Simone GOLDBERG
Bonjour, nous sommes la classe de 3e6 du collège de Jean de la Fontaine du Mée-sur-Seine, qui est composée de 21 élèves. Notre classe a choisi d’étudier le cas de Simone Goldberg, enfant française et juive de 14 ans, déportée le 31 juillet 1944 et qui est morte le 5 août 1944. Nous avons décidé de reconstituer sa vie, son parcours jusqu’à ses derniers jours afin de lui rendre hommage.
Ce travail nous a permis d’apprendre de nombreuses choses, en particulier sur la Seconde Guerre Mondiale, la vie des civils sous l’occupation allemande en France. Mais aussi sur la collaboration du régime de Vichy avec l’Allemagne nazie, en particulier l’arrestation et la déportation des Juifs en France.
La vie de Simone est intéressante à étudier car son parcours symbolise la tragédie des derniers moments de la guerre. En effet, elle a été déportée le 31 juillet 1944 dans le convoi n°77, le dernier convoi à partir de la gare de Bobigny, alors que les Alliés avaient débarqué sur les côtes normandes plus d’un mois auparavant.
Nous allons vous présenter le dialogue que l’une d’entre nous a écrit: elle a imaginé parler avec Simone pour essayer de la faire revivre dans nos imaginations. Puis, nous avons mis une biographie de Simone, qui est également sur Wikipedia.
Simone Goldberg a sa fiche Wikipedia. Nous avons fait cela pour ne pas qu’on l’oublie, ni qui elle était, ni ce qu’il lui est arrivé.
I. La biographie de Simone
Simone Goldberg
Simone Goldberg, née dans le 12e arrondissement de Paris le 4 mai 1930 et morte le 5 août 1944 à Auschwitz, est une victime de la Shoah.
Sommaire
1. Origines
2. Le départ pour Nancy, la mort de Chaïm, la naissance de Claire, la naturalisation de
Herzsek.
3. Le retour à Paris, la naissance de Michèle. La scolarisation de Simone et Claire. Les lois anti-juives.
4. L’arrestation et la déportation de Herszek, Maria, Claire et Michèle.
5. Louveciennes.
6. L’arrestation des enfants et des monitrices de Louveciennes, Drancy, le convoi 77.
1. Origines
Portrait présumé de Maria et Herszek à leur mariage.
Archives personnelles de la famille Grumberg.
Herszek Goldberg et Maria Grumberg ont déclaré vouloir se prendre pour époux et au nom de la loi, ils se sont unis par le mariage. Ils se sont mariés le 2 juillet 1929 alors qu’ils habitaient au 14 rue Sainte Croix de la Bretonnière, à Paris. Les témoins du mariage de Herszek et Maria sont : Bernard Goldberg (le frère d’Herszek), Marie Grumberg (la sœur de Maria). Émile Auguste Dupocq (Adjoint du maire) les a mariés. Le père de Maria est analphabète: il n’a pas pu signer l’acte de mariage de sa fille. Le père de Simone est polonais: il est né à Szydlowice, le 3 février 1896 et sa mère dans le XIIème arrondissement de Paris, le 7 mai 1909.
Un an plus tard, le 4 mai 1930, Maria donne naissance à Simone au 15 rue Santerre. Le père de Simone travaille en tant que tailleur d’habits et sa mère était employée de bureau. La grand-mère du coté paternel s’appelle Hendla et le grand-père, Chaim. Il est né en Pologne plus précisément à Szydlowice et Hendla est née à Radom en Pologne. Ils ont fui leur pays d’origine à cause des pogroms. Chaim Goldberg exerçait le métier de tailleur. Ils ont huit enfants, dont 4 filles et 4 garçons. La grand-mère maternelle s’appelle Rosa et son grand-père coté maternel s’appelle Yako. Ils ont aussi 8 enfants. Rosa et Yako se sont mariés à Smyrne en Turquie le 6 novembre 1903, après avoir fui Odessa, leur ville d’origine à cause des pogroms également.
2. Le départ pour Nancy, la mort de Chaïm, la naissance de Claire, la naturalisation de Herzsek
Est-ce que la famille Goldberg est partie à Nancy parce que le grand père était malade? Est-ce qu’ils ont déménagé à cause du logement qui était trop petit à Paris? Est-ce que le père de Simone est allé à Nancy pour son travail en occupant un appartement n’étant pas le sien mais celui du grand-père? On ne sait pas pourquoi la famille Goldberg est partie de Paris pour Nancy. Simone a deux ans.
