Rebecca POLACZ
1. Introduction
Nous sommes élèves de la classe II du Lycée numéro V à Włocławek. Nous nous sommes investis dans le projet « Convoi 77 » grâce Mme Katarzyna Dąbrowska, notre professeur de polonais et la vice-directrice de notre établissement. Mme Dąbrowska a réalisé plusieurs initiatives consacrées à la mémoire, à la diversité culturelle et à la Shoah.
Adhérant au projet en octobre 2020, malgré la deuxième vague de la pandémie qui s’est propagée un peu partout dans le monde, nous n’avons pas renoncé à nos recherches, motivés pour terminer le travail entrepris. La tâche n’a pas été facile, d’autant moins qu’on nous a chargé d’élaborer une biographie de Mme Rebecca (Rywka) Polacz originaire de la ville de Konin qui est situé à 100 km de Włocławek. Ne pouvant pas quitter notre domicile, on a effectué la plupart du travail à distance et en groupes de recherche. Nous avons analysé les documents et informations obtenus et ci-dessous, nous vous présentons les résultats de notre travail.
2. Naissance et origines de Rebecca (Rywka) Polacz
Rebecca Polacz est née le 2 juillet 1880 sous le nom de Rywka (Ryfka) Gryn, sur le territoire de l’Empire russe. Son prénom figure dans les documents sous différentes formes : dans la suite de la présente biographie nous utiliserons la forme Rywka de manière conséquente. Rywka Gryn (Rebecca Polacz) était originaire d’une famille juive de la ville de Konin dans le Gouvernement de Kalisz, une division administrative du Royaume du Congrès faisant partie du territoire polonais d’autrefois, à l’époque sous l’occupation russe. Les documents qui puissent permettre de déterminer son adresse ne sont pas parvenus à nos jours, mais grâce à la générosité du Musée régional de Konin, nous disposons des photographies de la ville de la fin du XIX et du début du XXe siècle. Avec le consentement de cet établissement, certaines photos ont été utilisées dans le présent travail.
Photographies de la collection du Musée régional de Konin représentent le pont sur la rivière Warta et une des rues de la ville.
Les parents de Rywka s’appellent Dawid Gryn et Frymeta, nom de jeune fille Sztok. En outre de Rywka, ils ont deux filles : Malka et Laja. Deux document les concernant sont préservés. Le premier certifie la naissance de Laja. Le second fait part du mariage de Malka avec Natel Sztajner.
En haut : acte de naissance de Laja. En bas : acte de mariage de Malka. Collection de l’Archive nationale à Poznań (fonds no 840, pièces nos 76/1882 et 28/1899).
Les informations collectées dans les archives via la base de données Jewish Records Indexing Poland (www.jri-poland.org) nous avons permis de réaliser l’arbre généalogique de la famille de Rywka Gryn.
Arbre généalogique de Rywka Gryn
3. Mariage de Rywka Gryn (Rebecca Polacz) et origines de son mari
À l’âge de 29 ans, Rywka Gryn épouse Israel Polacz, un an plus jeune qu’elle. Né le 13 octobre 1881 à Dobre, Israel est fils de Henoch Polacz et de Taube, nom de jeune fille Francuz. Comme dans le cas de Rywka, nous avons réussi à reconstruire les origines d’Israel grâce aux informations de Jewish Records Indexing Poland.
Le mariage est conclu le 29 mars 1910. Rywka et Israel sont mariés dans la synagogue de Konin par Jacob Liebschütz (Jakub Lipsztyc), qui est un des quatre derniers rabbins locaux. Il venait de Lituanie et fut rabbin de Konin de 1906 jusqu’en 1942 où il fut assassiné par les nazis. On a retrouvé sa photo dans le livre de T. Richmond Konin. A quest. (Konin. La quête).
La photographie de Jakub Lipszyc du livre de T. Richmond Konin. A quest.
Un jour après la cérémonie, le rabbin se rend à la mairie de Konin pour y déclarer le mariage.
