Simone BRONSTEIN

1916-1997 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Simone BRONSTEIN

Ce projet a été réalisé par des élèves de la classe de 3è C du collège le Hague Dike de Beaumont-Hague dans la Manche à savoir : Joseph Renard, Eudoxie Sulpice, Louis Renouf, Romane Soinard, Dimitri Launay, Honorine Varin et Yanis Henry.
Au cours de l’année, d’autres élèves se sont intégrés au projet à savoir : Paul Rollo, Fabien Crestey, Jeanne Chanu, Maddy Dorey et Noémie Enquebecq.
L’objectif pour leur enseignante Mme Varin Cécilia était d’enseigner la Shoah d’une manière différente en découvrant l’histoire personnelle d’une femme : Simone Bronstein et de sa famille. Mettre à la fois un visage et une histoire sur un nom.

Carte postale envoyée par Simone à ses grands-parents sur laquelle elle pose avec une Hélène (personne non identifiée) Simone en alsacienne, elle a 13 ans.

 

Carte postale côté verso et son texte retranscris : « A mes Simone et Victor et Pimpins chéris (Serge, le cousin de Simone et Jacqueline, la sœur de la tante de Simone née en 1913, qui s’occupait beaucoup de Serge), en souvenir de leur petite nièce et cousine alsacienne. Simone » (signature de Simone)

I) Présentation de la famille de Simone

1. La famille du côté maternel

Les deux couples d’arrière grands parents de Simone sont nés et ont vécu en Ukraine (à l’époque, il s’agissait d’un territoire appartenant à l’Empire russe). De l’union d’Icek Storoge (cordonnier) et de Malka Eisenstein, est né Meyer Iskowitch Storoge.

Icek Storoge

De l’union de Eisenstein Benjamin et de Rosie, est néé Myriam Dvora Eisenstein.

Storoge Meyer Iskowitch et Myriam Dvora Eisentein sont les grands-parents maternels de Simone. Le couple s’est marié en 1882 à Kremenets, en Ukraine.

La maman de Simone s’appelle Malka Renée Storoge. C’est la 6e enfant de la fratrie. Elle est née le 20 décembre 1893 à Paris, dans le 18e arrondissement, au 20 ou 22 rue de la Goutte d’Or. Ce lieu de naissance aura beaucoup d’importance par la suite puisqu’il lui permet d’obtenir la nationalité française.

Lieu de naissance de la mère de Simone
(XVIIIème)

 

Parmi les 11 enfants de la famille, certains sont nés à Paris tandis que d’autres sont nés dans l’Empire russe. Ceci peut sans doute s’expliquer par le contexte politique de l’époque.

Les grands-parents maternels de Simone Bronstein vivaient dans un shtetl à Kremenets dans les années 1880. Un shtetl est une petite ville ou un petit village juif localisé dans l’Europe de l’Est. Ces communautés étaient étroitement liées et avaient leurs propres traditions culturelles et religieuses.

Photo d’un shtetl de Kremenets datant de 1921. Source : My Shtetl.org

Photographie : Synagogue Choir (1912). Archive of the Sobol family

 

Le 13 mars 1881, le cortège du tsar Alexandre II est attaqué par un groupe de révolutionnaires. L’empereur meurt et son successeur, Alexandre III met tout de suite en place sa politique antisémite. Il s’ensuit alors plusieurs vagues de pogroms.

Le mot pogrom, du russe « tout détruire », définit une attaque violente hors de tout droit contre une communauté, des individus et en particulier contre les juifs de l’empire russe. C’est une fièvre antisémite où on massacre, on pille et on viole. Une première vague de pogroms aura lieu dans les villes et les bourgs de l’actuelle Ukraine en avril 1880. Ces pogroms seront menés par des paysans, des ouvriers et
des personnes de la ville. Le gouvernement d’Alexandre III met alors en place sa politique antisémite privant les juifs de leurs positions économiques et sociales.

2. La famille du côté paternel

Nous n’avons malheureusement aucune information sur les arrières grands-parents paternels de Simone et très peu concernant ses grands-parents paternels. Nous savons que Froïm Chaïovitch Bronstein, son grand-père, est né à Paris, tout comme sa grand-mère, Schendel Markevitch. Ce sont des commerçants domiciliés au 52 rue des Vinaigriers à Paris (10e arrondissement).
De leur union sont nés David Daniel Bronstein, le père de Simone, Léon Bronstein né en 1887, le frère de David ainsi que Lisa Bronstein sa sœur née en 1884. Or, nous savons que David est né à Kiev le 3 juillet 1889 ce qui va malheureusement lui poser un grave problème lors de la seconde guerre mondiale. En effet, il ne possède pas la nationalité française.

3. Les parents de Simone : leur mariage

Renée et David se rencontrent et se marient le 7 mai 1914 à Paris.

Source : Archives Nationales de Paris (site en ligne)

Le mariage a lieu à la mairie du 10e arrondissement et sans doute dans une synagogue ensuite, mais nous n’en n’avons aucune trace. Sont alors présents les deux parents des époux, le frère de David commerçant et la sœur de David sans profession.
Le frère de Renée, Benjamin Storoge (étudiant à cette date) et un beau-frère de Renée, marchand de meubles participent également à la fête. Le couple emménage alors quelques temps au 52 rue des vinaigriers chez les parents de David. Sur l’acte de mariage, David est un employé de commerce et Renée est commerçante.

II) Naissance et enfance de Simone dite «Moumoune»

Puis, le 14 septembre 1916 à 18H00, Renée donne naissance à notre fameuse Simone Bronstein appelée affectueusement par son entourage « moumoune » (lettre manuscrite fournie par Jacqueline Storoge, belle fille de Maurice Storoge le fils aîné de la famille de Renée).

