Vichy est assassiné par des résistants. En représailles, Paul Touvier chef de la Milice de Lyon, décide de tuer sept Juifs dans le cimetière de Rillieux le lendemain, une commune voisine de Crépieux-la-Pape.
Le 29 juin 1944 à 11h45, Eliette, son père et son fils unique Claude, sont arrêtés par des Français à leur domicile, 6 chemin de Bellevue à Crépieux-la-Pape. Eliette est en arrêt maladie pour des problèmes de reins, son fils Claude, lui, est en vacances et répare son vélo. Sa mère, Caroline, est absente ce jour-là, elle a un rendez-vous chez le dentiste et est partie plus tôt pour faire des courses.
Deux hommes montent alors les arrêter. L’un d’eux pose un pistolet sur la table et leur dit de faire leurs bagages. Personne ne tente quoi que ce soit puisqu’ils se savent impuissants. Eliette demande à son fils, malgré la chaleur estivale, de porter son pantalon long, ce qui le fait paraître plus âgé. Avant de sortir, Lucien demande à aller aux toilettes. Il y avait deux portes identiques : une pour les toilettes et l’autre menant à la cave qui débouchait sur l’extérieur. D’après Claude Bloch, son grand-père a hésité une fraction de seconde. Il aurait pu s’enfuir en courant vite mais sa fille et son petit-fils étaient là et ils risquaient de leur faire payer son évasion. Il est donc simplement allé aux toilettes, se condamnant pour sauver la vie de ses proches.
Après la guerre, le propriétaire de la maison, M. Billard, et un voisin, M. Giraudet, ont témoigné de l’arrestation de la famille, évoquant le Parti Populaire Français (P.P.F.). D’après le fils d’Eliette, qui l’a identifié sur des photos, cette arrestation aurait été menée par Paul Touvier, chef de la Milice française à Lyon.
L’internement à Montluc et Drancy
Après l’arrestation, Eliette, Lucien et Claude sont transférés en Renault Juvaquatre au siège de la Gestapo à Lyon, place Bellecour.
Eliette et son père sont séparés de Claude pour être interrogés. Lucien ne survit pas à l’interrogatoire. Lorsqu’Eliette est ramenée dans la cave où se trouve son fils, elle a juste le temps de lui dire à l’oreille « ils ont tué ton grand-père ». Quelques instants plus tard, il voit le corps de Lucien être transporté sur le dos d’un homme. Le soir, Eliette et Claude sont tous deux emmenés à la prison de Montluc et dorment ensemble dans une cellule.
Ils sont de nouveau séparés le lendemain ; Claude est envoyé dans la « baraque aux Juifs » et Eliette, elle, reste dans sa cellule avec sept ou huit autres personnes.
C’est presque un mois plus tard, le 20 juillet 1944, qu’Eliette et son fils sont appelés « avec bagages« hors de leur cellule respective et emmenés en car à la gare de Perrache à Lyon où ils prennent un train pour une destination qui leur est, à ce moment-là, inconnue. Les hommes et les femmes sont dans des wagons séparés. Après une escale à Dijon le 21 juillet, Eliette et son fils arrivent le lendemain à la gare de Bobigny, à côté du camp de transit de Drancy. Ils sont enregistrés au camp le 25 juillet. Ils se retrouvent dans le même bâtiment et y séjournent ensemble un peu plus d’une semaine.
Le convoi 77
Le 31 juillet, Eliette quitte Drancy avec son fils par le convoi n°77. Ils font partie des 986 femmes et hommes, et 324 enfants qui sont déportés par ce dernier grand convoi qui quitte Drancy pour Auschwitz (Chiffres donnés par l’association Convoi 77).
Elle voyage avec Claude pendant trois jours dans des wagons à bestiaux. Privés d’eau et de nourriture, ils sont debout avec près de 80 autres personnes, alors que sur l’extérieur des wagons, on peut lire « Hommes 40 Chevaux en long 8« . Ils arrivent alors à Auschwitz-Birkenau le 3 août, tôt le matin, il fait encore nuit. Les déportés sont séparés en deux colonnes, les femmes et les enfants d’un côté et les hommes de l’autre. Eliette se dirige vers la première file, son fils la suit mais elle le repousse vers la file des hommes. Ainsi, malgré son jeune âge, son pantalon le fait passer pour un homme et non un enfant. C’est la dernière fois que Claude voit sa mère. Eliette disparaît à 40 ans.
