Schabse FANCHEL
Schabsé Fanchel et les siens, 1880-1944, Convoi 77
Schabsé source : Généanet
A la fin de l’hiver 2004, il y a un peu plus de 20 ans, Ida Grinspan était venue témoigner auprès des classes de 3e, à ma demande. J’étais alors un très jeune professeur d’histoire dans un collège de banlieue.
A cette occasion, Ida avait parlé avec un de mes élèves, Andersen Nshimiye, mineur isolé tutsi âgé de 19 ans, qui avait perdu son père, tué au Rwanda, et dont la famille avait été dispersée. Ils avaient parlé longuement, deux rescapés de génocides du monde contemporain.
Depuis plusieurs années, passionnée de micro-histoire, j’ai mené avec mes classes, en binôme avec ma collègue Aurélie Trinkwell, des projets reposant sur l’histoire locale : l’histoire du dernier poilu brévannais, les faits de résistance dans la commune, la création par mon mari d’une base de données sur les déportés brévannais et plus récemment le Convoi 77, et la famille Fanchel, pour laquelle il a effectué un énorme travail de recherche dans les différentes archives de la ville de Paris.
Entre octobre 2024 et janvier 2025, la classe de 4eC a travaillé sur la biographie de Schabsé Fanchel, père de famille déporté par le convoi 77, ce convoi qui a causé la mort du père d’Ida Grinspan.
J’ai voulu partager avec cette classe le travail de recherche de plusieurs années pour qu’ils acquièrent une méthodologie de la recherche aux archives et qu’ils s’approprient l’histoire de leur territoire, afin de la replacer dans le contexte des migrations à l’échelle de la planète.
D’une certaine façon, il s’agit aussi de rendre leur histoire à la famille Fanchel dont plus aucun membre ne subsiste.
La problématique donnée aux élèves dans le cadre du projet a été la suivante :
Comment les migrations passées et présentes et les trajectoires individuelles peuvent-elles être des clés de lecture de notre territoire ?
En 2019, les archives du Convoi 77 m’ont transmis 3 noms : Nathan Potzeha, Regina Potzeha et Schabsé Fanchel.
Nathan et Regina sont inscrits sur le monument aux morts de la commune avec le titre de Mort pour la France. Mais pas Schabsé.
Avec mon époux, nous avons mené des recherches L’histoire de Schabsé, ainsi que celle de sa famille, témoignent des parcours migratoires de nombreuses familles d’Europe de l’Est chassées par l’antisémitisme.
Qui était Schabsé ?
Schabsé FANCHEL (le père), est né le 05/03/1880 à Schornmans en Russie.
Il est le fils de Mathous Fanchel et de Hona, ou Anna Tokar, venue en France avec lui.
Elle vit d’ailleurs 27, rue des Jardins Saint-Paul à Paris en 1936.
Source : recensement de 1936, archives municipales de la ville de Paris
On retrouve ce nom sur le registre d’inhumation du cimetière de Bagneux à la fin de l’été 1940.
Source : archives municipales de la ville de Paris
Schabsé exerce diverses professions : caoutchoutier, marchand de tissus et de vieux métaux, commissionnaire.
On ne sait pas exactement quand Schabsé arrive en France mais il a un premier enfant en 1911 et il se marie en 1913.
Source : archives municipales de la ville de Paris, 1913.
Il parlait sans doute yiddish avec sa femme, en témoigne la présence d’un interprète à leur mariage. Il participe volontairement à la première guerre mondiale [1]. Selon Esther BENBASSA [2] dans son Histoire des juifs de France, Paris, Seuil (coll. « Points. Histoire »), 1997, p. 251, citée par Anaëlle Riou ; au sein du convoi 77, 7 hommes de confession juive et de nationalité étrangère se sont engagés volontairement dans l’Armée française ou la Légion étrangère durant la Première Guerre mondiale : Barouch Alazraki, Sol Ange, Sigismond Bloch, Joseph Brodsky, Nissim Cambi, Schabsé Fanchel et Maurice Marian.
L’article de Philippe-Efraïm Landau sur Les Juifs russes à Paris pendant la Grande Guerre, cibles de l’antisémitisme dans la revue Archives juives de 2001 apporte quelques pistes : “La méfiance, voire l’hostilité latente à l’égard des 30 000 immigrés juifs de l’Empire russe résidant à Paris ne date certes pas du conflit. Elle s’exprime dès la décennie précédente au cours de laquelle ils sont massivement arrivés dans la capitale. Comme les autres étrangers, une simple inscription à la Préfecture de Police ou à la mairie, conformément au décret du 2 octobre 1888, leur permet de résider sur le sol français, d’y trouver un emploi et de s’intégrer. […]
Les Juifs russes, qui ont fui les mesures et les violences antisémites de l’Empire tsariste, se répartissent distinctement dans Paris. Plus de 60% des immigrés se retrouvent dans la petite industrie de la confection – dont la casquette, le vêtement et la fourrure – concentrée principalement dans le Marais et, dans une moindre mesure, à Montmartre.[…] Tout homme valide et sujet d’une puissance alliée a le choix de retourner dans son pays pour le servir ou de s’engager en France. Ainsi des bataillons russes sont-ils constitués mais, en dépit de leur popularité au sein de l’opinion française, très peu de Juifs y sont présents. […] Réfractaires, à l’évidence, à l’idée de rallier, même symboliquement, l’armée tsariste, ils témoignent en revanche de leur forte volonté de servir le pays qui les abrite car la France représente toujours un idéal. Beaucoup considèrent le conflit comme juste, libérateur et y voient un moyen de renverser l’autocratie russe ainsi que l’évoque cet appel d’août : « Nous, socialistes russes, entrons dans les rangs de l’armée française. […] La défaite de l’Allemagne et de l’Autriche sera fatalement un triomphe et une consolidation de la démocratie » […]Une fois les nationaux mobilisés, les étrangers peuvent souscrire à un engagement volontaire pour la durée de la guerre en vertu du décret du 3 août. À partir du 24 août, plusieurs milliers de Juifs s’inscrivent, soit environ 8 500 sur un total de 31 000 enrôlements d’étrangers. Le premier jour, sur 1 560 demandes, environ 900 sont faites par des Juifs russes. Dans la capitale, vingt-sept comités d’enrôlement s’adressant à chaque minorité sont créés. Sur les quatre comités russes, deux sont organisés par des Juifs. En plein quartier Saint-Gervais Amédée Rothstein, Jacques Schapiro et Haïm Cherschevski fondent celui de la rue de Jarente qui recueille près de 3 000 adhésions dont 2 000 effectuées par les Russes.
Cet autre article de Philippe-Efraïm Landau intitulé, Frères d’armes et de destin. Les volontaires juifs et arméniens dans la Légion étrangère (1914-1918), dans la revue Archives juives de 2015, apporte des précisions sur le sort des volontaires juifs russes : C’est donc en vertu des promesses émancipatrices de la guerre et de leur profond respect pour la grandeur française que ces immigrés, méprisés et massacrés dans leurs pays d’origine, se mobilisent et sont prêts à se sacrifier pour une nation qui avait su les traiter, selon Yéchiel Kogan, « comme ses propres fils ». Défilant sur la place de la Bastille et acclamés aux cris de « Vivent les Russes ! Vivent les Juifs » par les Parisiens, plusieurs centaines d’individus distribuent des affichettes en yiddish et en français où la foule enthousiaste peut lire : « Frères ! C’est le moment de payer notre tribut de reconnaissance au pays où nous avons trouvé l’affranchissement moral et le bien-être matériel. » […] Les Juifs russo-polonais et roumains partagent cet état d’esprit. Avant de tomber au champ d’honneur le 9 mai 1915 à Neuville-Saint-Vaast, Léon Litwak rédige une dernière lettre à ses amis : « Dans une heure, nous marcherons pour la France, pour les Juifs. Vive la République, vive la libre, noble et démocratique France. » Il est pourtant déçu par le peu de cas que fait la presse des exactions commises par les troupes russes sur les populations civiles juives. Mais les sacrifices consentis par ces volontaires n’impressionnent guère leurs supérieurs et les populations de l’arrière. Confiés désormais à des sous-officiers de la Légion venus d’Algérie et pleins de préjugés à leur égard, ils essuient de multiples vexations. Ruben Bercovici entend par exemple, dans une tranchée, un gradé accuser les Juifs et les Arméniens de s’être portés volontaires pour bénéficier de « la gamelle, pour bouffer »
Schabsé est naturalisé français en 1925, nous attendons de consulter son dossier de naturalisation.
Source : archives municipales de la ville de Paris,1925.
Edison : Fanchel Schabsé, marchand de chiffons, né le 5 mars 1880 à Schornmans Russie, demeurant à Paris. Il est naturalisé.
En 1926, il est domicilié 7, rue des Jardins Saint-Paul à Paris, comme l’atteste son bon de commande pour un caveau au cimetière de Bagneux.
