Fajga EISNER

1898-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Faïga EISNER (1898-1944)

1. Présentation de l’atelier mémoire

Au sein du collège Gilbert-Dru à Lyon, l’atelier mémoire « Comprendre, décrire et retracer l’itinéraire de victimes de la déportation » est constitué d’élèves de 3e tous volontaires. Dans le cadre du Projet international Convoi 77 et en partenariat avec le Mémorial National de la prison Montluc à Lyon, l’objectif est de comprendre et de transmettre autrement l’histoire de la Shoah. Il s’agit ici de retracer le parcours du couple lyonnais Maurice et Faïga Eisner, victimes de la Shoah durant la Seconde Guerre mondiale.

Devant la forte demande pour participer à ce programme, nous, élèves volontaires, avons rédigé une lettre de motivation et nous avons pu intégrer cet atelier. C’est la première année (2024) qu’il est mis en place par Mme Foselle, professeure d’HGEMC. Il est organisé entre 12h45 et 13h30 le jeudi.

Lors de la première séance, Mme Muriel Némoz, membre de l’association des Familles et amis des déportés du convoi 77, est venue nous présenter en détail son association. Lors des premières séances, nous avons eu un complément de connaissances de nos cours sur l’histoire des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, nous avons découvert le métier d’historien. En effet, notre enseignante ainsi qu’une médiatrice du Mémorial de la prison de Montluc ont mis à notre disposition les sources recueillies pour retracer l’itinéraire de Faïga et de Maurice Eisner. Ces archives proviennent de Yad Vashem, du Mémorial de la Shoah, du Service Historique de la Défense (SHD) de Caen et des archives départementales du Rhône.

En dépouillant les archives, nous avons répondu à un questionnaire sur Faïga et Maurice Eisner.

Nous nous sommes séparés en plusieurs groupes et avons réparti les documents en distinguant ceux de Faïga de ceux de Maurice Eisner. Grâce à ce travail, nous avons pu non seulement découvrir peu à peu l’histoire de ce couple : leur naissance, leur métier, leur lieu de vie et aussi leur arrestation et leur déportation, mais encore toutes les démarches entreprises par leur fille Rosa à leur sujet après la guerre.

Nous avons, par la suite, mis en commun nos réponses pour retracer leur chemin, de leur naissance à leur mort, ainsi que celui des démarches administratives après 1945.

Afin de pouvoir rédiger la biographie le plus sérieusement possible, nous avons consacré plusieurs séances à l’analyse des archives en mettant en lien les documents et les informations de manière à sourcer nos écrits. Nous avons ainsi mieux compris le travail de l’historien. Ce travail de mémoire, grâce à la visite du Centre historique de la Résistance et de la Déportation de Lyon (CHRD), ainsi que de l’Institut culturel du judaïsme de Lyon, nous a aussi appris à mieux connaître la situation et les souffrances endurées par les Juifs et les déportés pendant la Shoah. Nous avons également développé nos connaissances sur la Seconde Guerre mondiale.

Grâce aux informations trouvées dans les archives, nous avons pu écrire une biographie de Faïga et Maurice.

2. Naissance – famille (Satine)

Faïga, Fajga, ou de son prénom francisé Fanny, est née MARMERSZTAJN le 20 décembre 1898 à Przedborg (Przedbórz), dans le district de Radomsko, en Pologne. Une communauté juive y vivait depuis la Renaissance et, avant 1939, représentait entre 60 et 75% de la population totale de la ville. Le nom de Marmersztajn apparaît à de très nombreuses reprises dans les archives généalogiques de la ville et de ses alentours (cf. CRARG).

Faïga est la fille de Chaïm, déjà mort au moment du mariage de sa fille (1924), et de Hannah, née Dytman. Nous avons trouvé très peu d’informations sur la vie de Faïga avant la guerre et nous ne savons ni quand elle arrive en France, ni pourquoi elle a émigré.

