Albert CARCASSONNE

1909 - 1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: ,

Biographie d’Albert CARCASSONNE

étudiée et rédigée par les élèves de la classe de 3B du collège Elsa-Triolet situé dans le XVe arrondissement de Marseille, sous la direction de leur professeur, Madame Morgane Boutant. Les noms des élèves figurent ci-dessous.
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En l’absence de photo, l’éditeur a retenu l’acte de naissance d’Albert Caracassonne en tête de la biographie.

Portrait d’Albert réalisé par Mohamed

Albert est né le 28 septembre 1909 à 23h à Marseille. Il est de confession juive. Ses grands-parents sont Edgard Carcassonne (1842-?) et Anna Mosé ou Sarah Albertine Meyer (1). Le père d’Albert est Edgard Daniel Carcassonne (1873-1944). Il est né à Avignon. Il est voyageur de commerce. Sa mère est Zoé Ulmann (1871-1926). Elle a épousé Edgard Daniel en 1902. Le père d’Albert Carcassonne s’est remarié avec Augustine Appolonie Lion en 1893. Elle est employée de commerce. La famille habite à Nîmes dès 1910.

Albert a deux sœurs. La première se nomme Berthe (1903-1994). Nous savons qu’il a une autre sœur d’après les sources émanant des archives municipales de la ville de Nîmes mais le nom est inconnu. Berthe a été mariée à Elie Felix Suarez (1896-1942). Elle a vécu à Saint-Jean-de-Luz. Elle a travaillé dans une bijouterie qui est aujourd’hui un primeur au 12 boulevard Victor Hugo. Elle a peut-être eu une fille, Natacha (2).

Albert a un frère, Samuel (1907-1982). Il est né à Marseille. Il a été voyageur de commerce et/ou a été horloger (3). Il a vécu rue du Général-Perrier à Nîmes. Samuel a eu un fils, Daniel. Au cours de sa vie Daniel (1940-2017) s’est marié à Theresa Noélie Fournier puis à Magalie Fabre. Daniel a été prothésiste dentaire et a habité au 9A rue du Mail à Nîmes (4). Il a eu une fille, Virginie Bonhomme (5).

 

Arbre généalogique réalisé par Clara

 

Arbre généalogique réalisé par Radhuia

Albert habite avec son père au 2, rue l’Abbé-de-Sauvages à Nîmes dans le Gard. Avant 1934 cette rue se nomme ruelle de la Calade. Albert est tailleur d’habit. En 1929 il est inscrit sur le tableau de recensement militaire (6).

               D’après ces documents, il a les cheveux châtains, les yeux bleus, le front haut, le nez fort et le visage ovale. Il mesure 1m65. Il sait nager et monter à bicyclette.

Portrait d’Albert réalisé par Chainez

Portrait d’Albert réalisé par Gamze

Portrait d’Albert réalisé par Chahidine

Portrait d’Albert réalisé par Djibril

 

Portrait d’Albert réalisé par Enfal

Portrait d’Albert réalisé par Yasmine

Portrait d’Albert réalisé par Volkan

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La Seconde Guerre mondiale débute en 1939. Dès le 2 juin 1941, en France, tous les Juifs doivent se déclarer à la mairie sur des listes nominatives des Juifs français recensés. Ils doivent déclarer leurs propriétés et leur fortune. Ils doivent signer une fiche individuelle nominative des Juifs français en résidence dans le Gard (7).

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Dès 1942, Albert est pourchassé par la Gestapo. Il doit quitter Nîmes. Il arrive au Vigan, près d’Alès dans le Gard. Il y a des emplois aux mines de plomb et de zinc des Malines à Saint-Laurent-le-Minier. Cette mine est dirigée par M. Chabane, un architecte de Nîmes. Albert demande à être embauché par l’intermédiaire de Vidal Escojido (1907-?) né à Constantinople en Turquie. C’est un ami d’Albert qui le connaît bien, lui et sa famille. Ils ont quitté Nîmes ensemble. Vidal Escojido est un industriel en Bonneterie, domicilié à Nîmes, au 4bis rue de Terraube (8). Il est directeur dans une entreprise de travaux publics de Vigan. Ce travail à la mine permet de fournir des contrats pour éviter que les hommes partent pour le STO (service du travail obligatoire) dans le IIIeReich (9). Albert possède une fausse identité avec une fausse carte du nom de Salencon.
Pendant ses moments de détente, Albert va souvent au café de l’Univers à Nîmes. Parmi les Nîmois qui fréquentent ce café, il y a Oskar Reich, un Autrichien de confession juive. C’est un ancien joueur international de Football. Il est membre du service d’ordre juif protégé par les SS. Il collabore à la déportation des Juifs avec Aloïs Brunner, commandant du camp de Drancy placé directement sous l’autorité de la Gestapo. En échange, Oskar est dispensé du port de l’étoile (10). Début juin 1944, Oskar part avec la milice, intervient dans la mine et fait des prisonniers. La milice a dit à Albert : « Tu n’es pas Salencon, tu es Carcassonne, va chercher tes affaires, nous t’arrêtons » (11). Albert part chercher ses affaires et remet à Gérard Bagout un stylo et une montre en lui disant « Je suis fait, tu donneras ces deux objets à Vidal. » (12).