Source : Archives personnelles de monsieur Journo, avec son aimable autorisation.
Avec Regina (Rosa), sa femme, il occupe plusieurs domiciles, dont certains simultanément : 27, rue des Jardins Saint-Paul puis, 18, Rue de Rivoli et enfin 43, rue d’Angoulème (aujourd’hui rue Jean-Pierre Timbaud), à Paris.
Il est inscrit sur les listes électorales en 1932 ce qui montre qu’il est électeur.
Source : Geneanet et archives municipales de la ville de Paris.
Le couple possédait également une maison à Brévannes, 9, avenue Allary.
Source : IGN remonter le temps.
Il était alors facile et rapide de rejoindre la campagne depuis le chemin de fer de la Bastille.
Source : Archives de la mairie de Limeil-Brévannes.
Ci dessous, le quartier de l’avenue Allary actuellement et après la Seconde Guerre mondiale :
Source : IGN remonter le temps.
Source : cadastre.
Le couple a des enfants qui portent des prénoms à consonance française : Vincent, Isaac, Berthe Odette, Claude, Suzy Clara, Maurice, Fernand, Roland et la petite Raymonde.
Certains naissent à Paris, d’autres à Brévannes, témoignant des différents lieux de vie de la famille.
Le recensement de 1926 nous apprend que Schabsé et Rosa vivaient avec la mère de Schabsé, Onna ou Hona, rue de Rivoli:
Source : recensement de 1926, archives municipales de la ville de Paris.
Il est également recensé au 43, rue d’Angoulème la même année :
Source : recensement de 1936, archives municipales de la ville de Paris.
Le couple divorce en 1929 mais leur vie commune perdure et ils auront encore plusieurs enfants.
Schabsé rencontre des difficultés professionnelles : en témoignent ses deux faillites et son homologation de concordat.
Source : Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, Gallica, 1927
Transcription : Paris le 17/08 : Schabsé Fanchel, vieux métaux, chiffons, 7, rue des Jardins Saint-Paul, 50% sans intérêts, 10% six mois après homologation, 10% 6 mois après ce premier paiement, 10% chacune des 3 années suivantes.
Faillite de 1929 (25/10/29)
Source : Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, Gallica.
Jaya
Cette archive de 1929 traite de la faillite de l’entreprise de S. Fanchel. Cette archive nous apprend que lorsque des entreprises font faillite, il est possible de solder les dettes. Il était négociant en chiffons et vieux métaux, rue des jardins Saint-Paul à Paris (archive BNF).
En janvier 1929, il achète deux lots au 14, rue des jardins Saint-Paul :
Source : Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, Gallica
Ici en 1928, on le trouve dans l’annuaire du commerce (Bottin Didot).
Source : archives de la ville de Paris.
Il possédait donc son commerce 7 et 9, rue des Jardins Saint-Paul, et sans doute des logements locatifs (comme le montre la composition de la population de l’immeuble dans les recensements de 1932 et 1936), dont il va être exproprié en 1942, ainsi que Regina. Ils étaient propriétaires de ce lieu, mais on ne sait pas s’ils ont reçu un dédommagement.
Cette adresse appartenant à l’îlot 16, elle est réquisitionnée puis Schabsé et Regina sont expropriés. On pense qu’ensuite la famille est partie à Brévannes, comme l’explique Isabelle Backouche dans Paris transformé le Marais 1900-1980 Créaphis Éditions. Elle décrit l’aménagement de l’îlot 16 comme une somme de politiques publiques entre hygiénisme et stigmatisation des familles juives.
Réquisition de 1942
Source : Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, Gallica
Expropriation de 1943
Source : Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, Gallica
Kylian : Archive d’expropriation de Schabsé et Régina des 7 et 9, rue des Jardins Saint Paul, on y indique deux autres domiciles : 18, rue de Rivoli pour Schabsé et 75, rue Saint Antoine pour Regina. Elle date de juin 1942, elle vient de la BNF.
Source : Isabelle Backouche
Sa femme, Regina, déportée par le convoi 47 en date du 11 février 1943
Source : Geneanet.
Sa femme, Régina ou Rosa Kwarlter ou Kvarlter, épouse Fanchel, fille de Faïvel Kvartler et Haya Fredering ; est née le 12/11/1884 (certains documents mentionnent 1904) ; à Pachetchina-Nadrovna ou Pachetchna-Nadrovna en Pologne (aujourd’hui Pasieczna) ou Autriche selon les documents. Son dossier est conservé à Caen au Service historique de la Défense, Cote AC 21 P 471 025.
Quand elle épouse Schabsé, le 25 mars 1913 à 9H50 à la mairie du 4e arrondissement de Paris, elle vit 27, rue des Jardins Saint Paul, et n’a pas de profession (ménagère).
Les témoins du mariage sont Emile Guichard, 52 ans, garçon de salle ; Isidore Golstein, 28 ans, mécanicien ; Pierre Xavier, 72 ans, tapissier, Haïm Tcherbaté, 47 ans, interprète. Schabsé ne savait pas écrire mais sa femme si car elle signe en bas de son acte de mariage.
Source : Source : archives municipales de la ville de Paris.
Avec son mari, elle séjourne au grand Hôtel de Bagnoles et Tessé-la-Madeleine en 1923 :
Source : archives municipales de la ville de Paris.
Regina et Schabsé signent un contrat de séparation de biens en 1924 :
Source : archives municipales de la ville de Paris.
Regina-Rosa est également naturalisée le 06 février 1925.
Source : archives municipales de la ville de Paris.
En 1927, elle rachète une boucherie à la famille Tokar (famille maternelle de Schabsé ) :
Source : archives municipales de la ville de Paris.
Elle semble avoir une vie aisée comme l’atteste ce faits-divers relaté dans le journal l’Oeuvre du 6 janvier 1928 où elle se fait dérober ses boucles d’oreilles et une bague d’une grande valeur par un faux représentant.
Source : Gallica.
Source : Gallica.
En novembre 1928, elle est victime d’un accident de la route relaté dans Le Petit Champenois : journal républicain quotidien :
Source : Gallica.
Elle divorce le 15 avril 1929 mais continue sa vie avec Schabsé, puisqu’on la trouve au 43 rue d’Angoulême en 1932 (Recensement). Sur ce document, ses enfants portent son nom (elle a divorcé) et on voit une erreur sur son année de naissance.
Source : archives municipales de la ville de Paris.
Elle y vit également en 1936 :
Source : archives municipales de la ville de Paris.
Elle achète des matériaux aux enchères selon La Journée industrielle, 23 juillet 1937.
Source : Gallica.
Début 1942, on constate une intensification de la politique anti-juive (lois) en zone occupée et une radicalisation : les rafles se multiplient.
Selon Claude Singer, Historien, Université de Paris I (DUEJ), dans Les grandes rafles de Juifs en France,
À partir de l’été 1942, ce sont désormais tous les Juifs de France, sans distinction de sexe, d’âge ou de nationalité, qui sont menacés. Et la menace est très sérieuse puisque les arrestations débouchent, dans la plupart des cas, sur des déportations vers une destination inconnue, hors du territoire national. L’opinion publique apparaît troublée par cette radicalisation et exprime aussi sa réprobation. Comment accepter en effet la succession de scènes d’horreur qui accompagnent les rafles, en particulier les cris et les pleurs des jeunes enfants lorsqu’ils sont arrachés à leurs parents ? […] En 1943 et 1944 arrestations, rafles et déportations se poursuivent, tant à Paris qu’en zone occupée ou en zone sud. Au total, de mars 1942 à août 1944, 75 000 Juifs sont déportés hors de France. La majorité sont des Juifs étrangers mais un tiers environ de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants sont des Juifs français. Il faut dire que les autorités allemandes ne faisaient aucune différence entre Juifs français et Juifs étrangers. Pour l’Allemagne nazie, tous les Juifs, sans distinction d’âge et de nationalité, étaient voués aux déportations et à l’extermination.
Elles concernent des citoyens français comme les Fanchel.
Regina est arrêtée le 02 février 1943 (jour de la reddition de von Paulus à Stalingrad), à Brévannes, et internée à Drancy avec Claude, Maurice, Fernand, Suzy, Roland et la petite Raymonde, puis déportée.
Voici le texte qui explique leur arrêt de mort : Extrait du Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld, édition de 1978. Notices des convois mises à jour par Jean-Pierre Stroweis
L’interruption des transports dura pendant près de deux mois. Eichmann et la Sipo-SD de France firent en décembre le point de la situation et des perspectives de déportation pour le début 1943. Le 31 décembre, Knochen câble à Eichmann que la déportation reprendra à la mi-février, sans pouvoir préciser le nombre de Juifs touchés par cette mesure. Mais, dès le 21 janvier 1943, Knochen câble à nouveau à Eichmann. Il lui demande quelles sont les possibilités de transport pour 1 200 Juifs susceptibles d’être déportés. Il lui indique que 3 811 Juifs sont internés à Drancy, dont 2 159 Français. Il lui pose enfin la question : les Juifs français peuvent-ils être déportés ?