Bulletin de naissance de Simone Bronstein

Source : Archives nationales de Paris (site en ligne)

Lettre écrite par Jacqueline Levi-Valensi, la fille de Marguerite Storoge (tante de
Simone) qui a perdu ses parents et son frère en déportation à Auschwitz en 1942 et
qui a donc été caché pendant la guerre par son oncle Victor Storoge. A la fin du
conflit, c’est son autre oncle Charles, resté sans enfant qui a décidé de l’adopter.

Jacqueline agrégée de Lettres Classiques Docteur d’Etat (grande figure des études
camusiennes)

 

Cher Alain (si vous me permettez..)
Voici donc l’acte de naturalisation de vos arrières grands parents (qui sont pour moi grands-parents maternels) J’ai parlé à Claude Gosselin de notre coup de fil et elle m’a éclairci certains points. Grand Meyer et Marie Storoge sont venus en France, votre grand-père (Joseph ?) est resté en Russie où il a terminé ses études. Il est donc venu séparément en France. Il était parmi les aînés de la famille qui a compté 12 enfants dont 8 ont survécu. Je vais essayer de vous dresser un bref arbre généalogique mais sans pouvoir vous dire l’ordre d’apparition des frères et des sœurs hormis les 3 dernières.
Comme vous le voyez, je ne suis pas très douée pour ce genre d’exercice mais nous aidera peut-être quand même. Tenez-moi au courant de vos recherches, et de vos trouvailles ! Si je vais moi-même à Kiev, je vous le dirai. Je ne vous ai rien demande sur vous ni sur votre sœur : donnez-moi des nouvelles? Je suis en fait, à vrai dire,….
Votre père s’il m’avait écrit très justement, nous nous sommes parlé au téléphone, et puis… j’ai laissé passer le temps. C’est pourquoi je vous écris rapidement pour retrouver la famille ! Peut-être à bientôt ?
Victor, le médecin, né en 1900 à Kremenets (à cause d’un retour en Russie)
Marguerite, ma mère née en 1903 à Paris
Charles né en 1907 à Paris.

Sur l’arbre généalogique, à partir de Rénée (mère de Simone) il est écrit :

Daniel Bronstein 1 fille Simone dite Moumoune. Tous les 3 ont été déportés. Moumoune est revenue, mariée, sans enfants = Me Gachot 13 rue de Trévise 75009 Paris (elle doit avoir près de 80 ans son mari un peu plus …) D’après Claude, c’est la seule fille qui pourrait me donner des précisions sur la famille. Claude l’a vue il y a peu de temps, et a été frappée par sa mémoire… Elle est, je crois, très désireuse de reprendre un contact un peu perdu (même avec moi, je l’avoue avec la famille)

Simone est donc née au 65 rue du Faubourg Saint-Denis dans le 10e arrondissement puisque ses parents ont déménagé entre temps. A cette époque, les enfants naissaient à domicile.

Lieu de naissance et de vie de Simone

Simone sera l’unique fille de ce couple et étant née en France, elle aura bien évidemment la nationalité française par le droit du sol.

III) La vie de Simone avant l’occupation allemande de 1940

1. Son lieu de vie

Porte du 65 rue du Faubourg Saint-Denis (façade)

 

Derrière la porte cochère

Au bout de la voie, les bâtiments bordeaux étaient sans doute des ateliers

Nouvelle photographie de la voie.

C’est une fontaine, située dans une des voies, qui servait à obtenir de l’eau et qui a
peut-être été utilisée par Simone.

2. Sa scolarisation

Il est fort possible que Simone Bronstein soit allée dans son école élémentaire de secteur c’est-à-dire l’école primaire publique 34 rue Faubourg Saint-Denis à Paris dans le 10e arrondissement. C’était l’école la plus proche de chez elle mais malheureusement nous ne pouvons le confirmer. La directrice actuelle de l’école élémentaire, Claire Legentil a gentiment accepté de nous aider avec ses élèves
de CM2.
Mais, comme Simone a sans doute été scolarisée entre 1922 et 1927, son nom ne figure dans aucun registre. En revanche, les élèves de Mme Legentil nous ont fait parvenir des photographies de l’école et de la plaque commémorative avec le nom des tous les enfants juifs scolarisés dans l’école et déportés sous le régime de Vichy.

Photo de l’école élémentaire située au 34 rue du Faubourg Saint-Denis

Plaque commémorative de la déportation avec tous les noms des enfants juifs de
l’école élementaire qui ont été déportés. C’était une école de filles, c’est pour cela
qu’il n’y a que des noms de filles.

Autre plaque commémorative qui se trouve à l’extérieur sur les murs de l’école.

3. Le mariage de son oncle : Victor

Son oncle Victor (frère de Renée) se marie le 4 juillet 1922 avec Simone Schintowski. Il est médecin, elle est institutrice.

Photographie de Victor Storoge (oncle de Simone)

Benjamin Storoge (l’aîné de la fratrie) est alors le témoin du mariage.

 

Photographie de Virginie Storoge (une petite cousine de Simone)

Ce couple donne naissance à deux enfants : Serge en 1927 et Claude Annette en 1930. Là encore, nous ne pouvons qu’imaginer le bonheur de Simone, fille unique, d’avoir un cousin et une cousine.

Arbre généalogique de Victor Storoge (l’oncle de Simone)

Photographie d’Isabelle Moreshi Gosselin

4. La vie du Faubourg Saint-Denis

Dans les années 20 et dans les années 30, le Faubourg Saint-Denis regorge d’activités car il est représenté comme le quartier des cinémas, des cafés, des commerces…C’est selon nos recherches, une fourmillante rue qui mêle industrie, artisanat et commerce. Les métiers du spectacle, du textile, des cuirs et peaux, des fabricants de papier musique côtoient les grossistes. Tailleur, coupeur, fourreur, plumassière, brodeuse, lingère mais aussi typographe, lithographe, ouvreuse de cinéma font partie des professions des habitants du Faubourg.
David a donc un petit métier correspondant tout à fait au quartier. David exerce selon le recensement de 1926 le métier de commerçant. Puis, il est déclaré marchand de papier selon le recensement de 1931. Enfin, en 1936, le voilà marchand d’enveloppes. On peut supposer que Simone et sa mère l’aident dans sa tâche.

