Abram MITTELMAN

1896-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: , ,

Abram MITTELMAN

Abraham ou Abram MITTELMAN, né le 3 septembre 1896 à Zarnowice / Zarnoweo (Pologne). Il était le fils de Madko Jacek MITTELMAN et de Marie PARIJER. Il épousa Malka Fejga SZOR, née à Dubienka, Pologne, le  23 mai 1895, fille de Fajwel SZOR et Chana BIDERMAN. Leur mariage eut lieu le 4 mars 1926 à Paris (Ve arrondissement).
Ils eurent trois enfants :

  • Maurice MITTELMAN, né à Paris, XIVe arrondissement, le 19 octobre 1926, qui fut déporté avec son père et qui fut élève au Lycée Amédée Gasquet de Clermont-Fd
  • Félix MITTELMAN, né à Paris, le 8 juin 1933,
  • Simon MITTELMAN, né à Paris, le 28 avril 1936

Abraham MITTELMAN et sa femme sont présentés comme commerçants originaires de Boulogne-Billancourt. Nous leur connaissons deux adresses sur la ville de Boulogne-Billancourt : 56, rue d’Aguesseau et 9, rue de la France-mutualiste, cette dernière adresse semblant être celle qu’ils occupèrent avant leur départ pour l’Auvergne. Le couple semble avoir vécu aussi à Paris (6, rue Marmontel, XVe arrondissement).

Abraham MITTELMAN a accompli diverses démarches administratives pour naturaliser ses enfants :

  • déclaration du 18 mars 1937 pour son fils Simon, Boulogne-Billancourt (enregistrée le 13 octobre 1938 au Greffe de la Justice de Paix de cette ville, N° 3980 x 37)
  • obtention d’un récépissé de déclaration de nationalité française pour son fils Félix auprès du Juge de paix du XVe arrondissement de Paris le 8 février 1942

Si les enfants obtinrent la nationalité française, les parents restèrent, eux, Polonais.
Les époux s’installèrent en tant que « réfugiés de Paris » dans le Puy-de-Dôme le 10 juin 1940. Ils louèrent un appartement à Clermont-Ferrand au 2 Bis  rue Villiet à Clermont-Fd, au rez-de-chaussée pour 117 F mensuels. Cet appartement, en mauvais état, se composait d’une pièce principale et d’une cuisine. Abraham MITTELMAN était malade et n’était pas en état de travailler ; il fut d’ailleurs hospitalisé à l’Hôtel-Dieu à partir du 22 décembre 1940. La famille survécut grâce à diverses aides matérielles ou financières versées par la Ville de Clermont-Ferrand.
Abraham MITTELMAN et son fils Maurice furent arrêtés à leur domicile par des membres de la Gestapo et de la milice le 23 juin 1944, avant d’être conduits dans les locaux de l’O.P.A au n°20 de la Place Delille. Le 13 juillet, ils furent envoyés dans le camp de Drancy.
La femme d’Abraham MITTELMAN, dans une déposition du 19 mars 1945, raconte les circonstances de l’arrestation :
« Le 23 juin 1944, dans la matinée, j’ai quitté mon appartement sis rue Villiet pour aller faire des courses. A mon retour à 12h30, pour voir la milice sortir de l’immeuble encadrant mon mari, mon fils et un voisin avec sa femme. Ce voisin me fit un signe de la main me faisant comprendre de m’enfuir. Ce que je fis. J’ai vécu cachée jusqu’à la libération de Clermont. Au milieu du mois de septembre, je suis retournée à mon appartement que j’ai trouvé pillé de fond en comble »
C’est au cours de l’arrestation qu’une perquisition fut menée et que l’appartement fut pillé, en particulier la chambre et la cuisine. De nombreux objets et effets furent volés pour une somme totale estimée à 114 612 F :

  • des documents : un livret de famille / naturalisation des enfants, 3 cartes d’alimentation, un livret de Secours national, des cartes d’allocations pour réfugiés
  • de l’argent et des bijoux : 3000 francs, une chevalière en or de 21 gr (7000 F)
  • des chaussures de différentes pointures : 6 paires (1800 F), 5 paires de pantoufles (250 F)
  • des vêtements : 25 paires de chaussettes de laine sport (2500 F), 48 paires de chaussettes de fil (4800 F), 24 paires de bas de femme (3600 F), un manteau de femme (5000 F), un col de fourrure (1500 F), 24 langes et 18 serviettes éponge (2400 F), 15 chemises homme (4500 F), 13 caleçons (2600 F), 6 tricots (1200 F), 15 maillots (750 F), 1 complet homme (3500 F), un pardessus homme (5000 F), 12 paires de cravate (600 F), un chapeau homme (200 F), 48 mouchoirs (960 F), 2 pulls (1000 F), 16 chemises jeune homme (3200 F), 24 chemises Lacoste (3600 F), 9 maillots (450 F), 3 autres pulls (900 F), 10 cravates (300 F), un complet beige (2000 F), 2 pantalons vert et beige (1000 F), tout le linge des enfants (2000 F), un manteau (2800 F), 14 chemises dame jour (1000 F), 6 chemises dame nuit (1200 F), 6 combinaisons (1500 F), 3 jupons (300 F), 18 culottes (900 F), 6 chemisiers (1800 F), habillement des enfants (3000 F), col de deux renards argenté (12 000 F)
  • du linge de maison : 24 taies – 10 draps (1800 F), 36 serviettes (6000 F), 6 nappes (3600 F), 24 torchons (2400 F), 12 gants de toilette (180 F), une couverture fantaisie laine (500 F), 3 couvre-lits (900 F)
  • divers : 3 m de tissu bleu marine (2000 F)
  • alimentation : 7 bouteilles de vin (70 F), 2 kg sucre (32 F), 5 kg farine (30 F), 5 kg lentilles (100 F), ½ kg chocolat (40 F), 5 boites de Banania (50 F)