            Albert Carcassonne a été conduit à Montpellier et remis entre les mains de la police allemande. Il a été enfermé aux Baumettes de Marseille. Les Baumettes sont devenus un centre de transit avant d’être une prison. Puis Albert a été transféré à Drancy le 24 juillet 1944. Oskar Reich est l’inspecteur général du camp. À son arrivée, Albert a été fouillé, l’administration du camp note ce qu’il possède dans un carnet de fouille et lui affecte un numéro d’identification : 3166298 (13). Il a été déporté le 31 juillet 1944 à 35 ans vers le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, dans le convoi 77 composé de 30 wagons. Son père Edgar Daniel est parti, avant lui, le 4 juillet 1944 dans le convoi 76, à 71 ans.
D’après l’enquête réalisée par le ministère des Anciens Combattants et des Victimes de guerre, n° de dossier 84811 90011 21P 249071, Albert Cario, commerçant à Nîmes, aurait vu Albert Carcassonne en Allemagne près de Berlin, pendant sa déportation. Le nom d’Albert Cario a été retrouvé sur la liste des déportés dans les archives du mémorial de Drancy. Il est parti dans le même wagon qu’Albert Carcassonne partant de Drancy et allant vers Auschwitz.

         Albert Carcassonne part avec plus de 1300 autres déportés, hommes, femmes et 330 enfants vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Il arrive à Auschwitz le 3 août et meurt le 5 août. Albert Carcassonne est considéré comme une victime de guerre par l’État français avec la mention mort en déportation (14).

          En 1944, il y a des rumeurs sur la mort d’Oskar Reich à Auschwitz. Il est en réalité en fuite. Il va être arrêté en 1946. Oskar est inculpé pour violences et séquestration par application des ordonnances de 1944 sur les crimes de guerre avec deux sous-officiers SS. Il est jugé en deux jours et condamné à mort par le tribunal de Paris puis fusillé en 1949 (15).

          Les frère et neveu d’Albert Carcassonne, Samuel et son fils Daniel, sont inscrits sur les listes électorales en 1946 toujours à la même adresse au 2 rue l’abbé de Sauvages à Nîmes dans le Gard (16).

          La sœur d’Albert Carcassonne, Berthe, a envoyé une requête au procureur de la République en 1962 pour connaître l’histoire de son frère (17).

          Albert Carcassonne est inscrit sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah (18).

Sources :

1 : Les noms des grands-mères d’Albert Carcassonne sont différents en fonction des sources : les listes nominatives des Juifs français recensés  : 1W138, fiches individuelles nominatives des Juifs français en résidence dans le Gard : 1W39, retrouvées aux archives départementales du Gard et et les listes électorales de 1929: 1 K 102, 1930 : 1 K 103, 1932 : 1 K 105, retrouvées aux archives municipales de la ville de Nîmes.

2 : Interview du personnel de la mairie de Saint-Jean-de-Luz, Février 2019.

3 : Les métiers de Samuel Carcassonne sont différents selon les sources : les listes nominatives des Juifs français recensés 1W38, fiches individuelles nominatives des Juifs français en résidence dans le Gard :  1W39,  retrouvées aux archives départementales du Gard et les listes électorales de 1929: 1 K 102, 1930: 1 K 103, 1932: 1 K 105, retrouvées aux archives municipales de la ville de Nîmes.

4 : D’après l’acte de décès de Samuel Carcassonne, archives municipales de la ville de Nîmes.

5 : D’après une interview de Pascal PELISSOU, Mandataire judiciaire à la protection des majeurs, tuteur légal de Daniel Carcassonne, Mars 2019.

6 : Tableau de recensement de la classe 1929, 2e canton, 2e contingent : 1 H 208, archives municipales de la ville de Nîmes.

7 : D’après les listes nominatives des Juifs français recensés 1W138, fiches individuelles nominatives des Juifs français en résidence dans le Gard : 1W39 retrouvées aux archives départementales du Gard.

8 : D’après les archives des anciens combattants et des victimes de guerre, n° de dossier 84811 90011 21P 249071.

9 : D’après une interview de René Amargier de l’association Mémoire du Patrimoine Minier des Malines, février 2019.

10 : D’après une interview de Serge Klarsfeld (réalisée par notre professeur uniquement), avril 2019 et https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance.

11 et 12 : cité par Vidal Escojido dans le procès-verbal le 23 juillet 1962 dressé par le ministère des Anciens Combattants et des Victimes de guerre, n° de dossier 84811 90011 21P 249071.

13 : D’après le site de l’institut international pour la mémoire de la Shoah, https://yvng.yadvashem.org/nameDetails.html?language=fr&itemId=3166298&ind=0.