Photographie de la mairie de Konin. Collection du Musée régional de Konin.
L’acte de mariage qui fut dressée à cette occasion nous a fourni des informations intéressantes. Les témoins du mariage sont Lejba Beatus âgé de 60 ans, et Helman Szmul âgé de 46 ans. La cérémonie est précédée par les annonces dans les synagogues de Konin et de Turek, la ville où Israel Polacz habite. Les jeunes mariés n’ont pas signé de contrat de mariage. Ils sont illettrés l’un comme l’autre.
Acte de mariage de Rywka Gryn et Israel Polacz de l’Archive nationale à Konin. (fonds no 840, pièce no 42/1910)
Nous imaginons une cérémonie de mariage selon les coutumes juives : sous le dais appelé houppa, Rywka entoure son fiancé sept fois avant que celui-ci ne lui passe l’anneau sur le doigt en récitant la bénédiction. Puis, il casse le verre avec son pied pour rappeler la destruction de Jérusalem et pour exprimer son désir de revenir à la Terre Promise. Alors, toute l’assemblée s’exclame Mazel tov en signe de joie et des meilleurs vœux.
4. Naissance des enfants
Un an après le mariage, Rywka Polacz met au monde son fils Hanan. Il est né à Konin le 11 mars 1911 et circoncis huit jours après, selon la tradition. Le père fu garçon déclare cette naissance à la mairie de Konin : il y apparait, tenant l’enfant dans ses bras, accompagné des mêmes témoins qui avaient assisté au mariage un an plus tôt. Une mention dans l’acte de naissance d’Hanan indique qu’Israel Polacz s’occupait du commerce pour soutenir sa famille. Cela nous permet de supposer que Rywka ne travaillait pas et était femme au foyer.
Acte de naissance d’Hanan Polacz. Collection de l’Archive nationale à Poznań (fonds no 840, pièce no 9/1911)
Avec le temps, la famille s’agrandit : trois ans plus tard, en février 1914 à Konin, Rywka donne naissance à sa fille Frymeta.
Mention concernant la naissance de Frymeta Polacz en 1914 à Konin dans un document des fonds de l’Association Convoi 77 en France.
5. Communauté juive de Konin à l’époque de Rywka Polacz
Nous savions peu de choses sur la vie des Juifs de Konin en fin du XIXe et début du XXe siècles, pas plus que sur le quotidien de Rywka Polacz et de sa famille. Nous avons donc décidé de nous renseigner. Nous avons fait connaissance de l’ouvrage de Theo Richmond Konin. A quest (Un écho persistant. Le shtetl de Konin. La quête) trouvé dans la bibliothèque de notre lycée. Nous avons également consulté les informations concernant Konin sur le site www.wirtulanysztetl.pl, avant de nous mettre à systématiser les connaissances acquises de cette manière.
L’installation des Juifs à Konin
La ville de Konin date du Moyen Âge. Le site primitif, fondé à l’endroit où existe une route commerciale, est déplacé et reçoit le droit urbain. Au fil du temps, Konin devient un centre économique important. Les traces de la présence juive dans la ville datent du XIVe siècle et ils sont liés à l’arrivée des Juifs de l’Europe occidentale fuyant la persécution. Les immigrés sont de plus en plus nombreux dans la Grande-Pologne. Mais ils ne sont pas toujours accueillis favorablement. C’est pour cela que déjà au XIIIe siècle le duc de Kalisz Boleslas le Pieux avait assuré des privilèges religieux et économiques pour les juifs, élargis par la suite sur tout le territoire national par le roi Casimir III de Pologne. Depuis, la vie des juifs dans Konin s’épanouissait ou s’éteignait au rythme des soubresauts historiques, économiques et sociaux et des vagues de l’antijudaïsme et de l’antisémitisme.