Ce qu’il advient d’Eliette Meyer ensuite n’est pas certain. Lors de l’évacuation et de la liquidation du site d’Auschwitz par les autorités du camp, nombre de documents importants ont été détruits.
Son fils estime très probable qu’elle ait été gazée dès son arrivée au camp car ses cheveux blancs, non teints depuis plusieurs semaines, la vieillissaient. Il nous a également confié qu’il espère que sa mère a été gazée rapidement après son arrivée et n’ait pas enduré de longs mois de souffrance dans les camps « pour arriver au même résultat ».
Reconnaissance après-guerre
Claude Bloch rentre de déportation en juillet 1945 et il retrouve sa grand-mère.
Il effectue des démarches pour officialiser la mort de sa mère et dépose plainte des années après contre Paul Touvier, milicien qui serait à l’origine de leur arrestation. Grâce à cette démarche, Eliette est d’abord enregistrée comme « non rentrée » de Birkenau le 20 mai 1946.
Puis elle est déclarée disparue par le Bureau de l’état civil des Déportés le 6 septembre de la même année. Son acte de décès sera finalement dressé par la mairie de Lyon le 17 mars 1947. Il y est écrit qu’Eliette est décédée entre le 31 juillet 1944 et le 1er juillet 1946.
L’administration a ainsi recueilli toutes les preuves montrant qu’Eliette Meyer a été arrêtée pour un motif racial, parce qu’elle était juive. De nationalité française, elle est donc reconnue « Morte pour la France » et cette mention est ajoutée à son acte de décès le 4 septembre 1947. En 1954, elle est finalement reconnue comme « déportée politique » c’est-à-dire comme une victime civile de la guerre.
Cette même année, Claude Bloch, son fils, reçoit un pécule d’un montant de 12 000 francs, aide de l’État qu’aurait dû recevoir sa mère en tant que victime.
En retournant sur les lieux de son arrestation dans les années 90, Claude apprend par la fille de son ancien propriétaire qu’ils ont certainement été dénoncés.
L’acte de décès de Lucien Moïse Meyer est établi le 26 juin 1947, il reçoit lui aussi la mention « Mort pour la France ». Enfin, par arrêté du 3 juillet 1995, Eliette obtient la mention « Mort en déportation » et celle-ci est ajoutée à son acte de décès.
Notre conclusion :
Nous avons eu la chance de voir Claude Bloch pour finaliser notre projet. Nous le remercions très chaleureusement de la confiance qu’il nous a accordée en nous transmettant ses souvenirs familiaux et l’histoire de sa maman. Il avait notre âge quand il a vu sa mère pour la dernière fois. Comment ne pas se projeter et imaginer la fin d’une adolescence sans sa maman ?
Nous remercions donc nos professeurs Blandine Renard et Olivier Charnay, Séverine Koprivnik médiatrice culturelle, Philippe Perron réalisateur, Blanche Renard, étudiante en histoire ainsi que toutes les personnes qui nous ont accordé du temps et de l’énergie.
Chloé, Clément, Fiona, Jérémie, Margaux, Maellys, Candice, David, Isabelle, Juliette
Collège A. Kandelaft
28 juin 2020
Notes et présentation des sources disponibles pour la recherche biographique sur le parcours d’Eliette Meyer
Les statuts de victimes
Pour définir le statut de la victime on regarde de quoi elle a été victime (prison, déportation) et si elle est résistante ou non.
– Si la personne a été seulement emprisonnée, il est indiqué « interné »
– Si la personne a été déportée, il est indiqué « déporté »
– Si la personne a combattu l’ennemi, on va inscrire « militaire » ou « résistant »
– Si la personne n’est pas un combattant, qu’elle a été arrêtée par exemple comme otage ou parce que juive, on va inscrire « civile » ou « politique »
On peut donc trouver des dossiers d’«interné politique», d’«interné résistant», de «déporté politique», de «déporté résistant», etc., avec toutes les preuves indiquant ce que ces personnes ont subi afin qu’elles soient reconnues officiellement victimes. Les résistants ou familles de résistants recevaient une aide plus importante que les victimes « politiques » (civiles).
