Berthe DRAI

1901 - 1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: ,

Berthe DRAÏ, née MOURJAN, 1901 – 1944

Ce qui va suivre est une autobiographie fictive, écrite par un groupe d’élèves du collège « Les Blés d’Or » à Bailly-Romainvilliers. Nous faisons cela afin de redonner vie à Berthe Draï, une juive déportée avec sa famille par le convoi 77. Nous nous sommes appuyés sur des documents donnés par l’association Convoi 77 mais également sur des recherches faites sur les sites du Mémorial de la Shoah, de Yad Vashem entre autres et les lectures de témoignages de déportés. (Voir également les biographies de Marcel, Perlette et Charles Draï)

 

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لقراءة هذه السيرة بالعربية يرجى النقر هنا
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Chers lecteurs, je vais vous présenter ma vie.
Tout d’abord, je tiens à préciser que je vais être totalement sincère avec vous. Je m’appelle Berthe Mourjan, je suis née le 3 février 1901 dans une ville au nord de l’Algérie qui se nomme Alger. Je suis de religion juive car mes deux parents le sont.  Je suis née dans la maison de mes parents où je vis avec ma famille.

Ma mère se nomme Lisa Chiche, elle est née le 15 octobre 1873 à Médéa en Algérie. Celle-ci a habité jusqu’à ses 23 ans, chez mes grands-parents maternels, Jacob Chiche qui était cordonnier et Zohra Beaufreuge, femme au foyer. Chaloum Mourjan, mon père, est né le 28 octobre 1873 à Collo en Algérie aussi. Il a également habité jusqu’à ses 23 ans chez sa mère, Ester Oualid. Celle-ci était veuve, je n’ai donc pas eu la chance de connaître mon grand-père paternel, Joseph Mourjan.

Mes parents se sont mariés le 16 février 1896. Peu de temps après, ils ont emménagé ensemble rue Rauclon à Alger. Je suis la cadette de la famille en effet, j’ai une grande sœur, Jeanne, née le 25 mars 1899 et un petit frère, Joseph, né le 17 avril 1902.

Ma mère, sans profession lors de ma naissance, est devenue couturière quand Joseph est né, pour avoir plus de moyens. Quant à mon père, il est brocanteur.

         

Carte postale de la place du gouvernement à Alger vers 1940

      Voici l’acte de mariage des parents de Berthe. On peut voir dessus leurs professions, adresse, date et lieu de naissance

                 

On peut voir ci-dessous l’acte de naissance de Jeanne, la grande sœur de Berthe, et de son petit frère Joseph

Sur l’acte de mariage de Berthe, on voit que Moïse est commerçant et elle couturière

J’ai rencontré Moïse Draï et nous nous sommes mariés en 1923 à Alger. Nous avons fait le choix de venir nous installer en France, à Paris dans l’espoir d’une vie meilleure. Nos enfants sont tous nés à Paris : Perlette en 1925, Marcel en 1926, Charles en 1930, Roger en 1933 et Richard en 1938. Moïse a acheté un bar au 15 rue François Miron et nous habitons juste au-dessus. Je suis femme au foyer.
En septembre 1939, lorsque la seconde guerre mondiale débute, ma famille et moi ne sommes pas trop touchés mais au printemps 1940 avec la défaite française, les choses se sont brutalement accélérées pour nous défavorablement. Nous vivons à Paris dans la partie de la France qui est occupée par l’armée allemande et cette cohabitation devient vite pesante.

Dès octobre 1940, le nouveau gouvernement de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain, publie un statut des Juifs : déjà des mesures sont prises contre nous et nous ne sommes plus considérés comme de simples Français. Une loi nous limite l’accès à certaines professions, la liste est très longue, et pour nous, la conséquence immédiate est que nous ne pouvons plus être propriétaires de notre bar. C’est ce qu’ils appellent l’Aryanisation des biens : seuls les Français non juifs peuvent tenir des commerces.
Il se dit plein de choses au sujet des Juifs dans la presse et dans la rue, nous ne nous sentons plus en sécurité comme avant.

           
En juin 1940, la France est vaincue par l’Allemagne. Le Maréchal Pétain est appelé au pouvoir ; il signe alors un armistice le 22 juin 1940. La France, amputée de l’Alsace-Moselle, est occupée au nord par les Allemands. Elle est dirigée par le Maréchal Pétain et son gouvernement depuis la zone dite « Libre ».
 

