Zalie Waldhorn
Création d’une série documentaire « Zalie » retraçant le parcours de Zalie Hoppen Waldhorn, déportée du Convoi 77.
Les élèves de 1ère Laboratoire Contrôle Qualité du Lycée Agricole de l’Institut Lemonnier à Caen ont travaillé sur la création d’une série en 3 épisodes de 3 minutes retraçant le parcours de Zalie Glowinski, déportée du Convoi 77. Ce travail a été effectué en collaboration avec un vidéaste professionnel, Redha Djafer, de Greenway-vidéo.
Zalie Glowinski est née le 31 janvier 1927.
Elle vit à Paris dans le quartier du Marais ( 25 rue des Rosiers ) avec ses parents, son frère et sa sœur. Après l’arrestation de son père en 1942 et de sa mère en 1943, qu’elle ne reverra jamais, elle se dirige vers Alençon où elle entre dans le réseau de résistance Libenord.
Elle est arrêtée par la Gestapo le 24 janvier 1944 puis transféré à Drancy 22 juillet 1944.
Elle sera ensuite déportée à Auschwitz-Birkenau le 31 juillet 1944. En novembre 1944, atteinte du typhus, elle est envoyée au camp de Kratzau en Tchécoslovaquie. Après la libération du camp le 9 mai 1945 par les Russes, elle revient progressivement à Paris où elle retrouvera sa sœur et son petit frère.Pendant 18 mois, les élèves de Première et Terminale Laboratoire Contrôle Qualité du lycée agricole de l’Institut Lemonnier à Caen ont travaillé sur la création d’une série documentaire, en collaboration avec un vidéaste de Caen, Redha Djafer de Greenway production.
Épisode 1 :
Épisode 2 :
Épisode 3 :
Ce travail a également donné lieu à la création d’une série radiophonique » Passeurs de Mémoires » en 3 épisodes qui a été diffusée le 22 mars 2022 sur la fréquence de la radio associative Tou’Caen. Voici les 3 épisodes:
Épisode 1 :
Épisode 2 :
Épisode 3 :
Démarche du projet:
De septembre à octobre 2021, les élèves de première Laboratoire Contrôle Qualité ont travaillé sur la contextualisation générale de la seconde guerre mondiale et de la Shoah. Ils ont, dans ce cadre, participé à différentes activités pédagogiques au Mémorial de Caen les initiant au travail sur les archives.
En octobre 2021, le projet a été retenu par la région Normandie et le Mémorial de la Shoah de Paris dans le cadre du dispositif » Voyage d’étude à Auschwitz ». En raison du contexte sanitaire et géopolitique, le voyage à Auschwitz, initialement prévu en janvier 2022 sera annulé et remplacé par un voyage d’étude à Berlin en mai 2022
De novembre à décembre 2021, les élèves ont travaillé à la division des archives des victimes des conflits contemporains à Caen, en compagnie d’Alain Alexandra et de Julia Quellien, sur les dossiers de Zalie von Hoppen Waldhorn, Mickaël von Hoppen Waldhorn, Rosa et Hélène von Hoppen Waldhorn. Ils ont également pris des photos des archives qui seront ensuite sélectionnées dans le cadre du documentaire. Les élèves ont également, pendant cette période, travaillé sur le témoignage vidéo de Zalie de l’USC Shoah Foundation de novembre 1993.
En décembre 2022, les élèves ont été invités, par la région Normandie et le mémorial de la Shoah de Paris, au témoignage de Ginette Kolinka au Mémorial de Caen. Certains de nos élèves ont été interrogés par le journal Ouest – France.
A partir de Janvier 2022, les élèves , répartis en 3 groupes, ont commencé à rédiger leur texte, retraçant l’histoire de Zalie à destination de l’émission radio de mars 2022 et de l’enregistrement des voix off pour le documentaire.
