Szlama NIRENBERG
Szlama Nirenberg est né le 3 mars 1894 à Kazimierz Dolny (dans l’est de la Pologne). Il était le fils de Rachmil et Rywka Ajdla, née Mardyks.
Photo ci-contre : Acte de naissance de Szlama Nirenberg
Les Juifs à Kazimierz Dolny
Les premiers juifs se sont installés à Kazimierz Dolny probablement dans la seconde moitié du XVe siècle, bien que des rapports indiquent que des marchands juifs étaient présents dans la région dès le XIe siècle. L’époque de prospérité de la communauté juive a été interrompue par les effets destructeurs des guerres au milieu du XVIIe siècle : les Cosaques de Chmielnicki, les Suédois, l’armée de Rakoczy, jusqu’aux troupes polonaises, ainsi que par les incendies et la peste.
Des Juifs de Kazimierz
En 1939, la ville de Kazimierz comptait 4641 habitants, dont environ 2500 Juifs. Lorsque la Seconde Guerre mondiale a commencé, les Allemands y ont établi assez rapidement, dès 1940, un ghetto dans lequel ils ont placé les Juifs de la ville et ses environs.
En mars 1942, les habitants du ghetto de Kazimierz sont transférés dans celui d’Opole Lubelskie, puis déportés dans l’un des camps d’extermination – probablement à Bełżec. Lors de la liquidation du camp de travail, les Juifs qui s’y trouvent sont déportés, et une douzaine d’entre eux ont sont fusillés à l’automne 1943 dans le nouveau cimetière juif.
Szlama a toujours connu sa femme, Dwojra Mardyks, grâce à des liens familiaux. Ils sont nés la même année avec seulement deux mois d’écart. Ils étaient cousins, Dwojra étant la fille du frère de la mère de Szlama. Ils se sont mariés à Siedlce, la ville natale de Dwojra, puis ont déménagé à Varsovie pour une vie meilleure.
Les Juifs à Siedlce
Liste de naissance de Paris, incluant Maurice – fils de Szlama et Dwojra
La première mention de Juifs vivant à Siedlce date de 1577. Les plus anciennes traces d’eux, sous forme d’inscriptions sur des pierres tombales, remontent à 1630, d’après des recherches effectuées au début du XXe siècle. Le pourcentage le plus élevé de Juifs à Siedlce a été enregistré en 1865. Il était de 73%, soit 7094 sur 9710 habitants de la ville. En septembre 1939, dans les premiers jours de la guerre, de nombreux habitants de Siedlce, dont des Juifs, ont été tués lors du bombardement de la ville. Environ 80% des maisons ont été détruites à cette époque, ce qui a rudement éprouvé tous les habitants. La guerre a détruit la vie économique des Juifs de Siedlce. En mars 1940, environ 1 200 Juifs de Kalisz et d’autres villes de l’ouest de la Pologne ont été déportés vers Siedlce. De nombreux Juifs de la ville ont été à leur tour déportés dans des camps de travail pénitentiaires dans la région de Lublin. En août 1941, les Allemands ont fait d’un des arrondissements de la ville un ghetto fermé, où ils ont transféré tous les Juifs vivant à Siedlce. Les conditions sanitaires du ghetto étaient désastreuses, ce qui a entrainé une épidémie de typhus au tournant des années 1941 et 1942. Seuls un millier de Juifs de Siedlce ont survécu à la guerre, la plupart en URSS. Il n’y en a que quelques-uns sont qui retournés dans leur ville natale après 1945.
En 1920, la première fille de Szlama et Dwojra, Anna, est née. En 1922 et 1924, deux autres filles, Laja et Rachel, viennent au monde. Toutes les trois étaient déjà nées à Varsovie.
Entre 1924 et 1927, toute la famille part s’installer en France, où leur premier fils Maurice est né le 19 février 1927. La raison probable de ce déménagement est, comme pour le précédent, le désir d’offrir à leurs enfants la possibilité d’une vie et d’un environnement meilleurs.
A Paris, ils habitent au 150 avenue des Batignolles, près du village de Saint-Quen ; auparavant, ils habitaient dans la même commune au 21 boulevard Biron. Le métier de Szlama est fabricant de gants de cuir sur mesure, au 11 rue Elzevir. Sa femme est couturière.
En juillet 1942, pendant la plus grande rafle française de Juifs de la Seconde Guerre mondiale, Szlama s’est caché à son lieu de travail. Il a survécu grâce à un ami de la famille, M. Truffat, qui l’a averti du danger et qui, en concertation avec la concierge de l’immeuble, lui a fourni l’approvisionnement nécessaire.
