Saul CALLI
Calli Saul est né en septembre 1891 à Thessalonique, en Grèce (alors sous domination ottomane). Il est décédé en déportation durant la Seconde Guerre mondiale, soit le 31 juillet 1944 à Drancy, soit, selon des sources officielles ultérieures, le 5 août 1944 au camp de concentration et centre de mise à mort d’Auschwitz, en Pologne[1].
De nationalité grecque par filiation, Calli Saul était le fils de Monsieur F. Liacsi et de Madame Accioni Sol, née à Thessalonique en 1870.
Apparence physique et profession
Calli Saul mesurait 1,70 mètre, avait les cheveux châtains, les yeux gris-bleu et un visage ovale. Il a exercé la profession de commerçant, vendant divers types de marchandises.
Vie en France et statut administratif
Il s’est installé en France en 1925 et a résidé principalement à Paris, au 11 rue Baudin, ainsi qu’à Antibes, au 14 Avenue Thiers. Selon une copie conforme détenue par le Service des Étrangers du Commissariat d’Antibes, il a reçu une carte d’identité le 6 octobre 1939, sous le numéro 39 AC 24303, valable jusqu’au 6 octobre 1942. Celle-ci a ensuite été remplacée par une nouvelle carte 39 AC 16792, valable de 1942 à 1945, émise par la police.
Passion pour les jeux et exclusion des casinos
Calli Saul était un habitué des casinos et, conscient de son addiction au jeu, il a demandé lui-même à être interdit de jeux pour une durée minimale de deux ans. Dans une lettre datée du 19 avril 1926, le Préfet de Police de Paris a informé le Ministre de l’Intérieur de cette demande.
©Archives nationales de Pierrefitte,
CALLI Saul, cote 19940437/24 Dossier 2042
Le 21 août 1926, le Commissaire Spécial du Ministère de l’Intérieur a signalé que Calli Saul, alors domicilié habituellement à Paris, avait été expulsé du casino de Royan, où il s’était fait délivrer une carte de baccara.
©Archives nationales de Pierrefitte,
CALLI Saul, cote 19940437/24 Dossier n°2042
Vie privée et témoignage de son codétenu
Célibataire officiellement, Calli Saul a néanmoins partagé une longue relation avec Susanna Schrecht, qu’il considérait comme son épouse légitime. Cette relation a été attestée par M. Rosenberg, son codétenu à Auschwitz, dans un acte notarié enregistré chez Maître Albert Danotte à Cannes le 21 septembre 1945[2].
Mr. Rosenberg a déclaré avoir connu Calli Saul dans le camp d’Auschwitz, avant que celui-ci ne soit transféré à Birkenau, où il a finalement été exécuté. Avant sa mort, Calli Saul lui a confié ses dernières volontés, ne pouvant les consigner par écrit en raison des circonstances. Il a exprimé ainsi, de manière répétée et formelle, son souhait que tous ses biens reviennent à Susanna Schrecht, avec laquelle il vivait maritalement à Antibes.
Calli Saul ne serait donc pas décédé le jour de son arrivée à Auschwitz-Birkenau mais aurait été sélectionné pour le travail et serait mort plus tard comme l’atteste le témoignage de Mr Rosenberg.
Un certificat délivré par le maire d’Antibes a confirmé qu’il était de notoriété publique que Calli Saul et Susanna Schrecht vivaient ensemble comme époux. Ce certificat a été annexé à l’acte notarié.
Disparition et reconnaissance officielle du décès
Le 1er février 1947, Elie Calli, neveu de Calli Saul et résident à Antibes, a adressé une demande au maire et au commissariat de police afin d’obtenir un certificat confirmant l’absence prolongée de son oncle. Il a précisé que Calli Saul, qui n’avait ni enfant ni héritier direct, ne percevait aucune allocation militaire ou indemnisation destinée aux exilés politiques disparus.
Le 25 août 1947, le Ministère des Anciens Combattants a confirmé que Calli Saul, né à Thessalonique le 22 septembre 1891 et résidant à Antibes, était un déporté politique et racial.