La somme de 114 612 F fut majorée à 117 619 F en raison de nombreuses affaires retrouvées déchirées donc inutilisables.
Le pillage de l’appartement a été confirmé a posteriori par deux témoins :

  • Maurice STEINBERG, né le 13 décembre 1911, maroquinier, vivant au 11, rue Sidoine Apollinaire à Clermont-Fd, ami intime de la famille Mittelman (témoignage du 10 septembre 1946).
  • Lucien CHABASSIERE, né le 28 novembre 1918, plombier, vivant au 4 rue Villiet à Clermont-Fd (témoignage du 11 septembre 1946)

NOTA : Le nom de MITTELMAN est parfois écrit avec deux T ou avec un seul T. On trouve d’autres MITTELMAN référencés dans les listes d’israélites réfugiés dans le département du Puy-de-Dôme, mais leur nom de famille ne possède qu’un T. Ces MITELMAN sont originaires de Metz.

Sources consultées aux Archives départementales du Puy-de-Dôme :

66 W 1245, 66 W 29 n°1420, 68 W 31, 277 W 101-114-115,  277 W 115, 368 W 52, 900 W 63, 902 W 376, 908 W 192, 1570 W 2, 2330 W82

Travail de recherche accompli par des élèves de 1re ES1 du Lycée Ambroise Brugière de Clermont-Fd (Allan Bulidon, Célia Couleaud, Vincent Debray, Léa Dexarcis, Clotilde Fernez, Mathilde Grivel, Clément Haffner) sous la direction de M. Frédéric Jarrousse (professeur d’histoire-géographie) – Année scolaire 2016 / 2017

Contributeur(s)

M. Frédéric Jarrousse (professeur d’histoire-géographie) et ses élèves de 1re ES1 du Lycée Ambroise Brugière de Clermont-Ferrand : Allan Bulidon, Célia Couleaud, Vincent Debray, Léa Dexarcis, Clotilde Fernez, Mathilde Grivel, Clément Haffner

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3 commentaires
  1. klejman laurence 5 ans ago

    Après leur arrestation à Clermont-Ferrand, Abram et Maurice furent conduits à la « caserne 92 », selon Malka (Marthe), puis à Vichy. Arrivés ensemble à Drancy, ils sont déportés sans retour.
    Un déporté revenu de camp, Maurice Dobrzanhower, demeurant à Clermont-Ferrand certifie avoir vu Abraham à Birkenau au block 5 « au mois d’aout 1944 » (Dossier DAAVC Caen 21 P 517 113)

  2. Afonso 4 ans ago

    Je découvre votre site ce soir , je vais modestement apporter, quelques informations , aujourd’hui je viens d’apprendre le décès de Felix Mitelman ( mon voisin ) nous étions proches, il habitait toujours rue de la France mutualiste avec son frère Simon ( décédé il y a environ 3 ans ) , il est toujours resté très discret sur cette période de sa vie ou il fut séparé de sa famille , à ma connaissance Felix ne s’est jamais marié et n ‘a jamais eu d’ enfants. Il a été antiquaire pendant une longue période , une véritable figure dans notre quartier, une véritable mémoire du passé car il vivait dans cette rue depuis tellement d’années , un esprit vif et une intelligence rare.
    Signé : Vincent, un voisin de Félix et Simon, que Félix, il y a un an et demi , a appelé pour dire qu’il était tombé chez lui , qu’il ne pouvait plus bouger depuis deux jours. Vincent a alors appelé les pompiers , il était en train de faire une septicémie et, après, il fut hospitalisé dans le 16ème et ensuite à Boulogne rue des Abondances, avant son décès.

  3. Auteur
    Serge Jacubert 4 ans ago

    Cher voisin de Félix et Simon,
    votre témoignage nous bouleverse, soyez remercié pour votre humanité et le secours qe vous avez apporté à Félix.
    Bien cordialement
    Serge JACUBERT

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