Justine FRIEDRICH

1938-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Justine FRIEDRICH

Justine Friedrich est née le 14 avril 1938, à Paris, en France. Elle est la fille de Chewa Grunberg et Majer ou Major Friedrich.

Avant la Seconde Guerre mondiale, elle habitait au 7 rue de Palikao, dans le 20e arrondissement de Paris, très certainement avec sa mère. Il est peu fait mention de son père, que ce soit à Paris, à Poitiers, où la famille s’est réfugiée vraisemblablement au début de l’occupation nazie.

Cheva Bina Friedrich, la mère de Justine est née le 25 juillet 1893 à Sandomierz en Russie, devenue ville polonaise après la Première Guerre mondiale. Son nom de jeune fille est Grunberg.

D’après les archives de l’OFPRA, elle a quitté la Russie (Lotz en Pologne) en 1919 pour aller en Allemagne.

Elle réside en Allemagne jusqu’en 1925, puis part pour la Belgique. On retrouve sa trace en France où elle arrive en 1934 avec un passeport Nansen. Il est noté «qu’elle ne possède pas de carte d’identité, son séjour est limité. Il n’y a pas d’indication qu’elle ait acquis une nationalité étrangère».

L’office des réfugiés russes certifie que Madame Cheva Binah Grunberg, épouse Friedrich est la fille de Jacob Grunberg et son épouse Laja Reichmann.

On sait du père de Justine, Major Friedrich, qu’il est né en 1886. Sur l’acte de naissance de Justine, sa ville de naissance n’est pas mentionnée, mais on connait sa profession en 1938, employé.

Dans les archives des « Témoignages de survivants juifs de l’Holocauste, Fondation pour la Mémoire de la Shoah / USC Shoah Foundation – Interviews et histoires orales » on retrouve la trace de Cheva Grunberg et Major Friedrich, son époux. Les dates de décès de Schewa correspondent.

Il est noté qu’ils ont 3 enfants :

  • Un fils Jacob Friedrich, né en Allemagne à Dortmund. Il se serait marié à deux reprises à  Cypa Friedrich et Marie Friedrich. Celui-ci raconte sa vie dans un ouvrage « DANS LA MAIN D’HACHEM – La vie miraculeuse de Rav Yaakov Friedrich ». Dans cet ouvrage, sur la 4e de couverture, on note : « Abandonné à l’âge de six ans par son père et placé chez un paysan chrétien, ivrogne et brutal, logiquement Yaacov Friedrich n’avait aucune chance d’étudier la Torah et d’accomplir les mitsvot. Grâce à une incroyable aide du Ciel, il fut adopté par une communauté juive en Belgique et élevé dans un environnement profondément religieux. (…)»
  • Deux filles : Chaja Friedrich et Margreet Friedrich.

Cela nous laisse penser que Justine avait donc des frère et sœurs plus âgés qu’elle, ce qui est confirmé par la page de témoignage (formulaire émis par Yad Vashem) de Schewa où son petit-fils Jacques Foresti, habitant 12 rue de Bellevue 92100 Boulogne, en France, atteste de l’arrestation de sa grand-mère en 1942.

En effet, la mère de Justine est arrêtée à Poitiers où elle réside, le 16 octobre 1942. On lui connait 2 adresses dans cette ville, la première au 8 rue de la pierre levée, la seconde au 100 faubourg du Pont-neuf. Que devient sa fille après l’arrestation ? Sur la feuille de témoignage de Yad Vashem, il est fait mention du fait qu’elle ait été épargnée. Dans le livre sur Elie Bloch, « Le rabbin des enfants », il est fait mention de Justine pour évoquer le fait qu’elle ait été placée en famille d’accueil, chez Madame Cacault qui signale « qu’elle est de nouveau hospitalisée et le médecin dit qu’elle est contagieuse ». Il est précisé que « Madame Cacault, conduit régulièrement la jeune Justine en traitement à l’Hôtel-Dieu ». On peut supposer que Justine n’a pas été conduite au camp de Poitiers, route de Limoges, comme sa mère, comme l’atteste la liste du camp conservée aux archives départementales.

100 rue du faubourg du Pont-neuf à Poitiers
Images Google Map

Cheva Bina Friedrich est déportée dans le convoi 42 le 06/11/1942 qui partait de Drancy et à destination d’Auschwitz-Birkenau. Elle n’a pas survécu.

La vie à Poitiers n’a pas dû être facile pour la famille Friedrich car, si au début de la guerre, Poitiers accueille des réfugiés lorrains et le 23 mai 1940 le gouvernement Belge qui fuit l’avancée allemande, très vite, la ville est occupée par les nazis qui réquisitionnent les bâtiments les plus importants et s’installent dans toute la ville.

Le camp de la route de Limoges, appelé « Centre de séjour surveillé », construit en 1939 pour abriter les réfugiés espagnols est vidé lors de l’invasion allemande. Des tziganes, puis des Juifs y sont internés. Les baraques destinées à recevoir les Juifs étaient vétustes, mal entretenues : les toits étaient abîmés et laissaient la pluie passer, il n’y a ni chaise, ni banc, ni table. Des souris et des rats dévorent tout et il est courant que des personnes retrouvent le matin leur vêtement, souvent le seul qu’ils possèdent, rongé et troué.
En juillet 1942 commencent les déportations par Compiègne pour les hommes tziganes et par Drancy pour tous les Juifs. Au total, environ 1800 Juifs séjournèrent au camp avant d’être déportés vers les camps de mise à mort.

