Erakhmiel DENEMARK

1876-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Erakhmiel, dit Raymond DENEMARK

I) L’arrivée en France et la rencontre de Cécile

C’est le 23 février 1876, en Russie dans la ville d’Augoustov que naît Erakhmiel, dit Raymond Denemark.[1] Il est le fils de Aisik Neivakhvitch Denemark et de Sara Naphtaliovna. Il immigre en France avant la Première Guerre mondiale sans qu’on ne connaisse la date exacte. Il est certainement venu en France pour commencer ou continuer un cursus d’étude en chirurgie-dentaire. Il est naturalisé français par décret le 12 avril 1913[2]. La même année, il rencontre sa future femme, Cécile Rosenfield, née le 13 octobre 1888 à Paris. Elle est la fille de Ber Rosenfield et d’Anna Landomann. Erakhmiel et Cécile se marient le 5 juin 1913 à Paris. Au début de leur vie commune, ils vivent au 201 rue du Temple à Paris.[3] Toujours en 1913, Erakhmiel effectue son service militaire pour le compte de sa nouvelle patrie : La France.

II) L’engagement au service de la France

Le 1e août 1914, Erakhmiel est appelé sous les drapeaux par décret suite à la mobilisation générale[4]. Il arrive au camp du régiment militaire d’infanterie de Châlons-sur-Marne le 12 août[5]. A la suite de sa mobilisation et de son investissement, il est nommé Caporal Infirmier le 30 octobre 1914[6]. Plus tard, Erakhmiel est atteint d’une hépatite chronique, un état de santé incompatible avec les premières lignes de front, il est donc relégué à l’arrière au service auxiliaire le 15 octobre 1915 par le conseil de réforme de Vitré[7]. Le 13 juin 1916, il passe à la 10e section d’infirmiers. Par la suite, il est nommé dentiste   militaire par le service de santé de la 10e région le 27 septembre 1916[8]. Il est ensuite affecté à la 22e section d’infirmiers militaires puis dans le 5e section d’infirmiers militaires. Il est “mis en congés illimité de démobilisation le 4 février 1919, puis libéré de toute obligation militaire le 10 novembre 1923[9]. Pour son implication dans le conflit, Erakhmiel est décoré de la médaille commémorative de la Grande Guerre.

III) La famille s’agrandit

Suite à la naissance de leur premier enfant, Joseph Irwing Denemark, né le 8 octobre 1918, Erakhmiel et sa compagne changent d’adresse. Ils déménagent au 35 rue de Maubeuge, appartement qui deviendra le nouveau lieu de résidence de la famille Denemark. Le 20 mars 1923, la famille Denemark s’agrandit et accueille en son sein une petite fille prénommée Jacqueline Nadia Denemark.[10] C’est cet appartement qui va être le témoin de la vie de famille que peuvent avoir Erakhmiel et sa compagne Cécile. On y apprend notamment dans le recensement de l’année 1936 que leurs enfants vivent encore à leurs côtés, et que la famille, probablement aisée, a pu engager une domestique du nom de Julie Galland. Sur ce même document, on apprend que Cécile n’a aucun emploi et que leur fils, Joseph, est en étude.[11]

D’après une arrière petite nièce d’Erakhmiel Denemark, la famille Denemark a immigré aux États-Unis durant les années 30. Peu ou proue une décennie avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le frère d’Erakhmiel, soit le grand-père de cette arrière-grande nièce, est revenu en France en 1938 pour essayer de convaincre Erakhmiel et sa famille de venir vivre eux aussi aux États-Unis sans succès.[12]

IV) Le temps de la tourmente

Depuis son retour de la guerre, Erakhmiel Denemark est chirurgien dentiste à Paris, il exerce depuis son adresse personnel au 35 rue de Maubeuge. En 1931, Erakhmiel reçoit même une palme académique en devenant Officier de L’instruction Publique, un titre honorifique pour son service rendu à l’Enseignement Professionnel[13]. Cependant, le 21 novembre 1941, sous l’occupation des forces armées allemandes, toute personne étrangère pratiquant la médecine en France est interdite d’exercer ses fonctions. Par décret publié dans le journal officiel du 22 avril 1943, Erakhmiel n’a plus l’autorisation d’exercer sa fonction de dentiste. [14]

Durant l’Occupation, la famille Denemark reste habitée au 35 rue de Maubeuge, dans le IXème arrondissement de Paris. C’est le 27 juillet 1944 que la famille Denemark se fait arrêter à son domicile par la police française aux alentours de 12h30[15]. Le lendemain, ils sont pris en charge par le convoyeur Paré et transférés aux alentours de 15h au camp de Drancy[16]. Ils resteront quelques jours dans le camp de transit avant de se faire déporter le 31 juillet 1944 par le convoi N°77 en direction du camp d’extermination d’Auschwitz. Ils arrivent au camp le 3 août 1944, (Juste après la guerre, la date communément admise pour le convoi 77 pour enraciner leurs assassinats par le régime Nazi était le 5 août).[17]

V) L’après-guerre

Après la guerre, le frère d’Erakhmiel revient à Paris rechercher la trace de son frère en vain[18]. Le 27 septembre 1946, Sara Rosenfeld, mère de Cécile, qui a échappé à la déportation, entreprend les démarches administratives pour faire reconnaître le statut de déporté à tous les membres de la famille.[19]

Finalement, le 4 décembre 1988, la mairie du IXème arrondissement de Paris est sommée de notifier sur l’acte de décès de Monsieur Erakhmiel Denemark la mention suivante : Mort en déportation.[20]

Notes & références

[1] Dossier de Denemark Erakhmiel, Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. N°32 656, Dossier de Denemark Erakhmiel, 21 P 442 638, SHD Caen

[2] Décret de naturalisation d’Erakhmiel Denemark publié dans le JO du 12 avril 1913

[3] Préfecture du département de la Seine, Extrait des minutes des actes du mariage. Lot- N°14 517.

[4] Fiche matriculaire et d’affectation d’Erakhmiel Denemark (1921), Archives de la ville de Paris

[5] Ibidem

[6] Ibidem

[7] Ibidem

[8] Ibidem

[9] Ibidem

[10] Dossier de Denemark Erakhmiel, Fiche de recherche formule N°22, référence de demandeur : 32 653 116, 21 P 442 638, SHD Caen

[11] Recensement du IXe arrondissement de Paris (1936), archives de la ville de Paris

[12] Témoignage de Nicole Wynn, arrière petite-nièce d’Erakhmiel Denemark)

[13] Journal Officiel de la République Française, Lois et Décret. Fascicule paru le 14/03/1931.

[14] Journal Officiel de la République Française du 22 avril 1943

[15] Certificat de dépôt à la Préfecture de Police de Paris du 27 juillet 1944

[16] Ibidem

[17] Dossier de Denemark Erakhmiel, Ministère des anciens combattants et victimes de guerres, direction du contentieux, bureau des fichiers et de l’état civil – Déporté, Formule N°17, 21 P 442 638, SHD Caen

[18] Témoignage de Nicole Wynn, arrière petite-nièce d’Erakhmiel Denemark)

[19] Dossier de Denemark Erakhmiel, Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. N°32 656. Partie N°1 & N°2, 21 P 442 638, SHD Caen

[20] Dossier de Denemark Erakhmiel, Secrétaire d’état chargé des anciens combattants et des victimes de guerre, C1004J6, 21 P 442 638, SHD Vincennes

Contributeur(s)

Biographie réalisée par les élèves de Terminale du Lycée Jean Bouin à Saint-Quentin, encadrés par leur enseignant M. Bressolles.

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