Le 25 janvier, Günther, l’adjoint de Eichmann, répond que le Ministère des Transports du Reich a donné le feu vert pour des possibilités de transport par wagons de marchandises pour 1 500 à 2 000 Juifs, de Drancy à Auschwitz. Contre la déportation des Juifs français, câble Günther, pas d’objection, si elle s’effectue en accord avec les lignes directrices de l’évacuation des Juifs de France. Il indique, en outre, que l’escorte de Drancy à la frontière du Reich sera désormais assurée par un kommando du SD de Metz et qu’à partir de la frontière, ce sera la police d’Ordre (Ordnungspolizei), qui se chargera d’escorter le convoi jusqu’à Auschwitz. Le 26 janvier, Knochen télexe à toutes les gestapos régionales : arrêtez tous les Juifs déportables et transférez-les à Drancy. […]
Le 3 février, Röthke, chef du service anti-juif de la Gestapo, télexe au RSHA à Berlin, au bureau d’Eichmann, que le 9 et le 11 février, 2 trains partiront pour Auschwitz, à 8 h 55, avec environ 1 000 Juifs. Le 5 février, Röthke télexe à l’Ordnungspolizei que 3 convois sont prévus et que des commandos d’escorte de 12 à 15 hommes doivent être fournis. Le même jour, Röthke demande à la Gestapo de Dijon de transférer les Juifs en leur pouvoir pour déportation les 9 et 11 février. Au lendemain du départ du convoi du 9 février, Röthke, chef du service anti-juif de la Gestapo, rédige une note détaillée, qui porte le paraphe de ses destinataires, Knochen, le chef des services de sécurité et de la police de sûreté, la Sipo-SD, et le général Oberg, chef des SS et de la police allemande en France [XXVc-204].
Dans son rapport, Röthke indique : 837 Juifs français sont internés à Drancy, à la suite des rafles de décembre 1941 et de 1942, plus 661 Juifs français ayant enfreint les lois. L’Office central de sécurité du Reich, le RSHA, a donné le feu vert pour de nouveaux transports de 1 000 Juifs aux dates du 9, du 11 et du 13 février 1943.[…] De même, le second convoi et à partir avec 1 000 Juifs apatrides ou appartenant à des nationalités déportables. Quant au troisième transport, le 13 février, il doit être constitué de Juifs français ayant commis des délits et internés à Drancy. En outre, la police française veut interner, jusqu’au 11 février, grâce à quelques petites rafles, des Juifs déportables, donc étrangers. La police française a fait elle-même cette demande parce qu’elle éviter surtout que des Juifs français soient déportés. Les représentants de la police française ont déclaré à Röthke que la question de la déportation des Juifs de nationalité française n’était pas encore réglée entre les gouvernements français et allemand. En conséquence, la police française n’aidera pas à la déportation des Juifs français, même ceux passibles d’une peine, tant que cette question ne sera pas réglée. Röthke conclut ainsi sa note : « J’ai répondu à ces messieurs que cette optique m’étonnait cependant, eu égard au fait qu’en 1942 nous avons déjà déporté des Juifs de nationalité française ayant contrevenu aux dispositions légales les concernant. Sauts (le collaborateur du préfet Leguay, représentant en zone occupée de Bousquet, secrétaire d’Etat à l’Intérieur de Vichy) a encore déclaré que, d’après le point de vue de Bousquet, nous pouvions déporter tous les Juifs français, qui se trouvent à Drancy, mais que la police française ne pourrait nous aider. Après décision au téléphone du BdS (Knochen), j’ai déclaré à Sauts que le transport du 13 février partirait de toutes façons. Je ferai encore ce soir un rapport au RSHA sur la question des transports ».
Après le renversement de situation produit par la défaite allemande à Stalingrad, Vichy devenait, on le voit, plus prudent dans sa collaboration anti-juive avec la police nazie. Sa réserve se manifestait au sujet de la déportation des Juifs français, qui pouvaient en cas de victoire des Alliés, lui être reprochée avec plus d’efficacité judiciaire et passionnelle que celle des familles de Juifs étrangers, ne laissant derrière elles que peu de traces dans la communauté nationale française. De là, les réticences de Vichy à afficher trop ouvertement des policiers français au départ de transports de Juifs français ; de là aussi son cynisme imbécile : organiser des rafles de Juifs étrangers pour éviter la déportation de Juifs français. Comme l’écrit Knochen dans son rapport télégraphique sur « la solution finale du problème juif en France », le 12 février, au chef de la Gestapo du Reich, Müller : pour préserver les Juifs français de la déportation, la police française a arrêté, le 11 février, et livré spontanément 1 300 Juifs étrangers, qui seront déportés, tout comme les Juifs français.
Le second convoi de février, celui du 11, a été constitué de Juifs étrangers, comme nous venons de le constater. Nous avons dénombré 372 Polonais, 154 Français (surtout des enfants nés en France de parents étrangers), 109 Russes, 65 Hollandais, 64 Roumains, 56 Allemands, 41 Turcs, 40 Grecs, 32 Hongrois, 20 Tchèques, 16 Autrichiens, 15 Belges, 10 Bulgares et quelques autres divers, dont même une Juive, née en Pologne et de nationalité chinoise par mariage. Nous avons compté 499 hommes, 477 femmes et 22 indéterminés. Il y a 175 enfants de moins de 18 ans, dont 123 de moins de 12 ans. 172 déportés ont plus de 60 ans (des vieillards furent pris dans des asiles et amenés le 10 février à Drancy en même temps que des enfants pour compléter l’effectif).
Le télex habituel adressé à Eichmann et à Auschwitz est daté du 12 et indique que la veille à 10 h 15 un transport a quitté la gare du Bourget/Drancy en direction d’Auschwitz avec 998 Juifs, avec comme chef d’escorte, l’Oberleutnant Kassel, de la Schutzpolizei, qui a rédigé, le 14 février un rapport au sujet de tentatives d’évasions, qui eurent lieu avant la frontière française La liste n°47 est en très mauvais état. De nombreux noms sont presque illisibles, en raison de l’effacement des caractères sur le papier pelure. 9 sous-listes :
- Romainville : il doit s’agir de Juifs étrangers ayant enfreint les règlements ou suspectés d’actes de résistance et transférés du fort de Romainville à Drancy.
- Romainville – Français : 16 personnes de nationalité française, dans le même cas que ci-dessus.
- Compiègne étrangers : 12 hommes transférés du camp de Compiègne à Drancy.
- Compiègne – Français : 39 hommes.
- Drancy – 1 : 56 personnes, dont plusieurs familles, comme Abraham et Mirla CHECINSKI âgés de 48 et 46 ans, et leurs quatre enfants, Wolf 16 ans, Simon 14 ans, Elly 11 ans et Anna 8 ans.
- Drancy – 2 : 745 noms, dont 79 barrés, soit 666 partants. De nombreuses familles, dont la plupart des enfants sont Français : Henri AJZENBERG 3 ans ; Maxime BORENHEIM 3 ans ; Jeannette et Hélène DIAMAND, âgées de 4 ans et 2 ans ; Samy GRIN 9 ans ; Joseph HABER 8 ans ; Tony JAKUBOVITCH 5 ans ; Hélène et Simone ZAWIDOWICZ, âgées de 8 et 6 ans ; Anna et Lucette KLEIN, âgées de 6 et 3 ans ; Michel ZELICKI 1 an ; Gilles LEWINGER 1 an ; Madeleine WAIS 1 an ; Claudine MALACH 3 ans ; Micheline MULLER 1 an ; Germaine et Pierre ROTH de 7 et 3 ans ; Jacqueline KRAVTCHIK 2 ans ; Elie et Colette SALOMON, 9 et 2 ans respectivement ; Myriam et Abel SLUIZER, âgés de 5 et 2 ans. Parmi les familles : Elie et Mathilde AZOUVI, âgés de 50 et 39 ans, et leurs trois enfants, Eva 17 ans, Louisette 14 ans et Gaston 12 ans ; Samuel et Gracia BERAHA, âgés de 46 et 37 ans, et leurs trois enfants, Albert
9 ans, Michèle 8 ans et Monique 4 ans ; Georges et Nesca ERDELYI, âgés de 34 et 31 ans, et leurs trois enfants, Betty 4 ans, Michèle 3 ans et Annie-Rose 2 ans ; Doudou ESKENAZI et ses quatre enfants, Rose 13 ans, Allegra 10 ans, Albert 7 ans et Leon 5 ans ; Perla GOLDSZTAJN, 30 ans avec Micheline 2 ans et Françoise 1 an ; Moise et Perla KAVAYERO âgés de 45 et 43 ans, et leurs cinq enfants, Sarah 19 ans, Esther 17 ans, Elie 14 ans, Diamante 10 ans et Suzanne 6 ans ; Laja KUPERBERG 35 et ses trois enfants, Fajga 13 ans, Esther 9 ans et Henri 1 an ; Djaya LEREA 34 ans et ses trois enfants, Rebecca 12 ans, Esther 8 ans et Isidore 4 ans ; Sarah NAMER 47 et ses quatre enfants, Maurice 18 ans, Dona 15 ans, Claire 12 ans et Fanny 9 ans ; Sarah SEMEL 34 ans avec Salomon 2 ans et Isabelle qui n’a que 9 mois ; Louise SZWARCBART et son bébé Bernard ; Zurek et Golda WAPNIARZ, âgés tous deux de 42 ans et leurs trois enfants, Régina 8 ans, Robert 3 ans et Joseph 1 an.
