Minna BARGEBOER (1867-1944)
Minna Bargeboer, née Kirchheimer, était une femme juive, d’origine allemande, de nationalité hollandaise, qui a vécu les tragédies de la Seconde Guerre mondiale. Déportée en 1944, elle a trouvé la mort à Auschwitz après avoir été arrêtée en France. Son histoire illustre le destin tragique de nombreuses victimes de la Shoah.
Minna naît le 7 octobre 1867 à Nieheim, en Allemagne (Rhénanie du Nord-Westphalie). Elle est la fille de Sandel Kirchheimer (1831-1909), boucher, et de Jetta (Julie Gelle) Grünewald (1839-1922). Elle a quatre sœurs et quatre frères. Il reste peu de survivants après la guerre.
Le 3 mai 1893, elle épouse à Nieheim Abraham Bargeboer, un négociant en bestiaux, qui est né le 9 août 1868 à Winschoten, aux Pays-Bas[1].
Minna et son mari Abraham ont vécu en Allemagne avant de s’installer en France. En 1927, ils s’établissent définitivement à Nice, où ils mènent une vie paisible jusqu’à l’occupation allemande.
En 1939, alors que la guerre éclate, ils continuent de vivre dans leur appartement au 53 boulevard Victor-Hugo à Nice, mais la répression nazie va bientôt les rattraper.
Le 23 janvier 1944, Minna et Abraham Bargeboer sont arrêtés brutalement par la Gestapo dans leur appartement niçois. Ils sont séparés et emmenés dans deux voitures distinctes.
Selon une première version, Abraham Bargeboer aurait tenté de s’évader lors du transfert, mais est abattu par une rafale de mitraillette. Selon une seconde version, son corps aurait été retrouvé pendu en prison (officiellement déclaré suicide, possiblement sous la torture[2]). Il est inhumé au cimetière d’Orry-la-Ville, dans l’Oise, dans un carré dédié aux Néerlandais qui ont perdu la vie en France durant la Seconde Guerre mondiale[3].
Quant à Mina, elle est conduite vers un autre lieu inconnu et ne sera jamais revue par ses proches.
Après son arrestation, Minna est envoyée au camp de Drancy, un centre de transit pour les Juifs avant leur déportation vers Auschwitz.
Le 31 juillet 1944, elle est embarquée dans un convoi à destination d’Auschwitz. A-t-elle survécu à la dureté du transport (chaleur, absence d’eau, entassement dans un wagon à bestiaux, sur la paille, avec 59 autres personnes) ? De nombreuses personnes âgées ou malades n’ont pas supporté et sont mortes durant le transport. En raison de son âge, 76 ans, si elle était encore vivante à l’arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau dans la nuit du 3 au 4 août, elle a immédiatement été dirigée vers les camions qui l’ont emmenée vers les chambres à gaz avant que son corps ne soit brûlé dans un four crématoire du camp.
La date de son décès sera fixée par convention, comme celle des autres victimes du convoi 77 dont personne n’a eu de nouvelles après la fin de la guerre, au 5 août 1944.
Les biens du couple ont été saisis, dont un tableau anonyme de l’école néerlandaise du milieu du XVIIe siècle intitulé « Bateaux sur une mer agitée près d’une côte rocheuses », qui figure sur la liste de la « caisse n° 5 des biens saisis par les agents de l’ERR Südfrankreich dans le cadre de l’Aktion Nizza menée sur la Côte d’Azur »[4], selon la notice du ministère de la Culture https://pop.culture.gouv.fr/notice/mnr/MNR00645
La description se poursuit ainsi : « Lors de la débâcle allemande, le tableau est transféré sous le numéro 32 au château de Kögl. Le 15 mars 1946, il est transporté au Central Collecting Point de Munich, enregistré sous le numéro 21031/2 et doté d’une Property Card.
Le tableau est rapatrié en France par un convoi en provenance de Munich le 25 septembre 1947, à destination du siège de la Commission de récupération artistique. Il est retenu lors de la sixième commission de choix des œuvres de la récupération artistique du 29 mai 1951, puis attribué au musée du Louvre (département des Peintures) par l’Office des Biens et Intérêts Privés la même année.
Il est déposé au Mobilier national de 1959 à 1976. Le dépôt prévu au musée-château de Dieppe en 1980 s’effectue d’abord de juin 1983 à 1989, puis est renouvelé à cette date par un nouvel arrêté. Il s’y trouve encore aujourd’hui, en attente de sa restitution.
En 2022, Le Quotidien de l’Art annonce que la toile va être remise aux ayants droit des époux Bargeboer.
Notes & références
[1] https://www.jacob-pins.de/?article_id=475&clang=0
[2] Maitron des Fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés, 1940-1944. Accès en ligne : https://fusilles-40-44.maitron.fr/bargeboer-abraham
[3] Find a grave, https://fr.findagrave.com/cemetery/2633839/orry-la-ville-netherlands-field-of-honour
[4] Bundesarchiv (Coblence), BAK B323/562, B323/673, B323/698, B323/314 et B323/624 : « Property Card », le nom du propriétaire est orthographié par erreur « Bergebauer » et non « Bargeboer ». Voir également les archives américaines : www.fold3.com/image/293340618 ; ainsi que AN AJ/38/1323 : Fichiers de l’aryanisation économique de la région de Nice par adresse ; AN RF/9/5678 : Fiches du camp de Drancy ; AN AJ/38/3988 : Dossiers de la Direction régionale du CGQJ de Nice, et AN 19940508/0151 : Fonds de Moscou, fichiers de la Sûreté nationale.
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