Le quartier juif
On sait que Rywka Polacz est née vers la fin du XIXe siècle. À l’époque, les juifs de Konin ont déjà leur propre quartier : des rues où ils habitent et vivent leur vie quotidienne. La rue la plus célèbre est la rue des Juifs, pas loin des murs du château, qui existe depuis XVIIe siècle. C’est là que se situe le Teper Mark, soit le marché potier, dont on se souviendra encore après la Seconde guerre mondiale. Il est le lieu d’échanges commerciaux des Juifs. Les employés du site de Konin de l’Archive national à Poznań confirment aujourd’hui l’information que donne T. Richmod par rapport au Grand marché qui aurait coexisté avec le Teper Mark et qui, bien qu’entouré de maisons juives, aurait été destiné pour les paysans de la région. Peut-être Rywka Polacz y achetait des produits agricoles, alors que son père et son fils étalaient leurs marchandises au Teper Mark.
Le plan du Teper Mark proposé par T. Richmond dans son livre Konin. A quest.
Samedi matin, les juifs pieux traversent le Teper Mark pour se rendre à la synagogue. Celle-ci se trouve au croisement des rues allant vers la rivière Warta et vers le parc. C’est probablement cette synagogue-là que fréquentent Rywka et son mari Israel. Construite en 1829, elle se distinguait, d’après Richmond, par « des sculptures dorées, quatre colonnes dans les coins, des vitraux, la rambarde forgée de la galerie des femmes, des murs décorés avec des peintures et inscriptions en hébreu ». Il y avait également le Beth Midrash – centre d’apprentissage et de quête dans une pièce dédiée aux études talmudiques pour les garçons et hommes.
La synagogue de Konin et Beth-Midrash.
Source : site du shtetl virtuel
Le Konin à l’époque de Rywka ne manque pas de lieux de culte. Il y a une hevra (« assemblée, société » en hébreu) qui est le lieu de réunion d’une petite société accomplissant des missions religieuses et sociales.
Les membres de la communauté juive avaient des possibilités d’éducation. Les petits garçons juifs étaient, dès l’âge de 3 ans, envoyés au heder pour apprendre par cœur des fragments commentés de la Torah. Dans le heder, il fallait observer des règles sévères et les enseignants étaient exigeants. Il y aurait aussi eu une école pour les filles. En 1918, une fois la Pologne est redevenue un état indépendant, le Collège juif mixte a été créé, mais il parait qu’à cette époque-la Rywka Polacz ne séjournait plus à Konin. Nous supposons que ni elle ni son mari n’ont profité de ces possibilités d’éducation puisqu’ils étaient illettrés au jour de leur mariage ; cependant, il n’est pas improbable que leurs enfants aient été éleves des heders.
Exode de la population juive
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle certaines familles juives quittent Konin, lui préférant la migration ou l’émigration. Les destinations sont multiples : plus grandes villes, autres pays européens, Amérique, Palestine. Quels étaient les motifs de ces choix ?
Pendant nos cours d’histoire, nous avons appris que les Juifs étaient exclus de certains domaines de l’activité économique, et que les privilèges que leur avait accordés Boleslas le Pieux et Casimir III n’étaient plus mis en application en XIXe et en XXe. Les Juifs avaient le droit à l’activité commerciale et productrice qui leur permettaient majoritairement de gagner leur vie.
À l’époque de Rywka Polacz, la communauté juive de Konin était constituée, en grande parte, des pauvres paysans sans terre, débardeurs, ouvriers, artisans, notamment les tailleurs, ainsi que les petits commerçants. Les marchands aisés et les entrepreneurs possédant de la terre et de l’immobilier étaient peu nombreux. Excepté les paysans locaux, qui étaient donc les clients des petits producteurs juifs, entre autre Israel Polacz ? Nous avons déjà évoqué l’occupation russe qui persistait à Konin jusqu’à la grande guerre. À cette époque-là, le 13e régiment de dragons de Kargopol stationnait dans la ville. Avec leurs familles, les soldats constituaient une communauté d’un millier de personnes. C’est eux qui étaient les acheteurs des biens et des services proposés par les Juifs. En échange, ils proposaient du travail, garantissant les revenus pas uniquement aux familles juives. Par conséquent, en 1910, la décision de l’administration du tzar de déplacer le régiment de dragons à une autre ville, a eu un impact considérable sur tous les habitants, et particulièrement les Juifs. Beaucoup se sont retrouvés dépourvus de toute forme de revenu et ont décidé d’émigrer. Pourtant, il arrivait que, de toute une famille, une seule personne partait, car il n’y avait pas assez d’argent pour les billets pour tous.
