Emmanuel GOLDSTEIN

1903-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Emmanuel Goldstein

Bulletin de naissance
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Emmanuel Goldstein est né le 6 mai 1903 à Galatz en Roumanie. Ses parents sont Isaac Goldstein et Ana Goldstein. Selon la fille d’Emanuel, ils venaient « d’une famille juive venue de Lituanie, de Russie et de Pologne ». Il n’est pas « religieux ».

Nous ne savons pas quand Emmanuel Goldstein arrive en France et pourquoi il vient. Des études d’architecte ? C’est en tout cas la profession qu’il pratique en France. Lorsqu’il se marie en 1928, son père est déjà décédé. Sa mère est restée en Roumanie puisqu’elle réclame des papiers à sa belle-fille après-guerre.

Acte de naturalisation
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Il réside 61, bd Sébastopol quand il se marie le 28 juillet 1928 dans le Ier arrondissement avec Marcelle Juliette Lefranc. Elle est née le 26 mars 1902, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Ses parents sont Clovis Alphonse Lefranc et Juliette Alexandrine Bailly. Lui est électricien à la naissance de sa fille et elle papetière. Ils sont rentiers et vivent au 235, chaussée Jules César à Eaubonne (Seine-et-Oise) au moment du mariage de leur fille. Aucun contrat de mariage n’est rédigé.

Acte de mariage
Source : ©Archives de Paris

Extrait d’acte de mariage
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

De cette union, naît une petite fille, Nadine (Nadejda) Marcelle Anna Goldstein, le 23 mai 1933, à Courbevoie. Il est heureux en amour : « Tous deux étaient jeunes, beaux et s’aimaient à la folie », écrit leur fille.

Nadejda Goldstein (ép Garrel)
Source : www.gallimard-jeunesse.fr

Emmanuel est naturalisé français le 11 août 1937, sous le numéro 1245 x 35.

Le 23 juillet 1938, la famille emménage, au 12-14, rue du Général Niox dans le XVIe arrondissement. Ce que Nadejda décrira ensuite dans son livre de souvenirs comme « le mauvais XVIe, entre Renault et Citroën ». « Autour de nous, les immeubles s’effondraient comme des châteaux de cartes », écrit-elle en 1994.

La Résistance

Emmanuel s’est déclaré comme juif et doit porter l’étoile jaune. Sa fille vit cela comme un signe d’infamie incompréhensible.

Au début 1942, Emmanuel Goldstein entre en résistance, dans le réseau Vélite-Thermopyles, plus précisément dans le groupe Patriam Recuperare (en français « Récupération du pays »), un groupe qui se constitue autour d’une loge maçonnique. Leur objectif est la restauration des institutions républicaines après la victoire. Il a le statut d’« agent P 2 », c’est-à-dire un agent permanent rétribué, à la disposition totale du réseau.

Le réseau est fondé en 1941, sous le nom de Velite, par trois enseignants de l’École normale supérieure de Paris, deux anciens élèves agrégés, Pierre Piganiol et Raymond Croland, et Albert Mercier, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Il s’agit essentiellement d’un réseau de renseignement, dépendant du Bureau central de renseignements et d’action de la France libre (BCRA).

Une partie du réseau est démantelé en juin 1943, une autre partie en mai 1944. Le réseau avait alors pris le nom de Termopyles.

Appartenance au réseau Vélite-Thermopyles
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Agent P2
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Notification de grade
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Arrestation et déportation

Nous ne connaissons pas les raisons de l’arrestation d’Emmanuel. Est-il arrêté parce qu’il est juif ou pour son activité de résistant ? La demande de sa fille en 1986 suggère que l’arrestation est due au fait qu’il est juif.

Comme le déclare la concierge de l’immeuble, Mme Bruand, seule témoin avec son mari, Emmanuel Goldstein est arrêté le 11 juillet 1944 à son domicile par la gestapo allemande, à 3 heures du matin. Sa femme et sa fille ne sont pas présentes. « Il a été arrêté au mois de juillet 1944 par Aloïs Brunner lui-même et de jeunes miliciens français », écrit sa fille, mais rien ne corrobore cette version.

Demande de renseignements
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Renseignements relatifs à l’arrestation
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Déclaration de la concierge
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Selon Albert Mercier, le liquidateur du réseau Vélite-Thermopyles, d’autres agents sont arrêtés en même temps, mais pas au même endroit, qu’Emmanuel Goldstein (« en particulier Gouttenoire »), « fin juin ou début juillet 1944 ».

Emmanuel est interné le même jour à Drancy sous le numéro de matricule 25013 et y reste jusqu’au 31 juillet. A son arrivée au camp, il possède 256 francs et une chevalière en or « restée au doigt de M. Goldstein », précise le reçu de la fiche de fouille.

Il ne meurt pas à Drancy, comme semblait l’indiquer certains documents. Sa fille se bat après la guerre pour faire modifier cette affirmation.
Il fait partie du Convoi 77 qui part vers Auschwitz-Birkenau le 31 juillet 1944. Le voyage de 3 jours et 3 nuits est particulièrement pénible, sous une chaleur étouffante, dans des wagons à bestiaux où 60 personnes se tiennent au sol, avec un seau pour l’hygiène, un seau d’eau et un peu de pain.