Carte de la France après l’armistice de 1940

Sous l’occupation allemande, les rues changent beaucoup dans la capitale. Il y a des drapeaux du IIIe Reich dispersés dans tout Paris comme on en voit ici, rue de Rivoli. Les hôtels sont alors réquisitionnés par l’occupant.

Loi portant sur l’interdiction de certaines professions aux Juifs


On voit sur ce document, qui est la déclaration du décès de Berthe, que la dernière adresse de Berthe Draï est le 15 rue François Miron, dans le 4ème arrondissement de Paris.

Partout des affiches fleurissent nous montrant comme des voleurs et des assassins, nous sommes stigmatisés et montrés du doigt. Il est de plus en plus difficile pour moi de nourrir ma famille car en plus des pénuries et tickets de rationnement, il nous est interdit de fréquenter les boutiques en même temps que les non-Juifs. Je ne peux même plus emmener les petits au parc car eux aussi sont interdits aux Juifs. Nous sommes devenus des indésirables et nous devons disparaître. Des voisins disparaissent d’ailleurs dès le printemps 1941, des policiers viennent les arrêter et on n’a plus de nouvelles d’eux. Certains disent qu’on les emmène de force travailler en Allemagne mais je suis méfiante et je m’inquiète énormément. Avec Moïse, nous décidons de faire partir les garçons en zone libre pour éviter les rafles. Nous choisissons de les faire partir en deux groupes, Marcel et Charles plus grands seuls et les deux petits, Roger et Richard avec leur oncle Prosper. Nous sommes surpris de revoir les plus grands quelques temps après leur départ. Ils nous racontent que malheureusement, ils ont été arrêtés au passage de la ligne de démarcation et ont passé plusieurs jours en prison à Angoulême en septembre 1942, après un interrogatoire violent. Ils ont échappé au pire ! Nous avons peut-être commis une erreur en les envoyant seuls, j’espère que pour les petits tout se passera mieux.

Depuis 1942, nous devons coudre une étoile jaune sur nos vêtements, nous sommes encore plus livrés aux regards des passants. Sans étoile, nous risquons l’arrestation. Nous la portons pour rester en règle mais elle est humiliante.

Le pire arrive en 1943 quand Moïse est à son tour arrêté, on sait juste qu’il est transféré au camp de Pithiviers mais plus aucunes nouvelles. Je suis sûre qu’il est mort, que peut-il bien faire dans un camp de travail à 46 ans ? Je dois maintenant, à 42 ans, m’occuper seule de ma famille, je suis désespérée et très inquiète. Perlette et Marcel m’aident du mieux qu’ils peuvent et j’essaie de garder bonne figure devant eux mais mon moral est au plus bas, d’autant plus que le quartier s’est bien vidé de nos amis et l’entraide devient compliquée.

Au printemps 1944, nous reprenons espoir en entendant parler d’un débarquement des Alliés en Normandie, nous attendons la libération avec impatience.
Mais en pleine nuit, à 3 heures du matin, des policiers frappent à notre porte. Nous sommes tous arrêtés le 7 juillet, Charles, Marcel, Perlette et moi. Le miracle ne s’est pas produit, peut-être allons-nous rejoindre Moïse ? Nous avons juste le temps de réunir quelques affaires que déjà il faut partir et suivre les policiers.

                                
A son arrivée au camp de transit de Drancy, Berthe doit donner son argent, 58 francs contre un reçu. Elle arrive au camp le jour même de son arrestation, contrairement à d’autres qui sont soit interrogés soit envoyés dans une prison. Cette somme traduit son manque de moyens par rapport à d’autres qui arrivent avec un pécule plus conséquent. Elle reste à Drancy du 7 au 31 juillet avec ses enfants, et ils sont tous déportés dans le même convoi 77. Sur cette liste du convoi, on ne voit que Charles et Berthe, pourtant les quatre ont été déportés ensemble.

Nous arrivons à Drancy, ce camp à la mauvaise réputation. Moïse est-il passé ici ? Allons-nous travailler en Allemagne ? Je suis séparée des garçons car il nous faut gagner une chambrée exclusivement féminine, Marcel part avec son frère Charles et j’espère que tout va bien se passer pour eux. Pour m’occuper l’esprit, je participe à des corvées de cuisine : les corvées de pluches permettent d’améliorer notre ration alimentaire. Je tente aussi d’apercevoir les garçons. Je croise Perlette qui s’est faite des amies dans sa chambrée. Les conditions sont rudimentaires, nous dormons sans rien comme dans une prison et nous sommes déjà pour nos gardiens de simples numéros. De nombreux enfants arrivent au cours du mois en provenance des orphelinats de la région parisienne, comment croire encore que nous partons tous travailler à l’est ? Cette situation me fend le cœur, Marcel et Perlette pourront se débrouiller mais mon petit Charles ? Après 24 jours, nous partons en bus avec nos maigres affaires et sans notre argent en direction de la gare de Bobigny.

