Marguerite HERSCHER
Photo extraite du livre LALOUM Jean, La maison des enfants de Saint-Mandé, UGIF n° 64 1943-1944, Les éditions Polyglottes, 1994
Pendant plusieurs mois, nous sommes partis à la recherche de Marguerite Herscher, une petite fille née à Lens et assassinée à Auschwitz comme toute sa famille.
Nous avons essayé de retracer son terrible parcours.
Nous ne savons presque rien de sa vie quotidienne de petite fille.
Prenez le temps de lire ce que nous avons pu écrire de son histoire.
Nous espérons qu’elle trouvera une petite place dans votre mémoire.
Aimy, Alicia, Angelina, Anton, Cassie, Chimène, Emmy, Orlane, Léa, Lisa,
Manon, Maria, Melissa, Mokrane, Océana et Océane, de la classe APH1.
La famille de Marguerite est originaire de Pologne et de Hongrie.
Devant la montée du nazisme, ses parents, Mathias et Sarah, traversent l’Europe pour s’installer en France et y fonder une famille.
Mathias et Sarah se marient à Roubaix le 17 juillet 1926.
Cécile, la sœur aînée de Marguerite, naît le 26 juillet 1927 à dans cette ville.
Odette, la sœur cadette, naît à Paris le 9 juin 1929.
Nous ne savons pas à quelle date la famille s’installe à Lens.
Marguerite naît le 5 août 1935 au 28 de la rue François Gauthier.
Nous savons seulement que les trois sœurs étaient scolarisées à l’école près de chez elles et que plus aucun membre de la famille n’est encore à Lens lors de la rafle du 11 septembre 1942.
Nous ignorons comment ils ont fui Lens et s’ils étaient ensemble lors de leur fuite.
Nous nous sommes rendus devant la maison où est née Marguerite.
La maison est faite de briques.
Elle se situe à l’angle des rues François Gauthier et Anatole France, entre la gare et l’école où Marguerite et ses sœurs étaient scolarisées avant de fuir Lens.
Aujourd’hui, la façade est peinte en rose clair.
Nous retrouvons la trace de Marguerite et de sa famille dans un petit village de Dordogne : Saint-Privat-des-prés.
Mais nous ne savons pas comment ils ont fait ce long chemin – plus de 700 km – pour franchir la ligne de démarcation et arriver jusque-là.
Les trois sœurs étaient scolarisées dans l’école du village et Odette y a même obtenu son certificat d’études.
Mathias, leur père, et Sarah, leur mère sont arrêtés au cours de l’année 1942. Marguerite, Odette et Cécile sont seules à Saint-Privat. Nous ne savons pas qui les a cachées, qui s’est occupé d’elles.
Lorsqu’Odette et Cécile sont arrêtées à leur tour en 1944, Marguerite reste seule dans le petit village jusqu’à son arrestation.
Sarah, la mère de Marguerite, est déportée le 4 novembre 1942 à Auschwitz par le convoi n°40 depuis le camp de transit de Drancy.
Nous supposons qu’elle a été arrêtée à Saint Privat lors de la rafle du 8 octobre 1942 qui a eu lieu dans toute la région.
Nous savons qu’elle a été internée quelques temps à Angoulême, dans une école de musique qui avait été transformé en prison pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Nous ne savons encore rien de l’arrestation de Marguerite en 1943.
Nous retrouvons sa trace sur un document du camp de concentration de Poitiers datant du 26 mai 1943, jour où elle est conduite au camp de Drancy.
Elle ne reste là que 3 jours : elle est libérée grâce à l’intervention de l’Union Générale des Israélites de France, car elle est une enfant isolée, c’est-à-dire qu’elle est là sans ses parents.
Elle est recueillie dans une maison d’enfants, à Louveciennes, puis dans une autre, à Saint-Mandé, près de Paris.
Le 22 juillet 1944, tous les enfants du foyer de Saint-Mandé ainsi que la directrice sont raflés et conduits au camp de Drancy. C’est la 2ème fois pour Marguerite.
Marguerite est déportée le 31 juillet 1944 à Auschwitz par le convoi n°77.
Marguerite n’a sans doute jamais su ce qui était arrivé à ses parents et à ses sœurs.
Elle n’a sans doute jamais su qu’eux aussi avaient été assassinés à Auschwitz comme près de 6 millions de Juifs d’Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Nous espérons que le destin de la famille Herscher vous touchera aussi et que vous vous vous souviendrez de la petite Marguerite, née à Lens et assassinée à Auschwitz à l’âge de 9 ans.
Nous avons l’espoir d’en apprendre plus sur le destin de Marguerite !
Monique Hédacq, qui nous a apporté une aide très précieuse lors de nos recherches, a retrouvé la trace d’un enfant juif caché avec Marguerite à Saint Privat.
Il a échappé à la rafle qui a mené Marguerite à Auschwitz.
Il se prénomme Sali, il a aujourd’hui près de 90 ans et vit aux États-Unis.
Les souvenirs de cette époque étaient enfouis depuis longtemps dans sa mémoire mais il commence à retrouver lui aussi des traces de ce qu’il a vécu avec Marguerite…
Ce dernier convoi en partance de la gare de Bobigny comporte 1306 déportés dont 324 enfants. 125 enfants déportés sont âgés de moins de 10 ans. Il y a 18 nourrissons. 223 enfants viennent des centres UGIF de la région parisienne; leurs parents ont souvent été déportés avant eux mais ils l’ignorent.