Isic FISCHER

1907-1992 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Isic FISCHER

Cette biographie a été réalisée par les élèves de la classe de 1ère OTM (Organisation du Transport de Marchandises) du lycée Arcisse de Caumont à Bayeux (14), dans le cadre  d’une visite préparatoire du camp d’Auschwitz.

Source du document : SHD-DAVCC Service Historique de la Défense – Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, FISCHER_Isidore_21P646070

Sa vie avant la guerre

Isic Fischer est né le 10 avril 1907 à Sarograd, en Roumanie. Il est arrivé en France en 1927 et a suivi des cours de médecine à la faculté de Strasbourg jusqu’en 1929, puis à la faculté de Lyon jusqu’en 1933. Le 1er octobre 1934, il est déclaré Docteur en médecine à la préfecture du Rhône.

Nous avons peu d’éléments sur son parcours avant-guerre mais dès 1936 (et peut-être avant), il habite au 7 rue de l’Université à Lyon – 7e (où il exerce son activité de médecin), avec son épouse Clara Dermer, née le 23 juin 1911 à Targu-Frumos en Roumanie également.

Le 3 septembre 1935, il présente une demande de naturalisation, qui a été ajournée. Il refait une demande le 9 mai 1940, sans obtenir de suite. A cette date, il est donc toujours citoyen roumain.

Recensement 1936 – rue de l’Université – Lyon (Rhône)

Source : Archives numérisées Département du Rhône

L’entrée en guerre

Isic s’engage volontairement dans l’armée française le 2 mars 1940 et est affecté en qualité de médecin auxiliaire à la Compagnie Muletière 173-17.

Les compagnies muletières sont des compagnies dotées d’animaux de bât, généralement des mulets, chargées du transport de matériel et du ravitaillement des troupes. Elle relèvent en 1940 de l’arme du Train et exerce principalement leur activité en milieu montagneux ou elles rendent des services sans lesquels nombre de missions n’auraient pas pu être remplies.

La compagnie 173-17 est mise sur pied du 2 au 9 septembre 1939 à Venterol près de Montauban et rattachée au 14° CA.
Elle est basée à Saint-Bonnet-en-Champsaur, puis à Nyons dans la Drôme de janvier à avril 1940.
Elle travaille ensuite en Maurienne avec le 281° RI à Termignon, Lanslebourg, Bramans.
La compagnie est dissoute le 20 juillet 1940 à Grenoble.

Source : Ligne Maginot

Isic, quant à lui, est démobilisé le 15 juillet 1940.

Son engagement dans la Résistance

Source : SHD-DAVCC Service Historique de la Défense – Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, FISCHER_Isidore_21P646070

Un témoignage fait état de l’engagement de Isic dès la fin de 1941 dans le mouvement Franc-Tireur, bien que le certificat d’appartenance à la Résistance mentionne une période allant du 1/1/1943 au 8/8/1945.

En effet, dès la fin 1941, Isic est chargé de la propagande et de la diffusion d’un journal clandestin, ainsi que de la collecte de fonds pour assurer l’impression du journal.

Depuis 1942 et l’instauration du STO (Service du Travail Obligatoire), il établit des certificats médicaux de complaisance et participe à l’établissement de fausses cartes d’identité.

Service du Travail Obligatoire (STO) :  Institué par le gouvernement de Vichy par une loi du 4 septembre 1942 pour répondre aux exigences allemandes de main d’œuvre, le STO constitue en fait le prolongement de la politique vichyste de la  » Relève  » mise en place début 1942, et qui consistait à envoyer en Allemagne des travailleurs spécialisés volontaires en échange du retour de prisonniers de guerre (trois travailleurs pour un prisonnier). L’échec de la  » Relève  » et la faiblesse de ses résultats entraînent l’instauration par Laval d’une nouvelle loi du 16 février 1943 modifiant le recrutement du STO : il ne se fait plus selon un critère professionnel mais sur une base démographique. Les réquisitions concernent désormais tous les jeunes nés entre 1920 et 1922. Très impopulaire, le STO a provoqué une hostilité croissante de l’opinion à l’égard de la politique de collaboration, et il a entraîné une partie des réfractaires à s’engager dans la Résistance, en particulier au sein des maquis. (Source : https://www.fondationresistance.org/)

Le 22 mars 1943, Isic est repéré par la Gestapo, échappe de justesse à l’arrestation et se cache avec sa famille chez Mme Guirouvet puis chez M. Romeyer à Lyon.