- Groupe 1 : De son enfance à 1943
- Groupe 2 : D’Alençon à Drancy
- Groupe 3 : Auschwitz – Le retour – L’après guerre
Les élèves disposaient d’une trame scénaristique ci-jointe:
En mars 2022, les élèves ont enregistré leur émission radio ( 1 seule prise pour des raisons de temps ). Emission qui a été diffusée dans le cadre de la semaine contre les discriminations le 22 mars 2022.
En avril 2022, les élèves ont participé à une visite guidée du quartier du Marais à Paris, afin d’étudier l’enfance de Zalie et de prendre des photos des lieux où elle a vécu, elle jouait avec ses camarades ( 27 rue des rosiers, l’écoles des Hospitalières Saint Gervais – Le Pletzel.
Les élèves ont également visité de site et le musée de Drancy où Zalie a été internée puis déportée par le convoi 77 le 31juillet 1944. L’objectif était de nourrir le texte de la voix off et de prendre des photos servant de base au documentaire.
A cette occasion, les élèves ont rencontré Roselyne Glowinski ( la fille de Zalie ) avec laquelle ils ont pu échanger. Roselyne a présenté aux élèves les photos de famille qu’elles avaient sélectionnées.
En mai 2022, les élèves ont participé au voyage d’étude à Berlin, organisé par la région Normandie.
Fin mai 2022, les élèves, par groupe, ont crée le storyboard de leur série. Les élèves devaient choisir des photos prises pendant les différentes visites, les photos d’archives et les photos données par Roselyne. Ce travail a été effectué avec Redha Djafer, vidéaste Caennais de Greenway Vidéo, qui nous a accompagne pendant l’ensemble du projet.
Septembre 2022, les élèves ont travaillé sur la synthèse de leur texte et sur la synchronisation entre les images ( Photos – archives ) et le texte. Puis, Redha Djafer, vidéaste, a enregistré les voix off pour la série documentaire.
D’Octobre à Décembre 2022, le vidéaste Redha Djafer a réalisé le montage de la série. Le format de 3 épisodes de 3mn avait pour objectif de permettre une utilisation souple et adapté dans le cadre d’une séquence de cours sur la Shoah pour tout les niveaux. C’est à cet effet que le choix de l’animation a été déterminé. Son travail a consisté à synchroniser les voix off et les images sélectionnés par les élèves et de mettre en place une animation des photos sélectionnées.
La série documentaire a donné lieu à une restitution, le jeudi 26 janvier, au cinéma d’art et d’essai » Le Lux » à Caen. La séance était présenté par les élèves en présence de 150 élèves de l’agglomération Caennaise, de 20 parents, des enseignants et des partenaires:
- Alain Alexandra et Julia Quellien de la Division des archives des victimes des conflits contemporains.
- Claire Podetti et Serge Jacubert de l’association Convoi 77.
- Christophe Yvetot de la région Normandie.
- Roselyne Glowinski ( la fille de Zalie ), Avriel Huneau ( son petit fils ) et Phyléas Huneau ( son arrière petit fils)
Relais du projet dans la presse:
Ce projet a fait l’objet d’un article dans le journal libération du vendredi 27 janvier 2023. Reportage.
«C’est comme si elle faisait partie de notre famille» : à Caen, des lycéens ont enquêté sur la vie de Zalie, déportée à Auschwitz
Des terminales du lycée Institut Lemonnier de Caen ont étudié la vie de Zalie Glowinski, rescapée d’Auschwitz. (Rémy Artiges/Libération)
par Cécile Bourgneuf
31 juillet 1944. Alors que la fin de la guerre approche, l’officier SS Alois Brunner fait partir l’un des derniers convois du camp de Drancy, direction Auschwitz. C’est le convoi 77. A l’intérieur, 1 306 juifs. Des enfants, des femmes, des hommes. Seuls 250 ont survécu. Parmi eux, Zalie Glowinski.