La feuille de témoignage de Yad Vashem, signée par Paul Curtz, un enfant juif rescapé de la rafle de la pension Zysman, parle du passage de Justine à Paris au Centre Lamarre le 19 juin 1943, puis à Montgeron (?) et Louveciennes. Finalement elle a été prise en charge dans la pension Zysman, au 57 rue G. Clemenceau à Saint-Maur-des-Fossés, en région parisienne.

La pension Zysman, d’après son surnom « la Maison des enfants », est au 57 rue Georges Clémenceau à la Varenne-Saint-Hilaire, dans le département du Val-de-Marne. C’est une maison pour accueillir en toute sécurité les enfants dont les parents ont été persécutés, déportés et assassinés. Elle est gérée par l’UGIF (Union générale des Israélites de France : c’est un organisme créé par une loi française en 1941. Sa mission est de représenter les Juifs auprès des pouvoirs publics, pour les questions d’assistance, de prévoyance et de reclassement social. Tous les Juifs demeurant en France doivent y adhérer, les autres associations juives ayant été dissoutes et les biens redonnés à l’UGIF. Son rôle a soulevé des controverses : les structures qu’elle patronnait ont été finalement de véritables souricières pendant les rafles de la Gestapo).
La maison est occupée et bondée car elle se trouve sur les bords de Marne, facilement accessible par le train de Paris.

Saint-Maur-des-Fossés, au sud de Paris
La pension Zysman était située au 57 rue G. Clemenceau

Une trentaine d’enfants y séjourne en permanence. Une nourriture correcte est assurée, une ambiance joyeuse y règne, des fêtes sont organisées comme Hanouka ; mais comme la plupart des centres de l’UGIF, ils peinent à trouver des vêtements et de la nourriture. Le personnel s’occupe des enfants du mieux qu’il peut avec les ressources limitées dont il dispose.

Justine est l’une des enfants. Elle est arrêtée à la pension, dans la nuit du 21 au 22 juillet 1944.
En juillet 1944, la Gestapo menace les foyers des enfants de l’UGIF. Ce sont les plus vulnérables des juifs français car leurs parents pour beaucoup, avaient déjà été déportés.
Dans la pension de la Varenne, 28 enfants âgés de 4 à 11 ans séjournent alors, ainsi que deux membres du personnel, la cuisinière et la directrice.

Réveillés à l’aube, ils sont forcés de quitter leur lit et d’attendre dans les voitures de la Gestapo, avant de faire route vers Drancy. Pendant les 10 jours que Justine a passé au camp de Drancy, les conditions de vie sont épouvantables. Elle dort directement sur de la paille dans une grande pièce aux très mauvaises conditions sanitaires.
Les enfants et leurs accompagnateurs sont déportés de Drancy à Auschwitz le 31 juillet 1944 dans le convoi 77, parti de la gare Paris-Bobigny.
Ce convoi a déporté environ 1320 personnes de 37 pays différents dont 330 enfants de moins de 18 ans.
Le transport était composé de 30 voitures. Certaines des voitures avaient un seau d’eau ainsi qu’une boîte de provisions supplémentaires. Le sol était en partie recouvert de paille. Le train a traversé de nombreuses gares bombardées le long de la route. Le transport a suivi l’itinéraire de déportation habituel.
Parmi les 28 enfants de la Varenne St-Hilaire, il n’y eut aucun survivant.
Justine est gazée le 3 août 1944, elle est morte assassinée à 6 ans, dans le camp de Auschwitz-Birkenau.

 

Rédacteurs

Classe de 3e E du collège du Jardin des plantes de Poitiers
Madame Myriam ROSSIGNOL, professeur documentaliste
Madame Isabelle BRANDELA, professeur d’histoire-géographie-EMC
Merci à Madame Carla SPODECK, étudiante à l’IEP de Poitiers

Bibliographie

  • Picard Roger : La Vienne dans la guerre 1939-1945. La vie quotidienne sous l’Occupation – De Borée éditions, 2001
  • GéoHistoire – La France sous l’Occupation – Hors série, septembre/octobre 2011
  • Simmat Gérard, Augustin Jean-Marie : Poitiers occupé, Poitiers bombardé – Geste éditions, 2013

Sitographie

 

This biography of Justine FRIEDRICH has been translated into english.

Contributeur(s)

Classe de 3e E du collège du Jardin des plantes de Poitiers, Madame Myriam ROSSIGNOL, professeur documentaliste et Madame Isabelle BRANDELA, professeur d’histoire-géographie-EMC.

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1 commentaire
  1. Paul Curtz 3 mois ago

    Correction. Il s’agit du centre Lamarck et non Lamarre. Rue Georges Clemenceau, nous étions, je m’en souviens fort bien, 22 ou 23 enfants. Paul Curtz Paris.

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