Par ailleurs, le début du XXe siècle est marqué dans toute l’Europe, y compris dans l’Empire russe, par la montée des nationalismes, qui sont hostiles à des nations étrangères, et de l’antisémitisme. Les Juifs en furent souvent victimes. Pogroms, boycotte des commerces juifs, accusations illégitimes de trahison et la privation du travail étaient autant de raisons pour partir.
6. Départ de Rywka Polacz pour la France
Tous les indices semblent confirmer que c’est pour des raisons économiques qu’en 1913 le mari de Rywka, Israel Polacz, part pour la France. Rywka reste à Konin avec son fils qui est tout petit et, l’an prochain, elle donne naissance à une fille, comme nous l’avons déjà indiqué.
D’après le petit-fils des Polacz, Leon Gryn, la raison pour laquelle Israel a quitté Konin pouvait bien être l’antisémitisme. La petite-fille des Polacz indique au contraire les raisons économiques car son père se rappelait qu’enfant, il avait souvent eu faim. Le motif de l’émigration d’Israel pouvait donc être de nature économique, surtout après le départ des soldats russes. L’insuffisance des moyens financiers est suggérée par le fait qu’Israel est parti seul : probablement il ne pouvait pas payer le voyage de toute sa famille.
On ne sait pas exactement quand Rywka Polacz rejoint son mari. Les premiers documents qui mentionnent leur séjour en France datent de 1925. Après s’être installés, ils réitèrent les demandes auprès des autorités françaises pour légaliser leur séjour et obtenir la nationalité française. En 1925, Israel écrit dans les documents qu’il travaille comme chapelier et gagne 200 francs par semaine. Il habite alors rue Monsieur-le-Prince avec son épouse qui ne travaille pas et leur deux enfants ; mais il est installé en France depuis 1913.
Demande de naturalisation faite par Israel Polacz auprès des autorités françaises (fonds de l’Association Convoi 77).
Les autorités refusent la naturalisation car elles estiment qu’Israel et sa femme ne parlent pas suffisamment bien français.
Après quelques années, en 1929, les Polacz demandent à nouveau la nationalité française – avec succès, car en 1930, toute la famille est naturalisée.
Le document confirmant la naturalisation des Polacz (fonds de l’Association Convoi 77).
À l’instar des nombreux Juifs de l’Europe centrale et orientale, Mme Polacz choisit de nouveaux prénoms français pour elle et pour ses enfants. Ainsi, Rywka devient Rebecca, Hanan devient Armand et Frymeta devient Françoise. Nous n’avons trouvé aucune mention qui indique le changement de prénom de son mari.
Avant la Seconde guerre mondiale, un autre événement important a lieu dans la vie da la famille Polacz. En 1937, la fille, Françoise, se marie avec un Juif polonais Joseph Gryn, né en 1911 à Przytyk. Deux ans plus tard, le petit-fils de Rebecca et Isreal est né. On l’appelle Léon.
Extrait d’acte de naissance de Léon Gryn, obtenu par une bénévole du Mémorial de la Shoah en France.
7. Seconde Guerre mondiale – arrestation et mort de Rebecca (Rywka) Polacz
Pendant la Seconde guerre mondiale, Rebecca Polacz habite 4, place du Marché-Sainte-Catherine, dans le Marais, quartier de Paris où les résidents Juifs sont nombreux.
Photographie de Google Maps représentant le bâtiment à l’adresse 4, Place du Marché-Sainte-Catherine où Rebecca Polacz habitait.
