Léon MEYER (1877-1944)
Qui sommes- nous ?
Notre classe de 4B AFM du Lycée De Viti de Marco de Triggiano Bari, sous la direction de Mme Paola Barone, notre professeure de fle, a découvert le Projet Convoi 77 au mois de Février 2021. L’idée de ce projet nous a paru intéressante : raconter l’histoire de Léon Meyer, un citoyen français de confession juive qui est mort en déportation vers Auschwitz dans le dernier Convoi, en juillet 1944.
Pour réaliser ce projet, nous nous sommes mis dans la peau d’investigateurs. Grâce à l’aide de M. Serge Jacubert et au Projet Convoi 77.org, nous avons eu accès à plusieurs documents d’archives qui nous ont orientés dans la réalisation de cette biographie. Mais nous avions besoin de plus … Nous avons donc cherché quelques photos de Léon, mais nous ne les avons pas retrouvées. Nous avons également pris contact avec Mme Filomena Montella, professeure d’Histoire de notre école qui nous a aidés à comprendre les événements historiques que l’on n’étudie que dans la dernière année (chez nous la classe 5ème) : (l’occupation nazie; les juifs français; Vichy; la libération).
Cela a été pour nous une aventure très émouvante qui s’est achevée avec la présentation en ligne du projet à Jérusalem le 28 avril 2022 à l’occasion de “ Yom HaShoah”.
Photo de Léon Meyer (à gauche) dans son bureau de l’UGIF rue Vauquelin.
© Mémorial de la Shoah
Pourquoi ce travail ?
Pour le comprendre il faut lire le poème de Primo Levi.
Se questo è un uomo
Voi che vivete sicuri
nelle vostre tiepide case,
voi che trovate tornando a sera
il cibo caldo e visi amici:
Considerate se questo è un uomo
che lavora nel fango
che non conosce pace
che lotta per mezzo pane
che muore per un sì o per un no.
Considerate se questa è una donna,
senza capelli e senza nome
senza più forza di ricordare
vuoti gli occhi e freddo il grembo
come una rana d’inverno.
Meditate che questo è stato:
vi comando queste parole.
Scolpitele nel vostro cuore
stando in casa andando per via,
coricandovi, alzandovi.
Ripetetele ai vostri figli.
O vi si sfaccia la casa,
la malattia vi impedisca,
i vostri nati torcano il viso da voi.
Primo Levi
Version française de Riccardo Venturi
23 février 2006
SI C’EST UN HOMME
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise, des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux,
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
La Seconde Guerre mondiale a été l’occasion de violences inédites et de crimes contre l’humanité. Si les survivants ont pu témoigner de l’horreur des camps, ont pu dire la déshumanisation subie par toutes les victimes, les morts en revanche se sont tus à jamais. Leur assassinat en masse par les nazis leur avait nié l’humanité et la dignité. Devenus cendres, sans tombes pour le recueillement, sans inscription pour le souvenir, ils sont tombés dans l’anonymat.
L’intérêt du projet CONVOI 77 consiste à rappeler le parcours de vie de chaque victime de ce train de la mort : qui elle fut, comment elle vécut, pourquoi elle mourut. Dernier convoi parti de Drancy le 31 juillet 1944… et c’est de là qu’on veut découvrir, parcourir et raconter l’histoire et la vie de Léon Meyer.
Pourquoi Léon ?
Parce qu’il est né dans le sud-est de la France, non loin de la frontière italienne.
Léon Édouard Meyer 1877/1944
Léon Édouard Meyer est né le 24 février 1877 à Saint-Laurent-de-la-Salanque (P.O.)
Extrait d’acte de naissance de Léon Meyer, à défaut de photographie.
Source : Commune de Saint-Laurent-de-La-Salanque
Il était marié avec Camille Boucris Belaïch, née le 3 août 1890.
Extrait d’acte de mariage d’après la Préfecture du Département de La Seine.
Il avait 2 fils : Jean Elie né le 30 avril 1912 et Suzanne, Reine née le 28 mai 1914.
Renseignements concernant la famille du déporté.
Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Paris.
Arrêté dans la nuit entre 21 et 22 juillet 1944. Il a été arrêté dans le centre de L’UGIF qu’il dirigeait, rue Vauquelin Paris par la Gestapo.
Témoin de l’arrestation a été le concierge du 11 rue Vauquelin.
Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Paris.
Parmi les premières mesures antisémites du régime de Vichy figure la loi du 4 octobre 1940 qui permettait l’internement, par mesure administrative, des Juifs étrangers présents sur le sol français. Les premières arrestations massives de Juifs par les Allemands en zone occupée puis en zone libre vont marquer une seconde étape de l’internement des Juifs de France, avant que le camp de Drancy ne devienne l’antichambre d’Auschwitz lorsque sera mise en œuvre la « Solution finale ».
Le 21 juillet 1944 il est arrêté et interné à Drancy le 22 et déporté à Auschwitz le 31 juillet 1944.
Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Paris.