- Drancy – 3 : 67 partants. Parmi les enfants, Georges et Fernande BLACHMANN, 4 et 2 ans ; Berthe et Denise LEMEL, 13 et 9 ans ; Lucienne PORJES 1 an ; Blanche SKRZYDLAK 9 ans.
Bien qu’inscrite sur les listes de déportation du convoi 47, Denise LEMEL, née en France contrairement à sa sœur, a pu sortir de Drancy. Mais elle fut de nouveau arrêtée et déportée en 1944 par le convoi 77.
- Hôpital – Hospice – Orphelinat : Les nazis complétaient les effectifs avec les malades, les fous, les vieillards et les petits enfants, tous mêlés dans cette liste : Théodore BAKRA 83 ans ; Gitel MENDELEVITCH 91 ans ; Esther KRIMER 84 ans ; Caroline NEUMANN 82 ans ; Bertha SCHMULEVITZ 85 ans ; Kiva MAKLINE 80 ans ; Gitla WAJSELFISZ 84 ans ; Fania KRILITCHEVSKI 87 ans ; Marie DREYFUSS 86 ans ; Maria KOHN 80 ans ; Peisach LINKER 70 ans et 15 septuagénaires. Parmi les enfants : Edith BECKER 12 ans ; Sarah BEZNOVENNU 11 ans ; Berthold BODENTHAL 9 ans ; Marguerite et Simon BOGAERT, âgés de 14 et 8 ans ; Ruth BUNTMANN 10 ans ; Esther DON 11 ans ; Jacques FISZEL 4 ans ; Victor GRUMBERGER 6 ans ; Emile HUBER 12 ans ; Gaston KAHN 7 ans ; Marie-José et Henri KLAYMINC 14 et 10 ans ; Leib KUZKA 10 ans ; Sarah Lerer 13 ans ; Joseph, Zelman et Jeanine LIPSZYC, âgés de 11, 8 et 3 ans ; Gisèle MESSINGER 12 ans ; Joseph et Augusta SKOULSKY, âgés de 10 et 5 ans ; Mina, Lola et Simone STERNCHUSS âgées de 9, 6 et 4 ans …
- Partants de dernière heure : 19 personnes.
Les conditions de ce départ étaient si abominables que, dès la gare du Bourget/ Drancy, une des déportées, Linda GEBER, 64 ans, succombait ; c’est ce que nous apprend une annotation manuscrite de Röthke sur la liste du convoi. À l’arrivée à Auschwitz, le 13 février, 143 hommes furent sélectionnés et reçurent les matricules 102139 à 102280, ainsi que 53 femmes, avec les matricules 35290 à 35342. Tout le reste du convoi fut immédiatement gazé. Il y avait, en 1945, 10 survivants, dont 1 femme.
Ce convoi est composé notamment de 314 personnes nées en Pologne, 156 en France, 81 en Ukraine, 57 en Allemagne, 56 aux Pays-Bas, 44 en Turquie, 43 en Roumanie, 40 en Grèce, 29 en Belgique, 27 en Hongrie, 17 en Russie, 16 en Biélorussie, 13 en Lituanie, 12 en Bulgarie, selon le découpage des frontières en 2021.
Devan
Regina Kwartler née le 24/02/1904 (?) en Pologne, mariée à Schabsé Fanchel. Ils ont eu 7 enfants, ils résidaient au 9 avenue Allary à Limeil Brévannes. Elle fut arrêtée le 02/02/1943 internée à Drancy puis déportée à Auschwitz le 11/02/1943 par le convoi n°47 ainsi que les enfants par le convoi n°48, son mari lui a été déporté le 31/07/1944 par le convoi n°77.
Elle figure sur le mur des déportés au mémorial de la Shoah dalle n°27 colonnes n°9 rangées n°3. (Mémorial).
Son décès est transcrit par un jugement à la mairie de Brévannes le 13/12/1950, signé par Marius Dantz, le maire. Elle obtient le statut de morte en déportation le 14/11/1986.
Vincent et Isaac, fils décédés
Vincent Fanchel 21/07/1911 – 24/07/1911
Source : archives municipales de la ville de Paris.
Isaac Fanchel 27/09/1914 – 6/06/1915
Source : archives municipales de la ville de Paris.
Isaac repose à Bagneux où il est inhumé en 1926 lorsque son père fait faire un caveau familial.
Source : Geneanet.
Source : Archives personnelles de monsieur Journo, avec son aimable autorisation.
Les enfants déportés : Claude, Maurice, Fernand, Suzy, Roland. Convoi n° 48 en date du 13 février 1943
Extrait du Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld, édition de 1978. Notices des convois mises à jour par Jean-Pierre Stroweis.
Le 6 février, le chef du service anti-juif de la Gestapo, Röthke télexe à Berlin [XXVc-203 et XXVc-204] et à la Sipo-SD de Metz, qu’il y aura un troisième convoi en février, le 11 ; départ à la même heure (10 h 15) et avec le même nombre de Juifs. Est prévue pour ce convoi la déportation de Juifs français emprisonnés pour avoir enfreint les lois (voir notices des convois 46 et 47). Le télex habituel à Eichmann et au camp d’Auschwitz est envoyé le 13 février par Röthke, qui informe ses destinataires que, le même jour, à 10 h 10, un convoi de 1 000 Juifs a quitté la gare du Bourget/Drancy en direction d’Auschwitz, avec pour chef d’escorte, le lieutenant Nowak. Une note de Röthke du 16 février [XXVc-207] indique qu’il a fallu faire partir le convoi avec des forces allemandes et que malgré ses hésitations initiales, la police française a fini par coopérer, lors du départ du train. Le convoi comprenait 466 hommes, 519 femmes et 15 indéterminés. 150 enfants de moins de 18 ans et près de 300 de moins de 21 ans. Cette liste est en très mauvais état ; des perforations du classeur ont mutilé des noms, qu’il a fallu patiemment reconstituer. Ce convoi comprenait exclusivement des Juifs de nationalité française. D’ailleurs le titre de la liste est le suivant : « liste de mille Français ». Les déportés étaient domiciliés dans la région parisienne. La liste est divisée en trois :
- Drancy – escalier 2 : 388 noms. Parmi eux de nombreuses familles : Rebecca et Isaac ALVO et leurs quatre enfants, Juliette 18 ans, Victoria 17 ans, Jacques 11 ans et Rachel 7 ans. Mendel et Mindla ARM, âgés de 59 et 51 ans, et leurs 7 enfants, Hinda 19 ans, Berthe 15 ans. Marcel 13 ans, les jumeaux de 10 ans Charles et Jeanine, Paulette 7 ans et Daniel 5 ans ; Haim et Hélène LEIBA, âgés de 50 et 59 ans, et leurs cinq enfants, Adèle 23 ans, Marcel 21 ans, Paulette 19* ans, Jacqueline 17 ans et André 15 ans ; Joseph et Esther MANTEL, âgés de 37 et 36 ans, et leurs quatre enfants, Salvator 14 ans, Renée 10 ans, Rosette 9 ans et Jacqueline 1 an : les 5 enfants FANCHEL déportés sans leurs parents ; Claude 17 ans, Maurice 16, Suzy 13 ans, Fernand 11 ans et Raymonde qui n’a que 6 mois ; Herman et Filica AVRAM, âgés de 35 ans, et leur fils Christian 1 an ; Chana EPSZTEIN, 38 ans et ses deux fils, Abraham 7 ans et Charles 5 ans ; Lydia JUSSIM 4 ans ; Jean et Serge SENDERS, tous deux âgés de 6 ans ; Régina et Édith WETZSTEIN, 10 et 3 ans ; Ginette et Sylvain ZIEMAND, âgés de 7 et 5 ans.
- Drancy – escalier 1 : 340 noms. Parmi eux, Pierre GRUMBACH 11 ans ; Pierre GUMPEL 10 ans ; Cécile LANDAU 10 ans et sa sœur Fanny 7 ans ; Alice LÉVY 10 ans ; Suzanne LÉVY 2 ans ; Léa et Rachel ZAWIDOWICZ 13 et 12 ans.