Malgré le danger, il reste en contact avec les résistants du mouvement Franc-Tireur, notamment pour procurer des fausses cartes d’identité.

L’arrestation

Source : SHD-DAVCC, FISCHER_Isidore_21P646070

 

Le jeudi 22 juin 1944, Isic a rendez-vous à Lyon dans une épicerie où un nommé Jankowsky (gendre de l’épicière) lui remet des cartes d’identité. Auparavant, Isic avait fourni à Jankowsky deux photos d’identité, nécessaires pour établir ces cartes. En sortant de l’épicerie, Isic, alors qu’il devait retrouver dans un café voisin  Kurt Haguenauer,  est arrêté par 4 hommes de la Gestapo. Kurt Haguenauer est également arrêté et sera déporté par le convoi 77 du 31/7/1944.

Conduit place Bellecour dans un immeuble réquisitionné par la Gestapo, Isic voit entre les mains de cette dernière, un dossier sur lequel figure le nom de Jankowsky et qui contient, notamment, les deux photos remises à Jankowsky pour les fausses cartes d’identité.

Isic subit la torture (passe 6 fois « à la baignoire ») mais ne trahit aucun secret de la Résistance.

Jankowsky sera condamné le 8/10/1946 à 20 ans de travaux forcés par la Cour de Justice de Lyon.

Plaque apposée à l’angle de la Place Bellecour et de la rue Antoine de Saint-Exupéry à Lyon (2e arrdt). Source : Musée de la résistance en ligne.org

L’intervention du Consul Général de Roumanie

Témoignage du Consul – 30/11/1945. Source : SHD-DAVCC

Informé par Clara Dermer (épouse de Isic) de l’arrestation de son mari, le Consul Général de Roumanie, Frédéric Bouvet, intervient auprès du chef de la Gestapo pour demander le recours en grâce de Isic. En effet, Isic tombe sous le coup d’un article de la loi nazie sur l’activité des étrangers et la sanction prévue est la peine de mort. Le recours en grâce est accordé et Isic est enfermé à la prison du Fort Montluc, avant de partir pour Drancy puis Auschwitz.

La déportation

Emprisonné au Fort de Montluc à Lyon depuis le 22 juin 1944, Isic est transféré au camp de transit de Drancy le 3/07/1944. Conçu dans les années 30 pour loger à bon marché des familles de Drancy, l’ensemble immobilier, inachevé, va servir de camp d’internement puis de rassemblement des Juifs. Près de 63 000 d’entre eux seront déportés depuis Drancy vers les camps d’extermination.

Il quitte le camp de Drancy le 31/04/1944 par le Convoi 77 et arrive au camp d’Auschwitz le 3/08/1944.

Il sera interné au camp de Auschwitz du 3 août jusqu’au 26 octobre 1944, puis sera envoyé au camp de Stutthof, situé près de Dantzig (Gdansk à présent en Pologne) où il sera retenu du 28 octobre 1944 au 9 mai 1945.

Entre ces deux périodes, il sera affecté dans des camps « satellites » du Stutthof :

  • Stutthof du 28/10 au 22/11/1944
  • Burgrabben du 22/11 au 9/03/1945
  • Troyl Dantzig du 9/03 au 24/03/1945
  • Stutthof du 24/03 au 9/05/1945

Le camp de Stutthof

Source : Musée commémoratif de l’Holocauste des États-Unis 

À l’origine, Stutthof était un camp d’internement civil placé sous la tutelle du préfet de police de Dantzig. En novembre 1941, il devient un camp de « rééducation par le travail », administré par la police de sécurité allemande. En janvier 1942, le Stutthof fut considéré comme les autres camps de concentration.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, peut-être jusqu’à 100 000, furent déportées dans ce camp.