Sur le quai, nous sommes poussés brutalement dans des wagons à bestiaux sans tenir compte de nos âges ou de nos difficultés, nous nous retrouvons entassés et quand les portes se ferment et sont verrouillées, nous nous retrouvons dans l’obscurité. La panique est totale pour certains, surtout pour les enfants qu’il faut rassurer tant bien que mal. Un unique seau nous indique clairement que les pauses ne sont pas prévues et que nous allons nous retrouver dans des conditions d’hygiène et d’intimité déplorables. L’odeur devient vite insoutenable et nous manquons d’air, combien de temps ce trajet va-t-il durer ?
Évidemment je suis effrayée ! Je ne sais pas où nous allons. Je me suis imaginée beaucoup de choses mais jamais de telles conditions…

     

A l’arrivée, les portes s’ouvrent brutalement et une lumière nous aveugle car nos yeux ne sont plus habitués à la lumière après plusieurs jours dans la pénombre du wagon. Sur les quais, c’est la bousculade, les gens sont perdus et poussés par des officiers allemands, les enfants pleurent et crient face aux chiens qui aboient et aux ordres donnés. On nous sépare sans ménagement en deux groupes et on nous demande de laisser nos affaires sur le quai. Je ne sais pas exactement en quoi cela consiste, je pense que c’est pour travailler…Mais je ne sais pas pour quel travail.

Je ne vois que deux files dont une qui comporte plus d’hommes alors que dans la mienne, il y a plus de femmes et d’enfants. Des hommes habillés en pyjama rayé nous guident, certains parlent français.
Avec mon groupe, nous longeons la voie du quai jusqu’à une forêt. C’est vraiment très long !
Nous attendons jusqu’à ce qu’on nous dise d’aller vers des vestiaires pour nous rafraichir du voyage. Je suis contente car après le chemin dans le train, où nous étions tous entassés et où il n’y avait qu’un seau pour faire nos besoins, je me sentais vraiment sale. Dans le vestiaire, nous nous déshabillons malgré la gêne de se montrer nues et l’angoisse de ne pas retrouver nos affaires. En pensant nous laver, nous rentrons dans une salle, la panique s’installe quand nous voyons les hommes nus arriver.

C’est en fait une chambre à gaz. Nous avons choisi d’illustrer la mort de Berthe par deux types de photos : celles prises par les Allemands du convoi des Juifs hongrois de mai 1944 et les 4 photos « volées » prises par la résistance intérieure du camp de Birkenau, par des Sonderkommandos qui risquent leur vie pour témoigner en prenant des photos du génocide : ce qui explique le mauvais cadrage des photos.
           
On peut y voir ce que Berthe a dû vivre : l’attente dans la forêt de bouleaux (Birkenau en polonais), le déshabillage et la crémation des corps quand les fours étaient surchargés.
 

Ici, nous voyons la sélection faite à la descente des trains, hommes à droite et femmes avec enfants à gauche, des Sonderkommandos en pyjama rayé et quelques officiers allemands, au loin la porte d’entrée de Birkenau (Auschwitz II)

 
               

Les femmes et enfants attendent la suite des consignes dans le calme à l’orée du bois. A l’arrière-plan, on voit les bâtiments du camp derrière une clôture avec barbelés

 

Ces photos floues car prises en cachette, nous montrent des femmes nues ou en train de se déshabiller

 

       

Sur ces clichés, on voit les sonderkommandos en train de brûler les corps sortis de la chambre à gaz, c’est ce qui arrive quand les fours ne suffisent plus

Ce dessin de David Olère représente la sortie des corps de la chambre à gaz par les sonderkommandos, ils trainent les morts jusqu’aux fours crématoires. David est lui-même un ancien sonderkommando déporté à Auschwitz qui a témoigné dans le camp puis à sa libération. Un Sonderkommando désigne un prisonnier juif réquisitionné pour effectuer les basses besognes concernant le génocide et parqué dans un endroit à part du camp. Ils portaient un habit particulier, le fameux pyjama rayé.