La naturalisation est le fait de demander la nationalité française. Hersek et sa famille habitaient au 14 Rue du Pont Mouja à Nancy lors de sa naturalisation. Herszek a été naturalisé français le 26 juillet 1933. Herszek devient Henri. A Nancy, la profession de Henri Goldberg était toujours tailleur, sa femme, Maria, était marchande foraine. Herszek avait les cheveux châtains, les yeux bleus, le front de taille moyenne, le visage ovale et il mesurait 1m67. Il a été dispensé de service militaire en raison de son âge. Claire, la fille de Herszek et de Maria et surtout la petite sœur de Simone est née le 25 juillet 1933 à Nancy, un jour avant la naturalisation de Herszek.
3. Le retour à Paris, la naissance de Michèle. La scolarisation de Simone et Claire. Les lois anti-juives
Travaux possibles de Claire et Simone réalisés dans leur école rue Montmorency.
Simone a été dans une école spécialement pour filles, cette école est 8 rue de Montmorency dans le III arrondissement. Elle y est de 1937 à 1941. Sa sœur Claire est aussi allée dans cette école. Simone faisait du travail manuel plus précisément de la couture, comme son père.
La France rentre en guerre en 1939 et se fait envahir durant l’été 1940. Pendant cette période, Simone a vu ou a vécu « l’exode » durant lequel des milliers de Français ont fuit les combats. Le 22 juin 1940, le gouvernement français capitule, il arrête les combats et Paris est occupé. Philippe Pétain est au pouvoir. Simone a vu la ville changer. Les symboles nazis se répandent et elle croise régulièrement des soldats Allemands. En 1940, les lois antijuives apparaissent. Une des lois imposées à Simone est de ne pas avoir le droit d’entrer dans certains lieux publics comme les parcs, les cinémas ou même les lieux de commerce. Elle n’avait même pas le droit de s’asseoir sur des bancs publics. Simone n’a pas pu profiter de sa jeunesse: elle n’a pas pu visiter certains lieux. Simone n’a pas eu les mêmes droits que les autres citoyens français. Elle devait porter l’étoile juive sur ses habits à chaque fois qu’elle sortait. Les jeunes Juifs scolarisés étaient mis de côté de façon à ne plus être interrogés.
Une cousine de Maria, Berthe Fridman, se souvient être allée chez les Goldberg, 72 boulevard Saint Marcel, leur dernière résidence. Berthe avait 12 ans. Elle se souvient que les Goldberg vivaient dans une boutique, au rez-de-chaussée, qui devait servir de lieu de travail et de pièce à vivre. C’était une modeste habitation. Simone était absente. Berthe se souvient de Claire et Michèle courant dans l’appartement.
Michelle Goldberg, de son deuxième prénom Charlotte, est née le 14 septembre 1939 à Paris. Michelle est la dernière sœur de Simone.
4. L’arrestation et la déportation de Herszek, Maria, Claire et Michèle
Toute la famille de Simone (sauf Simone) a été arrêtée et internée à Drancy . La famille Goldberg est arrivée le 28 Avril 1944 à Drancy, le numéro de Hersek est le 20590. La famille est déportée le 29 avril 1944 par le convoi 72. Le père, Herszek, avait sur lui une somme de mille trois cent quatre-vingt-dix francs, un bracelet d’identité en or, une paire de boucles d’oreilles en or et en perles, une bague en or, en pierre et roses . A leur arrivée à Auschwitz, ils sont sans doute gazés. Herszek, le père, meurt à l’age de 48 ans, Maria, à l’âge de 35 ans, Claire, à l’âge de 11 et Michelle, à l’âge de 4 ans. La date présumée de la mort des parents et des sœurs de Simone est le 4 mai 1944. C’était le jour d’anniversaire de Simone.
Lors de l’arrestation de sa famille, Simone n’est pas là: elle est rue Vauquelin, un centre UGIF (Union générale des Israélites de France) pour jeunes filles. Une tante du côté maternel, Hanna, appelée Annette Grumberg, qui a 18 ans en 1944, la prévient que ses parents ont été arrêtés. Annette Grumberg est décédée en 2020. Elle a pu raconter ce qui s’était passé. Annette dit qu’elle apprend l’arrestation des parents de Simone par une collègue de travail aux chèques postaux, qui s’occupait le soir ou la nuit des enfants du patronage juif de la rue Vauquelin où se trouvait Simone. Mais, Simone ne veut pas suivre Annette (elles se connaissent depuis peu), ni se cacher. Elle rentre chez elle, sa famille a déjà été embarquée. Elle retourne rue Vauquelin. Annette dit que le regret de sa vie est de n’avoir pas réussi à prendre Simone avec elle.