On ne sait pas comment était la vie de Rebecca Polacz et ses proches pendant la guerre. Nous croyons que, malgré certains obstacles, la persécution nazie et le danger imminent, ils tentaient de vivre leur vie ordinaire. Israel par exemple allait se promener tous les jours et c’est pour cela qu’il n’était pas à la maison le 27 ou le 28 juillet 1944 (les dates divergent dans les documents), lorsque sa femme a été arrêtée en raison de ses origines juives. Après l’arrestation, Rebecca Polacz a été transféré avec d’autres Juifs au camp de Drancy où elle a été détenue du 28 au 31 juillet 1944.
Document du fonds de l’Association Convoi 77 attestant la détention de Rebecca Polacz dans le camp de Drancy du 28 au 31 juillet 1944.
Le 31 juillet, Rebecca Polacz est déportée dans le Convoi 77 de Drancy au camp d’extermination Auschwitz-Birkenau. Son nom figure sur la liste des déportés avec le numéro 26 051. Le convoi arrive à sa destination le 5 août 1944. 726 de presque 1 310 femmes, hommes et enfants sont directement envoyés dans les chambres à gaz et assassinés. Rebecca Polacz est parmi eux. Son décès est confirmé dans un acte dressé après la guerre par les autorités françaises.
Acte de décès de Rebecca Polacz dressé par les autorités françaises après la Seconde guerre mondiale (fonds de l’Association Convoi 77).
D’autres documents de l’après-guerre, établis quand Israel Polacz cherchait à savoir quel était le sort de sa femme depuis son arrestation, confirment que Rebecca est morte juste après son arrivée au camp. En 1975, dans l’Institut Yad Vashem à Jérusalem, Mme Josiane Sasson a également confirmé le décès de sa grand-mère dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau.
Document des fonds de Yad Vashem, signé par Josiane Polacz et confirmant la mort de Rebecca Polacz à Auschwitz en 1944.
8. Destin des proches de Rebecca Polacz
Le mari de Rebecca, Israel, a survécu la guerre. Mme Josiane Sasson nous a appris qu’après la guerre il habitait toujours à Paris, 26 rue Charbol, et qu’il est mort à l’âge de 96 ans.
Vue contemporaine de 26, rue Chabrol à Paris (Google Maps).
Le fils de Rebacca, Armand, a participé dans les combats franco-allemands au début de la guerre. Prisonnier de guerre, il a réussi à s’enfouir. Il s’est installe à Lyon et, en 1943, il a épousé Germaine, née en Alsace. Leur fille Josiane a grandi en France. Après ses études de langues et littérature, elle est parti pour Israël à l’âge de 26 ans. Dans une lettre qu’elle nous a envoyée, elle raconte qu’après la guerre, son père fabriquait des chapeaux de femme ; quand ils sont passés de mode, il est devenu tailleur dans l’atelier de son beau-frère Joseph Gryn. Josiane s’est installée à Jérusalem, s’est mariée avec Abraham Sasson et a eu trois enfants : Ouriel, Keren et Itamar. Elle a aussi deux petis-fils, Nadav et Tal. Cette année, son mari est passé. Les autres membres de sa famille habitent en Israël.
La fille de Rebecca Polacz, Françoise, a survécu la guerre, tout comme son mari Joseph Gryn et leur fils Léon. À l’époque elle travaillait dans un des bureaux parisiens. Son fils Léon a épousé Claudine, qui vient de l’Égypte. Ils ont eu des enfants et nous connaissons leurs histoires ; cependant, nous resterons discrets à leur sujet, conformément à la volonté de M. Léon. Françoise et son mari ont eu encore un enfant : en 1952, leur fille Rosaline est née. Elle est mariée mais n’a pas d’enfant. Cette partie des descendants de Rebecca Polacz habite en France.