14 :D’après les archives du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre, n° de dossier 84811 90011 21P 249071 et le site https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=B8671C4D228DA13AB76B8AEA95FD7D7D.tplgfr21s_1?cidTexte=JORFTEXT000024043301&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000024042787

15 : D’après une interview de Serge Klarsfeld (réalisée par notre professeur uniquement), avril 2019 et https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance.

16 : D’après les archives municipales de la ville de Nîmes.

17 : D’après les archives des Anciens Combattants et des Victimes de guerre, n° de dossier 84811 90011 21P 249071.

18 : D’après le site du Mémorial de la Shoah, http://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=fulltext%3A%28albert%20carcassonne%29%20AND%20id_pers%3A%28%2A%29&spec_expand=1&start=0

          Cette biographie a été réalisée grâce à Mohamed, Mahmoud, Radhuia, Gamze, Lyes, Enfal, Shana, Soumaya, Dilara, Chainez, Chérine, Clara, Volkan, Djibril, Sofia, Avnora, Nasser, Chahidine, et Yasmine.

          Suite à la rédaction de la biographie d’Albert Carcassonne, les élèves de 3e B du collège Elsa-Triolet situé dans le XVe arrondissement de Marseille ont réalisé un débat sur le sujet suivant : « Rédiger une biographie d’un déporté, est-ce raviver la mémoire ? » :


Les élèves de la classe de 3e B du collège Elsa-Triolet situé dans le XVe arrondissement de Marseille ont aussi rencontré un journaliste d’investigation, Max Clanet, à la fin de leur recherche, pour comparer leurs expériences.  Pour les élèves, cette rencontre leur a permis :
-« De connaître et comprendre le métier de journaliste. »
-« De comprendre qu’il existe différents types de journalistes d’investigation. »
-« De comprendre que les sources ne sont pas toujours fiables et objectives. »
-« De se rendre compte que pour enquêter, il faut prendre du temps. »
-« De respecter l’anonymat si le témoin le désire. »
-« De comprendre que certains journalistes peuvent publier ce qu’ils veulent. »
-« De comprendre que nous, les élèves, avons fait le même travail que Max Clanet. »
-« De comprendre que les témoins ne sont pas tous sympas avec les journalistes. »

Contributeur(s)

Cette biographie a été réalisée grâce à Mohamed, Mahmoud, Radhuia, Gamze, Lyes, Enfal, Shana, Soumaya, Dilara, Chainez, Chérine, Clara, Volkan, Djibril, Sofia, Avnora, Nasser, Chahidine, et Yasmine, élèves de 3e B du collège Elsa Triolet situé dans le XVe arrondissement de Marseille, sous la direction de leur professeur, Madame Morgane Boutant.

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8 commentaires
  1. Amargier Renée 6 ans ago

    Bonjour
    Je félicite les élèves et leur professeure pour cette démarche cette recherche et ce travail collectif abouti
    Il a permis très certainement au delà d’une personne de se pencher sur une époque assez difficile de notre histoire collective au delà du temps
    Je pense qu’il est bon parfois de revenir sur notre passé même si nous devons aller de l’avant et faire notre avenir
    Bravo à vous tous

  2. Mila 6 ans ago

    Bravissimo la 3ème B

  3. LARTIGUE 6 ans ago

    Bravo pour votre travail.
    Corinne – Saint Jean de LUZ

  4. Mike mayer 6 ans ago

    Bonjour
    Félicitations à vous grâce à votre travail les descendants de ce déporté vont pour pouvoir savoir son histoire.

  5. Anonyme 6 ans ago

    Excellent travail. Bravo à tous ces élèves et leur Professeur Madame Boutant qui m’a contacté et à qui malheureusement je n’ai pu fournir très peu de renseignements sur cette famille de Juifs  » du Pape ».

  6. Dominique 6 ans ago

    Très intéressante biographie et très beaux dessins. Merci et bravo aux élèves marseillais et à leur professeur pour ce travail et ces recherches qui nous ont permis de dėcouvrir le destin d’albert carcassonne ainsi que de ses proches et de revenir, à travers ce destin, sur cette pėriode de notre histoire.
    dominique-st jean de luz

  7. Loustalot André 5 ans ago

    Bravo pour tout ce travail accompli. Vous m’aviez contacté par téléphone car je suis le primeur du 12 boulevard Victor hugo à st jean de luz. Malheureusement je ne vous ai pas beaucoup renseigné. En tout les cas c’est avec beaucoup d’intérêt que j ‘ai parcouru cette biographie. Merci et encore bravo.
    Andrė

  8. VBG 5 ans ago

    Bonjour, la biographie d’Albert Carcassonne a été imprimée et sera classée dans la série des brochures (DELTA) après catalogage et indexation des Archives départementales des Bouches-du-Rhône. Ce travail réalisé avec les élèves de votre classe, est un bel exemple de médiation et d’approche de l’histoire « concrète » à travers des documents historiques. Félicitations pour votre travail.

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