En outre, en tant que résistant, la nationalité ne compte pas mais en tant que victime politique (civile), il faut prouver que la personne possède la nationalité française, c’est obligatoire.
Les droits des victimes
Un statut de victime permet à la personne de recevoir une aide financière et ouvre des droits. Si la personne est décédée, la famille engage des démarches et crée un dossier pour la faire reconnaître «Mort pour la France» ; cela permet aux enfants ou aux parents de recevoir de l’aide de l’État en tant que «ayant droit». Si la famille ou la victime n’a pas engagé la procédure, il est souvent difficile de retrouver des informations.
Les cas de rejet
– Les personnes emprisonnées ou déportées et arrêtées pour un délit de droit commun (vol ou autre délits non liés à la résistance), ne peuvent pas obtenir le statut de victime.
– La personne est une victime civile (politique) mais n’a pas la nationalité française.
– Le statut de résistant (ou militaire) est refusé si les preuves sont insuffisantes.
Eliette Meyer : est reconnue comme victime «déportée politique» et «Mort pour la France».
Lucien Moïse Meyer : est reconnu comme victime «interné politique» et «Mort pour la France».
Claude Bloch : est reconnu comme victime «déporté politique».
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Le DAVCC/PAVCC de CAEN (série 21 P)
Le ministère des armées possèdent différents centres d’archives appelé SHD (Service Historique de la Défense) en France répartis par thème. On y trouve ses propres archives et aussi les archives d’un ancien ministère «Le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre» qui n’est plus un Ministère aujourd’hui. Il est devenu maintenant l’ONACVG (Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre) dépendant du Ministère des Armées. Les archives de cet ancien Ministère se trouvent majoritairement aujourd’hui dans la ville de Caen en Normandie au SHD de Caen qui s’appelle aussi le DAVCC/PAVCC (Division/Pôle des Archives des Victimes des Conflits Contemporains).
Ces dossiers représentent l’enquête qui est menée pour savoir si la victime vivante ou décédée a le droit de recevoir pour elle ou pour sa famille une aide de l’État. Ils contiennent donc beaucoup d’informations intéressantes. On voit dans le dossier si les preuves sont suffisantes pour être reconnu victime de la guerre et si la personne est décédée «Mort pour la France».
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Les Archives départementales du Rhône et et de la Métropole de Lyon (3335 W)
Ces documents issus du «Fonds Montluc» appartenaient à la police judiciaire qui a fait une grande enquête après-guerre pour retrouver la trace des victimes emprisonnées à la prison de Montluc en 1943 et 1944 par les allemands. Les policiers ont aussi rassemblé dans ses dossiers des preuves qu’ils ont retrouvées dans les archives allemandes, les archives du régime de Vichy et des témoignages…
Il n’y a que deux documents (concernant Eliette Meyer) :
– un petit document avec juste son nom, sa date d’arrestation et un numéro de dossier. Ce document a été fait par la police pour retrouver le dossier. A l’époque, sans ordinateur, on classe donc des fiches dans des petites boîtes par numéros ou ordre alphabétique.
– un autre document qui a été retrouvé par la police dans les archives du régime de Vichy et sur-annoté par les policiers ultérieurement. A cette époque, lorsqu’une une personne était arrêtée par les allemands et que le régime de Vichy l’apprenait, une fiche était créée avec les renseignements de la personne (écriture noire). Ensuite, intervenait le «IP», Intendant de Police sous Vichy, qui par l’appel d’un interprète auprès des allemands, se renseignait sur ce qui était arrivé à cette personne. Grâce à cela, le régime de Vichy a su qu’Eliette Meyer avait été enfermée à Montluc et était partie à Drancy le 22-7-1944. Les policiers de l’après-guerre ont noté le résultat de leur enquête en bas de la fiche : «sans nouvelles». Enfin, ils ont donné un document officiel à la famille «attestation remise le 31-8-48».