9. La descendance de Rebecca et Israel Palacz
Mémoire de Rebecca Polacz
Les descendants de Rebecca Polacz : ses petits-enfants, arrière-petits-enfants et arrière-arrière-petits enfants habitent en France et en Israël. Nous avons réussi à nous mettre en relation avec une petite-fille, Mme Josiane Sasson, qui habite en Israël. Nous correspondons régulièrement. Dans chaque lettre, elle nous remercie de ce travail consacré à sa grand-mère. Elle nous a envoyé une photo d’elle avec son petit-fils Nadav dans un décor magnifique de printemps.
Malhaureusement, nous ne sommes pas parvenus à obtenir une photo de Rebecca Polacz car ni sa famille, ni les institutions n’en possèdent aucune. Nous avons donc décidé d’imaginer la jeune Rebecca Polacz.
Portrait imaginaire de Rebecca Polacz conçu par Maja Pilarska de la classe 2 Loa du Ve lycée du Groupe scolaire automobile Tadeusz Kościuszko à Włocławek.
Jusqu’à présent, le seul souvenir de Reebecca Polacz a été son évocation sur le Mur des Noms sur le parvis du Mémorial de la Shoah à Paris.
Photo du Mur des Noms, Mémorial de la Shoah à Paris.
Nous sommes heureux que le nom de Rebecca Polacz sur le mur su Mémorial à Paris ne sera pas le seul souvenir de son existence. Au-delà de la biographie, nous avons décidé de proposer d’autres moyens pour perpétuer sa mémoire. Le 1er juin, nous avons eu le plaisir d’organiser le vernissage de l’exposition à laquelle nous avons invité la communauté locale et scolaire. C’était un événement important et très émouvant.
Rebecca Polacz sera également l’héroïne de notre livre écrit à partir des informations que nous avons ramassés pendant une année de recherche. La publication sera transmise à la bibliothèque de notre établissement et l’article consacré à ce travail, écrit par la directrice du projet Mme Katarzyna Dąbrowska, sera adressé à la revue UczMy, rédigée par le Centre de l’éducation des enseignants de Couïavie-Poméranie à Włocławek.
Sources
La rédaction de la biographie de Rebecca Polacz a été possible grâce aux fonds de l’Archive national à Poznań, du Musée régional de Konin, du Musée de l’Histoire des Juifs polonais POLIN à Varsovie, de l’Institut historique juif à Varsowie et de l’Institut Yad Vashem à Jérusalem ; nous nous sommes également appuyés sur le livre de Theo Richmond Konin. A quest et sur les données de la base www.jri-poland.pl.
Dédicace
Notre travail d’un an est dédicacé aux plus jeunes descendants de Rebecca Polacz. Nous espérons qu’ils n’oublieront jamais leur arrière-arrière-grand-mère originaire de Pologne. Nous voudrions qu’ils soient guidés par la pensée du fondateur du hassidisme Baal Shem Tov : « L’oubli est l’exil, la mémoire est le chemin du salut ».
Auteurs de la biographie
Le projet a été réalisé durant l’année scolaire 2020/2021 par les élèves de la deuxième classe du Ve Lycée du Groupe scolaire automobile Tadeusz Kościuszko : Anna Bieniecka, Roksana Brykalska, Julia Czaplińska, Martyna Gawryś, Manuel Gmurski, Martyna Kwapińska, Maja Pilarska, Wiktoria Manowska, Agata Podolska, Wiktoria Rutkowska, Julia Ryniecka, Oliwia Safian, Nikola Targańska, Oliwia Typiak, Sandra Walczak, Anastazja Zalewska, Zuzanna Zapiec.
La directrice du projet est Mme Katarzyna Dąbrowska – vice-directrice du lycée, professeur de polonais. Voici les noms des professeurs qui ont été ses collaborateurs : Mme Magdalena Cześnin (professeur principale), Mme Aniela Murzyńska (professeur d’anglais), Mme Anna Augustynowicz (professeur d’allemand), Mme Barbara Kryńska (philologue romaniste invitée à collaborer avec notre établissement), Mme Anita Kaniewska – Kwiatkowska (professeur d’histoire), M. Konrad Adamczewski (informaticien), Mme Wioletta Klepacz (bibliothécaire), Mme Agata Kurzępa (bibliothécaire).