- Drancy – escalier 3 : 263 partants. Parmi les enfants, Berthe ALEXANDRE 3 ans ; Philippe NOZEK 10 ans ; Léon et Esther SZEJMANN, 6 et 10 ans ; Szmul WEBERSPIEL 2 ans ; Roland FANCHEL 5 ans, dont les frères et sœurs sont dans la liste de l’escalier 2 ; Claude ATTALI 9 ans ; Jean et Claude SILBERSCHMIDT, de 4 et 2 ans ; Pauline, Raymonde et Jeanine YAKIR, âgées de 14, 13 et 11 ans.
Ce convoi est arrivé à Auschwitz, le 15 février. 144 hommes furent sélectionnés et reçurent les matricules de 102350 à 102492, ainsi que 167 femmes avec les matricules de 35357 à 35523. Le reste du convoi fut immédiatement gazé. En 1945, on comptait 12 survivants, dont une femme.
Claude FANCHEL 01/04/1925 – 18/02/1943
« Morte en déportation », à 17 ans, arrêté du 24/12/2013. JO du 19/02/2014, Numéro de convoi : N°48.
Claude Fanchel est née le 01/04/1925 à Berck (France). On n’a pas retrouvé son acte de naissance dans les archives de Berck. Elle est la fille de Schabsé Fanchel et de Régina née Kwartler. Claude est arrêtée le 02/02/1943, internée à Drancy et déportée à Auschwitz le 13/02/1943 par le convoi 48 avec Claude, Roland, Maurice et Fernand. Elle décède le 18.
Source : JORF.
Maurice FANCHEL 13/01/1927 – 18/02/1943
« Mort en déportation », à 16 ans, arrêté du 24/12/2013. JO du 19/02/2014 ; Numéro de convoi : N°48.
Maurice Fanchel est né le 13/01/1927 à Paris 11e (France). Il est le fils de Schabsé Fanchel et de Régina née Kwartler. Maurice est arrêté le 02/02/1943, interné à Drancy et déporté à Auschwitz le 13/02/1943 par le convoi 48 avec Claude, Suzy, Fernand et Roland.
Source : Archives municipales de la ville de Paris.
Source : JORF.
Suzy Clara FANCHEL 13/03/1929 – 18/02/1943
« Morte en déportation » à 14 ans, arrêté du 13/05/2014. JO du 11/07/12014 ; Numéro de convoi : N°48.
Suzy Fanchel est née le 13/03/1929 à Paris dans le 11e arrondissement. Elle est la fille de Schabsé Fanchel et de Régina née Kwartler. Suzy est arrêtée le 02/02/1943, internée à Drancy et déportée à Auschwitz le 13/02/1943 par le convoi 48 avec Claude, Roland, Maurice et Fernand.
Fernand FANCHEL 18/02/1931 -18/02/1943
« Mort en déportation » à 12 ans, arrêté du 13/05/2014. JO du 11/07/2014 ; Numéro de convoi : N°48.
Source : Archives municipales de la ville de Paris
Fernand Fanchel est né le 18/02/1931 à Paris 11e (France). Il est le fils de Schabsé Fanchel et de Régina née Kwartler. Fernand est arrêté le 02/02/1943, interné à Drancy et déporté à Auschwitz le 13/02/1943 par le convoi 48 avec Claude, Suzy, Maurice et Roland.
Source : JORF.
Roland FANCHEL 25/07/1937 – 18/02/1943
« Mort en déportation » à 5 ans, arrêté du 13/05/2014. JO du 11/07/12014 ; Numéro de convoi : N°48.
Roland Fanchel est né le 25/07/1937 à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne, France). Il est le fils de Schabsé Fanchel et de Régina née Kwartler. Roland est arrêté le 02/02/1943, interné à Drancy et déporté à Auschwitz le 13/02/1943 par le convoi 48. A Drancy ce petit garçon de 5 ans est séparé de ses frères et sœurs.
Source : Archives du mémorial de la Shoah
Lina
Archive Mémorial de la Shoah
Le sujet de l’archive est un extrait de la liste originale d’un convoi de déportation.
Elle nous donne une liste de noms des personnes qui ont fait partie du convoi partie le 13 février 1943 de Drancy à destination d’Auschwitz, convoi 48. Sur l’archive, on peut lire les informations suivantes : les nom, prénom, date de naissance, adresse et ville d’habitation des personnes. Il y a des personnes de tout âge, enfants et adultes, qui viennent de toute la France, des femmes et des hommes. Les informations écrites sur l’archive sont tapées à la machine à écrire. Sur cette archive, il y a un membre de la famille tel que l’on étudie. Son nom est sur la liste des personnes. Roland Fanchel, né le 1er juillet 1937
Il résidait au 43, rue d’Angoulême à Paris. Grâce à cette archive, j’ai appris que des habitants ont été déportés comme Roland. Dont la date de naissance n’est pas correcte puisque nous savons qu’il est né le 25 juillet 1937, il n’avait que cinq ans quand il a été déporté. Son nom est inscrit sur le mur des noms. Dalle, numéro 13, colonne numéro cinq, rangée numéro une.
Source : JORF
L’Arrestation et la déportation de Schabsé
On sait peu de choses du devenir de Schabsé, Berthe et Raymonde, les trois membres restants de notre famille entre février 1943 et juillet 1944. Raymonde a miraculeusement échappé à la déportation, sauvée par l’UGIF. Mais le 03 juillet 1944, Schabsé et Berthe sont arrêtés.
Agata : S. Fanchel est arrêté le 3/07/44 car il est inscrit sur une liste de la préfecture de Seine et Oise (Archive Convoi 77).
Schabsé est arrêté en même temps que Berthe à son domicile le 3 juillet 1944, pour motif racial, il transite par Maisons-Laffitte avant de rejoindre Drancy. Il est accompagné de Nathan et Régina Potzeha dont nous avons raconté l’histoire.
Madeleine
Cette archive date de 14/10/1957, elle donne l’État Civil de S. Fanchel : fiche de contrôle qui retrace les arrestations de S. d’abord Maisons-Laffitte puis Drancy. (Archive Mémorial de la Shoah).
Tasnim
Cette archive vient du camp de Drancy. Elle concerne Schabsé Fanchel, elle nous apprend qu’il est arrêté le 3 juillet. Elle nous apprend le contexte historique et constitue un appel à la mémoire.
Source : Mémorial de la Shoah
Mohammed
À son arrivée à Drancy, il a 1695 francs selon son reçu. Son matricule est le 24695.
Selon Anaëlle Riou, 60 personnes déportées du Convoi 77 sont arrêtées en Seine et Oise, dont 56 en juillet 1944. “La persécution des Juifs s’aggrave à mesure que la Libération approche et c’est sans plus aucun scrupule à l’égard des autorités françaises que les Allemands procèdent à des arrestations dans toute la France, sans distinction de nationalité, ni d’âge.” Seules 4 personnes dont Schabsé transitent par Maisons- Laffitte avant d’aller à Drancy dont nos 3 brévannais.
Une micro-histoire de la Shoah en France. La déportation des Juifs du convoi 77 Anaëlle Riou, Université de Caen, 2019
A cette date, sa femme et ses autres enfants ont déja été arrêtés. Il est arrêté pour motif racial “de race juive” ou “israélite” par la Feldgendarmerie de Corbeil, d’après une liste émise par la Préfecture de Seine et Oise. Il est indiqué que sa situation financière est aisée.
Sont déportés par le convoi 77, le 31 juillet 1944, 1321 personnes, dont de nombreux enfants raflés par Aloïs Brunner, ainsi que le père d’Ida Grinspan.
Cité par Anaëlle Riou, ce texte retrace les conditions de départ du convoi :
31 juillet 1944, gare de Bobigny. Quand le jour du départ du convoi approche, les internés l’apprennent la veille. « Tout est organisé pour qu’il n’y ait aucun retard au niveau des autobus qui mènent à la gare, et au niveau de l’embarquement dans les wagons. » S’ensuit un rituel de terreur consistant à enfermer les internés appelés au départ dans un espace fermé par des barbelés, où les hommes sont rasés et fouillés, les femmes sont fouillées et dépouillées de tous leurs bijoux. Puis ils passent tous la nuit dans les bâtiments de débarras Le lendemain matin, très tôt, les SS accompagnent les internés à coup de matraques jusque dans les autobus qui doivent les conduire à la gare de Bobigny. Les instructions à l’égard des autres internés sont très claires : « à la suite d’instructions particulièrement sévères qui m’ont été données par le M. le SS Hauptsturmführer Brunner, il est strictement défendu d’ouvrir les volets en fer des fenêtres demain à partir de 6h du matin
jusqu’au départ du dernier autobus. Personne ne devra être aux fenêtres. Les sanctions prévues sont très sévères. »
Dans le cas du convoi 77, le premier départ en autobus s’est fait à 7h10 : « La descente dans la cour aura lieu demain à 6h30. Le premier groupe à partir devra être prêt à 7h. Départ du Ier autobus à 7h10. L’appel sera fait par les soins des Effectifs. »
Arrivée au camp : Ce dont nous sommes certains c’est que le convoi arrive en pleine nuit, probablement entre le 3 et le 4 août 1944, vers 3 heures du matin. Il s’arrête à l’intérieur de Birkenau. En effet, depuis le mois de mai 1944, les déportés ne débarquent plus sur la Judenrampe. « Il faisait nuit noire, des projecteurs éclairaient la route. Le train s’était arrêté à l’intérieur du camp. Il n’y avait pas de gare. » Les Juifs descendent et sont sélectionnés pour les chambres à gaz ou le travail, mais aucun des deux groupes ne connaît encore le sort que lui réserve le médecin du camp en charge du tri des déportés.