Déporté sans sa famille, Emmanuel a voyagé dans un wagon uniquement composé d’hommes. Plusieurs témoignages de survivants indiquent que dans l’un de ses wagons dits de « célibataires », une tentative d’évasion a tourné court. Les hommes devaient avoir été dénoncés avant même le départ, car ils ont été découverts durant le transport. Mis à nus et enchaînés, ils ont été dès l’arrivée hissés sur un camion et conduits vers les chambres à gaz. Les outils de fortune avaient été fournis par la résistance du camp de Drancy. Emmanuel, qui était dans un réseau de résistance, a-t-il été contacté pour se joindre aux hommes qui espéraient s’évader ? Si ce wagon comptait de nombreux déportés originaires d’Afrique du Nord, il y avait aussi des déportés d’autres origines.

Arrivé depuis peu à Drancy, dans la force de l’âge, Emmanuel avait toutes ses chances pour être sélectionné pour le travail, ce 3 août sur la rampe de Birkenau où le convoi 77 était arrivé, mais il n’y a pas de trace qu’il soit rentré dans le camp. Autre hypothèse, ce père de famille a peut-être été touché par tous ces enfants seuls et affolés qui étaient débarqués du train en pleine nuit, sous les hurlements des SS, les lumières aveuglantes et les aboiements des chiens. S’il a pris un enfant par la main, sont sort était scellé… la mort !

Déportation
Source : Goldstein Emmanuel ©Mémorial de la Shoah

Carnet de fouille
Source : Goldstein Emmanuel ©Mémorial de la Shoah

Les démarches de la famille après la guerre

Ignorant le sort qui lui a été réservé, sa femme fait des démarches de recherche. En août 1945, dans un courrier, elle se déclare découragée.

Lettre de sa femme au service de recherches
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

En 1946, elle reçoit un pécule de 8.000 francs.

Le décès d’Emmanuel est déclaré légalement le 6 juillet 1946 et il est déclaré « Mort pour la France » le 20 janvier 1948.

En 1962, elle reçoit la carte de déporté politique sous le numéro 117515455.

Elle n’obtient que le 16 avril 1964 le titre de « déporté résistant ». La carte porte le numéro : 1001.34880. Marcelle Goldstein réside alors 2, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, dans le Ve arrondissement.

Déclaration judiciaire de décès
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Mort pour la France
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Statut de résistant

En 1947, Emmanuel Goldstein sera fait sous-lieutenant à titre posthume. Il fait partie des forces françaises combattantes (FFC), des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) et a le statut de Déporté et interné de la Résistance (DIR). Le nom de son réseau est « VELITE THERMOPHYLES », précise son dossier au SDH de Vincennes (GR 16 P 261868). Par arrêté en date du 25 octobre 1947, la prise de rang est indiquée au 1er juin 1944 par la commission nationale d’homologation des grades FFCI.

Emmanuel a signé un contrat d’engagement comme « agent de mission de 3 classe, grade homologué par la commission nationale d’homologation » soit « sous-lieutenant », est-il précisé dans un courrier du 24 septembre 1947. La nomination est parue au Journal officiel du 1er novembre 1947.

Albert Mercier, un des trois fondateurs du réseau Velite-Termopyles, assure, le 12 juillet 1962, que « malgré son origine » (il veut sans doute dire, les risques supplémentaires qu’il encourait en tant que juif) « Goldstein n’a cessé à aucun moment son activité d’agent ».

La mention « Mort pour la France » est reportée sur son acte de décès à la mairie du XVIe arrondissement, arrondissement où il vivait quand il a été arrêté.

Carte de déporté politique
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Titre de déporté résistant
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Sa fille, Nadèjda

Alors que des erreurs factuelles, comme la date et le lieu de son décès (Drancy est indiqué), donnent de fausses informations sur son parcours, sa fille, Nadine (Nadèjda) Goldstein (ép Garrel), se bat sans relâche pour faire modifier des erreurs de l’administration. Membre de l’association des Filles et Fils de Déportés créée par Serge Klarsfeld, elle s’en revendique pour faire valoir ses revendications.

Lettre de la fille de Emmanuel Goldstein
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Bordereau d’envoi
Source : Goldstein Emmanuel ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P456 968

Sa mère ne lui parle jamais des camps et ce n’est qu’en grandissant qu’elle apprend petit à petit par elle-même l’horreur de la Shoah[1]. Nadine devient écrivaine française, auteure de littérature d’enfance et de jeunesse.

La Peau du ciel, publié chez Gallimard, en 1994, est une autobiographie rêvée qui mêle sa propre histoire à des éléments fictionnels. Le livre raconte l’histoire d’une petite fille pendant l’occupation. Dans une atmosphère angoissante où rien, ni personne n’est nommé, l’héroïne voit le monde se dérober : les voisins distants, les amis menacés, le sang dans les rues vite nettoyé et surtout la disparition du père, la terreur. Le recueil de nouvelles, Ils reviennent, publié en 2002 au Mercure de France, est la continuation de ces mémoires recréées. Il raconte l’histoire du retour des déportés. Nadine Goldstein (ép Garrel) meurt en 2003.

Nadine Goldstein (épouse Garrel) meurt d’un cancer en 2003, à Varengeville-sur-Mer. Marcelle Goldstein était morte à Eaubonne le 21 décembre 1984.

[1] Fiche Wikipédia «Nadèjda Garrel »

Contributeur(s)

Biographie réalisée par Léo, Etienne, Clément, Johan, Jules, Chloé, Théo, Lilas, Mylan, Erin, Sédiqa, Lanzo, Oliver, élèves de Terminale du lycée Jacques Cartier de Saint-Malo.

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