Victor CAMHI (1934-1944)
Victor est né le 6 juillet 1934, à la clinique des Alpes de la Tronche (Isère) où ses parents résidaient. Il est fils unique. Avant ou pendant la guerre, la famille déménage pour Grenoble et vit au 18, rue Lakanal, au 3e étage de l’immeuble. Selon un rapport de la direction générale de la sûreté nationale datant de 1962, nous savons que son père a « malgré sa qualité de juif (…), obtenu le droit de continuer son commerce de marchand forain en bonneterie pendant l’occupation de par son titre d’ancien combattant de la guerre de 1939-1940 où il avait été décoré de la croix de guerre ». Esther, sa mère, exerçait la profession d’employée de commerce au moment de son mariage. Nous ne savons pas si elle travaillait au moment de son arrestation.
Où allait-il à l’école ? Quels étaient ses rêves ? ses passions ? Il ne reste de lui que quelques photos, dont une avec son père.
Victor est arrêté avec ses parents le 18 juin 1944 à Grenoble. Il arrive avec eux à Lyon quinze jours plus tard, mais il est interné, seul, à l’Hôpital de l’Antiquaille à Lyon du 7 au 22 juillet 1944, comme cela est indiqué dans le cahier de Mme Edith Cahen qui notait toutes les informations sur les enfants dont elle avait la charge[1]. Là il y rencontre notamment Marcel Handzel ; Huguette, Georgette, Gilbert et Robert (Pinhas) Chemla ; Josiane, Claude et Jacques Halimi ; Eddy (Edmund) Sandmann ; Jacques Schipper et le bambin Dario Sarfati, qui connaîtront le même destin que lui. D’autres de ses petits camarades de l’Antiquaille, emmenés comme lui à Drancy, en revanche, ne seront pas déportés.
Victor est interné à Drancy à partir du 24 juillet avec ses parents, puis déporté le 31 juillet 1944 en direction d’Auschwitz-Birkenau par le convoi 77. Après un terrible voyage, où il est dans le même wagon que ses parents, il est conduit avec sa mère dans les chambres à gaz et décède le 3 août 1944 à Auschwitz à l’âge de 10 ans.
Albert, son père, bien qu’ayant connu l’enfer d’Auschwitz, veut croire, quand il revient en mai 1945 en France, à la survie de son fils. Il écrira partout, se raccrochant à des nouvelles, vraies ou fausses, sur le rapatriement d’enfants déportés. Finalement, Albert se contentera de faire les démarches pour que Victor soit reconnu comme « Déporté politique ».
Arbre généalogique
L’Hôpital de l’Antiquaille
A partir de février 1944 et jusqu’à la libération de Lyon le 3 septembre 1944, l’hôpital de l’Antiquaille est réquisitionné pour y héberger les enfants juifs dont les parents sont emprisonnés à la prison de Montluc qui est surpeuplée.
75 enfants âgés de 4 mois à 14 ans ont été retenus dans cet hôpital, sous le contrôle de l’UGIF, en attendant d’être envoyés vers Drancy avec, ou sans, leurs parents. Il restait un enfant dans cet hôpital au moment de la libération de Lyon.
Aujourd’hui, une plaque commémorative apposée sur le bâtiment rappelle le nom des 75 enfants. C’est actuellement une résidence universitaire qui porte le nom de Jean Meygret, un résistant français mort au camp de Dora en février 1945.
Source Fond David Diamant, ancienne cote CMXXV, nouvelle cote CMXXV,8,4,3,4, Mémorial de la Shoah
Source Collection personnelle
[1] https://www.deportesdelyon.fr/les-archives-par-famille-a-m/enfants-camhi (fonds David Diamant, Mémorial de la Shoah) et DAVCC dossier CAMHI Victor 21 P