Les conditions de vie dans le camp étaient particulièrement rigoureuses. De nombreux prisonniers moururent au cours de l’épidémie de typhus qui fit rage durant l’hiver 1942, puis à nouveau en 1944. Ceux que les gardes SS jugeaient trop faibles ou trop malades pour travailler étaient exterminés dans la modeste chambre à gaz du camp. L’utilisation du gaz Zyklon B débuta en juin 1944. À l’infirmerie, les médecins tuaient également les prisonniers malades ou blessés par injection. Plus de 60 000 personnes moururent dans ce camp.

Travaux forcés et sous-camps

Les Allemands utilisèrent les prisonniers de Stutthof pour les travaux forcés. Certains étaient affectés à des entreprises appartenant à la SS, comme les Usines d’équipement allemand (DAW), situées à proximité. D’autres étaient envoyés dans des briqueteries locales, des industries privées, les ateliers du camp, ou encore aux travaux agricoles. En 1944, comme le travail effectué par les prisonniers des camps de concentration prenait de plus en plus d’importance dans la production d’armement, une usine d’avions Focke-Wulff fut construite à Stutthof.

Marches de la mort et évacuations

L’évacuation des prisonniers du système concentrationnaire de Stutthof commença en janvier 1945. Au moment du départ définitif, on en comptait près de 50 000, dont l’immense majorité des Juifs. Depuis les sous-camps, 5 000 détenus furent dirigés vers la côte de la Baltique, contraints de finir leur marche dans la mer, où ils furent abattus à la mitrailleuse. Les autres prisonniers, emmenés dans la direction de Lauenburg, à l’est de l’Allemagne, furent interrompus par l’avancée des Soviétiques. Les Allemands forcèrent les survivants à retourner à Stutthof. Dans des conditions hivernales rigoureuses, traités sauvagement par les gardes SS, ils furent plusieurs milliers à trouver la mort durant cette marche.

Fin avril 1945, les prisonniers encore en vie furent évacués de Stutthof par la mer, le camp étant entièrement encerclé par les forces soviétiques. À nouveau, plusieurs centaines d’entre eux furent contraints d’entrer dans l’eau, puis abandonnés. Plus de 4000 autres furent envoyés en Allemagne à bord de petites embarcations, certains au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg, d’autres dans les camps le long de la côte Baltique. Nombre d’entre eux se noyèrent en chemin. Peu avant la reddition allemande, des prisonniers seront transférés à Malmö, en Suède, et laissés aux bons soins de ce pays neutre. On estime que plus de 25 000 déportés moururent pendant l’évacuation de Stutthof et des sous-camps, soit un sur deux.

Le 9 mai 1945, les forces soviétiques libérèrent Stutthof ainsi qu’une centaine de prisonniers qui avaient réussi à se cacher lors de l’évacuation finale du camp. On peut penser qu’Isic faisait partie de ce groupe de prisonniers.

L’après-guerre

Le camp de Stutthof libéré par les Russes, Isic est rapatrié en France le 8 Août 1945 par la ville de Valenciennes et rejoint la ville de Lyon par la suite.

Par décret du Gouvernement Provisoire de la République Française du 8 octobre 1946, publié au Journal Officiel, Isic et son épouse Clara obtiennent la nationalité française.

Le 1er décembre 1947, Isic obtient un certificat de déportation du Ministère des Anciens Combattants.

En 1949, Isic fait une demande pour l’attribution de la carte de déporté-résistant. Après maintes relances auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre, il obtient cette carte le 7 mars 1953 portant le numéro 101515635. Cette carte lui permettra notamment d’obtenir une pension temporaire d’invalidité à hauteur de 10 % : en effet, ayant contracté le typhus lors de son internement, Isic garde des séquelles de cette épidémie sur sa jambe droite. Il a par ailleurs été décoré de la médaille d’argent des épidémies.

Source : SHD-DAVCC, FISCHER_Isidore_21P646070

Isic a repris son activité de médecin à Lyon. Il y décède le 28 avril 1992, à l’âge de 85 ans.

Contributeur(s)

Cette biographie a été réalisée par les élèves de la classe de 1ère OTM (Organisation du Transport de Marchandises) du lycée Arcisse de Caumont à Bayeux (14), encadrés par leur enseignante Mme Groult.

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