Nous savons qu’au début des années 1920, elle vit à Lyon et qu’elle s’y marie avec Maurice (Isaac) EISNER le 31 mai 1924, dans le 2e arrondissement. L’a-t-elle rencontré en France ? Au moment de leur mariage, ils résident au 16 rue Bellecordière. Nous n’avons pas trouvé si leur mariage religieux s’était effectué à domicile ou dans une synagogue.

Le couple a trois enfants, deux filles et un garçon. Le 13 avril 1930, Faïga accouche de leur fille Rosa EISNER, qui épousera Abraham VOGEL à la synagogue de Lyon le 8 juin 1948.

Avant la guerre, Maurice était plombier et électricien, ou encore mécanicien. On ne connaît pas de profession pour Faïga. Pendant la guerre, ils résident ensemble, avec Rosa, au 13, quai Tilsitt, à Lyon dans la grande synagogue de la ville, dont elle et son époux sont les gardiens.

3. Faïga et Maurice Eisner, gardiens de la grande synagogue de Lyon: l’attentat et l’arrestation (Margot et Lola)

La grande synagogue de Lyon est située au 13 quai Tilsitt dans le 2e arrondissement de Lyon, au bord de la Saône. Première synagogue de Lyon, elle fut construite entre 1863 et 1864, à l’endroit de l’ancien grenier à sel, et elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis décembre 1984. Discrètement intégrée à l’architecture, elle ne se fait pas remarquer.

Les rôles de Maurice et de Faïga, en tant que concierges, consistent à nettoyer le bâtiment, à s’occuper de l’ouverture et de la fermeture des lieux, à s’assurer du bon fonctionnement des équipements, et à gérer les différents évènements au sein de la communauté.

En 1941, la section locale de l’Union Générale des Israélites de France (UGIF[1]) s’installe dans la synagogue, avant d’être transférée montée des Carmélites.

Après l’invasion des troupes allemandes de la zone sud le 11 novembre 1942, les Juifs de Lyon sont de plus en plus ciblés par les mesures anti-juives de l’occupant allemand et du régime collaborationniste du maréchal Pétain. Les rafles et arrestations se multiplient. La grande synagogue de Lyon n’est pas épargnée. Le grand-rabbin de Lyon, Bernard Schonberg, est arrêté le 26 mai 1943 avant d’être déporté à Auschwitz.

Plus tard dans l’année, la synagogue est victime d’un attentat. Le vendredi10 décembre, après le début de l’office, les fidèles entonnent leur chant et se retournent vers la porte centrale de la synagogue, comme le veut la tradition pour accueillir le shabbat. À ce moment-là, deux grenades sont lancées à l’intérieur par des individus qui réussissent à s’enfuir en voiture. Avant de pénétrer dans la synagogue, deux hommes étaient entrés dans la loge des concierges, dans laquelle se trouvaient Faïga et deux de ses enfants, Rosa et son frère. Les miliciens les plaquent contre le mur et arrachent les fils du téléphone.

Huit personnes sont blessées dans l’attaque à la grenade, dont Maurice Eisner. Faïga s’est rendue le lendemain au commissariat pour y faire sa déposition, racontera plus tard sa fille Rosa.

Les agresseurs n’ont pas pu être identifiés, mais l’attentat a été attribué plus tard à la milice, avec Paul Touvier à sa tête[2].