Cette photo représente la chambre à gaz de Auschwitz (I) même si Berthe a été tuée à Birkenau dans une chambre à gaz plus grande et aujourd’hui détruite

Disparus à Birkenau, Charles et Berthe sont déclarés décédés 5 jours après le départ de leur convoi comme le veut la loi française de 1947 donc le 5 août 1944. En effet, cette loi stipule que 5 jours après le départ du convoi, sont déclarées décédées les personnes de moins de 14 ans et de plus de 55 ans qui ne sont pas rentrés : même si Berthe et Charles ne sont pas dans ces deux catégories, n’ayant aucune nouvelle d’eux, ils sont déclarés morts ainsi. On ne sait pas si Berthe a pu retrouver ses enfants dans le convoi et partager le même wagon, de même, on ne sait pas si elle est morte avec Charles. Ses enfants, Marcel et Perlette, ont, eux, survécu et se sont retrouvés à Paris.
 
Ils ont repris le bar de leur père, le « bar Maurice ». Après sa réouverture, un client rescapé de la déportation venait presque tous les jours pour dire qu’il était désolé, pour présenter à Marcel et Perlette ses condoléances, ils le remerciaient, ne sachant que dire… (selon le témoignage de Perlette pour un journal juif : voir la biographie de Perlette).

Pour fêter le Shabbat (fête juive traditionnelle du vendredi soir au samedi soir), Perlette reprend la « tradition » de son père, qui est de préparer un plat traditionnel nommé « Barbouche ». C’est un plat originaire de l’Algérie (il s’agit d’un couscous), que son père voulait partager avec les habitants du quartier. Elle continue d’essayer de garder l’ambiance juive pieds-noirs qu’il y avait lors de cet évènement mais ça n’est plus et ça ne sera plus jamais la même chose…

Voici une photo du « bar Maurice ». Nous pouvons voir Perlette et son mari à gauche de la photo ainsi que Marcel et un client qui était habitué. Cette photo date de 1946

Ses enfants ont entamé des démarches administratives pour faire reconnaître la mort de Berthe, Charles et Moïse, puis leur statut de déporté politique. Berthe est reconnue comme déportée politique en 1952. On peut voir en haut de ce dossier que c’est Perlette qui a signé.

 

Aujourd’hui, il reste de Berthe son nom, inscrit sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah à Paris et une fiche de témoignage de Yad Vashem remplie par Perlette. (Ci-dessous)

Cette fiche de témoignage est proposée à Yad Vashem en ligne ou à l’entrée du Mémorial. Elle permet de laisser une trace d’une personne disparue pendant la seconde guerre mondiale dans le cadre de la Shoah : le témoignage d’une existence effacée.

 

Nous avons reconstitué de façon incomplète un arbre généalogique de la famille Draï. Nous n’avons retrouvé ni Roger et Richard, ni Marcel. Nous avons demandé au Mémorial de la Shoah les coordonnées de Maurice Pons, petit-fils de Berthe mais nous sommes sans nouvelle.

Diane, Laura, Elisa, Luka.

 

This biography of Berthe DRAI has been translated into English.

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1901-1944- الولادة : الجزائر-  الاعتقال : باريس – الإقامة : الجزائر، باريس
بيرت دراي-مورجان 1901-1944

ما سيأتي ذكره هو سيرة ذاتية متخيلة كتبتها مجموعة من تلاميذ ثانوية « لي بلي دور » في بايي-رومانفيليي[1]. قمنا بذلك لنعيد الحياة لبيرت دراي، يهودية مرحلة مع عائلتها عبر القافلة 77. وقد اعتمدنا في ذلك على وثائق وفرتها لنا جمعية « قافلة 77  » وعلى أبحاث بموقع ميموريال ياد فاشيم وكذا من قراءة شهادات لمرحلين (ينظر أيضا لسير مارسيل، بيرليت وشارك دراي).

القراء الأعزاء سأقص عليكم حياتي.

بدءا ينبغي أن أوضح بأنني سأكون صادقة معكم. اسمي بيرت مورجان. ولدت يوم 3 فبراير 1901 في مدينة بشمال الجزائر ، وهي الجزائر العاصمة. ديانتي يهودية لأن والدي معا يهوديان. وقد ولدت في منزل والدي حيث عشت مع عائلتي.

أمي تسمى ليزا شيش، ازدادت في 15 أكتوبر 1873 بميديا بالجزائر. وقد سكنت، حتى سن 23 عاما، عند جديُ من أمي، جاكوب شيش الذي كان إسكافيا وزهرة بوفروج، ربة بيت. ازداد والدي شالوم مورجان في 28 أكتوبر 1873 بكولو بالجزائر. وبدوره أقام عند والدته إستير وليد حتى 23 سنة من عمره. كانت والدته أرملة، ولذا لم يكن لي الحظ في معرفة جدي من أبي، جوزيف مورجان.