 

Source : Recensement 1926 : Archives Nationales de Paris.

Source : Recensement de 1931 : Archives Nationales de Paris.

Source : Recensement de 1936 : Archives Nationales de Paris

 

Là encore, les recensements nous permettent d’analyser l’origine géographique des habitants de ce quartier. Peu sont des parisiens de naissance. Beaucoup viennent de provinces (Cantal, Nord, Loiret, Haute-Saône…) ou encore de pays étrangers (Pologne, Russie…).
La France a besoin de bras après le premier conflit mondial et elle est aussi une terre d’asile pour des personnes fuyant les révolutions, les pogroms ou encore la montée des fascismes.

La crise économique de 1929 et la montée des ligues d’extrême droite font de la main d’œuvre étrangère une main d’œuvre « indésirable ».

Le 30 janvier 1933, un certain Adolf Hitler est élu chancelier d’Allemagne. Son livre « Mein Kampf » exprimant clairement son antisémitisme a été peu lu. Pourtant, il annonçait le désastre à venir.
Simone suit-elle l’actualité internationale et sent elle le danger se profiler ? Elle n’a alors que 17 ans.

En février 1934, à quelques pas du Faubourg, défilent les ligues qui menacent la République et tentent de renverser le Parlement. L’antisémitisme renaît en France.

Simone et ses parents ont donc dû voir et entendre la menace…mais que faire ? Peut-on imaginer la suite des évènements ?

IV) La Vie de Simone et sa famille sous l’occupation allemande

En six semaines soit entre le 10 mai 1940 et le 22 juin 1940, la France se retrouve occupée par l’armée allemande dans toute sa partie nord. Le Maréchal Pétain, considéré comme le sauveur de Verdun est appelé au pouvoir pour mettre fin au conflit.

Photographie du Maréchal Pétain
Source : Manuel d’Histoire-géographie, collection Hatier.

Le 22 juin 1940, l’armistice est signé. Les pleins pouvoirs sont accordés au Maréchal qui prend alors rapidement des mesures contre les Juifs.

La France occupée suite à l’armistice
Source : Manuel d’Histoire-Géographie collection Hatier

Le 27 septembre 1940, les Juifs doivent se faire recenser et sont obligés d’apposer une affiche « entreprise juive » s’ils exercent une activité commerciale.
La famille est-elle allée se faire recenser ? David a-t-il apposé cette affiche devant sa petite boutique ? Selon les archives, il ne l’avait pas fait ce qui lui a valu une arrestation rapide.

En octobre 1940, le régime de Vichy entre dans la collaboration notamment avec la rencontre entre Pétain et Hitler à Montoire.

Un premier statut des Juifs est mis en place en octobre 1940. « Est considéré comme Juif, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race si le conjoint est lui-même juif »

Ce premier statut autorise les préfets à interner les « étrangers de race juive » dans des « camps spéciaux ». David Bronstein, le papa de Simone, est donc en danger. Le statut exclut également les Juifs de la fonction publique de l’Etat, de l’armée, de l’enseignement et de la presse.

La Une du journal « Le Matin » 19 octobre 1940
Source : Hérodote.net

En mars 1941, le Commissariat aux Questions juives est créé et confié à Xavier Vallat. Celui-ci a pour objectif d’organiser « l’aryanisation économique » sur le territoire français. La spoliation des biens juifs peut commencer grâce aux administrateurs provisoires souvent cupides.

Un second statut oblige à l’immatriculation des entreprises juives et exclut les Juifs de toute profession commerciale ou industrielle, a été passé en juillet 1941.

Le papa de Simone est alors arrêté par la Préfecture de Police le 17 novembre 1941 et condamné à trois mois de prison pour activité commerciale interdite aux Juifs.

Source : Dossier de spoliation (Ministère de l’Intérieur Commissariat aux
Questions juives)

Un administrateur provisoire est alors nommé pour liquider l’affaire.

Dans le dossier de spoliation, il est indiqué la nature du commerce de David Bronstein à savoir « Achat et vente de papier à lettres et enveloppes imprimés », la date de sa création (1915) et son adresse (65 rue du Faubourg Saint-Denis), qui correspond à
son domicile.

Dossier de spoliation
Source : Ministère de l’Intérieur Commissariat aux

Questions juives

L’entreprise est alors achetée pour 8000 francs par René Cornu, représentant en papeterie, décoré de la Croix de Guerre et surtout aryen. Il lui a d’ailleurs été demandé de déclarer sur l’honneur qu’il était aryen tout comme ses parents et grands-parents.

Dossier de spoliation
Source : Ministère de l’Intérieur Commissariat aux
Questions juives

Il faut savoir par ailleurs que Mme Bronstein ayant eu connaissance des quelques factures impayées suite à l’arrêt de l’activité de l’entreprise a souhaité couvrir le déficit de ses propres deniers afin de ne laisser aucune dette.

Dossier de spoliation
Source : Ministère de l’Intérieur Commissariat aux
Questions juives

David n’a pas déclaré son entreprise comme étant une entreprise juive. N’ayant pas respecté la loi, il est arrêté et enfermé à la prison des Tourelles le 17 novembre 1941. Cette caserne sert à interner les « indésirables étrangers » (juifs, réfugiés, apatrides…). Il en ressort le 26 janvier 1941.

Photo de la caserne des Tourelles (20e arrondissement de Paris)
Source : Wikipédia

Il est ensuite emmené au camp de Pithiviers (situé dans Le Loiret) par la police française le 11 février 1942 comme l’indique les archives du Mémorial de la Shoah.