Il meurt le 5 août 1944 à Birkenau Auschwitz. Le 18 juillet 1947 à Paris a été transcrit l’acte de décès de L. Edouard Meyer.
Extrait des minutes des actes de décès.
Préfecture de La Seine, du V arrondissement de Paris
Acte de décès.
Ministère de l’État civil Déportés de Paris
Domicilié en dernier lieu à Paris 9, rue Vauquelin. La rue Vauquelin est une voie du 5ème arrondissement de Paris située dans le quartier du Val-de-Grâce.
Rue Vauquelin, Paris 5e
Source : Wikipédia
La rafle de la rue Vauquelin
Elle prend place dans la nuit du 21 au 22 juillet 1944 au n.9 de la rue Vauquelin dans le 5e arrondissement de Paris, au siège du Séminaire israélite de France, (ne pouvant pas fonctionner en ces lieux à cause de la guerre) dans un centre de l’UGIF pour jeunes filles où se trouvent 33 jeunes filles juives. Nombre d’entre elles seront déportées par le Convoi n. 77, en date du 31 juillet 1944, le dernier grand convoi au départ de la gare de Bobigny, de Drancy vers Auschwitz.
Parmi les adultes déportés par le Convoi 77 de Drancy il y a :
- Camille Meyer (née Belaich) (58 ans)
Elle est née le 3 août 1886 à Alger en Algérie. Son mari, Léon Meyer (67 ans), né le 24 février 1877 à Saint-Laurent-de-la-Salanque, est déporté dans ce même Convoi 77.
- Léon Meyer (67 ans)
Il est né le 24 février 1877 à Saint-Laurent. C’est notre Léon !
Le convoi 77
Le convoi no 77 du 31 juillet 1944 est le dernier grand convoi de déportation de Juifs parti du camp d’internement de Drancy pour la gare de Bobigny à destination du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau.
Le convoi 77 est parti du camp de Drancy, le 31 juillet 1944. Il a déporté 1 309 personnes, dont 324 enfants et bébés, entassées dans des wagons à bestiaux.
Il est arrivé dans la nuit du 3 août et la « sélection » est immédiatement pratiquée. La date officielle retenue pour la mort des déportés qui ne sont pas entrés dans le camp de concentration pour le travail est celle du 5 août 1944.
À la fin de la guerre, le 9 mai 1945, seuls 251 déportés de ce convoi ont survécu ; 847 ont été exterminés dans les chambres à gaz dès leur arrivée.
Aloïs Brunner, le commandant du camp de Drancy, pressé par l’avancée des troupes alliées depuis le débarquement du 6 juin 1944 et aidé par la confusion qu’entraîne l’attentat raté contre Hitler le 20 juillet, en profite pour poursuivre jusqu’au bout sa folie meurtrière. Il tient à ne laisser aucun enfant juif derrière lui et procède à des rafles là où il est sûr de trouver les enfants : dans les maisons d’enfants et les hommes de l’Union générale des israélites de France (UGIF) de la région parisienne, ou ceux dans lesquels elle les avait placés, et qui n’avaient pas dispersé les orphelins ou enfants isolés dont l’organisation avait officiellement la garde.
Plus de 300 enfants (dont 18 nourrissons et 217 enfants âgés de 1 à 14 ans) sont arrêtés, emmenés à Drancy puis déportés dans le convoi 77. Parmi eux se trouvent les 20 petites filles de l’orphelinat de Saint-Mandé et leur directrice, Thérèse Cahen, qui les accompagnera dans la chambre à gaz.
Composition du convoi
Dans des wagons à bestiaux, debout, sans eau, sans nourriture, Léon voyage pendant trois jours. Arrivé à Auschwitz, des hommes en costume rayé gris et bleu l’invitent à descendre et à se séparer des autres : les hommes à gauche et les femmes à droite !
La majorité des déportés sont nés en France (55 %) : 35 nationalités sont représentées, dont – outre les Français (y compris algériens) – les Polonais, les Turcs, les Soviétiques (notamment Ukrainiens) et les Allemands, pour les plus nombreuses.
Le nombre des enfants déportés est important (324) : 125 sont âgés de moins de 10 ans.
Drancy : Léon est arrêté le 21 juillet 1944 et arrive à Drancy le 22 juillet 1944
Camp de Drancy, août 1941.
Source : Wikipédia
Le camp d’internement de Drancy est la plaque tournante de la politique de déportation antisémite en France d’août 1941 à août 1944. Situé au nord-est de Paris, dans la ville de Drancy (alors dans le département de la Seine, aujourd’hui en Seine-Saint-Denis), ce camp est pendant trois ans le principal lieu d’internement avant déportation depuis la gare du Bourget (1942-1943) puis la gare de Bobigny (1943-1944) vers les camps d’extermination nazis, principalement Auschwitz. Neuf Juifs déportés de France sur dix passent par le camp de Drancy lors de la Shoah.
Le Wagon-Témoin de Drancy.