Wioletta Klepacz, Konrad Adamczewski, Anita Kaniewska – Kwiatkowska, Katarzyna Dubrowska, Agata Kurzępa, Aniela Murzyńska, Magdalena Cześnin, Anna Augustynowicz
Évaluation du projet
Une fois le projet finalisé, nous avons rempli une enquête en répondant aux questions du coordinateur du projet de notre établissement. Nous présentons nos réflexions et nos avis ci-dessous.
Qu’as-tu appris pendant la réalisation du projet « Convoi 77 » ?
- J’ai acquis des connaissances sur l’histoire des Juifs européens et sur la Shoah, particulièrement en ce qui concerne les Juifs originaires de la Pologne.
- J’ai découvert le fonctionnement du camp Auschwitz-Birkenau.
- J’ai fais connaissance d’un monde qui m’avait été complètement étranger.
- J’ai appris comment était la vie quotidienne des Juifs polonais de Konin, leurs coutumes, leur culture, leurs fêtes.
- J’ai examiné la situation des Juifs et j’en ai tiré la conclusion qu’ils sont respectables.
- J’ai compris à quel point il est important d’accepter l’autre, d’être tolérant indépendamment de son origine ; j’ai vu les résultats d’une haine mal fondée, du racisme, de l’antisémitisme.
- En ce qui concerne les tâches proposées, j’ai appris à les réaliser correctement, à travailler en équipe, à chercher et analyser des informations, à perfectionner la planification et la réalisation des missions et à assumer la responsabilité de mon travail et du celui des autres.
- J’ai amélioré mes capacités linguistiques et manuels.
Que ne savais-tu pas en commençant à rédiger la biographie de Rebecca (Rywka) Polacz de Konin ? Qu’y avait-il de nouveau pour toi ?
- Je n’avais aucune connaissance de l’histoire de la population juive en Pologne et de sa vie quotidienne.
- Je ne savais rien sur le nazisme, la guerre, la Shoah et son ampleur, ni sur le fonctionnement de camp de concentration et d’extermination Auschwitz-Birkenau.
- Je ne me rendais pas compte de l’énorme souffrance des victimes de la guerre et surtout des Juifs.
- Je ne savais pas qu’une personne nommée Rebecca Polacz a existé et qu’elle a été déporté au camp d’extermination.
- Je n’avais pas la connaissance des convois des Juifs au camp Auschwitz-Birkenau.
- Je ne savais pas qu’en étant motivé et en y consacrant du temps on peut trouver beaucoup d’informations sur une personne inconnue malgré plusieurs années qui se sont écoulées depuis sa mort.
- Je ne me rendais pas compte qu’avec autant de conséquence et efficacité on pouvait travailler sur un projet aussi grand.
Quels sont, d’après toi, les avantages du projet et de sa réalisation ?
- La réalisation du projet dans toute l’Europe.
- Les liens entre les personnes, l’invitation à agir.
- La possibilité de connaitre l’histoire de notre héroïne et celle des Juifs du territoire polonais.
- La chance de connaitre d’autres déportés grâce aux biographies de nos pairs en Europe.
- La possibilité d’approcher le projet de façon individuelle, mais aussi la nécessité d’élaborer une conception commune au sein de l’équipe.
- Le travail en groupes de recherche.
- La répartition de la responsabilité.
- L’élargissement de l’horizon, l’enrichissement des connaissances, l’acquisition des compétences, « vol de ses propres ailes ».
- La correspondance en langues étrangères avec deux personnes de l’extérieur de la Pologne – la petite-fille de Rebecca Polacz habitant à Jérusalem, et par son biais, avec la famille en France ; le bénévole du Mémorial de la Shoah à Paris.