Le vendredi 17 décembre 1943, une semaine après l’attentat, le rabbin Kaplan prononce un sermon dans la synagogue ensanglantée. Il raconte : « Les assaillants avaient soigneusement préparé leur coup, toutes les mesures prises par eux en témoignent. Ils avaient fermé la grande grille de l’entrée ; les uns avaient pénétré dans la loge du gardien, immobilisant sous la menace de leurs armes ceux qui s’y trouvaient, puis coupé les fils téléphoniques ; les autres s’étaient postés dans la cour, leur préoccupation principale était d’empêcher de donner l’alarme à l’intérieur du temple. Représentez-vous maintenant l’homme qui s’avance avec ses grenades. Son dessein est évidemment de les jeter aux endroits où se trouve l’assistance la plus nombreuse. Il sait qu’il pourra agir tranquillement en raison de l’inattention générale, puisque personne ne peut se douter d’une menace quelconque. Il ouvre la porte. Sa surprise est extrême. Toute l’assemblée, tournée vers lui, le regarde, semble même l’attendre, ne manifestant aucune crainte. Ce spectacle imprévu le trouble, l’effraye même. Il ne tient pas à être vu, car il ne veut pas être reconnu un jour et il n’a plus qu’une pensée : se débarrasser de ses grenades. Il les lance hâtivement, au hasard, assez près de la porte, là précisément où il y avait peu de monde. Ainsi, il a suffi d’une minute. Une minute plus tôt, une minute plus tard, nous nous trouvions clans l’attitude habituelle de la prière, tournés vers l’arche sainte, et quelles pertes nous aurions eu à déplorer parmi nous ![3]»

En évoquant les personnes dans la loge des gardiens, le rabbin Kaplan mentionne donc Faïga et ses enfants, ainsi que quelques personnes qui se réchauffaient autour de poêle, l’espace de la synagogue servant d’asile à des Juifs à la rue.

Le 13 juin 1944, la Milice revient. Cette fois, elle pénètre au rez-de-chaussée du bâtiment et arrête toutes les personnes présentes : une femme de ménage, un jeune homme, le secrétaire du consistoire et Benjamin Dreyfus, ministre officiant à la synagogue, ainsi que Faïga et Maurice Eisner. Dans un témoignage devant un policier en 1950, Rosa raconte qu’elle était sortie une demi-heure avant l’arrivée de la Gestapo. Ensuite, elle s’est réfugiée chez sa sœur, Mme Omar Issé (?) dans le quartier de Perrache[4].

Rosa Eisner témoignera bien des années après à Yad Vashem en faveur de la Juste Marie-Louise Hugonnet, employée de maison chez le grand rabbin et qui sauva le petit-fils de celui-ci, Henri Wallach, âgé de 5 ans, en le prenant par la main et en faisant sortir « sous le nez des miliciens [5]» ce « petit blond aux yeux bleus ».

Peu après l’arrestation, la synagogue va être dévalisée, saccagée et devient un lieu de jeu et de beuverie des miliciens. Puis elle est abandonnée. Après la libération de Lyon, le 3 septembre 1944, elle reprend sa fonction religieuse.

4. Internement et déportation : son parcours de déportée (Isyan, Valentin et Maelle)

Après son arrestation, le couple Eisner est conduit dans les locaux de la Milice, place Bellecour, puis est incarcéré à la prison de Montluc à Lyon jusqu’à la fin du mois de juin 1944.

Construite en 1921, Montluc est une prison militaire. Utilisée sous le régime de Vichy, elle est réquisitionnée par l’armée allemande du 17 février 1943 jusqu’au 24 août 1944. Durant cette période, la prison est utilisée par la Gestapo et les collaborateurs français. Environ 10.000 personnes y sont internées en tant que résistantes ou juives. La prison comporte 127 cellules, dont 122 de 4m², mais elle est vite surpeuplée. D’autres bâtiments de la prison vont alors servir de cellules collectives. Dans les cellules de 4m² également, les détenus s’entassent.

Hommes et femmes sont dans des cellules séparées. Lorsque Faïga et Maurice Eisner arrivent dans la prison de Montluc, ils sont donc séparés et enfermés dans des cellules collectives, mais nous n’avons pas d’informations supplémentaires sur les numéros exacts de leurs cellules.

Début juillet 1944, Faïga et Maurice sont appelés « avec bagages », une formule employée par les soldats allemands pour indiquer un départ de la prison. Avec d’autres internés, ils sont transférés en train au camp de transit pour Juifs de Drancy, près de Paris. À leur arrivée, ils reçoivent un matricule. Celui de Faïga est le 24.826. Là aussi les hommes et les femmes sont dans des dortoirs séparés. Si Faïga ne déclare ni argent ni bijoux à l’entrée du camp, Maurice laisse 9.455 francs à la « fouille », indique un reçu de Drancy conservé aux Archives nationales.