Carte de localisation du camp d’internement de Pithiviers

Source : Arolsen Archives dans la ville allemande de Bad Arolsen

Lors de son arrivée dans le camp, une fiche de ses caractéristiques physiques a été renseignée. On y apprend qu’il a les yeux bleus, les cheveux châtains grisonnants, un front intermédiaire, un nez rectiligne, un visage allongé et une moustache à l’américaine. Il mesure 1m70.
Ce jour-là, il est vêtu d’un pardessus gris à rayures, d’un pantalon gris, d’un béret basque et de souliers noirs bas à lacets.

Source : Fichier Pithiviers Beaune La Rolande

Le papa de Simone selon Maddy

David reste dans le camp de Pithiviers du 11 février 1942 au 17 juillet 1942. Le camp d’une superficie de 5 hectares était entouré de barbelés et surveillé par plus de 100 gendarmes. Les internés dormaient dans des baraques de 180 m² dans lesquelles ils étaient entre 90 et 200 hommes. Ces baraques étaient composées de parois en bois et d’un toit en tôle. Il y faisait de ce fait très froid l’hiver et très chaud l’été. Les internés travaillaient dans les usines de Pithiviers (sucrerie, malterie) et dans des fermes à
proximité ou même un peu plus loin en Sologne par exemple. Certains internés ont réussi à s’évader ce qui n’a pas été le cas de David.
Certains internés ont reçu quelques visites de leurs familles mais nous ignorons si ce bonheur d’un jour a pu concerner David, Renée et Simone. A cette date, elle a déjà 26 ans. Ce n’est plus une enfant. Elle doit sans doute avoir plutôt un rôle de soutien vis-à-vis de sa mère.

Photographie extraite de « 1941, Les Juifs en France, prélude à la Solution finale » par Serge Klarsfeld
Source : Mémorial de la Shoah/Coll. Ministère des Affaires Etrangères COTE
CILL_189

Internés devant des baraques côté sud du camp d’internement de Pithiviers (Loiret,
27/11/1941) Source : Mémorial de la Shoah COTE CILL_414

Le 17 juillet 1942 à 6H15 David Bronstein quitte la gare de Pithiviers dans le convoi n°6 en direction Auschwitz-Birkenau. Cette date n’est pas anodine. L’objectif était de faire de la place dans le camp en prévision de l’accueil des familles arrêtées lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver (16-17 juillet 1942 à Paris). Le convoi n°6 a transporté 928 juifs, adultes et enfants mélangés. C’est le premier convoi qui transportera autant de femmes que d’enfants. Le voyage durera 3 jours et 3 nuits pour atteindre Auschwitz-Birkenau. Certains mourront avant même d’être arrivés (faiblesse, asphyxie). Dans ce wagon, David qui l’ignore sans doute est avec une romancière russe née comme lui à Kiev en 1903 nommée Irène Némirovsky. A son arrivée à Auschwitz et selon les archives d’Arolsen en Allemagne, David obtient le matricule 49151. Il décède le 7 août 1942.

Source : Archives du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre.

Source : Arolsen Archives dans la ville allemande de Bad Arolsen

Source : Arolsen Archives dans la ville allemande de Bad Arolsen

Source : Arolsen Archives dans la ville allemande de Bad Arolsen

Pendant cette période, Victor (l’oncle de Simone) est toujours sur Paris. Les enfants ne portent pas l’étoile jaune. Victor a décidé de quitter Paris avec sa famille et d’emmener Jacqueline qui a perdu ses parents et son frère. Pourquoi Simone et sa maman ne les ont pas suivis ? Peut-être qu’elles ne voulaient pas être absentes en cas de retour du papa ?

Photographie de Serge et Claude-Annette (les enfants de l’oncle de Simone Victor)
prise en avril 1942 devant leur maison à Paris.

Jacqueline, Claude Annette et Serge après avril 1942

Selon Isabelle, fille de Claude-Annette, la famille a trouvé plusieurs lieux de cachette : Nevers, Clermont-Ferrand, Perpignan. Là-bas, Serge a failli se faire arrêter au lycée sur dénonciation. La famille est alors partie à la frontière espagnole puis, est revenue dans le Nord. Là-bas, Serge et son père Victor entrent dans la résistance.

Photographie de Serge, son père et d’autres camarades résistants.

Simone et sa mère sont arrêtées le 27 juillet 1944 au 65 rue du Faubourg Saint-Denis par les Allemands suite à une dénonciation.

Source : Minsitère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Se cachaient-elles jusqu’alors ? Portaient-elles l’étoile juive ? L’avaient-elles enlevée suite à l’arrestation du père de Simone ? Simone et Renée arrivent donc au camp de transit et d’internement de Drancy. Celui-ci est dirigé depuis le 18 juin 1943 par Aloïs Brunner.

Photographie d’Aloïs Brunner
Source : France Info (Archives AFP)

Dès son arrivée à la direction de ce camp son objectif est de relancer la solution finale. Le régime de la Terreur règne alors à Drancy. La traque de tous les Juifs de France devient son objectif. Alois Brunner, c’est l’antisémitisme à son paroxysme. Comme Hitler a échappé à un attentat 3 jours auparavant, on peut supposer qu’il a souhaité multiplier les arrestations de juifs dans les jours qui ont suivi d’où l’arrestation des deux femmes. Mais, ce ne sont que des suppositions.

Drancy se situe au Nord Est de PARIS en Seine Saint Denis précisément.

Simone et Renée arrivent dans la cour centrale du camp.

Photographie de la cour centrale de Drancy
Source : Encyclopédie multimédia de la Shoah

Elles se voient attribuer un matricule, la mère obtient le 26029 et Simone le suivant soit le 26030. Simone est assignée à l’escalier 18, chambrée du 2e étage. On suppose que sa mère y était également.
A Drancy les conditions de vie sont particulièrement difficiles. C’est un camp d’internement. Les prisonniers dorment par terre entassés sur du béton. Les bâtiments étaient dépourvus de chauffage et de commodités. Les douches étaient dans une baraque au fond de la cour. La lessive était faite dehors dans des sortes de «rigole» comme on peut le voir sur cette image. La diphtérie (infection respiratoire qui induit des atteintes du système nerveux central, de la gorge ou d’autres organes, entraînant la mort par asphyxie/maladie) faisait des ravages.