- La participation aux ateliers et visites virtuels en ligne.
Quels changements, améliorations ou compléments proposerais-tu ?
Il ne faut rien changer, bien qu’on regrette qu’en raison de la pandémie nous n’avons pu faire que des visites virtuelles dans toutes les institutions et le Musée Auschwitz-Birkenau.
Que souhaterais-tu dire aux initiateurs du projet ? Valait-il la peine d’être réalisé ? À quoi voudrais-tu attirer leur attention ?
- Le projet a été intéressant, enrichissant et intriguant, il nous a permis de connaitre quelque chose de nouveau, qu’on ne connaissait pas avant.
- On a pu faire l’expérience du passé.
- La réalisation du projet a permis non seulement de connaître l’histoire de la mort d’une déportée, mais aussi de sa vie, grâce à quoi nous avons approfondi nos connaissances de l’histoire générale, y compris du nazisme, du totalitarisme et de la Shoah.
- Je voudrais les remercier, car tous peuvent maintenant savoir qui étaient les héros de notre projet, quels étaient leurs peines et leurs luttes.
- Grâce au projet les générations successives, comme la nôtre, n’oublieront pas ce qui s’est passé avec les Juifs européens pendant la Seconde guerre mondiale.
- C’est au moins de cette manière qu’on peut célébrer les victimes.
- Le projet est très important pour les familles des déportés.
- Il faut continuer à promouvoir le projet parce qu’il y a toujours beaucoup de personnes qui n’en ont pas entendu parler.
- C’est grâce au projet que j’ai appris qu’une vie heureuse de gens ordinaires peut être interrompue à cause de leur origine.
- Les personnes du Convoi 77 ne sont pas des nombres sur la liste de transport, mais des personnes dont le destin ne devrait pas nous laisser indifférents.
- Le projet était important car il sollicitait nos émotions.
Que dirais-tu à d’autres élèves de toute l’Europe qui travaillent sur ce projet ? Qu’avez-vous en commun malgré les différences de pays, langue, tradition, culture et religion ?
- Malgré les origines, langues, religions différentes, nous sommes liés par l’histoire des déportés du Convoi 77 et par la volonté d’agir, la curiosité du passé, la créativité et la décision de mettre du temps pour connaitre la vérité.
- On fait tous quelque chose d’important, d’utile, quelque chose qui va rester pour les générations à venir.
- Sans doute nous sommes tous fières d’avoir contribué à écrire l’histoire.
- Chaque jeune Européen participant au projet mérite le respect car si on a rédigé une biographie, c’est qu’on n’a pas renoncé face aux difficultés.
- On construit la mémoire, on aide, nos actions sont complètement bénévoles.
- Réjouissons-nous de ne pas faire cette expérience de la guerre.
Quel message voudrais-tu transmettre aux trois plus jeunes générations de la famille de Rebecca Polacz ?
- Nous souhaitons leur offrir cette biographie de Rebecca Polacz et les remercier de leur aide à obtenir des informations sur son mari et ses descendants.
- Quoiqu’on ne les connaissions pas, ils nous sont proches, tout comme Rebecca. Ils sont devenus pour nous comme une famille.
- La mémoire de Rebecca Polacz ne disparaitra jamais, car nous avons restitué la biographie et l’héroïne restera pour toujours gravée dans notre cœur.
- Nous sommes heureux que les descendants de Rebecca, qui ne savaient pas beaucoup de choses à son sujet, vont les apprendre grâce à nous.
- Ce qu’on a fait a été très important et on en est fier, même si on n’a pas réussi à tout savoir.
- Nous garderons à jamais le souvenir de Rebecca Polacz de Konin.
La biographie de Rebecca POLACZ est disponible en version anglaise.
Thank you for your efforts. You created a living memorial to both an individual and a community who perished because of bigotry and violence. In doing so, you have influenced potentially thousands of people who will learn about the harm that was done and will not repeat – or let others repeat – the mistakes of the past. Bravo.