تزوج والداي يوم 16 فبراير 1896. وبعد وقت وجيز، انتقلا معا إلى زنقة روكلون بالجزائر العاصمة. أنا ثانية أبناء الأسرة، فلدي أخت كبيرة، جان، ازدادت في 25 مارس 1899، وأخ صغير، جوزيف، ازداد في 17 أبريل 1902.

عند ولادتي كانت والدتي بلا عمل. لكن عند ازدياد أخي جوزيف، أصبحت خياطة حتى تحصل على بعض المدخول. أما والدي فكان تاجر تحف.

         

بطاقة بريدية لساحة الحكومة بالجزائر العاصمة حوالي 1940

عقد زواج والدتي بيرت يظهر مهنتها وعنوانها وتاريخ ومكان الازدياد

       

أعلاه رسم ولادة جان، الأخت الكبرى لبيرت ولأخيها الصغير جوزيف

نقرأ في عقد زواج بيرت أنها خياطة، بينما موسى تاجر

التقيت موسى دراي وتزوجنا سنة 1923 بالجزائر العاصمة، ثم اخترنا المجيء إلى فرنسا والاستقرار في باريس أملا في حياة أفضل. ولد أطفالنا جميعا في باريس : بيرليت سنة 1925، مارسيل سنة 1926، شارل سنة 1930، روجي سنة 1933، وريشار سنة 1938. اشترى موسى حانة بالرقم 15 شارع فرانسوا ميرون. وسكنا شقة فوق الحانة. أما عملي فربة بيت.

وفي شتنبر 1939، عندما اندلعت الحرب العالمية الثانية لم يمسنا أحد، عائلتي وأنا. لكن في ربيع 1940، بعد هزيمة فرنسا، تسارعت الأمور بشكل عنيف لم يكن في مصلحتنا. كنا نعيش في باريس في الجزء من فرنسا الذي كان واقعا تحت الاحتلال الألماني. وسرعان ما أصبح هذا التعايش ضاغطا.

وبدءا من أكتوبر 1940، نشرت الحكومة الجديدة لفيشي، التي يقودها المارشال بيتان، قانونا خاصا باليهود : اتخذت إجراءات ضدنا ولم نعد نعتبر مواطنين فرنسيين. أصبح القانون يمنعنا من ولوج بعض الوظائف، واللائحة طويلة، وبالنسبة لنا، فالنتيجة الفورية هي أنه لن يمكننا تملك حانتنا. وهو ما كانوا يسمونه أرينة الممتلكات aryanisation، أي أن الفرنسيين من غير اليهود وحدهم من يمكنهم ممارسة التجارة. بل إن كثيرا من الأقاويل أصبحت تروج عن اليهود في الصحافة وفي الشارع. حتى أننا لم نعد نشعر بالأمان كما كان في السابق.
وفي يونيو 1940 انهزمت فرنسا أمام ألمانيا ونودي على المارشال بيتان لتسلم السلطة ووقع على الهدنة يوم 22 يونيو 1940. وهكذا احتل الألمان شمال فرنسا بعد أن سلخت منها مقاطعة ألزاس موزيل، وأصبح يحكمها المارشال بيتان وحكومته انطلاقا من الجزء الذي اعتبر « محررا ».

 

خريطة فرنسا بعد هدنة 1940

 

تحت الاحتلال الألماني تغيرت الشوارع كثيرا بالعاصمة. رايات الرايخ الثالث موزعة في كل باريس كما نرى هنا بشارع ريفولي. والفنادق حجزها الاحتلال

قانون يحظر على اليهود ممارسة بعض المهن

في هذه الوثيقة تصريح بوفاة بيرت دراي، نقرأ بأن آخر عنوان لها هو رقم 15 شارع فرانسوا ميرون في المقاطعة الرابعة في باريس.