Source : Wikipédia
Le camp d’internement de Drancy a été installé en octobre 1939, dans un vaste bâtiment formant un U du quartier d’habitation HBM, dit la « cité de la Muette », conçu par les architectes Marcel Lods et Eugène Beaudouin. Celui-ci, construit entre 1931 et 1934, comportait, en outre, cinq tours de quinze étages chacune, ainsi que plusieurs bâtiments sous forme de barres implantées en peigne, composées de trois et quatre étages.
Un centre de déportation
Rafle de Juifs à Paris, 20 août 1941.
Source : Wikipédia
Le camp est d’abord un lieu d’internement, dans des conditions délibérément durcies, la sous-alimentation entraîne rapidement la dysenterie, une partie des gendarmes français brutalisent les internés et multiplient les sanctions arbitraires et humiliations.
À partir de 1942 et du tournant de l’Allemagne nazie vers la Solution finale, Drancy passe du statut de camp d’internement à celui de camp de transit, et constitue la dernière étape avant la déportation vers les camps d’extermination.
Arrivée des Juifs au camp de Drancy, août 1941.
Source : Wikipédia
Photo d’internés juifs du camp de Drancy.
Source : Wikipédia
Jusqu’en juillet 1943, ces convois étaient escortés de militaires allemands et de gendarmes français. Par la suite, des policiers sont venus spécialement d’Allemagne.
Son arrivée à Birkenau Auschwitz
Léon arrive à Auschwitz le 31 juillet 1944 et après 5 jours il meurt.
Auschwitz est le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois camp de concentration et centre d’extermination. Faisant auparavant office de camp militaire, il est situé dans la province de Silésie, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Cracovie, sur le territoire des localités d’Oswiecim (Auschwitz en allemand) et de Brzezinka (Birkenau en allemand), annexées au Reich après l’invasion de la Pologne en septembre 1939.
Le camp de concentration, dirigé par les SS, est créé le 27 avril 1940 à l’initiative de Heinrich Himmler ; il est complété par un centre d’extermination (dont la construction démarche à la fin de 1941) et par un second camp de concentration destiné au travail forcé (créé au printemps 1942). Ces camps sont libérés par l’Armée rouge le 27 janvier 1945. L’ensemble du camp et divers terrains annexes, dont le terrain avec une partie de voie ferrée de l’époque, a une superficie d’environ, 55 kilomètres carrés dont environ 10 kilomètres carrés pour le camp à lui seul. C’est une enclave mémorielle perpétuelle sur le territoire polonais.
Témoins du convoi 77
Yvette Lévy, déportée à 18 ans et survivante du convoi 77.
Source : Wikipedia
Dans la nuit du 21 au 22 juillet 1944, Yvette Lévy, jeune juive qui venait tout juste d’avoir 18 ans, est arrêtée par la Gestapo, embarquée avec les enfants de la maison de l’Union générale des Israélites de France (UGIF), située rue Vauquelin à Paris.
« En pleine nuit, on sera réveillé, secoué, arrêté. J’ai toujours ses yeux en tête, de l’Allemand qui était là à hurler Debout et vite ! Plus vite encore ».
Elle se replonge « dans l’enfer ». Un enfer qu’elle s’est donné pour devoir de transmettre depuis plusieurs années, où elle témoigne dans différents établissements scolaires (Tirez de l’article par Marjorie Lenhardt le 21 juillet 2019 à 19h24, Leparisien.fr) À son arrivée à Auschwitz-Birkenau en août 1944, Yvette Lévy est placée en quarantaine pendant trois mois. De son convoi, 900 autres seront envoyés directement dans les chambres de la mort (y compris notre Léon) et 200 hommes en camp de travail. Yvette Lévy sera alors envoyée « au fin fond des Sudètes », dans le camp de travail de Kratzau (Tchécoslovaquie) où elle travaillera 12 heures par jour dans une usine d’armement jusqu’à la Libération.
Sur les 1 309 déportés qui arrivent à Auschwitz, plus de la moitié, dont les enfants, sont immédiatement dirigés vers les chambres à gaz. 291 hommes et 183 femmes sont sélectionnés pour le travail.
À la fin de la guerre, le 9 mai 1945, seuls 251 déportés ont survécu aux travaux forcés, aux sévices, aux expériences pseudo-médicales nazies et aux privations : 93 hommes et 158 femmes. La liste des déportés de ce convoi est disponible sur le site de l’association Convoi 77 ainsi que plus d’une centaine de biographies.
CONCLUSION : quelques impressions…
Courrier du 25 novembre 1947.
Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.
Paola :
« Expérience émouvante et enrichissante même douloureuse ! Après la lecture de cette lettre (du 25 novembre 1947 du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre) je n’ai pas pu retenir mes larmes. La phrase : “…les déportés de l’âge des disparus étaient systématiquement EXTERMINÉS à leur arrivée dans les camps d’internement allemands” apparaît fort cruelle ! »
This biography of Léon MEYER has been translated into English.