Henriette ALLOUCHE

1900-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Henriette ALLOUCHE

La biographie que vous allez lire a été rédigée par Marine Casalini, Valentin Regourd, Katerina Jerabek et Arwen Leroy, élèves de 1ère du lycée du Val d’Argens du Muy durant l’année scolaire 2023-2024, encadrés par Myriam Lequimener, enseignante d’histoire-géographie.

Source Photo : fascicule édité par Jean Laloum, page 27

Des recherches sur internet et l’intervention de Monsieur Jean Laloum nous ont permis de retrouver la trace de Huguette Binesti, fille d’Henriette Allouche (née Bouskila) et sœur de Cécile Delugin (née Allouche). Elle nous a ensuite mis en relation avec Monique Delugin, sa nièce, petite-fille d’Henriette et fille de Cécile. Nous les remercions infiniment pour toute l’aide qu’elles nous ont apportée en nous fournissant de nombreux détails et intervenant auprès des élèves de notre lycée.           Notre travail s’est appuyé sur des documents provenant du Mémorial de la Shoah et du Service Historique de la Défense de Caen.

Nous vous présentons ici la biographie de Henriette Allouche (née Bouskila) et vous trouverez également la biographie de sa fille, Cécile Delugin sur le site Convoi 77.

***************

Ouraïda Henriette Bouskila est née à Constantine le 22 décembre 1900, d’Isaac Bouskila, tailleur d’habits et de Reina Allouche, couturière. Les jeunes années d’Henriette ne nous sont pas connues. Nous savons qu’elle s’est mariée le 9 janvier 1924 à Constantine avec un cousin, Lucien Khalfallah Allouche né lui aussi à Constantine, le 19 février 1902.  Ils vont avoir trois filles : Cécile nait le 3 mai 1928, Eliane le 6 mai 1934 et Huguette le 24 mai 1937.

A la fin de l’année 1937, le couple s’installe à Paris d’abord rue des Jardins Saint-Paul, puis au 25 rue des Écouffes. Lucien est peintre en bâtiment et Henriette s’occupe de ses filles. La famille ne s’inquiète pas du début de la guerre. Lucien est mobilisé en 1939 mais il est renvoyé dans ses foyers après l’armistice. Avec le début de l’Occupation, il cherche à s’employer où il peut. Le 7 octobre 1940, le gouvernement de l’État français abroge le décret Crémieux qui avait accordé la citoyenneté française aux juifs d’Algérie. La famille est dès lors réduite au statut de « sujet », celui des indigènes de toutes les colonies françaises. C’est aussi le début de l’application des mesures discriminatoires : recensement, marquage des papiers officiels, port de l’étoile jaune… Toute une législation qui enserre les familles juives françaises comme celle d’Henriette Ouraïda comme dans un filet. Seule note d’espoir, en janvier 1942, Gérard, le quatrième enfant du couple, nait.

Un jour de 1943, on frappe à leur porte. C’est un policier français accompagné d’un policier allemand. Huguette avait alors six ans et Éliane huit ans, Cécile était au lycée. Les policiers ouvrent un registre de soixante centimètre de haut, très épais et commencent à poser des questions et à demander à Henriette de vérifier les noms de tous les membres de la famille. Étant illettrée, c’est sa fille Huguette – que nous avons rencontrée – qui a lu. En effet, Huguette et Éliane savaient bien lire car elles prenaient part à l’étude du soir au Marais menée par Sœur Agnès (la religieuse qui les aidera par la suite). Finalement, au moment de partir, le policier français dira à Henriette de cacher les enfants et vite.

A partir de ce moment-là, la famille se disperse et se cache avec de faux papiers. Henriette et Lucien étaient cachés en banlieue, à Saint-Cloud, à une trentaine de kilomètre de Paris dans une famille. Elle était la cuisinière, Lucien le jardinier et l’homme à tout faire. Gérard, le petit dernier, avait été confié à une personne qui s’était assurée qu’il soit opéré des jambes car il avait les jambes en cerceau. Il a été hospitalisé à l’hôpital Rotschild et devait rester quelque temps là-bas avec les jambes dans le plâtre. C’est en allant le voir à l’hôpital le 22 juillet 1944 que la fille ainée, Cécile, s’est fait arrêter à la sortie du métro. Malheureusement, elle avait l’adresse de ses parents sur elle. La police française s’est donc rendue 8 rue de Garches à Saint-Cloud et a arrêté Henriette, Lucien mais aussi la famille qui les avait cachés. Henriette a été détenue trois jours au commissariat avec son mari. Ils ont ensuite été transférés Rue des Saussaies dans un immeuble où la Gestapo menait des interrogatoires et infligeait la torture à des prisonniers. Le 26 juillet, Lucien meurt après avoir été torturé et défenestré. Le même jour, Henriette est internée à Drancy où elle retrouve sa fille Cécile. Le 31 juillet, la mère et la fille ont été déportées à Auschwitz. Les Allouche apprendront plus tard que la famille qui les avait cachés a été fusillée.

Dans le train, dans le wagon à bestiaux où ils étaient entassés, les déportés étaient tellement serrés et emplis de peur que Cécile avait planté ses ongles dans l’épaule de sa mère. En sortant du train, elles se sont pris des coups de schlague, c’est-à-dire de matraque. Considérée comme inapte au travail, Henriette a été tout de suite emmenée vers les chambres à gaz tandis que Cécile a été envoyée dans un baraquement pour travailler.

En 1946, la disparition d’Henriette est reconnue par le Ministère des Anciens Combattants et des Victimes de guerre. Il est inscrit sur son dossier qu’elle a été une « déportée raciale » et que les conditions de sa disparition donnent le droit de la considérer comme « Morte pour la France ».

Nous avons eu le privilège d’interviewer sa troisième fille qui était si jeune à l’époque de la mort d’Henriette et d’avoir également recueilli le témoignage de sa petite-fille qui ne l’a connue qu’à travers les rares et précieux récits de sa mère. Cela a été très émouvant. Avec cette biographie, nous espérons participer à conserver Henriette Ouraïda Bouskila épouse Allouche dans la mémoire des Hommes.

Contributeur(s)

Biographie rédigée par Marine Casalini, Valentin Regourd, Katerina Jerabek et Arwen Leroy, élèves de 1ère du lycée du Val d’Argens du Muy durant l’année scolaire 2023-2024, encadrés par Myriam Lequimener, enseignante d’histoire-géographie.

Reproduction du texte et des images

Toute reproduction même partielle d'une biographie doit donner lieu à un accord préalable par écrit de l'association. Pour demander une autorisation, merci de remplir le formulaire ci-dessous : Formulaire

Pour toute utilisation d'une image provenant du Service Historique de la Défense (SHD), merci de vous rendre sur leur service en ligne "Demander une reproduction".

Aucun commentaire

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

hébergement Umazuma - OVH

Se connecter

Oubli de mot de passe ?