5. Louveciennes
Louveciennes est une commune française située dans le département des Yvelines en région Île-de-France . A Louveciennes en 1944, il y avait un orphelinat nommé Séjour de Voisins , il se situe au 18 rue de la Paix et place Ernest Dreux. C’est la maison d’enfants de l’UGIF, numéro 56, ces enfants sont Juifs et leurs parents ont été déportés donc ils sont partis dans ces maisons d’enfants. L’UGIF a été créée et gérée par des Juifs. L’UGIF a été créée sur demande des nazis pour contrôler les enfants Juifs, et ainsi savoir où ils sont.
Selon le témoignage de Denise Holstein, rescapée du convoi 77 et monitrice à Louveciennes, le directeur de Louveciennes nommé M. Louis était vraiment égoïste car il gardait les meilleures provisions pour lui et sa famille. Les enfants n’avaient pas grand chose à manger, souvent ils mangeaient les restes. M. Louis était violent car il était le directeur et donc il abusait de son pouvoir, il disait aux monitrices de taper les enfants, de ne pas jouer avec eux.
6. L’arrestation des enfants et des monitrices de Louveciennes, Drancy, le convoi 77.
Le 9 mai 1943, Alois Brunner est nommé à Paris afin d`intensifier le processus de déportation des Juifs de France de juin 1943 à août 1944. Il procède à la déportation de 24 000 juifs de France et il commande le camp de Drancy. Brunner déclenche son action contre les enfants à la fin de l’après-midi du 20 juillet 1944. Il est probable que l’échec du putsch contre Hitler, ce même jour, a grandement contribué à la décision de Brunner.
Le 28 juillet à Louveciennes, Alois Brunner commande l’arrestation des enfants. Ces derniers doivent préparer quelques affaires et vite pour ensuite partir avec la police. Les monitrices chantent pour ne pas les inquiéter. Ils arrivent à Drancy. Les enfants dorment dans des chambres mais le nombre de lits n’est pas suffisant pour le nombre d’enfants donc ils dorment par terre. Simone est installée escalier 7, avec les autres enfants de Louveciennes A Drancy les prisonniers ne peuvent pas se laver les conditions de vie sont enfants de Louveciennes. A Drancy, les prisonniers ne peuvent pas se laver, les conditions de vie sont terribles.
Dans le convoi 77, qui part le 31 juillet, les Juifs ne pouvaient pas boire, malgré leur soif. Les toilettes n’étaient qu’un seau et de la paille. Ils ne peuvent pas s’asseoir ni s’allonger. L’air était peu respirable. Le convoi était juste un train à bestiaux. Lorsqu’ils étaient dans le convoi, ils ne savaient pas où ils partaient. Le voyage a duré 3 jours et il y avait 60 personnes par wagon. Les conditions de transport étaient horribles. Entassés durant ces trois jours, ils ont vécu un enfer et tout le monde n’a pas survécu malheureusement.
Les plus grands disaient « Pitchipoi » aux plus petits pour les rassurer. Ce qui veut dire « (on va) vers un territoire inconnu ». A Auschwitz, Simone sort du wagon, les nazis font peur aux Juifs avec des chiens, ils crient d’aller vite et sont très violents. Puis, directement sélectionnée pour la chambre à gaz à cause sans doute de son jeune âge, elle est morte le 5 août 1944.
Plaque commémorative des enfants raflés à Louveciennes.
L’arrestation des enfants de Louveciennes a lieu peu de temps après le débarquement allié car les Allemands craignaient qu’ils n’auraient pas le temps de déporter tous les Juifs avant la fin de la guerre.
II. Le dialogue
– Salut
– Salut
– Je m’appelle Simone Goldberg, et toi ?
– Je m’appelle Merveille Siro . Quel âge as-tu ?
– J’ai 14 ans. Et toi ?
– J’ai 14 ans moi aussi. C’est cool de rencontrer quelqu’un de mon âge. As-tu des frères et sœurs ?