طليت جميع الأمكنة بملصقات تظهرنا كلصوص وقتلة، يشار إلينا بالأصابع. وتدريجيا أصبح من الصعب علي أن أوفر الحاجيات الغذائية لأسرتي. فبالإضافة إلى ندرة المواد وشح وصولات التموين، منع علينا التبضع من الدكاكين، في نفس الوقت، مع غير اليهود. أصبحنا غير مرغوب فيهم ومدعوين للتواري. بل إن بعض جيراننا اختفوا منذ ربيع 1941. جاء رجال شرطة لاعتقالهم ولم نعد نعرف عنهم شيئا. البعض يقول إنه تم اقتيادهم قهرا للعمل في ألمانيا. ولكنني حذرة وقلقة جدا. موسى وأنا قررنا أن نرسل الأطفال إلى المنطقة الحرة لتفادي الحملات. اخترنا إرسالهم في مجموعتين، مارسيل وشارل الأكبر سنا وحدهما، والأصغر سنا روجي وريشار صحبة عمهم بروسبير. فوجئنا، بعد وقت من ذهابهما، بعودة الابنين الكبيرين. أخبرانا بأنه لسوء الحظ تم إلقاء القبض عليهما عند المرور بخط الترسيم، وقضيا أياما في السجن بأنكوليم شهر شتنبر 1942 بعد تحقيق عنيف. فلتا من الأسوء. وربما نكون قد ارتكبنا خطأ بإرسالهما لوحدهما. كما آمل أن تمر الأمور بشكل أفضل بالنسبة للصغيرين.

منذ 1942، أجبرنا على خياطة نجمة صفراء على ملابسنا. هكذا أصبحنا تحت رحمة أنظار المارة. وبدون حمل الشارة قد نتعرض للاعتقال. فنحن نحملها تطبيقا للقانون، لكنها مهينة.
وسيقع الأسوء سنة 1943 حينما اعتقل موسى بدوره، كل ما علمناه هو فقط نقله إلى معتقل بيتفيي Pithiviers ثم لا خبر. أنا متيقنة من أنه مات، فماذا يمكنه أن يفعل في معتقل للعمل في سن 46 عاما ؟ وعلي الآن، وعمري 42 سنة، أن أتكلف بعائلتي، أنا فاقدة للأمل وقلقة. بيرليت ومارسيل يساعداني بأفضل ما يستطيعان وأحاول أن أظل متماسكة أمامهما ولكن معنوياتي منهارة. إضافة إلى أن الحي فرغ كثيرا من أصدقائنا والتعاضد أصبح معقدا.
وفي ربيع 1944 استعدنا بعض الأمل بعدما سمعنا حديثا حول إنزال للحلفاء بنورماندي. ننتظر التحرير بفارغ الصبر. لكن في عمق الليل على الساعة الثالثة، طرقت الشرطة بابنا. اعتقلنا جميعا يوم 7 يوليوز، شارل، مارسيل، بيرليت وأنا. لم تتحقق المعجزة، فلبرما سنلتحق بموسى ؟ منحونا بعض الوقت لأخذ بعض الحاجيات ثم تبعنا رجال الشرطة.

 

                                

عند وصولها إلى معتقل العبور درانسي سلمت بيرت نقودها، 58 فرنكا، مقابل وصل. وصلت إلى المعتقل في نفس يوم القبض عليها، وذلك خلافا لآخرين إما استنطقوا أو أرسلوا إلى السجن. ويكشف هذا المبلغ المالي قلة إمكانياتها مقارنة بآخرين وصلوا إلى المعتقل وبحوزتهم مبالغ أكثر أهمية. بقيت بيرت في درانسي من 7 إلى 31 يوليوز صحبة أولادها قبل ترحيلهم جميعا في ذات القافلة 77. وفي هذه القائمة لا نجد سوى شارل وبيرت رغم أن الأربعة رُحلوا جميعا ضمن القافلة.

وصلنا إلى درانسي، المعتقل السيء الذكر. هل مرَ موسى من هنا ؟ هل سنعمل في ألمانيا ؟ أبعدوني عن أبنائي حتى ألتحق بغرفة مخصصة للنساء. مارسيل ذهب مع أخيه شارل، أتمنى أن يمر كل شيء على ما يرام بالنسبة لهما. وحتى أشغل تفكيري، فقد شاركت في أعمال المطبخ، خاصة وأن تنقية الخضر كانت تمكن من تحسين نصيبنا من الأكل. حاولت أن أرى أبنائي، وفعلا التقيت بيرليت التي أصبحت لها صديقات بالغرفة. هنا الظروف بدائية، ننام بلا شيء مثلما في السجن. وبالنسبة لحراسنا فلسنا سوى مجرد أرقام. وكثير من الأطفال وصلوا هذا الشهر قادمين من دور الأيتام الكائنة بجهة باريس. فكيف سنقتنع بأننا ذاهبون للعمل في الشرق ؟ هذه الوضعية تدمي قلبي. مارسيل وبيرليت يمكنهما الاعتماد على نفسيهما، ولكن كيف سيكون حال أخي الصغير شارل ؟ بعد 24 يوما أخذتنا الحافلة مع حاجياتنا القليلة ودون نقودنا في اتجاه محطة بوبيني.