Faïga et son mari restent au camp de Drancy du 4 juillet au 31 juillet 1944. À cette date, le couple Eisner est déporté avec 1304 autres personnes dans le convoi 77, qui arrive à Auschwitz-Birkenau dans la nuit du 3 août, après un voyage terrible, quasiment sans eau ni nourriture, dans des wagons à bestiaux, sans possibilité de faire circuler l’air en cet été très chaud et dans des conditions d’hygiène épouvantables. Plusieurs déportés sont morts durant le trajet.

En l’absence de preuves que Faïga Eisner soit entrée dans le camp de Birkenau pour y travailler, on présume qu’elle a été assassinée et gazée dès son arrivée, sélectionnée pour la chambre à gaz. Son décès est établi au 5 août 1944, deux jours après son arrivée à Auschwitz-Birkenau, 5 jours après son départ de Drancy.

Son mari, Maurice, selon un médecin lyonnais qui était avec lui, serait mort en septembre 1944 lors d’une « sélection » pour la chambre à gaz. Cela veut dire qu’il a sûrement été sélectionné à son arrivée pour le travail forcé dans le camp.

5. Reconnaissance du décès : démarches – recherches (Emma)

Lorsque la guerre est terminée, Rosa Eisner, une des enfants du couple, cherche ses parents parmi les personnes qui reviennent des camps. Elle envoie des demandes au Mouvement national contre le racisme « Fraternité » de la région lyonnaise qui fait circuler la demande dans un courrier daté du 13 mars 1946[6]. Les informations données sont celles que Rosa sait ou a réussi à récupérer :

  • Arrêtés le 13 juin 1944
  • Internés à Montluc
  • Transférés à Drancy
  • Déportés le 31/07/44 pour Auschwitz comme Israélites.

Ne les voyant pas rentrer au bout de quelques mois, Rosa, qui réside chez Mme Dumarky 11 rue de Crimée, à Lyon 4e, va alors entreprendre des démarches pour prouver que ses parents sont décédés en déportation.

Elle envoie, le 25 mars 1948[7], une demande au ministère des Anciens Combattants, en vue d’obtenir la régularisation de l’état civil d’une personne non rentrée. Le 4 mai 1948 ce ministère acte la disparition de Faïga Eisner. Ce document permet à sa fille d’obtenir ensuite un jugement déclaratif d’absence qui peut se transformer en jugement déclaratif de décès au bout de 5 ans si le disparu n’est toujours pas revenu (en partant du jour exact de sa disparition) ou un jugement déclaratif de décès (si le disparu est de nationalité française).

Le 11 mai 1949, le ministre des Anciens Combattants et victimes de guerre annonce n’avoir aucune information nouvelle sur le sort de Faïga Eisner, hormis son passage à Lyon puis à Drancy et, enfin, son arrivée à Auschwitz. En raison de ce manque d’informations, et puisque la demande consiste à fixer une date de décès, l’administration calcule approximativement que le trajet de Drancy à Auschwitz est d’environ 5 jours. Ce type de calcul est appliqué pour donner une date de décès des déportés non revenus de moins de 14 ans et à ceux de plus de 55 ans, car ces personnes avaient très peu chances d’entrer dans le camp de concentration d’Auschwitz. Ainsi, par jugement déclaratif du 21 juin 1949, l’acte de décès de Faïga Eisner indique le 5 août 1944 à Auschwitz-Birkenau. L’acte est transcrit en mairie de Lyon le 4 août 1949[8]. Les témoignages des survivants attestent cependant que les déportés conduits à la chambre à gaz ont été exterminés le jour de leur arrivée, soit le 3 août 1944.

6. Démarches pour obtenir la mention « Mort en déportation » et « Mort pour la France » (Sirine, Ritedj, Melek)

Rosa Eisner, qui après son mariage s’appelle désormais Rosa Vogel, a été une infatigable porteuse de la mémoire de la déportation de ses parents.