En tout, ce sont 890 déportés sur les 1294 qui composent le convoi 77 qui ont été gazés dès leur arrivée et très exactement 425 femmes et 465 hommes. Ils étaient âgés de 15 jours à 88 ans.
Schabsé décède le 03 ou le 4 août 1944 à Auschwitz en Pologne. On n’a pas de traces de son passage à Auschwitz. Il a disparu.
Hanaé
Archives du mémorial de la Shoah.
Il s’agit d’une liste de déportés de différents convois.
On y apprend que Schabsé est déporté par le convoi 77.
Source : Mémorial de la Shoah
Adam
Mon archive (Convoi 77) parle du décès de Schabsé Fanchel en Pologne.
Source : Mairie de Limeil-Brévannes
Maïssane
J’ai travaillé sur l’acte de décès de S.Fanchel (archive mairie de LB), elle donne des informations sur sa vie. Né en Russie en 1880, il a résidé à Limeil Brévannes, puis a été déporté à Auschwitz où il décède.
Claude est une de ses filles. Elle est née le 1er avril 1925 à Berck sur mer dans le Pas-de-Calais. Elle a aussi habité à Limeil-Brévannes au 9, avenue Allary. Nous ne savons pas quelles sont les causes de son décès.
Les survivantes : Berthe la fille aînée, Raymonde la cadette.
Berthe Odette Fanchel
Source : Photographie de la tombe du cimetière de Bagneux, Geneanet
Berthe est née le 30/10/1921 à Paris, dans le 4e arrondissement, elle est décédée le 4 juillet 1976 à Fontenay les Briis (Essonne), elle a été reconnue par son père le 10/01/26 et par sa mère en 1922.
Source : archives municipales de la mairie de la ville de Paris.
C’est une bonne élève comme on le voit sur le journal le Temps : en 1931, elle fait partie des élèves les plus souvent nommées du Lycée Victor Hugo (en classe de 9e).
Source : Gallica.
Elle a été arrêtée avec son père mais pas déportée, on n’a pas d’explications à ce sujet.
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Berthe Odette sera la tutrice de Raymonde, pupille de la nation, adoptée par l’Etat le 5 février 1953.
A la fin des années 50, elle vit 12, rue du Moulin de la Pointe à Paris (13e), ce domicile a été racheté par Joseph Birolo que nous vous présenterons plus tard.
Elle est aujourd’hui enterrée à Bagneux avec Clara Fanchel, Raymonde, (et leur cousin Jacques Tokar côté mère de Schbabsé et sa femme Eliane).
Raymonde FANCHEL
Source : photo de la tombe de Bagneux, Geneanet.
Jo-Yie
Le document est un acte de naissance appartenant à Raymonde Fanchel, cette personne du sexe féminin est l’une des sept enfants de Schabsé Fanchel. Le 22 juin 1942, à 13 heures vingt minutes à l’avenue Allary 9 est née Raymonde. Son père est un commerçant, né le 5 mars 1880 dans une ville en Russie, il déclare reconnaître Raymonde. Dressé le 23 juin 1942, à onze heures trente sur la déclaration du père, qui a fait la lecture de l’acte, a signé avec le Maire de Limeil-Brévannes. Raymonde Fanchel meurt à l’âge de 66 ans, le 14 juin 2008 à Saint-Maurice (Val de Marne). À partir de cette archive j’ai compris qu’un acte de naissance inclut la date, l’heure, les minutes et le lieu de naissance, les informations des parents… Comme pour Raymonde, on apprend toutes les informations sur elle et ses parents. Tels que le métier, le lieu de naissance de Schabsé… (Mairie de LB).
Diego
(Archives Mairie LB)
J’ai étudié l’acte de naissance de Raymonde. Elle est née le 22 Juin 1942, à Brévannes, d’un père originaire de Russie et d’une mère de Pologne. Ils y habitaient. Elle est décédée le 14 février 2008 à Saint-Maurice.
Source : Mairie de Limeil-Brévannes.
Raymonde Fanchel est née le 22/06/1942 à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). Elle était la fille cadette de Régina Kwartler et de Schabsé Fanchel et la sœur de Berthe Odette, Claude, Maurice, Suzy, Fernand et Roland. Raymonde est arrêtée le 02/02/1943 avec sa mère et Claude, Maurice, Suzy, Fernand et Roland. Tous sont internés à Drancy le 03/02/1943. Âgée de huit mois, Raymonde est transférée dans une maison d’enfants de l’UGIF le 22/02/1943 comme l’atteste la lettre de Léo Israelowicz adressée le 19/02/1943 à M. François, directeur des affaires administratives de la police générale de Paris, au sujet des demandes de libération des détenus internés à Drancy (CDXXIV-44 p.120). C’est une enfant bloquée. Raymonde [3] échappe ainsi à la déportation, même si elle est sur la liste du convoi 48, car il est prévu qu’elle soit déportée.
Source : Archive du mémorial de la Shoah
Madeleine, Hanaë, Irem
Cette archive date du 19/02/1944. C’est un courrier destiné au directeur de la préfecture de police, écrit par Léo Israelowicz. Cette lettre concerne des personnes libérées (ordre de libération). Elle cite des personnes en donnant leur âge et leur adresse. Nous apprenons que Raymonde Fanchel a été libérée et transférée dans une maison d’enfants à 8 mois.
Lina, Jaya, Maïssane
Cette archive est une lettre de la préfecture de police de Paris envoyée à Monsieur le directeur du camp de Drancy. Elle date du 19 février 1943. Elle concerne une liste de personnes âgées et un enfant, Raymonde, huit mois qui doit être transférée. Elle nous apprend donc que Raymonde Franchel n’a pas été déportée.
Néanmoins, il subsiste la page d’un registre tenu par le Père Devaux pour les enfants pris en charge pendant la guerre : nom et prénom, date de naissance, lieu de résidence de l’enfant, nom des répondants, nom de la personne prenant en charge l’enfant, qui nous a été transmis par Héléna RIGAUD, Archiviste des sœurs de Notre-Dame de Sion [4]. Raymonde a sans doute été transférée d’une maison de l’UGIF à une famille au moment où les maisons de l’UGIF sont raflées.
Source : registre tenu par le Père Devaux pour les enfants pris en charge pendant la guerre, transmis par Héléna RIGAUD, Archiviste des sœurs de Notre-Dame de Sion.
Diego et Devan
Cette archive nous apprend que Raymonde change de nom de famille pour Colombel. Elle est cachée par monsieur Birolo en 1944 à l’âge de 2 ans. Il reçoit de l’argent (deux fois 900 euros) pour payer la pension de la nourrice de Raymonde, madame Le Louarec.
Monsieur Joseph Birolo, de nationalité italienne est le répondant de Raymonde Fanchel dite Colombel pendant sa prise en charge par Mme Le Louarec. En 1946, il vit au 72, rue du Château d’Eau avec les sœurs Fanchel (Raymonde est indiquée comme étant sa filleule).
Source : recensement de la ville de Paris, 1946.
Dans le journal La loi des 11 et 29 mars 1944, monsieur Birolo achète un fonds de commerce de Régina situé 12, rue du Moulin de la Pointe dans le 13e arrondissement de Paris :
Source : Gallica.
Source : Gallica.
Raymonde a survécu à la déportation de sa mère par le convoi 47, parti de Drancy le 11/02/1943 et de ses cinq frères et sœurs déportés par le convoi 48, parti de Drancy le 13/02/1943 à destination d’Auschwitz.
Son père, Schabsé est déporté par le convoi 77 parti de Drancy le 31/07/1944.
Sa soeur aînée Berthe n’a pas été déportée et devient sa tutrice après la guerre (documents présents dans le dossier DAVCC 21 P 448 583 de leur père Schabsé Fanchel et questionnaire rempli par Berthe Odette à l’institution Notre-Dame-de-Sion sous la cote DI (100).