Photographie montrant les femmes à la lessive.
Source : Larousse Encyclopédie

Simone et sa mère Renée sont déportées par le convoi 77 parti du camp de Drancy (sûrement de la gare de Bobigny) le 31 juillet 1944 à destination du camp Auschwitz-Birkenau.
Elles ne seront restées au camp de Drancy que 4 jours. Ont-elles effectué des travaux type terrassement ? Ont-elles reçu des coups ? Nous l’ignorons. En revanche, nous savons qu’Aloïs Brunner avait « rationalisé » les déportations en trois groupes : les A (Aryens, conjoints d’Aryens et demi-juifs), les B
(les Juifs) déportables en priorité, et les C (dont le cas est réservé). Simone et Renée appartenant au groupe B, elles ne pouvaient rester indéfiniment dans ce camp. Simone et sa mère sont parties du camp de Drancy, le 31 juillet 1944, soit dix-huit jours avant la libération du camp. Le convoi 77 est donc le dernier convoi parti de Drancy pour Auschwitz. Il a déporté 1309 personnes, dont 324 enfants et nourrissons.

Localisation des camps

Sur le quai bondé, c’est sans doute l’incompréhension totale pour Simone : Elle s’attendait à un wagon de voyageurs avec chauffages et sièges confortables ; mais se dresse devant elle un wagon à bestiaux. Elle réalise alors qu’elle, et tous les déportés vont passer un trajet de durée inconnue dans un vulgaire wagon à bestiaux. Ils vont tous être mis à la place des animaux. C’est encore une fois de l’humiliation
mise en place par le régime nazi d’Adolf Hitler. Simone, sa mère et tous les autres déportés sont donc amenés à monter dans les wagons le plus vite possible et sans doute sous les cris des gardes SS commandés par Brunner. L’embarquement laisse place encore une fois au sadisme et à l’humiliation
des SS. Simone a-t-elle été insultée ? frappée ? poussée ? pour monter dans ses wagons. Elle a alors 28 ans et sa mère 51. Il faut imaginer que pour monter dans ses wagons, il n’y a pas de marche, il faut y monter avec la force de ses bras. Simone a donc eu sans doute plus de facilités pour monter que sa mère. Sans doute l’a-t-elle aidée ? Elles sont désormais entassées dans ces wagons désignés comme « wagons de la mort »

Photographie d’un wagon à bestiaux transportant les déportés vers les camps
Source : 447 Holocaust Train Banque photos et images

Les conditions de voyage dans les wagons à bestiaux sont abominables. Chaque wagon est rempli à son maximum obligeant les déportés à se tenir debout. La plupart des wagons sont totalement fermés ce qui plonge les déportés dans une certaine obscurité. Il n’y a qu’un sceau au milieu de la pièce qui sert de toilettes. On peut donc imaginer l’humiliation de devoir se soulager devant des inconnus mais aussi l’odeur nauséabonde après quelques heures seulement de transport. Le trajet va durer 3 jours
et trois nuits.

Villes traversées par le CONVOI 77

Tracé des étapes empruntées par le convoi 77
Source : Mémorial de la Shoah

Simone et sa mère arrivent sans doute épuisées mais peut-être soulagées à Auschwitz. Il est 19h et nous sommes le 3 août 1944. Quand les portes s’ouvrent, c’est une libération, un air frais envahit sans doute le wagon. Certains déportés sont-ils déjà morts ? Que s’imaginent Simone et sa mère ? Elles vont devoir travailler ? Ce sera dur mais y arriveront-elles ? Peuvent-elles imaginer qu’elles sont arrivées dans un camp de concentration mais aussi d’extermination ce qui fait que leur vie ne tient qu’à un fil…

Dessin de Maddy « Entrée de Simone à Auschwitz »

La «sélection» est immédiatement pratiquée. Simone à 28 ans peut encore être utile pour le travail, elle est encore jeune. Mais sa mère ??? Nous n’avons aucun document la décrivant mais avoir 51 ans en
1944 c’est avoir une apparence plus vieille qu’une femme de 51 ans aujourd’hui. Selon les documents d’archives, un acte de disparition de Renée est rédigé le 5 août 1944. Sur ce document officiel, il est inscrit comme motif à la déportation « Politique raciale ». A partir du 4 août, Simone est séparée de sa mère.

Acte de décès de Renée Bronstein.
Source : Office national des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Simone est donc sélectionnée pour le travail comme 183 autres femmes du convoi. Après la « sélection », c’est l’humiliation et la nudité. Les déportés sont déshabillés en public, rasés puis enfin tatoués d’un matricule. Ils sont considérés comme du bétail. Pour Simone, son matricule est le A16679 (dessin de Noémie). Simone n’a plus de nom, elle n’est maintenant qu’un numéro.

Les déportés sont également vêtus d’un « pyjama rayé » et de chaussures non-
ajustées à leurs pieds.

Photographie d’une tenue de déporté
Source : Musée de la Résistance et de la Déportation

Simone est sans doute emmenée jusqu’à son baraquement. Un baraquement est une pièce en bois non chauffée, composée de 2 blocks. La pièce est remplie de planches superposées. Les déportés y dorment en se collant les uns aux autres pour se réchauffer. En effet, l’hiver il y fait très froid mais l’été il y fait très chaud. C’est ici qu’elle dormira avec d’autres femmes. A ce moment-là, sait-elle ce qu’il est advenu de sa maman ?

Photographie de l’intérieur des baraquements
Source : Portail Pédagogique.ac-nantes.fr

A Auschwitz, chaque journée débute avec l’appel, les déportés sont appelés chacun leur tour par les commandos SS. Simone a dû forcément vivre cet appel qui peut être interminable restant debout pendant de longues heures. Cet appel peut laisser place à des humiliations en public ou à des punitions comme rester accroupi pendant 1 heure.