في الرصيف دفعونا بعنف نحو عربات البهائم دون اعتبار لسن بعضنا أو لصعوبات معينة. وجدنا أنفسنا متراكمين. وحينما أغلقت الأبواب بالمزلاج وجدنا أنفسنا في الظلمة. حدث هلع كبير للبعض وخاصة لدى الأطفال الذين كان ينبغي تهدئة روعهم وإن بصعوبة. السطل الوحيد في العربة يدل بوضوح على أن الوقفات في الطريق غير مقررة، وبأننا سنجد أنفسنا في ظروف صحية وحميمية مزرية. وسريعا ما أصبحت الرائحة لا تطاق مع نقص الهواء. كم من الوقت ستستغرق الرحلة ؟ وطبعا فأنا مفزوعة! لا أعرف أين نسير. تخيلت كثيرا من الأشياء إلا مثل هذه الظروف!

     

عند الوصول فتحت الأبواب بقوة وسطع نور أعمى بصرنا ما دمنا قد تعودنا على ظلمة العربات لعدة أيام. كان هناك تدافع على الأرصفة، والناس تائهون يدفعهم الضباط الألمان، بينما الأطفال يبكون ويصرخون خوفا من الكلاب التي تنبح أمامهم والأوامر التي تصدح. بعد ذلك تم تفريقنا بطريقة خشنة على مجموعتين مع منعنا من أخذ حاجياتنا وتركها على الرصيف. لا أعرف بالضبط ماذا يعني كل هذا. أعتقد أن ذلك من أجل العمل، لكني أجهل نوعيته.

رأيت فقط صفين أحدهما غالبيته من الرجال، بينما في الصف الذي وقفت فيه كانت غالبيته من النساء والأطفال. قادنا رجال يلبسون منامات مخططة، بعضهم يتكلم الفرنسية. ذرعت مع مجموعتي السكة على الرصيف حتى الغابة. فعلا كانت طويلة جدا !  .. انتظرنا حتى سمحوا لنا بالذهاب نحو مستودع تغيير الملابس. أنا سعيدة لأنه بعد السفر في القطار، حيث كنا متراكمين في عربة وبسطل واحد لقضاء حاجاتنا، سنغتسل قليلا من تعب السفر. فقد أحسست بنفسي فعلا وسخة. وفي المستودع أزلنا ثيابنا رغم حرجنا من الظهور عاريات، ومن المعاناة من عدم العثور على حاجاتنا الخاصة. ثم ولجنا قاعة ظننا أننا سنغتسل فيها، لكن سرعان ما استبد بنا الهلع بعد دخول رجال عراة.

 

هي فعلا غرفة غاز ، وقد اخترنا أن نمثل موت بيرت بنوعين من الصور : تلك التي أخذها الألمان لقافلة اليهود الهنغاريين في ماي 1944، وأربع صور « مسروقة » التقطتها المقاومة الداخلية بمعتقل بيركوناو من طرف أحد أفراد السوندركومندوس والذي عرض حياته للخطر من أجل توثيق الإبادة الجماعية. وهو ما يفسر التأطير غير الجيد للصور. ويمكن أن نرى في الصور ما تكون قد عاشته بيرت من انتظار في غابة بولو Bouleaux (بيركوناو في اللغة البولونية)، ومن تعرية وحرق الأجساد عند ملأ الأفران أكثر من اللازم.

 

 

هنا نرى عملية الانتقاء عند نزول القطار، الرجال على اليمين والنساء والأطفال على اليسار، أفراد من السوندركومندوس بمنامات مخططة وبعض الضباط الألمان. وفي العمق باب الدخول في بيركوناو (أوشفيتز II)

 

 
               

على طرف الغابة، ينتظر النساء والأطفال في هدوء بقية التعليمات. وفي الخلف تبدو مباني المعتقل وراء حاجز من الأسلاك الشائكة.