Elle entreprend également des démarches visant à obtenir pour eux la mention « Mort en déportation ». Le 13 mars 1957, elle demande l’acte de disparition de ses parents. Cette démarche s’inscrit dans un processus plus large visant à obtenir des indemnités que la République d’Allemagne Fédérale doit verser aux survivants des camps ou à leurs ayant-droits, en vertu des dommages de guerre. Rosa doit établir un dossier pour le consulat d’Allemagne en France qui est chargé de recueillir les demandes. À ceux qui auront apporté les preuves nécessaires, une somme forfaitaire et unique sera versée.

Ce même 13 mars, Rosa s’est renseignée pour savoir comment obtenir une carte de Déporté Politique à titre posthume pour ses parents. En dépit de la réponse détaillée du chef du bureau des Déportés et des statuts divers, il ne semble pas que Rosa ait fait les démarches, aucun dossier sur cette question n’ayant été trouvée (jusqu’à présent) dans les archives de la DAVCC à Caen.

Cependant, après avoir obtenu la reconnaissance de décès de sa mère, Rosa Vogel a entrepris également une procédure pour obtenir la mention « Mort pour la France » pour ses parents. Le 6 janvier 1961, elle adresse une lettre officielle au ministre des Anciens Combattants pour solliciter l’attribution de cette mention. Cette démarche fait partie de son engagement pour obtenir une reconnaissance complète du statut de victimes de ses parents durant la Seconde Guerre mondiale.

Cependant, sa demande a été rapidement rejetée. Les autorités françaises justifient leur décision en soulignant plusieurs critères administratifs. La mention « Mort pour la France » est attribuée à une personne lorsque son décès est dû à un fait de guerre.

Cette mention est réservée aux personnes nées en France ou naturalisées françaises. Après la Seconde Guerre mondiale, des exceptions existent : c’est le cas des étrangers, juifs ou non, qui ont été résistants contre l’ennemi et peuvent le prouver par le titre de Déporté Résistant ou l’attestation de leur action résistante par des chefs de réseaux reconnus – ce qui n’était pas alors le cas pour les réseaux juifs de résistance.

Faïga et Maurice Eisner n’ayant pas été arrêtés pour des faits de résistance à l’ennemi et n’ayant pas acquis la nationalité française, bien que leurs enfants nés en France soient français, ils ne sont donc pas éligibles à cette mention, qui n’est pas seulement honorifique, car elle peut apporter aux descendants quelques avantages.

Le 15 mai 1985, le président de la République française François Mitterrand, avait promulgué la loi 85-528 qui « dispose que pour toute personne déportée et décédée durant la Seconde Guerre mondiale, la mention « Mort en déportation » soit portée sur l’acte de décès ». Rosa a donc entrepris des démarches pour faire apposer cette mention sur l’acte de décès de ses parents. Ainsi, elle envoie un dossier avec tous les documents justificatifs au secrétariat d’État aux Anciens Combattants, accompagné d’un bordereau demandant l’attribution de la mention « mort en déportation ». Après un long processus administratif, la décision d’attribuer cette mention est prise et publiée au Journal Officiel le 12 août 1987. Le 29 novembre 1988, la mairie du 2e arrondissement de Lyon est informée, et le 21 décembre 1988, l’inscription de cette mention est ajoutée à l’acte de décès officiel de Faïga.

Enfin, en parallèle, le 29 décembre 1974, Rosa Vogel se rend à l’institut Yad Vashem à Jérusalem, en Israël. C’est un lieu en mémoire des Juifs victimes de la Shoah durant la Seconde Guerre mondiale. Elle y remplit une feuille de témoignage au nom de ses parents. Cet acte témoigne de la reconnaissance de Faïga Eisner comme victime du génocide et lui redonne une identité.