Photographie de la Place de l’appel
Source : Fortitude WW2 Histoire de la Seconde Guerre Mondiale

Le camp d’Auschwitz- Birkenau est à la fois un camp de concentration mais également un camp d’extermination. Parfois des sélections sont organisées pour vider le camp. Simone en a peut-être vécu quelques-unes. Elle a de toute façon dû très vite comprendre que sa mère avait été sélectionnée. Les plus anciennes dans le camp ne prennent plus forcément le temps d’expliquer l’innommable. Comme le dit si bien Ginette Kolinka (ancienne déportée d’Auschwitz) « les femmes m’ont montré au loin les cheminées. Au départ, je n’ai pas compris mais très vite, en voyant la fumée et en sentant l’odeur, j’ai compris ce qui était arrivé à mon père jugé lui aussi trop vieux, trop faible pour travailler ».

Photographie des cheminées dans le camp d’Auschwitz
Source : La Une Courrier Picard

Photographie des fours à Auschwitz
Source : Photoway.com. Richard Soberka

Après l’appel, Simone est comme tous les autres déportés envoyée au travail. Les conditions de travail à Auschwitz Birkenau sont effroyables, les déportés peuvent travailler dans des usines d’armement ou faire des tâches quelconques. Simone est comme toutes les autres femmes sous l’autorité de SS qui n’hésitent pas à frapper, humilier. Selon nos documents d’archives, il est écrit « pas de travaux mais des corvées », est-ce mieux ? plus facile ? plus simple d’en sortir vivant ? Simone réussit à survivre à cet enfer. Elle reste 2 mois dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Elle quitte alors le camp de concentration et d’extermination avec 300 autres femmes pour aller vers un camp de concentration. Elle ne subira plus de
sélections à compter de ce moment.

Après un transport de quelques jours sans doute dans des wagons à bestiaux, Simone arrive dans un camp annexe du camp de Gross Rosen à savoir le camp de Kratzau (camp réservé aux femmes).

Carte permettant de localiser les camps annexes de Gross-Rosen dont Kratzau
Source : Holocaust Encyclopédie

Elle y reste d’octobre 1944 à mai 1945. Ce camp était un camp réservé aux femmes et destiné à fabriquer des munitions. Les déportées y étaient mal nourries et étaient fréquemment battues par les kapos du camp.

Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Pendant cette période les jours se ressemblent tous : « Entre 3H30 et 4H20 du matin, les déportées devaient rester dans les dortoirs mais pouvaient aller se doucher à l’eau chaude. Suite à l’appel, les déportées allaient chercher leur soupe à base d’eau mais épaissie parfois de quelques épluchures de
pommes de terre crues. En même temps, les déportées recevaient leur ration quotidienne de pain, environ 250 grammes avec 5 à 10 grammes de margarine, une tranche de saucisse ou une cuillerée de confiture. Vers 5h du matin l’équipe de jour partait à l’usine à côté du camp. Elles travaillaient de 5H00 du matin à 18H00. De retour au camp, les femmes attendaient dans la cour pour le souper. Celui-ci se
composait d’un litre de soupe. Vers 21H00, les femmes devaient retourner dans les dortoirs et c’était alors le couvre-feu.» (United States Holocaust Memorial Museum). L’usine « SPREEKWERK » était faite pour fabriquer des munitions, des grenades mais aussi diverses armes qui étaient envoyées au Reich et donc à la Wehrmacht.

Badge à 5 faces délivré à Helen Waterford, l’identifiant comme prisonnière de
camp de travail de Kratzau. Chrastava un camp saellite de Gross Rosen.
Source : United States Holocaust Memorial Museum

Plaque commémorative présente aujourd’hui à Chrastava
(ville de République
Tchèque)

L’usine employait 2 500 femmes de Kratzau. Nous pensons qu’elles étaient plus car l’usine ne pouvait pas toutes les embaucher par manque de machines et de matières premières comme le mazout.
Le 7 mai 1945, Simone et toutes les femmes doivent se rassembler. L’équipe de nuit comme de jour ne va pas à l’usine. Le patron de la fabrique leur annonce alors que la fin de la guerre est proche et leur souhaite de retourner dans leur pays.
Le matin du 9 mai 1945, les femmes se réveillent avec un camp vide de SS. Tous sont partis laissant leurs uniformes. C’est l’armée soviétique qui libère le camp.

Carte de libération de l’Europe.
Source : Institut Français de l’éducation.

Selon nos documents d’archives, Simone est d’abord rapatriée à Pilsen ville de la République Tchèque actuelle. De là, elle est ramenée en France par avion à l’aéroport de Lyon-Bron le 15 juin 1945.

Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Comment a-t-elle regagné Paris ? Est-elle allée à l’hôtel Lutetia réquisitionné sous la demande du Général De gaulle pour accueillir les déportés ? A-t-elle immédiatement retrouvé son oncle ? Est-il venu comme de nombreuses personnes à l’hôtel avec une photo pour retrouver sa nièce ? A-t-il également recherché sa sœur Renée ? Ces questions n’ont pas trouvé de réponses.

 

Plaque figurant sur le mur de l’Hôtel Lutetia aujourd’hui
Source : Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah

V) La Vie de Simone après la guerre

Simone orpheline de père et mère, part alors vivre chez son oncle Victor et retrouve une famille. Son oncle en effet, n’a perdu aucun membre de sa famille. Il vit au 77 rue Claude Bernard à Paris dans le 5e arrondissement avec sa femme Simone et leurs enfants Serge et Claude-Annette âgés respectivement de 18 et 16 ans.

Carte postale de la rue Claude Bernard (début XXè siècle)
Source : Cartorum

Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Comme il est médecin, nous supposons qu’il a aidé sa nièce à se réalimenter en douceur, à tenter de retrouver un semblant de « vie normale »… A-t-elle pu exprimer ce qu’elle avait vécu ? Selon le courrier manuscrit qui nous a été transmis par une descendante de Simone (Jacqueline), Simone s’est confiée à Claude Annette (la fille de Victor son oncle) mais tardivement.

