Comment lire le fichier du camp de Drancy ?

Au cours de vos recherches, vous allez certainement être amenés à consulter le fichier du camp de Drancy. Qu’est-ce que c’est ? Il s’agit du fichier des internés de ce camp, situé en région parisienne, qui fut le principal camp d’internement de juifs en France entre 1941 et 1944. C’est là qu’étaient amenés celles et ceux qui étaient sur le point d’être déportés. Établi par des internés sous la supervision des autorités du camp – françaises d’abord puis allemandes -, ce fichier répertorie donc, de manière plus ou moins rigoureuse, les internés. 

Le nombre de personnes qui figurent dans ce fichier est flou. Certains avancent le chiffre de 35 000, soit la moitié des 70 000 personnes qui furent internées avant d’être, pour la plupart, envoyées dans les camps d’extermination d’Auschwitz et de Sobibor, mais ce chiffre n’est pas confirmé. « Certaines personnes n’ont aucune fiche, et d’autres en ont 3 ou 4″, détaille Karen Taieb, responsable des archives au Mémorial de la Shoah. « On y trouve aussi des fiches de personnes non passées par Drancy, mais en minorité. Impossible, là encore, d’en donner un chiffre précis.« 

Sur ces petites fiches manuscrites, on peut apprendre des informations sur la vie d’un déporté (date de naissance, statut familial, lieu d’arrestation…), mais aussi des informations plus circonstanciées, comme l’endroit exact où il était retenu dans le camp. 

Mais encore faut-il pouvoir les décrypter. Car les indications présentes sur les fiches des déportés peuvent parfois apparaître obscures, voire incompréhensibles. À l’aide de quelques exemples, nous vous proposons de vous aider à déchiffrer quelques-unes des indications les plus courantes.

Quelques exemples :

Itta ABRAMAVICZ

  • 3965 (en haut à gauche) : numéro de matricule de cette personne à Drancy.

A noter : il est possible qu’une personne ait plusieurs numéros de matricule. Car il était possible d’être arrêté, puis libéré, puis re-arrêté.

  • (en haut) : cette lettre majuscule signifiait « déportable immédiatement ».
  • 4-1 (en dessous du « B ») : la localisation de l’interné dans le camp (numéro d’escalier + numéro de chambre).
  • 8-2 (en haut, à droite) : peu visible, cette indication servait, comme la précédente, à situer l’interné dans le camp. Le fait que deux localisations soient présentes sur cette fiche indique qu’Itta Abaramavicz a été déplacé à l’intérieur du camp durant son internement.
  • La croix rouge (en haut à droite) : il s’agit d’un symbole qui n’a pas été déchiffré. On ne sait pas ce que cette croix signifie.

Comme celle-ci, beaucoup de fiches d’internés de Drancy ont été faites à partir d’un ancien fichier de recensement. La ligne « C.I val.jusqu’ » , initialement censée correspondre au numéro de carte d’identité, est ici utilisée pour inscrire la date d’arrivée au camp. Itta Abramavicz est donc arrivé à Drancy le 13 août 1943.

Moszeh ABRAMCZYK

  • Le « L » encerclé (en haut, à droite) : Libéré. Il s’agit d’une mention d’après-guerre, signifiant que cet interné a été libéré des camps.

« En général, les mentions présentes au verso des fiches ont été ajoutées après-guerre », explique Karen Taieb. Les indications de localisation dans le camp ou la déportation sont de la guerre. Les informations sur le parcours du déporté, les lieux d’internement successifs ou la délivrance d’un certificat sont, eux, d’après-guerre.

Hermann ABRAMCZYK

Cette fiche est beaucoup plus sommaire que les deux précédentes. « Il n’y avait absolument pas de format cohérent dans ce fichier », commente Karen Taieb. « Les fiches changeaient en fonction des matériaux disponibles, des arrivées… »

Recto :

  • Indet ou Polon (en haut, à droite) : Nationalité indéterminée ou polonaise.
  • C. (au milieu) : Célibataire.

L’indication « M1E » ou « M2E », etc. peut également apparaître : cela signifie « marié.e, un enfant » ou « marié.e, deux enfants ».

Verso :

  • TAA 6 mars 1943 : Transféré aux autorités allemandes le 6 mars 1943.
1 Comment
  1. LETINAUD 1 an ago

    Est il possible d’avoir des renseignements sur Mr Jankiel Ostrowiak qui s’est évadé du camp de Drancy en février 42…
    Merci

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