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Jo-Yie et Nola
Le document est une archive sur les informations de la vie de la famille Fanchel. Ils ont disparu avec leurs cinq enfants. Le père était commerçant et habitait rue d’Angoulême à Paris. Son épouse, Regina, est née en Pologne. Les noms des Fanchel restants sont Berthe et Raymonde. Berthe est la seule personne qui est destinataire du courrier. Le père a été arrêté en juillet, la mère en février 1944 avec cinq enfants. Ils ont été déportés. Ce document est destiné à essayer de définir ce qu’il est arrivé après la guerre.
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Raymonde devient pupille de la Nation en 1953, dans le département de la Seine. Elle vit avec Berthe qui est sa tutrice légale. Comme Régina et Schabsé étaient divorcés, Berthe doit faire reconnaître que sa sœur est bien héritière de ses parents. Comme l’indique la mention apposée à son acte de naissance, elle est reconnue par jugement du tribunal de la Seine le 11 mars 1958 comme la fille de Regina.
Source : Archives de monsieur Journo avec son aimable autorisation.
Source : Archives municipales de Limeil-Brévannes.
Berthe va faire de nombreuses démarches et demandes concernant sa famille. Elle établit d’abord une demande afin d’obtenir pour son père le statut de non rentré (déposée à Villeneuve Saint-Georges) le 15/10/1949 [5].
La reconstruction des familles ou des rescapés est également passée par les demandes de titres « Déporté Politique » ou « Déporté Résistant ». Ces titres apportent aux familles une reconnaissance de l’Etat mais également une forme de compensation financière. Il était particulièrement difficile de prouver son arrestation en tant que résistant. Aussi, 23 déportés n’ont pas obtenu le titre de Déporté Résistant mais admis à celui de Déporté Politique. Quant aux déportés reconnus Déportés Politiques, ils sont 684 à avoir bénéficié de cette reconnaissance.
Anaëlle Riou
Nola
La date de cette archive est le 16 mars. Il s’agit d’une demande pour régulariser l’état civil d’un « non-rentré ». Ce document semble lié à des questions administratives ou juridiques concernant l’identité ou le statut d’une personne qui n’a pas été enregistrée dans les registres civils. Ce que j’en apprends, c’est que ce type de document est souvent crucial pour établir des droits légaux ou pour accéder à des services administratifs. Cela montre également l’importance de la régularisation de l’État civil dans la société, car cela peut affecter de nombreux aspects de la vie quotidienne d’une personne. (Archive convoi 77).
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Amayas
Mon archive est non-datée (pas de date de la délivrance du document) Le sujet de mon document est une demande formulée en vue d’obtenir la régulation de l’état civil d’un «non-rentré». Le document contient des informations concernant Schabsé Fanchel, sa date et lieu de naissance, la date de son décès, son adresse. Ce que j’ai compris du document: Schabsé Fanchel qui est né le 5 mars 1880 et est mort en 1944, vivait 9, rue Allary à Limeil-Brévannes. Schabsé Fanchel a été arrêté le 3 juillet 1944 à Limeil-Brévannes par les Allemands et a été déporté le 31 juillet 1944. Il avait beaucoup voyagé et il est venu vivre dans notre commune avec sa femme et ses sept enfants. (Archive convoi 77).
Elle obtient ensuite un acte de disparition :
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Berthe demande enfin le statut de mort pour la France pour son père, vétéran de la Première Guerre mondiale mais essuie un refus, ne pouvant prouver que son père était résistant durant la Seconde Guerre mondiale.
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
On retrouve des documents dans une pochette verte intitulée Fichier de Brinon en référence à Fernand de Brinon, délégué général du gouvernement de Vichy.
Il contient entre autres, l’acte de disparition de Schabsé, émis par le ministère des anciens combattants. Berthe dépose une demande de régularisation de l’état civil en 1949. Le maire de Limeil, Marius Dantz, transcrit le décès de Schbabsé et celui de Claude en 1950.
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
En 1956, le dossier statuant de son sort durant la guerre est toujours en cours d’instruction :
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Ismaïla et Ismaël :
Cette archive date du 17 mai 1956 : elle provient de la direction interdépartementale des anciens combattants et victimes de guerre, et s’adresse au bureau du contentieux. Elle concerne la déportation de Schabsé à Auschwitz, qui a été arrêté pour motif “racial” puis enfermé à Drancy et déporté. Cela nous précise qu’un acte de disparition a été établi le 8 novembre 1949
Berthe et Raymonde touchent une somme de 12 000 francs en 1957 : c’est le pécule prévu par la loi dont le montant est calculé par mois d’internement. Le convertisseur de l’INSEE [6] estime que cela revient à 280 euros de 2023.
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Il lui est finalement accordé le titre de déporté politique, mais pas celui de mort pour la France. Son numéro de carte de déporté est le 117510784. Il obtient le statut de « Mort en déportation » par arrêté du 27/07/1989 au JO du 18/10/1989.
Source : FANCHEL_Schabse_21_P_448_583_9961 (C) SHD de Caen.
Naïm et Mohamed : L’archive date du 7 janvier 1957. L’archive traite d’une décision concernant l’attribution du titre de déporté politique par le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre. Il s’agit d’un document officiel qui attribue le titre de déporté politique à Monsieur Fanchel, né le 5 mars 1880 en Russie. Le document, émis par la direction interdépartementale de Paris, précise que deux périodes de déportation sont reconnues : du 3 juillet 1944 au 30 juillet 1944 et du 31 juillet 1944 au 5 août 1944. J’ai appris que Monsieur Fanchel a obtenu le titre de déporté politique. Ce titre est une reconnaissance importante qui est accordée aux personnes ayant été emprisonnées ou déportées pour des raisons politiques. Il a donc été dans cette situation. (Archive convoi 77).
Ismaïla :
Même si j’ai pas très bien réussi à déchiffrer l’archive, j’ai essayé de faire de mon mieux pour exploiter les informations suivantes : elle vient du Ministère des anciens combattants et date du 12 juin 1953. Elle semble parler de la mort de Schabsé Fanchel. Donc cette archive Parle de la mort de Schabsé FANCHEL qui serait mort en Pologne, et dont la famille demande qu’il aie le statut de déporté. (Archive convoi 77).
Amayas et Adam :
L’archive date du 7 janvier 1957, elle parle de Schabsé. Elle nous apprend qu’il obtient le titre de déporté politique. Sa période d’internement va du 3 juillet 1944 au 30 juillet 1944. Cette archive vient de la Direction interdépartementale de Paris. Son numéro de déporté est le 117510784. Sa fille Berthe-Odette est destinataire du courrier.
Kylian et Fodye :
L’archive est un courrier du ministère des anciens combattants qui est adressé à Berthe, domiciliée au 12, rue du moulin de la Pointe dans le 13e à Paris. Ce courrier est daté du 12/09/1957. Elle concerne la demande d’attribution du titre de déporté politique.
On ne sait que peu de choses de la vie des deux sœurs après la guerre. Berthe effectue de nombreuses démarches pour épauler sa sœur. Elle travaille comme secrétaire à Créteil. Souffrant d’un cancer, elle décède en 1976.
Quand Raymonde meurt, en 2008, le montant restant sur son compte en banque n’est pas réclamé et placé à la Caisse des dépôts.
C’est alors que deux noms apparaissent au fil des recherches dans Geneanet : un certain monsieur Roland Schabsé FANCHEL, né à Londres le 29/09/1960 et mort le mercredi 01 mai 2024 à l’hôpital de Draveil à l’âge de 63 ans… De même madame Suzie Nadia FANCHEL, née le dimanche 20 août 1967 à Villeneuve Saint-Georges (France) et décédée dans sa 34ème année le mardi 03 juillet 2001 à l’hôpital de Lons le Saunier, elle vivait à Cormoz dans l’Ain et travaillait sur les marchés. Ce sont tous les deux les enfants de Raymonde, comme leurs actes de décès nous l’ont appris. Détail important, Roland Schabsé, qui vivait à Morangis, avait été adopté par Berthe Odette, sa tante.
Quand j’ai écrit à l’État Civil de la mairie de Limeil Brévannes pour leur demander des renseignements complémentaires concernant leur domicile, l’adjoint au maire, monsieur Daniel Gasnier, qui avait reçu mon courrier, s’est souvenu qu’il y a une dizaine d’années, il avait été contacté par des cousins des Fanchel qui souhaitaient savoir ce qu’il était advenu de la maison de l’avenue Allary, sans que l’on retrouve ce courrier.
À la fin du mois de décembre 2024, après avoir reçu les copies des actes de décès de Roland Schabsé et Suzie Nadia, une question s’est imposée : si Raymonde avait eu des enfants, pourquoi son testament n’avait pas été réglé ? Et pourquoi ses enfants auraient été enterrés si loin d’elle ?
Roland, lui, avait fait un testament : j’ai alors écrit à l’étude notariale en charge de sa succession. Il m’a été répondu que l’étude était tenue au secret professionnel.