Le 12 août 1945, Simone demande « une recherche de civils » en Allemagne pour sa mère dont elle n’a pas de nouvelle depuis leur arrivée à Birkenau en août 1944.

Source : Arolsen Archives dans la ville allemande de Bad Arolsen

Simone rencontre par la suite, Abraham SZACHNIUCK (né le 19 mars 1905 à Luck en Pologne de Mojsze Chaïm SZACHNIUCK et de Zlata REJZLA). Nous avons cherché à reconstituer l’arbre généalogique de la famille d’Abraham mais, nos demandes en Pologne n’ont pas abouti.


Photographie de Mara Szachniuk sans doute une descendante d’Abraham

Ils se marient le 26 juillet 1949 dans le 10e arrondissement. Simone a 33ans et Abraham en a 40.

Photocopie de l’acte de mariage de Simone et Abraham

Bulletin de mariage de Simone et Abraham

Y-a-t-il eu un mariage religieux dans une synagogue. Nos demandes auprès des synagogues du 10e arrondissement n’ont pas donné de résultat. Sur l’acte de mariage, Abraham est déclaré comptable et Simone commerçante. A-t-elle poursuivi le travail de ses parents ? Le couple s’installe dans le 9e arrondissement au 13 rue de Trévise.

Photographie du 13 Rue de Trévise

Lieu de vie de Simone et Abraham (IXème)

En 1953, une ordonnance autorise Abraham à changer de nom. Dorénavant, le couple ne s’appellera plus Szachniuck mais Gachot. Nous nous sommes beaucoup interrogés sur ce changement de nom. Celui-ci peut se faire parce que le nom est difficile à porter, pour éviter l’extinction d’un nom de famille, parce qu’il porte préjudice, parce que l’on souhaite le franciser… Nous avons opté pour cette dernière idée mais, suite à nos recherches, nous avons compris que ce nom n’avait pas été choisi au hasard. En effet, le témoin de mariage d’Abraham est Rachel GACHOT, docteur en médecine domiciliée à Orléans, Cette femme âgée de 42 ans au moment du mariage a-t-elle aidé la famille pendant la guerre ? Comme elle était médecin, a-t-elle eu des échanges avec Victor Storoge, lui-même médecin ? A-t-elle joué un rôle dans la vie d’Abraham ou de sa famille ? Cette volonté de francisation se poursuit en 1978, date à laquelle, Abraham change son prénom pour Albert.

Le 23 mai 1958, Simone obtient après demande le titre de déportée politique. Le numéro de sa carte est le 21.75.12305. Et elle reçoit, suite à cela, la somme de 13200 francs.

Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Ce titre est accordé si deux témoins peuvent confirmer votre arrestation. Pour Simone, ce sont deux voisines du 65 rue du Faubourg Saint-Denis : Lhotis Marie et Ragot Aurélie qui ont écrit avoir été présentes lors de l’arrestation de Simone et sa mère.

Source : Recensement de 1931 : Archives nationales de Paris (site en ligne)

Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Source : Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Comment a-t-elle vécu l’après-guerre ? Isabelle la petite fille de Victor, l’oncle de Simone nous a retrouvé cette photographie d’un repas. Difficile de savoir quel âge peut avoir Simone.

 

Simone Storoge, Claude Annette Storoge, Simone Bronstein
Source : Photographie retrouvée par Isabelle (petite fille de Victor)

Comment a-t-elle vécu les dernières années de sa vie ? Nous n’en savons rien. Quand la France et le monde ont commencé à parler de la Shoah, Simone et Abraham ont-ils voulu entendre ? Ont-ils souhaité parler ? Ont-ils suivi le procès d’Eichmann responsable de la déportation et du meurtre de plusieurs milliers de Juifs hongrois ? Sont-ils allés voir le film « Shoah » de Claude Lanzmann ?

Photographie du procès d’Eichmann.

Photographie de l’Affiche du film « Shoah »

En revanche, nous sommes certains que Simone n’a pas pu voir son nom, celui de sa maman et celui de son papa sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah inauguré en janvier 2005.

Source : Mur des Noms Mémorial de la Shoah à Paris.

Albert (dit Abraham) décède en effet, le 1 mars 1997 au 27 rue du Faubourg Saint-Jacques c’est-à-dire à l’hôpital Cochin à Paris.

Simone décède le 11 août 1997 à Menton seulement 6 mois après son mari.

Acte de décès (copie intégrale)

Au cours de leur vie, Simone et Abraham ont acquis un appartement au 15 rue de la République à Menton où elle meurt. Son corps est ensuite ramené à Paris.

Immeuble de Menton. 15 rue de la République.

Ils sont tous les deux enterrés au cimetière Montparnasse à Paris dans l’espace appelé « le carré juif ».
Ils rendront un dernier hommage à leurs parents en inscrivant sur leur tombe : « A la mémoire de nos parents Mojsze SZACHNIUCK Zlata SZACHNIUCK David BRONSTEIN Renée BRONSTEIN disparus dans la Shoah ».

Sur la tombe est également gravé ce verset de la Bible (sans doute une demande de Simone dernière vivante) : « Quand les montagnes s’éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera pas de toi ». Esaïe 54 :10.

Cette dernière inscription laisse à penser que la religion n’avait pas quitté ce couple.

Photographie de la Tombe de Simone et Abraham dans le carré juif du Cimetière
de Montparnasse.