La fille aînée a également survécu à la rafle ; elle a été hébergée par la famille Truffat et y est restée jusqu’en 1944, lorsque leur appartement a été détruit par les bombardements ; elle a survécu à la guerre, mais on ignore ce qu’il est advenu d’elle.
Le reste de la famille n’a pas eu cette chance et, le 16 juillet 1942, ils ont été arrêtés lors d’une grande rafle de Juifs. Ils ont été détenus au Vélodrome d’hiver jusqu’au 19 juillet 1942. Ils sont ensuite envoyés dans un camp à Beaune-la-Rolande. Dwojra et ses filles étaient probablement détenues dans la baraque 3 et Maurice dans la baraque 7.
La rafle du Vél d’Hiv
La rafle du Vél d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942 est la plus grande arrestation massive de Juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement pro-allemand de Vichy, avec une force d’environ 9 000 policiers, a arrêté plus de 13 000 personnes d’origine juive à Paris et en région parisienne. L’événement tire son nom de la piste cycliste couverte, le Vélodrome d’Hiver, qui a existé près de la Tour Eiffel à Paris entre 1909 et 1959, où la police française a détenu les victimes de la rafle. Cet événement s’inscrivait dans le cadre de l’opération « Frühlingswind » (vent de printemps), menée en Europe par les autorités d’occupation du Troisième Reich.
Le camp de Beaune-la-Rolande
Le camp de transit de Beaune-la-Rolande était un camp allemand pour les Juifs français et les prisonniers de guerre, servant de lieu d’enfermement avant d’être emmenés dans des camps d’extermination hors de France. Le site a été construit en mai 1941 dans le département du Loiret.
A partir du 14 mai 1941, il fait également partie d’un réseau de prisons pour Juifs. Il reçoit un transport de 2773 Juifs polonais arrêtés en France. Ils sont détenus à Beaune-la-Rolande jusqu’en 1942, d’où ils sont transportés par le convoi 5 directement à Auschwitz-Birkenau en Pologne occuppée ou au camp de Drancy en France. A Beaune-la-Rolande se trouvait également un groupe de 1 500 enfants dont les parents avaient été arrêtés et transportés à Drancy. Ces enfants ont également été emmenés à Drancy le 17 août 1942 par le convoi n° 15. Le camp a été officiellement fermé le 4 août 1943, quoique d’autres sources parlent d’octobre 1943.
Avant d’être déportées à Auschwitz, la mère et ses filles se trouvaient à Terezin, d’où elles sont partis, dans le transport 15 du 5 août 1942, vers le camp d’extermination. Après leur trace disparait, mais il est très probable qu’elles ont été tuées immédiatement.
Szlama se cache jusqu’à ce qu’il soit arrêté par la police juive le 10 juillet 1944 et interné au camp français de Drancy le 11 ou le 12 juillet 1944.
Deux ans plus tôt, dans ce même camp, se trouvait son fils Maurice, qui avait été séparé du reste de la famille. Il a été transporté à Auschwitz le 28 août, dans le transport 25.
Monument du camp de transit, sur la plaque se trouve le nom de Nirenberg.
Le camp de Drancy
Le trajet parcouru par Szlama de France jusqu’au camp d’extermination sur le territoire de la Pologne sous l’occupation nazie
Le camp de Drancy était un camp allemand pour les Juifs de France et d’autres pays d’Europe occidentale, où ils attendaient d’être transportés vers des camps d’extermination hors de France, principalement à Auschwitz-Birkenau. Il y a eu environ 58 transports du camp de Drancy vers Auschwitz-Birkenau. Le camp a fonctionné d’août 1941 à août 1944, avec une population de prisonniers d’environ 67 400. Le camp a finalement été fermé en 1946, les bâtiments qui le composaient ont été reconstruits et réadaptés en logements sociaux pour ouvriers. Drancy est le seul site en France à être répertorié par l’institut Yad Vashem comme un grand site d’extermination juive.
Déporté à Auschwitz le 31 juillet 1944 dans le transport 77, Szlama a vraisemblablement été tué dès son arrivée au camp, le 5 août 1944.
Acte de décès de Szlama Nirenberg
Sources
- Archiwum Państwowe w Lublinie: zespół akt nr 1739 – Akta stanu cywilnego Okręgu Bożniczego w Kazimierzu 1826-1915 [2016], sygn. 60, s. 12 (Archive nationale de Lublin , dossier n°1739 – Actes d’état civil du District de la Synagogue de Kazimierz 1826-1915 [2016], réf. 60, p. 12.)
- Archive national de Siedlce
- Yad Vashem à Israel
- Le musée des États-Unis du mémorial de l’Holocauste
- Archives de Paris
- Mémorial de la Shoah à Paris
- Archives d’Arolsen
- Instutut Historique Juif à Varsovie
- Muzeum Żydowskie Galicja à Cracovie