Et puis quelques jours après, le 08 janvier, j’ai reçu un coup de fil d’un homme m’annonçant qu’il était le frère adoptif de Roland…
Jean-Noël Journo s’est ainsi présenté à moi : ses parents travaillaient avec Berthe Odette, secrétaire, à Créteil, dans les années 60. Elle avait officiellement adopté Roland, après avoir adopté Raymonde. Raymonde menait une vie en marge de la société, malgré le combat de sa sœur pour faire reconnaître ses droits.
Lors d’un séjour étudiant en Angleterre en 1960, avait accouché d’un fils, Roland Schabsé, le 29 septembre.
Source : Archives personnelles de monsieur Journo.
Elle vivait à Londres en 1960 (43 Belgrave road Leyton et 461 Romford road), et est ensuite rentrée en France, pour confier l’enfant à Berthe Odette comme le montrent la décision du tribunal de Bobigny en 1971 puis le jugement d’adoption du tribunal juillet 1976, sans doute postérieur au décès de Berthe le 04 juillet 1976.
Source : Archives personnelles de monsieur Journo.
La nourrice qui a eu Roland en charge entre septembre 1965 et 1970 a été payée par Berthe Odette et témoigne en sa faveur dans le dossier d’adoption.
Source : Archives personnelles de monsieur Journo.
Raymonde a ensuite accouché d’une fille, en 1967, à Villeneuve Saint-Georges, prénommée Suzie Clara, qui a sans doute été placée.
Berthe et Raymonde ont gardé des contacts réguliers malgré les difficultés de Raymonde.
Berthe vit alors à Villecresnes, au 2, rue Jean Cavaillès après avoir quitté Limeil Brévannes.
En 1974, Berthe, se sachant malade, confie Roland à la famille Journo, des collègues de travail devenus des amis proches, qui ont déjà 8 enfants.
Le benjamin, Jean-Noël, a un an de moins que Roland et ils seront très liés.
Au décès de Berthe Odette en 1976, Raymonde disparaît de la vie de Roland. Elle garde des contacts sporadiques avec la famille Journo.
Roland tombe gravement malade en mai 2023 et désigne Jean-Noël comme son héritier.
À gauche Jean-Noël, à droite Roland Schabsé ; Source : Archives personnelles de monsieur Journo.
A la mort de Roland, Jean-Noël contacte le cimetière de Bagneux sans retrouver le caveau familial. Roland est donc enterré avec les parents Journo, à Pantin.
La maison de l’avenue Allary a bien été vendue par Berthe.
Leur notaire, après la conversation que j’avais eue avec Jean Noël, m’a également appelée pour me raconter sa version de l’histoire.
De cet échange particulièrement bouleversant, il ressort que Roland n’a pas connu Suzie, sa sœur cadette de 7 ans décédée très jeune.
Roland n’a pas entièrement eu connaissance de son histoire.
La notaire m’a alors confié que c’était un dossier qu’on ne voyait qu’une fois dans sa vie.
Berthe n’a pas pu ou pas su comment faire valoir ses droits quant aux biens qui ont été perdus pendant la guerre.
La dernière pièce du puzzle a été posée.
Jean-Noël et moi, avec l’aide de sa notaire, avons déposé un dossier à la CIVS pour demander réparation des biens spoliés durant la guerre.
Mon père n’aura hélas jamais connu l’épilogue de cette aventure, commencée en 2019.
Source : Geneanet.
Ce travail d’enquête a été mené par la formidable classe de 4eC du collège Daniel Féry de Limeil-Brévannes, dirigé par monsieur Habert, principal, intéressé par l’histoire.
Avec : Irem, Lina, Maïssane, Tasnim, Edison, Fodye, Agata, Devan, Nola, Salimata, Mohamed, Inassio, Ismael, Diego, Abigaelle, Madeleine, Ismaïla, Gabriel, Amayas, Lana, Jo-Yie, Jaya, Kyilian, Naïm, Hanae, Adam et Malak.
L’équipe du collège Daniel Féry est bien plus qu’une simple salle des professeurs comme on en trouve partout, c’est ce que montre le travail de ces élèves de 13 ans.
Remerciements
Je remercie chaleureusement Claire Podetti et Georges Mayer pour leur travail, leurs conseils, leur bienveillance ainsi que leur visite qui a permis à ce projet d’aboutir.
Merci aux États-Civils des mairies qui ont bien voulu nous répondre, aux services d’archives que nous avons sollicités et bien entendu au Mémorial de la Shoah et à l’équipe de Convoi 77.
Merci enfin à maître Lecaillon pour sa confiance et à Jean-Noël Journo, avec qui nous allons nous revoir, pour m’avoir permis de clore ces années de recherche.
Limeil-Brévannes, 27 Janvier 2025
Notes et références
[1] Fonds de l’état-major de l’Armée (1872 – 1940) – GR 7N Archives SHAT 7 N 160 160 Idem : combattants étrangers ; travailleurs étrangers en France. ; 6 N 97 ; 7 N 1287 Engagements dans la Légion étrangère, correspondance (1914-1924;
[2] Affirmation non présente dans son ouvrage
[3] Correspondance du 24/09/1942 au 25/06/1943 échangée entre Léo Israelowicz de l’Union générale des israélites de France, zone nord, et Monsieur J. François, directeur des affaires administratives de la police générale de Paris, au sujet des demandes de libération de détenus internés à Drancy CDXXIV-44 P 120 Titre : Fonds de l’Union générale des Israélites de France (UGIF) – instrument de recherche général / Auteur : Israelowicz, Léo Période : 24 septembre 1942-25 juin 1943 Description physique : 157 pièces Langue : Français Origine : Israelowicz, Léo Résumé : Les ordres de libération, auxquels font référence les lettres de Léo Israelowicz, sont signés par Messieurs Röthke, Ahnert et Heinrichsohn Conditions d’utilisation : Mention obligatoire : Mémorial de la Shoah. Pas d’utilisation sans autorisation préalable Lieu : FRANCE
[4] Les archives des Pères de Sion : Les dossiers mentionnés par le Mémorial de la Shoah sont bien conservés chez les Pères mais il n’y a pas de dossier relatif à Raymonde Fanchel (questionnaire/réponse).
[5] Ensemble de documents, datés de la fin de la seconde guerre mondiale et de l’après-guerre, consistant en des questionnaires, des photographies et des lettres, remplis et adressés à l’ordre de l’institution Notre-Dame-de-Sion par des parents de personnes déportées en vue d’obtenir des renseignements sur ces derniers DI(1-264) DI(100) Titre : Fonds Notre-Dame de Sion Auteur : Schwob, Lise Ameau, Norbert, 3 Meyer, Michel, 3 Période : 13 novembre 1944-18 février 1947 Description physique : 250 pièces Particularité du document : Inscription, Signature, Photographie Langue : Français Résumé : Cet ensemble de documents est principalement constitué de questionnaires remplis grâce aux indications fournies par des parents de personnes déportées et comportant les noms, prénoms, dates et lieux de naissance, dates d’arrestation, dates de déportation, professions et domiciles des déportés, les noms et âges de leurs enfants, les noms et adresses des personnes restantes et à qui communiquer les renseignements. Des photographies des personnes recherchées viennent souvent compléter les questionnaires, ainsi que, plus rarement, des lettres écrites par les proches des déportés. Une généalogie de Monsieur et Madame Raymond et Antoinette Berr, une biographie de Monsieur Raymond Berr, une liste de ses titres et décorations militaires, ainsi que de ses titres scientifiques et de ses publications, une note des établissements Kuhlmann sur l’arrestation de la famille Berr, une lettre de Norbert Ameau, secrétaire du Colonel Rebattet, datée du 09/04/1945, adressée à Monsieur Jean Cerf concernant les recherches ayant été faites pour retrouver le frère de ce dernier, Monsieur Paul Cerf, déporté, trois formulaires de « demande de recherche pour déporté » du ministère des Prisonniers déportés et réfugiés concernant Messieurs Hersz Dreksler et Lévy Goldbroit, cinq fiches d' »affirmation du décés » datées du 18/02/1947 concernant la famille Gattegno (Jean, Letitia et leurs enfants, André et Eliane) et Monsieur Armand Lambert, une carte postale du château d’Habère-Lullin, incendié par les Allemands le 25/12/1943, une lettre datée du 08/03/1944 du Garde des Sceaux et Président du Conseil d’Etat adressée à l’Ambassadeur de France, Délégué Général du Gouvernement pour les territoires occupés demandant des renseignements sur Monsieur Pierre Isidore Lévy, maître des requêtes au Conseil d’Etat et déporté et une fiche du ministère des Prisonniers déportés et réfugiés datée du 20/10/1945 certifiant que leurs services ont délivré un certificat assurant que Monsieur Jankel Lewin a été déporté en Allemagne le 17/07/1942 . – Les dossiers sont classés par ordre alphabétique
[6] Avec prise en compte de la correction de l’inflation.