SOURCES

  • Archives Nationales de Paris
  • Ministère des Armées : division archives des victimes des conflits contemporains
  • Mémorial de la Shoah
  • Archives de la Préfecture de police de Paris
  • Archives du Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem
  • Archives de Bad Arolsen
  • Archives-loiret.fr
  • Association mémoire du convoi 6
  • Archives historiques centrales de l’Etat d’Ukraine
  • Union des déportés d’Auschwitz
  • United States Holocaust Memorial Museum
  • Musée d’art et d’histoire du judaïsme
  • Mairie de Paris (10e, 9e arrondissement)
  • Mairie de Menton : Véronique Barbot
  • Ecole élémentaire du 34 rue du Faubourg Saint-Denis ; sa directrice Claire Legentil et ses élèves de CM2
  • Nos échanges avec les descendants : Jacqueline Storoge, Isabelle Gosselin, Virginie
    Storoge et Mara Szachnuik
  • Nos échanges avec deux historiens : Alexandre Doulut et Sandrine Labeau
  • Nos échanges avec nos encadrants : Serge Jacubert, Claire Podetti

TÉMOIGNAGES DES ÉLÈVES

Romane

« Le projet du convoi 77 a été pour moi une très très bonne découverte. C’était un projet vraiment enrichissant qui m’a permis de prendre plus d’autonomie. Il y a eu une super ambiance toute l’année. J’ai adoré ! »

Eudoxie

« Le convoi 77 a été une découverte incroyable. Cela a permis de prendre de l’autonomie, d’aider les historiens à compléter leurs recherches dans une ambiance encourageante »

Paul

« Le convoi 77 est une expérience qui m’a enrichi à chaque heure passée. Je recommande »

Jeanne

« Le convoi 77 a été une expérience enrichissante. Le fait de contacter, d’appeler, d’écrire à de nouvelles personnes, dans d’autres pays est super intéressant. J’ai beaucoup aimé. Merci »

Dimitri

« J’ai adoré travailler sur ce projet, on a fait de l’histoire en travaillant autrement. Cela m’a permis d’apprendre certaines choses. L’ambiance du groupe était bien. Merci de nous avoir permis de travailler sur ce projet »

Louis

« Le projet convoi 77 était une expérience enrichissante. Nous avons pu en apprendre plus sur les persécutions des Juifs en France. C’était une autre manière de faire de l’histoire en quelque sorte. Nous avons pu jouer les détectives, envoyer des mails, passer des appels téléphoniques. Tout cela pour rédiger une biographie d’une personne déportée et faire une exposition finale »

Joseph

« J’ai beaucoup aimé le convoi 77. Cela nous a appris des faits historiques. J’ai bien aimé travailler en équipe avec les autres camarades. Nous avions tous une responsabilité et nous étions tous impliqués pour retracer la vie de Simone »

Honorine

« Le convoi m’a permis de découvrir plus en détail l’histoire de la Shoah. J’ai trouvé ce projet très enrichissant. J’ai découvert une petite partie du travail des historiens. »

REMERCIEMENTS DES INSTITUTIONS FRANCAISES ET MONDIALES AUX ÉLÈVES DU CONVOI

REMERCIEMENTS DES DESCENDANTES

QUELQUES PANNEAUX DE L’EXPOSITION

Questionnaire sur l’exposition SIMONE BRONSTEIN (proposé à toutes les classes du collège)

SA FAMILLE

  1. Comment se nomment les grands-parents paternels de Simone ?
  2. Comment se nomment les parents de Simone ?
  3. Où est né son père ?
  4. Quelle est donc sa nationalité ?
  5. Où est née sa mère ?
  6. Quelle est donc sa nationalité ?
  7. Où est née Simone ?
  8. Quand est née Simone ?
  9. Quelle est donc sa nationalité ?
  10. Quelle est la religion de cette famille ?

SA VIE ET CELLE DE SA FAMILLE PENDANT L’OCCUPATION
ALLEMANDE

  1. En 1933, qui arrive au pouvoir en Allemagne ?
  2. Entre mai 1940 et juin 1940, qui envahit notre pays ?
  3. A quel personnage fait-on appel pour diriger la France ?
  4. Très vite, quelle attitude adopte cet homme vis-à-vis de l’Allemagne ?
  5. Quelles mesures sont prises en France contre les Juifs ?
  6. Que doit normalement faire le père de Simone ?
    Comme il ne le fait pas, il est arrêté.
  7. Où est-il envoyé dans un premier temps ?
  8. Quel nom porte le camp d’internement dans lequel il est envoyé après son incarcération en prison ?
  9. Dans quel camp est-il ensuite envoyé ?
  10. Par quel convoi ?
  11. Quand meurt-il ?
  12. Comment Simone et sa mère sont-elles arrêtées ?
  13. Dans quel camp d’internement ou de transit sont-elles envoyées ?
  14. Par quel convoi quittent-elles la France ?
  15. Où sont-elles emmenées ?
  16. Que devient la mère de Simone ?
  17. Pourquoi ?
  18. Où est ensuite envoyée Simone ?
  19. Que fait-elle là-bas ?

SA LIBERATION ET SON RETOUR

  1. Quand est-elle libérée ?
  2. Par qui ?
  3. A son retour, qui l’accueille ?
  4. Quand se marie-t-elle et avec qui ?
  5. Où peut-on trouver leur tombe aujourd’hui ?
  6. A qui cette tombe rend-elle également hommage et pour quelle raison ?
  7. Question subsidiaire : combien de fois le prénom Simone est-il écrit dans l’exposition ?

VERNISSAGE DU 27 JUIN 2024

Présentation de la biographie de Simone Bronstein par les élèves suivi par un témoignage de Virginie Storoge (descendante de Simone ) présente en visio.

 

 

Source : Article Presse de la Manche : 2 juillet 2024.

 

En complément : Lire notre article « Une exposition autour de Simone Bronstein« 

Contributeur(s)

Ce projet a été réalisé par des élèves de la classe de 3è C du collège le Hague Dike de Beaumont-Hague dans la Manche sous la direction de leur enseignante Mme Varin Cécilia.

Reproduction du texte et des images

Toute reproduction même partielle d'une biographie doit donner lieu à un accord préalable par écrit de l'association. Pour demander une autorisation, merci de remplir le formulaire ci-dessous : Formulaire

Pour toute utilisation d'une image provenant du Service Historique de la Défense (SHD), merci de vous rendre sur leur service en ligne "Demander une reproduction".

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