Près de quatre-vingts ans plus tard, le visage de la jeune fille, cheveux ondulés et timide sourire aux lèvres, apparaît sur l’écran d’une salle de classe du lycée agricole Institut Lemonnier à Caen (Calvados). Les 18 élèves de terminale en filière «Laboratoire contrôle qualité» terminent un travail de fourmi, entamé en septembre 2021, pour retracer la vie de «Zalie». Leur professeur d’histoire, Thierry Bogacki, avait une idée en tête depuis un moment : «Comment enseigner autrement la Shoah à mes élèves pour qu’ils s’imprègnent de cette histoire par le biais d’un récit plus intime ?» Il a trouvé la réponse grâce à l’association Convoi 77 qui confie à des collégiens et lycéens le soin de rédiger les biographies des déportés de ce convoi.
Actes de naissance, lettres manuscrites, documents d’arrestation
Au départ donc, les élèves du lycée agricole de Caen n’avaient qu’un nom. Zalie Glowinski. Et des questions sans réponse : quel âge avait-elle lors de sa déportation ? Qui était sa famille ? Comment était-elle à son retour des camps ? Plus qu’un début de piste, la classe est allée franchir les portes de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC) du Service historique de la défense, à Caen. «C’était quelque chose de découvrir ces papiers anciens, confidentiels parce qu’on rentrait tout à coup dans sa vie intime. On a rassemblé les pièces du puzzle en se concentrant sur chaque étape de sa vie», se souvient la dynamique Clémentine, 17 ans, qui garde un souvenir précis des quatre heures passées à éplucher les documents administratifs de toute la famille de Zalie. Avec ses camarades, Clémentine doit trier les actes de naissance, de décès, déchiffrer les lettres manuscrites, les documents d’arrestation et de transfert d’Auschwitz au camp de Chrastava (à l’époque en Tchécoslovaquie) où elle attrape le typhus, comme le prouve un examen médical.
«Elle ne pesait que 27 kilos, on voyait la forme de ses os»
C’est à ce moment-là qu’elle est arrêtée, avant d’être enfermée dans le camp de Drancy, puis déportée. Les élèves ont pleuré en écoutant son récit. Puis ils ont suivi sa trace : Alençon, Drancy, Paris, dans la rue des Rosiers où elle habitait : «C’était étrange de voir son immeuble et ce quartier qui semblait avoir oublié la rafle du Vél d’Hiv», remarque Ethan, 17 ans. Ce passionné d’histoire a trouvé «ce travail de reconstitution hyperintéressant» parce qu’il fallait notamment recouper les informations récoltées. Les élèves ont ainsi découvert que Zalie s’est trompée sur quelques dates. Elle avait aussi oublié son passage à l’hôtel Lutetia, à Paris, transformé en centre d’accueil pour une grande partie des rescapés des camps de concentration. «Elle ne pesait que 27 kilos, on voyait la forme de ses os. Ses voisins ne l’ont même pas reconnue», raconte Inès, encore marquée par cette scène décrite par Zalie, décédée en 1998. Aliénor pourrait parler d’elle durant des heures : «C’est comme si elle faisait partie de notre famille alors qu’on ne l’a jamais rencontrée», confie l’adolescente.
Les élèves ont fait de sa biographie un projet radiophonique, transformé en ce début d’année en une série documentaire présentée en fin de semaine dans un cinéma de Caen, en présence de la fille de Zalie et de son petit-fils. Une fierté pour ces terminales. «On va sûrement leur apprendre des choses sur elle», glisse Inès, qui s’est prise de passion pour ce travail qui lui a permis «de ressentir l’horreur de ce qu’il s’est passé. Grâce à ça, on va transmettre ce que l’on a découvert aux générations suivantes pour ne pas oublier la Shoah. On doit garder ça dans un coin de la tête quand on voit qu’il y a toujours la guerre en Europe, en Ukraine». Leur documentaire, déjà mis en ligne, s’achève sur un témoignage audio de Zalie qui lance d’une voix douce : «J’ai eu beaucoup de chance mais pourvu que ça ne revienne pas.»
This biography of Zalie WALDHORN has been translated into English.