En revanche, les démarches de Rosa Vogel, qui a porté plainte en 1973 dans le cadre d’un procès collectif contre le chef de régional du deuxième service de la Milice à Lyon, Paul Touvier, n’ont pas abouti. La mémoire d’une adolescente de 14 ans n’a pas été jugée fiable !9 Rosa s’est également constituée partie civile en 1987 au procès contre Klaus Barbie, représentée par Maître Cohendy.

Le nom de Faïga Eisner figure sur le mur des noms au cimetière israélite de Gerland à Lyon.

Notes & références

[1] L’UGIF, créée par le gouvernement de Vichy le 29 novembre 1941, est censée apportée et aide et soutien aux Juifs en France, qui sont tous tenus d’y adhérer. Elle récupère les biens des autres associations juives, qui ont été dissoutes. Les administrateurs, juifs, sont nommés par le Commissariat général aux Questions juives (CGQJ), relais des nazis auprès de l’administration française. Son rôle a été controversé, certains l’ayant accusée après la guerre d’avoir servie de courroie de transmission de la politique antisémite du gouvernement. Les enfants dont l’UGIF avait la responsabilité en région parisienne ont presque tous été raflés et déportés par le convoi 77 ; comme Faiga et Maurice.

[2] Rosa Eisner, la fille de Maurice et Faiga qui a assisté à la scène, a été l’une des personnes qui ont porté plainte contre Paul Touvier, en 1973. Elle raconte l’intrusion des deux hommes dans la loge du concierge (cf. infra), dont « un blond au regard si dur ». Dans un courrier au procureur de la République, elle dit l’avoir reconnu sur une photo publiée dans La Tribune juive, lettre reproduite sous le titre « Nouvelle plainte contre Paul Touvier », in Notre volonté, octobre 1973, p. 2. Le 13 décembre 1979, écrit Le Monde du 17 décembre, Rosa est entendue par le premier juge d’instruction à Paris dans l’information ouverte contre Paul Touvier. Après la décision de la cour d’appel de Paris de ne pas incriminer Paul Touvier de crime contre l’humanité, qui remettait en cause son témoignage parce qu’elle n’avait que 14 ans et confondait des noms de notables juifs, ce que la cour de Cassation confirme en novembre 1992. Paul Touvier sera à nouveau jugé uniquement en raison d’assassinat de « sept personnes d’origine juives à Rillieux-la-Pape les 28 et 29 juin 1944 ».

[3] http://www.judaisme-alsalor.fr/histoire/rabbins/kaplan/lyon.htm. Ce sermon a été reproduit dans l’ouvrage du Grand Rabbin Kaplan Les temps d’épreuve, Ed. de Minuit, 1952.

[4] In Dossier DAVCC Maurice Isaac Eisner 21 P 447 185.

[5] https://yadvashem-france.org/dossier/nom/9129/

[6] SHD de Caen DAVCC, Dossier 21 P 447184 au nom de Faiga Eisner née Marmersztajn.

[7] Demande de Rosa Vogel afin d’obtenir la régularisation de l’état civil d’un non rentré envoyé au ministère des anciens combattants et victimes de la guerre, 25 mars 1948 © SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21 P 447184.

[8] SHD de Caen DAVCC, Dossier 21 P 253306 au nom de Faiga Eisner née Marmersztajn.

Contributeur(s)

Biographie réalisée lors de l'année scolaire 2024-2025 par les élèves de troisième du Collège Gilbert-Dru à Lyon 3e, dans le cadre du projet de l’atelier mémoire encadré par leur professeure d’histoire Mme Foselle.

Reproduction du texte et des images

Toute reproduction même partielle d'une biographie doit donner lieu à un accord préalable par écrit de l'association. Pour demander une autorisation, merci de remplir le formulaire ci-dessous : Formulaire

Pour toute utilisation d'une image provenant du Service Historique de la Défense (SHD), merci de vous rendre sur leur service en ligne "Demander une reproduction".

Aucun commentaire

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

hébergement Umazuma - OVH

Se connecter

Oubli de mot de passe ?