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Mémorial Yad Vashem
Cette archive provient de l’institut Yad Vashem, un mémorial se trouvant à Jérusalem qui est à la fois un centre de documentation, de recherche et d’éducation. Il rassemble notamment des feuilles de témoignages du monde entier sur des personnes juives assassinées au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Les informations notées sur la fiche d’Eliette correspondent au témoignage de Claude Bloch (témoin mentionné en bas du document) sur sa maman. Attention, certains témoins n’ont pas été des témoins directs des événements ou sont des descendants de victime.
https://yvng.yadvashem.org/index.html?language=en
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CDDEJ (Le Centre de Documentation sur la Déportation des Enfants Juifs de Lyon)
Cette association s’est créée au moment du procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987. Elle rassemble beaucoup d’archives notamment des écoles et des mairies sur les parcours d’enfants pour rendre ses informations disponibles aux élèves enseignants et historiens.
Un document provenant des archives de la Martinière, l’école de Claude Bloch pendant la guerre mentionne le nom de sa maman.
https://www.deportesdelyon.fr/le-cddej
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Mémorial de la Shoah (Paris)
Ces archives ont été en grande partie rassemblées à la demande d’Isaac Schneersohn, un industriel qui organisa clandestinement pendant la guerre la création d’un fonds d’archives.
L’objectif était de rassembler les preuves de la persécution des Juifs afin de témoigner et de demander justice dès la fin de la guerre.
On trouve la trace du passage d’Eliette Meyer au camp de Drancy (sa fouille), sa présence dans la liste de déportation du convoi 77 ainsi que celle de son fils, Claude Bloch. Elle a son nom sur le monument du « Mur des noms » au Mémorial de la Shoah.
http://www.memorialdelashoah.org/archives-et-documentation/quest-ce-que-la-shoah.html
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Mémorial National de la prison de Montluc
Le mémorial dispose d’un panneau biographique sur Eliette Meyer rédigé en 2013.
http://www.memorial-montluc.fr/
Synthèse sur le travail, publiée par Madame la professeur Charlotte Bonnet le 5 octobre 2020
- Tout d’abord, la biographie conçue et écrite par les élèves, soutenus par leurs enseignants, Blandine Renard et Olivier Charnay, et par la Médiatrice culturelle du Mémorial National de la prison de Montluc, Séverine Koprivnik:
- Ensuite, le film réalisé par Philippe Perron, du réseau Canopé, en collaboration avec Olivier Charnay de la DRANE de Lyon, disponible sur la Plateforme Memento de la DRANE de l’Académie de Lyon:
- En outre, dans le même temps, le rapport du témoignage de Monsieur Claude Bloch, fils d’Eliette Meyer, au Mémorial de la prison de Montluc, pendant lequel les élèves ont pu échanger avec celui-ci:
- Nous vous transmettons aussi les liens vers les articles dont ont fait l’objet collégiens et acteurs, particulièrement ceux de France 3 Rhône-Alpes et l’interview auprès de RCF Lyon:
- Enfin, nous avons inscrit ce projet aux États Généraux du Numérique, projet que vous pourrez soutenir, car nous pensons que ce qui a été réalisé en utilisant tous les moyens numériques à notre disposition peut être une source d’idées auprès de nos collègues, que ce soit dans le but de transmettre l’histoire et la mémoire que comme support d’expérience pour travailler avec les élèves:
Cordialement
Nathalie BONNET
[…] Alexis Kandelaft à Chazay d’Azergues, dans le Rhône, ont travaillé sur la biographie d’Eliette Meyer, assassinée à Auschwitz à l’âge de 40 ans. Ce travail fait partie des onze projets […]
Excellent travail!
Un travail très sérieux sur la vie d’Eliette Meyer, de Lucien Meyer et du jeune Claude, bravo ! Cette biographie est d’autant plus émouvante que l’on vient d’apprendre la disparition de monsieur Claude Bloch, paix à son âme.
Félicitations à ces jeunes passeurs, le témoin est desorrmais transmis
Un grand merci , félicitations pour ce travail de documentation et sa transmission.
On en savait pas tant sur notre arrière grand-mère avant votre enquête .
Encore merci !