Moi, je suis fille unique de mon père et de ma mère sinon j’ai des demi-frères et sœurs des deux
côtés. Et toi, combien as-tu de frères et sœurs ?
– J’ai deux petites sœurs, Michèle, qui a quatre ans et Claire qui a onze ans. De quelle origine es-
tu ?
-Je suis d’origine Centrafricaine de mes parents. Mon père est née à Bangui en Centrafrique comme
ma mère mais quelques années après lui. Et toi ?
-Je suis d’origine Polonaise de mon père, qui est né à Szydlowice, en 1896 et qui venu en France
avec mes grand-parents à cause des pogroms. Je suis aussi Française de ma mère, qui est née à Paris
dans le XIIème arrondissement, en 1909.
– Qu’est-ce qu’un pogrom?
– Ce sont des massacres et pillages envers les juifs par le reste de la population.
– Quelle horreur ! Mais comment cela peut-il arriver au sein d’un pays envers une religion ?
– Je ne sais pas, mais ce que je sais c’est que mes grand-parents paternels, grand-mère Hendla et
grand-père Chaim ont beaucoup souffert de ce pogrom, ils ont dû fuir leur pays d’origine pour venir
ici en France avec mon père.
– Contrairement à toi, mes parents sont venus de leur plein gré, pour vivre une meilleure vie et n’ont
pas vécu les mêmes choses que tes grand-parents paternels et ton père. Je me sens désolée envers ta
famille.
– Ce n’est rien, pas besoin d’être désolée, ce n’est pas de ta faute.
– Comment tes grand-parents ont-ils vécu en France ?
– Mon grand-père, Chaim exerçait le métier de tailleur et il l’a transmis à mon père.
– Tes parents, sont-ils mariés ?
– Oui, ils se sont mariés en 1929 et un an après, ils m’ont eue. Et tes parents ?
– Non, ils se sont séparés bien avant que mon père ne décède.
– Je suis désolée.
– Ce n’est rien. Ton père est-il français maintenant ?
– Oui, il a été naturalisé en 1933, un jour après, ma sœur, Claire, est née.
– Ta sœur leur a amené de la joie et de la chance.
– Oui, et tes parents sont-ils de nationalité française maintenant ?
– Mon père, oui, il l’était et ma mère, la procédure est en cours. Dans quelle école es-tu ?
– J’étais dans une école de filles dans le IIIème arrondissement de Paris, avec ma soeur Claire. Je
faisais de la couture comme mon père. Durant une partie de ma scolarité, de 1939 jusqu’à
maintenant, il y a eu la guerre, la France a été envahie par les Allemands. J’ai dû changer de vie.
– Pourquoi ?
– Parce que Philipe PETAIN est arrivé au pouvoir et que la France a capitulé. Après cela, il y a eu
les lois anti-juives.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Les lois anti-juives disaient que tous les juifs ou juives n’avaient pas le droit d’entrer dans certains
lieux publics, que ce soit des parc, des cinémas ou même des lieux de commerce. Je n’avais même
pas le droit de m’asseoir sur des bancs publics. En plus de cela, je devais porter une étoile jaune sur
mes habits à chaque fois que je sortais. Je ne voyais pas souvent mes amies.
– Ils t’ont privée de ta liberté. Tu n’as pas pu profiter de ta jeunesse ou voir tes amies.
– Oui, et toi comment est ton école ?
– Mon école s’appelle le collège Jean de la Fontaine, il se trouve dans la même ville où j’habite.
C’est une école mixte, garçon comme fille, il n’y a pas de différence. C’est une école de la diversité,
il y a plein de personnes différentes, que ce soit la couleur de peau, l’origine ou bien la religion.
C’est une école laïque. Nous sommes jugés pour qui nous sommes et non par rapport à notre
religion, notre couleur de peau ou encore notre origine.
– Que je t’envie, j’aurais aimé vivre ta vie. Où habites-tu ?
– J’habite au Mée-sur-seine, une petite ville à une heure de Paris environ. Mais avant d’habiter au
Mée-sur-seine, j’ai grandi dans une autre ville, Dijon, à environ trois heures de route du Mée dans le
sud-est jusqu’à l’âge de huit ans avant que mon père ne décède. Et toi où habites-tu ?
-Je suis née à Paris, le 4 mai 1930 et j’ai vécu à Nancy avec mes grand-parents avant que mon
grand-père, Chaim ne décède. Ensuite, je suis revenue ici en 1937. Avant d’être à Drancy, un camp
d’internement, j’ai vécu à Paris, boulevard Saint-Marcel avec ma famille et ensuite à Louveciennes,
un orphelinat de UGIF.