Six ans plus tard, le 23 février 1953, Elie Calli a demandé un acte de décès officiel afin de régler la succession de son oncle et d’obtenir les indemnisations accordées aux familles des exilés politiques morts en détention.
Le 20 avril 1953, le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre a délivré un acte de disparition attestant que Calli Saul avait été déporté à Auschwitz par le convoi parti de Drancy le 31 juillet 1944.
© Archives du SHD de Caen, DAVCC,
dossier de CALLI Saul dit Paul 21 P 432 684
Reconnaissance tardive du décès à Auschwitz
Le 24 décembre 1955, le Parquet de Grasse, par l’intermédiaire du Procureur de la République, a adressé une lettre au Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre – Direction du Contentieux – sollicitant une décision officielle de disparition et de présomption de décès.
Le 10 octobre 1956, le Tribunal de Grasse a notifié au ministère que Calli Saul, dit Paul, était décédé le 31 juillet 1944 à Drancy. L’inscription de cette décision a été enregistrée dans les registres de l’état civil de la mairie d’Antibes le 18 avril 1956, où son décès a été transcrit sous le nom de Saul dit Paul Calli, né le 22 septembre 1891 à Thessalonique.
Cependant, des recherches ultérieures menées par le Ministère des Anciens Combattants ont établi que Calli Saul était en réalité décédé à Auschwitz cinq jours après sa déportation, soit le 5 août 1944[3], en conformité avec les règlements de l’état civil.
Une décision du Ministère français de la Défense nationale a rectifié officiellement la date et le lieu de son décès. Comme mentionné en marge des registres originaux et conformément à une décision publiée au Journal Officiel du 14 février 2008, il a été reconnu que Calli Saul était mort le 5 août 1944 au camp de concentration d’Auschwitz, en Pologne, et non à Drancy le 31 juillet 1944 comme indiqué précédemment.
Dernières archives et confirmation officielle
Selon le registre des détenus de Drancy, Calli Saul a été arrêté par la Gestapo en juin 1944 et transféré à Drancy le 12 juillet 1944. Son numéro de carnet de fouille était 156 et son numéro de reçu 6434.
Enfin, la Direction des Statuts, des Pensions et de la Réinsertion Sociale, dans une lettre du 14 février 2008 adressée à la mairie d’Antibes, a certifié officiellement que Calli Saul était mort en déportation à Auschwitz le 5 août 1944, conformément à la loi 85-528 de mai 1985 sur l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes de décès des victimes de la Shoah et des persécutions nazies.
Sources consultées
- Archives du projet « convoi 77 » archives nationales de Pierrefitte CALLI Saul, cote 19940437/24 Dossier 2042
- Service Historique de la Défense, Département des Archives sur les Victimes des Conflits Contemporains à Caen : dossier de CALLI Saul dit Paul 21 P 432 684
- Carnets de fouille de Drancy
- Liste originale du convoi de déportation
À la rédaction du CV de la biographie ont contribué les élèves de français de la classe de troisième, du Premier Collège Public de Panorama de Thessalonique, Grèce – (1er Gymnasio de Panorama de Thessalonique,) sous la supervision de la professeure de français de l’école, Mme Anastasia Kokkini.
Voir la présentation du travail réalisé par les élèves (fichier PDF).
Notes et références
[1] Ce sont les dates que l’on mettait à l’époque mais désormais on sait que les personnes déportées par le Convoi 77 qui ont été directement assassinées l’ont été le 3 août (jour d’arrivée du convoi à Auschwitz).
[2] Ce témoignage se trouve dans le dossier des archives du SHD de Caen au nom de CALLI Saul dit Paul, cote 21 P 432 684.
[3] C’est la date que l’on mettait à l’époque mais désormais on sait que les personnes déportées par le Convoi 77 qui ont été directement assassinées l’ont été le 3août (jour d’arrivée du convoi à Auschwitz).