Sarah ROTTMAN
Les biographies de Mireille et Sarah Rottman ont été le sujet de recherches effectuées par les élèves de Seconde puis 1re ASSP du LPP Simone Dounon, 58200 Cosne Cours sur Loire.
Cette enquête historique leur a été proposée par Mme Marie-Line Gauthier, leur professeur d’Histoire-Géographie et de Français. Le travail historique a aussi donné lieu à un atelier d’écriture. Les élèves ont imaginé puis découvert la vie de Sarah et de Mireille…
Sarah Rottman née le 21 Février 1914 à Paris, arrêtée à Romainville et décédée le 5 août 1944 à Auschwitz (à noter que le nom de famille de Sarah et de Mireille peut également être orthographié Rottmann)
Née le 21/02/1914 à Paris, Sarah ROTTMANN réside au 1, rue les Ceps à Bourges (Cher). Elle est la mère de Mireille, et la sœur d’Albert Rottmann. Sarah est déportée avec sa fille de Drancy vers Auschwitz par le convoi n°77 du 31 juillet 1944.
Mireille Rottman née le 7 septembre 1931 à Paris, arrêtée à Bourges (18) et décédée le 5 août 1944 à Auschwitz
Les visages de Sarah et Mireille ont très vite été trouvés sur le site du Mémorial de la Shoah. La mère et la fille étaient toujours présentes dans la salle de classe. Elles vivaient avec nous. Nous avons retrouvé le frère de Sarah : Albert Rottman et nous avons pu lui parler par téléphone. Ce fut un moment très émouvant. Il n’habitait pas très loin du lycée, à une heure de route dans l’Yonne. Nous espérions pouvoir le rencontrer mais ce fut impossible pour des raisons de santé. Par contre, Mme Soirat, fille d’Albert et nièce de Sarah est venue jusqu’à nous. Elle a pu nous en dire davantage sur sa tante. Cependant cette histoire familiale avait longtemps été niée par ses parents et certaines zones d’ombres subsistaient.
Avant la guerre
La famille Rottman était composée de :
Anna Mintz, épouse Rottman couturière, elle venait de Riga (Lettonie) pour fuir les pogroms. Avec son premier mari, elle avait déjà eu deux fils en Angleterre, l’un d’eux a péri sur le Titanic.
Froïm Rottman, maroquinier, et leurs enfants : Henriette (née en 18), Simone (née en 21), Sarah (née en 14) et Albert (né en 24).
La famille a vécu 23 rue Vieille-du-Temple comme l’atteste l’acte de naissance de Sarah.
Les photos de Sarah enfant fournies par Mme Soirat la montrent en communiante mais sans livre de messe à la main.
La famille ne pratiquait pas la religion juive et Sarah se faisait appeler Suzanne. Prénom que l’on retrouve sur sa carte d’identité de famille nombreuse :
Elle a dû fréquenter une des maisons d’éducation de la légion d’honneur ou tout simplement porter la décoration d’un parent pour une photographie.
Il s’agit de la médaille d’un chevalier de la légion d’honneur mais nous n’avons pas retrouvé qui l’avait reçue dans la famille. Nous savons que le père a été blessé et gazé durant la première Guerre Mondiale.
Nous avons été frappés par la beauté de Sarah, son allure. Elle respirait la vie. Le reçu de fouille à Drancy dresse la triste liste de ce qu’elle portait sur elle.
Reçu N° 24684 : – 7000 francs – une montre bracelet -une broche – une médaille – deux bagues dont l’une avec pierre.
Cette élégance s’expliquait par le fait qu’elle était couturière, comme sa mère.
Une photographie prise à l’occasion de la Sainte Catherine la montre avec ses amis, costumée pour l’occasion (Elle avait donc au moins 25 ans et était déjà maman). Elle aurait pu être prise le 25 novembre 1939 au début du conflit. Son chapeau arbore des ciseaux de couturière.
Mireille
Sarah habite alors au 137 boulevard de l’Hôpital, à Paris. Sarah est « fille-mère », ce qui était une situation peu enviable à l’époque.
Pourtant la mère et la fille posent avec les autres femmes de la famille, ce qui montre qu’elles entretenaient de bonnes relations.
Durant l’occupation, Sarah/Suzanne et sa fille ont vécu à Bourges.
Albert, son frère engagé dans la Résistance sur Châteauroux et Saint-Amand-Montrond lui rendait visite régulièrement. Peut-être est-ce là que cette photo a été prise.
Moment heureux où la mère et la fille partageaient la joie d’être à la campagne. Visiblement d’autres enfants jouaient avec Mireille. Elle tient dans ses bras une jolie poupée et rayonne de bonheur.
Et puis Sarah a dû repartir travailler à Paris en confiant sa petite Mireille à une nourrice. Elle versait à cette dernière une pension. Malheureusement, lorsqu’elle a été arrêtée, les versements ont pris fin et la nourrice aurait dénoncé Mireille. La petite fille a été expédiée à Drancy où elle a retrouvé sa maman.
C’est la grand–mère de Mireille qui avait survécu cachée durant toute la guerre qui a fait les déclarations de déportations.
Les archives de Yad Vashem à Jerusalem nous ont fourni les documents de transport jusqu’au camp d’Auschwitz :
Wagon de transport à Birkenau
Certificat ITS (archives allemandes sur la pérode nazie, Bad Arolsen) pour Mireille
La page de témoignage pour Yad Vashem a été établie par Xavier Messalati en Israël. Nous n’avons pas trouvé de témoignage pour Mireille.
Le mur des noms au Mémorial de la Shoah.
Rencontre avec Serge Jacubert pour présenter nos premières recherches.
Rencontre avec Mme Soirat, nièce de Sarah Rottmann.
Qu’emportaient les déportés ? Qu’imaginaient-ils ? Nous avons tenté de nous mettre à leur place. Avec les enseignants des matières professionnelles, nous avons aussi réfléchi sur les conditions de transport et la déshumanisation.
Quelques carnets du voyage de Mémoire présentés à l’occasion de notre exposition restitution convoi 77
Dessin d’Estelle Mouligneaux Voyage de Mémoire à Auschwitz Birkenau 2018
Lors de notre visite du camp nous avons pu organiser une cérémonie à la mémoire de Sarah et Mireille. Elles vivront à jamais dans nos mémoires et surtout nos cœurs.