هذه صور غير واضحة لأنها التقطت خفية تبين نساء عاريات أو أثناء إزالة ملابسهن

 

       

في هذه الصور نرى أفراد السوندركومندوس يقومون بإحراق الجثث بعد إخراجها من غرف الغاز، وهو ما يحصل عند عدم كفاية الأفران

أنجز هذا الرسم دافيد أولير، وهو يمثل إخراج الجثث من غرفة الغاز من طرف السوندركومندوس وجرها إلى أفران الحرق. دافيد نفسه أحد عناصر السوندركومندوس تم ترحيله إلى أوشفيتز، وقد قدم شهادته بالمعتقل وأيضا عند إطلاق سراحه. عنصر السوندركومندوس قد يُسخر سجينا يهوديا للقيام بالأعمال المنحطة المتعلقة بالإبادة الجماعية. غالبا ما يكون قابعا في مكان منعزل داخل المعتقل، ويعرف بلباس خاص، هو المنامة المخططة المشهورة

 

تمثل هذا الصورة غرفة الغاز بأوشفيتز( I ) علما أن بيرت قتلت في بيركوناو في غرفة غاز أكبر، وهي الغرفة التي دمرت بعد ذلك

بعد افتقادهما في بيركوناو، تم التصريح بشارل وبيرت كمتوفين خمسة أيام بعد ذهابهما مع القافلة، أي يوم 5 غشت 1944، وذلك طبقا للقانون الفرنسي لسنة 1947. فهذا القانون ينص على أنه بعد خمسة أيام على مغادرة القافلة، يعتبر في حكم المتوفى الأشخاص الأقل من 14 سنة وما فوق 55 سنة الذين لم يعودوا. هذا علما أن بيرت وشارل لا يدخلان في هذين الصنفين. فهما يعتبران متوفين ما دام لم تتوفر عنهما معلومات. ولا نعلم إن كانت بيرت قد عثرت على أطفالها في القافلة أو إن كانت شاركتهم نفس العربة، كما لا نعلم إن كانت قد ماتت مع شارل. أما طفلاها مارسيل وبيرليت فقد نجوا والتقيا في باريس.

عاد الأخوان إلى حانة والدهما « بار موريس »، وبعد إعادة افتتاح الحانة، كان أحد الزبائن الناجين من الترحيل يأتي يوميا ليعبر لهما عن أسفه وتقديم تعازيه لمارسيل وبيرليت. فكان الأخوان يشكرانه دون أن يعرفا ما يقولان له بالضبط (حسب شهادة بيرليت لجريدة يهودية، ينظر سيرة بيرليت).

الاحتفال بشابات (عيد يهودي تقليدي يمتد من مساء الجمعة إلى مساء السبت) بيرليت تعيد إحياء تقليد كان قد سار عليه والدها وهو إعداد طبق تقليدي يسمى « بربوش ». هذا الطبق من أصل جزائري (يتعلق الأمر بنوع من الكسكس)، كان والده يود تقاسمه مع سكان الحي. فقد استمرت تحاول الحفاظ على الجو اليهودي القديم الذي كان سائدا إبان الأحداث، لكن هيهات.

 

صورة تعود لسنة 1946 لحانة "بار موريس" نرى فيها بيرليت وزوجها على اليسار وكذا مارسيل مع زبون اعتاد المجيء عندهما

 

شرع الأبناء في إجراءات إدارية للتصريح بوفاة بيرت وشارل وموسى، والاعتراف بوضعهم كمرحلين سياسيين. بيرت اعترف بها كمرحلة سياسية سنة 1952. ويمكن أن نرى في أعلى هذا الملف بأن بيرليت هي التي أمضت على الوثيقة..

 

 

بقي اليوم من بيرت فقط اسمها مكتوبا على حائط الأسماء في متحف المحرقة اليهودية في باريس وبطاقة شهادة من ياد فاشيم بخط يد بيرليت.

 

هذه البطاقة-الشهادة أدرجها ياد فاشيم بموقعه وبمدخل الميموريال، بغاية ترك أثر عن الشخص المفقود إبان الحرب العالمية الثانية في إطار المحرقة : فهي بمثابة شهادة عن وجود معدوم.

لقد أعدنا بشكل كامل تركيب الشجرة الجينالوجية لعائلة دراي. ولم نعثر لا على روجي ولا ريشار ولا مارسيل. وقد طلبنا من « ميموريال المحرقة اليهودية » المعلومات الشخية لموريصس بونس، حفيد بيرت، لكن لم نتلق ردا.

ديان، لورا، إليزا ولوكا

Contributeur(s)

This biography was written by the 9th grade students of the Collège les Blés d’Or junior high school in Bailly-Romainvilliers, under the supervision of their teachers, Ms. Jorrion and Ms. Garillère.

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