– Quoi !! tu vis dans un camp d’internement maintenant? Mais pourquoi ? Comment cela se fait-il
que tu vivais à l’orphelinat alors que tu as des parents ?
-Je suis de religion juive comme mes parents et mes grand-parents. A cause de ma religion, ma
famille et moi avons été envoyée à Drancy, comme beaucoup d’autres familles juives à Paris. J’ai eu
la malchance d’être internée toute seule sans ma famille. Ma mère, mon père et mes deux sœurs
furent arrêtés pendant que j’étais à l’école et je fus envoyée à Louveciennes, un orphelinat.
– Oh, mais quelle horreur… ça ne se fait pas ! Je te plains, c’est de l’antisémitisme…
-Bien sûr, plein d’autres familles eurent la malchance d’être séparées et n’eurent pas la chance de se
revoir. Chaque jour, je rêve de revoir mes parents sains et saufs.
– Ma pauvre. Je ne sais pas comment te consoler. J’espère que tu reverras bientôt tes parents.
Comment était Louveciennes ?
– Louveciennes était un endroit très inhospitalier, tous les enfants étaient seuls, j’étais l’une des plus
grandes de l’orphelinat, beaucoup d’enfants sanglotaient dans l’obscurité, je ne pouvais pas pleurer
pour ne pas rendre les enfants tristes. Avant de venir à Drancy, des policiers sont venus nous rafler
et nous sommes montés dans les bus.
– Pauvre de toi, j’imagine comment tu as vécu. Et à Drancy, comment c’est ?
– Drancy, c’est dix fois pire, les conditions de vie sont très rudimentaires, nous n’avons pas beaucoup
à manger, nous sommes entassés dans des soi-disant chambres sans pouvoir sortir très souvent. Sans
oublier le directeur de Drancy, monsieur Aloïs Brunner, un homme sans scrupule, il ne vit que pour
nous malmener, il ne fait aucune différence entre femme ou enfant. Il réserve le même sort à chacun
de nous.
– Mais c’est le diable en personne ! Comment un être humain peut-il n’avoir aucun sentiment de
moralité ? Quand vas-tu partir de Drancy ?
-Je crois que je vais être envoyée bientôt à Pichipoï comme les autres enfants qui viennent de
Louveciennes.
– Pichipoï, c’est quoi ?
– C’est un mot qu’on nous dit pour nous rassurer mais en fait, nous ne savons pas où cela
se trouve. Je pense que ce n’est pas un endroit sûr. Cela veut dire « trou perdu » en yiddish.
– Comment allez-vous partir de Drancy ?
– On partira de Drancy dans des trains de bestiaux, ce sont les wagons où on transporte les animaux
comme les chevaux. Ce que je sais, c’est que les enfants qui montent dans ces trains ne reviennent
jamais. D’après la rumeur, les enfants sont tués comme leurs parents. J’ai peur que cela m’arrive
lorsque je vais quitter cet endroit.
– C’est inhumain, comment des humains peuvent être entassés dans des trains à bestiaux ?
– Ceux qui nous font cela sont des êtres ignobles, sans cœur, sans conscience. Ils ne méritent même
pas de vivre, ils s’en prennent à des enfants, des femmes et des personnes âgées dans le but de
satisfaire leur besoin sadique.
– A mon époque, nous ne voyons plus ce genre de choses. L’être humain a pris conscience des
choses qu’un homme peut faire.
– Tu crois?
– As-tu des nouvelles de la famille de ta mère ?
– Non, depuis que je suis ici, je n’ai eu aucune nouvelle, je pense que ma grand-mère maternelle,
grand-mère Rosa, est très probablement à ma recherche.
– Elle doit beaucoup te manquer.
– Oui, elle me manque beaucoup.
This biography of Simone GOLDBERG has been translated into English.
iL SE trouve que je suis allée moi aussi dans cette école de 6 à 8 ans ! nous habitions alors rue Michel Lecomte …
Bonsoir, et merci pour votre travail !
Je suis de la famille de Simone Goldberg
Il y a dans la page wiky que vous avez publié des infos que je n’avais jamais trouvé, si la/le responsable de ce projet avait la gentillesse d’entrer en contact avec moi.
Merci
Très beau travail. Merci.