Joseph DENEMARK

1918-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Joseph Irving DENEMARK
(1918, Paris – 1944, Auschwitz)

Joseph Irving, naît le 8 octobre 1918 au 35, rue de Maubeuge à Paris 9e, au domicile de ses parents Erakhmiel, dit Raymond, Denemark, et Cécile, née Rosenfeld[1].

A sa naissance, l’armistice n’a pas été proclamée et son père est sous les drapeaux, officiant comme infirmier et dentiste militaire.

Il porte le prénom de son oncle maternel, tombé au champ d’honneur en 1916, et c’est Ber Rosenfeld, son grand-père maternel qui déclare sa naissance, Raymond étant encore mobilisé.

Rien ne permet d’expliquer ce second prénom d’Irving, peu usité et pas dans la tradition juive[2]. En revanche, pour marquer sa majorité religieuse, Joseph fait sa bar-mitsva, le samedi 24 octobre 1931, au temple de la Victoire[3].

Joseph vit dans une famille relativement aisée, d’origine « russe » (les frontières ayant beaucoup bougé, on utilisera ce vocable commun qui recouvre aujourd’hui Riga en Lettonie) et polonaise (Augùstow étant polonaise au moment de la naissance de Raymond). Son grand-père maternel est bijoutier et a émigré en France avec sa femme et une fille, Sarah-Léa avant la naissance de Cécile, sa mère. Joseph ne connaît pas son grand-père paternel, mort avant sa naissance, ni sa grand-mère qui vivait dans la ville où est né son père.

Il a déjà trois cousins du côté de sa mère, mais ils sont plus âgés que lui et vivent en banlieue.

Joseph a cinq ans quand il a une petite sœur, Jacqueline Nadia, qui naît le 20 mars 1923, dans le même appartement où il a vu le jour[4]. Il a aussi de la famille en Amérique, où a émigré une partie de la famille Denemark, en tout cas, un de ses oncles. Il a pu en faire la connaissance quand celui-ci est venu en France pour essayer de convaincre la petite famille d’émigrer aux Etats-Unis[5].

Quelle fut sa scolarité ? En 1936, au recensement parisien, il est indiqué qu’il étudie. Il devait être au lycée. Mais lequel, et après ? A-t-il fait son service militaire ? Eté mobilisé en septembre 1939 ? Cette partie de son histoire est encore à creuser.

La guerre et la déportation

Nul ne sait pourquoi Raymond a refusé une nouvelle fois, en 1938, de quitter la France alors que les signaux étaient au rouge pour les Juifs et que la guerre menaçait. Parce que sa fille préparait son bac ? Par patriotisme et foi en la démocratie française ? Joseph, qui avait déjà l’âge de prendre des décisions, a-t-il suivi de gaité de cœur l’avis de son père ?

En tout cas, pendant pratiquement toute la guerre, Joseph passe sous les radars. Mais alors que la victoire alliée est quasi certaine et que les Américains ne sont plus très loin de Paris, que les voies ferrées sont bombardées et que le transport des troupes passent avant tout, les nazis mettent toute leur énergie dans la déportation des Juifs et des résistants qu’ils ont sous la main, soit grâce au fichier Tulard du recensement, soit parce qu’ils sont en prison ou, comme les petits pensionnaires de l’UGIF « bloqués » dans des maisons d’enfants contrôlées par les « Affaires juives ».

La famille Denemark est une des dernières victimes « libres » de cet acharnement antisémite.

Le 27 juillet 1944, quand la police française[6] vient les arrêter, lui, sa sœur et ses parents, Joseph vit encore au domicile familial. Il a 26 ans.

Après un passage rapide par le Dépôt de la préfecture de police de Paris, ils sont convoyés au camp de Drancy, où s’organisent déjà les préparatifs d’un grand départ pour Auschwitz. Quelques jours avant, le SS Aloïs Bruner, commandant du camp a fait rafler toutes les maisons d’enfants dirigées par l’organisme UGIF, fait revenir des hôpitaux et hospices des juifs vieux et ou malades et fait vider les prisons de résistants juifs.

C’est avec eux, 1306 personnes en tout réparti par groupe de 60, que Joseph va être entassé dans un wagon à bestiaux où il n’y aura pratiquement rien à boire et pas de quoi assurer l’hygiène de base.

Le train arrive de nuit sur la rampe d’Auschwitz où a lieu la sélection des valides relativement jeunes qui entreront dans le camp, et des autres, y compris les enfants, qui sont dirigés vers les chambres à gaz. Pourquoi n’est-il pas, à son âge, entrer avec les hommes jeunes valides ?

Sa grand-mère Anna Vve Rosenfeld remplira un dossier de disparition le 27 septembre 1946 en vue d’établir la régularisation de son état civil. Il est pudiquement désigné sur l’imprimé comme « non-rentré », mais Anna Rosenfeld utilise pour définir sa disparition le terme de « déporté racial », qui sera ensuite replacé » par l’euphémisme « déporté politique ».

Anna Rosenfeld est morte en 1951 et n’a donc pu accomplir les autres formalités qui ont reconnu un statut de Déporté politique et l’apposition de la mention « Mort pour la France » et « Mort en déportation » que l’administration a ensuite créées.

Notes & références

[1] État civil de la Ville de Paris.

[2] A moins que Raymond ou Cécile ait découvert précocement la musique Israël Beilin, plus connu sous le nom d’Irving Berlin.

[3] L’Univers israélite, 23 octobre 1931, p. 221.

[4] État civil de la Ville de Paris.

[5] Conversation avec l’arrière-petite-fille de cet oncle, Nicole Wynn.

[6] Document dans le dossier 21 P 442 640 déposé au SHD de Caen.

Contributeur(s)

Biographie réalisée par les élèves de Terminale du Lycée Jean Bouin à Saint-Quentin, encadrés par leur enseignant M. Bressolles.

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