Chaja CHAJMAN

1914-? | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Chaja CHAJMAN

Introduction

Nous sommes élèves de terminale du Ier Lycée Leon Kruczkowski de Tychy: Hania, Joasia, Marysia, Miłka et Nina. C’est grâce à notre professeur d’histoire, Mme Natalia, que nous nous sommes intéressées au projet « Convoi 77 ». La problématique de la Shoah ne nous est pas étrangère puisque nous sommes bénévoles au Musée national Auschwitz-Birkenau à Oświęcim. Nous nous sommes inscrites au projet en novembre 2022. Notre tâche consistait à découvrir l’histoire de Chaja Chajman née Hagerczak, originaire de Kluczbork, une ville située dans la voïvodie d’Opole. Au cours de nos recherches, nous avons été amenées à collaborer avec l’Institut historique juif, les Archives Nationales de Częstochowa et le Musée national Auschwitz-Birkenau. Nous avons puisé dans les ressources de United States Holocaust Memorial Museum, du Musée de l’Histoire des Juifs polonais POLIN à Varsovie, des Archives Numériques Nationales. Nous voudrions particulièrement remercier Madame Anna Przybyszewska-Drozd de l’Institut historique juif et Madame Laurence Klejman de Paris.

Naissance et origines de Chaja Chajman

Chaja Chajman est née le 15 juillet 1914 à Kłobuck. Ses parents étaient Chemia Majerczak et Dwojra Majerczak née Salomonowicz. L’acte de mariage des parents de Chaja a été préservé dans les Archives Nationales de Częstochowa (numéro 88/1912). Dans divers documents, il existe de nombreuses variantes de son nom de famille : Hegerczak, Majerczak, Majerczik, Magerczal. Nous avons choisi d’utiliser la forme Majerczak. L’acte de naissance de Chaja est introuvable dans les Archives Nationales de Częstochowa ; son adresse de domicile à Kłobuck n’est pas connu non plus. L’acte de mariage de Chaja nous apprend que son père était commerçant. Dans le Pinkas haKehillot (Encyclopédie des communautés juives) de Kłobuck, on retrouve la mention d’une certaine Dvorach, la femme de Nechamia Majerczik (peut-être s’agit-il de la mère de Chaja) qui a été la première femme mariée à découvrir les cheveux à Kłobuck. D’après le même ouvrage, un certain Meir Mayerczak (le grand-père de Chaja ?) faisait partie de la délégation de Juifs de Kłobuck auprès du gouverneur de Piotrków, avertissant ce dernier du pogrome préparé par des chrétiens de la ville en 1896.

Acte de mariage numéro 88/1912 de Chemia MAJERCZIK et Dwojra SALOMONOWICZ du fonds 8/58 des archives de l’Etat Civil de l’arrondissement Bóżniczy à Częstochowa des années 1826-1938 (1946-1997).

La généalogie des Majerczak, Salomonowicz, Chajman

 

Kłobuck dans l’entre-deux-guerres

Dans l’entre-deux-guerres, Kłobuck se retrouve dans la voïvodie de Kielce. En 1919, on lui réattribue le privilège urbain, retiré en 1870. Selon le recensement de la population de 1921, il y a 5222 habitants, dont 1647 Juifs (31,54%). En 1939, la population sera redoublé, mais le pourcentage de Juifs baissera à 27,6%. Cela pourrait s’expliquer par l’émigration des jeunes Juifs en Palestine ou vers l’Europe de l’Ouest (Grande Dépression, montée de l’antisémitisme dans les années 1930). A Kłobuck, un kahal (communauté juive) est fondé en 1821. On construit la synagogue et le cimetière qui seront détruits pendant la Seconde guerre mondiale. Il y a deux maisons de prière et un mikvé. Les Juifs de Kłobuck étaient très soucieux de l’éducation de leurs enfants : le kahal finançait une école et le parti conservateur Aguda en gérait une autre pour les filles des familles orthodoxes Bejt-Jaak. Il existait des partis politiques et des associations juifs. Les Juifs jouaient un rôle important dans la vie économique de la ville ; ils étaient tailleurs, modistes, cordonniers, coiffeurs et commerçants.

 

a : Le rabbin de Kłobuck accueille le gouverneur de voïvodie de Kielce Władysław Dziadosz en 1935.
b : Le maire de Kłobuck Kuryłło passe au gouverneur de voïvodie de Kielce le pain et la clef symbolique de la ville.

Kłobuck avant la Shoah. A gauche, l’inauguration de la neuve gare routière en 1935. A droite, la synagogue de Kłobuck en 1940 (côté gauche de la photo).

Episode français de Chaja

Nous ne savons pas pourquoi ni quand Chaja est partie en France. Nous assumons que c’était dans les années 1930. Son acte de mariage nous apprend qu’elle n’avait pas de métier, mais selon un document plus récent, elle était couturière. Peut-être c’est son mari couturier qui le lui a appris. Nous ignorons si elle a rencontré son futur mari, Szaja Chajman, né le 30 juillet 1909 à Grodzisk Mazowiecki, avant d’être partie de Pologne ou déjà en France. Au moment de se marier, le 11 mai 1940, ils habitaient tous les deux à la même adresse : Paris, 3 rue du Pressoir.

Acte de naissance de Szaja HEJMAN à Grodzisk Mazowiecki en 1909.

Acte de mariage des parents de Szaja : Luzer et Malka née WOLFAND, délivré à Mszczonow en 1900.

Acte de mariage de Chaja MAJERCZAK et Szaja CHAJMAN, Paris, le 11 mai 1940.

 

 

Rue du Pressoir
Source :
Google Images

 

Paris-Drancy

Le 6 juillet 1944 Chaja Chajman est arrêtée sur ordre du Commissariat général aux questions juives, créé en 1941. Au cours de l’année précédente, les autorités allemandes et le régime de Vichy avaient édicté la loi sur le statut des Juifs et la loi prévoyant l’internement des étrangers d’origine juive, permettant d’interner ceux-ci dans des camps. Le 7 juillet 1944 Chaja est transférée, avec d’autres personnes, au camp d’internement de Drancy qui fonctionne depuis 1941.

Liste des arrêtés et déportés au camp de Drancy (deuxième ligne : Chaja Chajman), Préfecture de Police à Paris. Photo reçue de Mme Laurence Klejman.

DRANCY – KL AUSCHWITZ – BIRKENAU

Le 31 juillet 1944 Chaja est déportée de Drancy au camp de concentration et d’extermination Auschwitz-Birkenau dans le Convoi 77. Cette information se trouve sur le site United States Holocaust Museum (Holocaust Survivors and Victims Database). L’historienne Danuta Czech précise dans son ouvrage Kalendarz wydarzeń w KL Auschwitz (fr. Calendrier des évènements de KL Auschwitz) : « A l’issue de la sélection, parmi 1300 personnes du convoi 77 du RSHA [Office central de la sûreté du Reich, ndlt] du camp de Drancy en France, 291 Juifs et 183 Juives ont été emprisonnés dans le camp sous les numéros respectives : de B-3673 à B-3963 et de A-16652 à A-16834. Les 835 personnes restantes ont été assassinées dans les chambres à gaz. » Aucune information concernant l’emprisonnement de Chaja à Auschwitz n’est préservée. Comme on peut l’apprendre du bulletin du Bureau des Anciens Détenus : « (…) pendant la liquidation et l’évacuation du camp d’Auschwitz, sur ordre des autorités SS du camp, tous les dossiers personnels importants des détenus et déportés ont été détruits. Les documents préservés dans l’état fragmentaire ne permettent pas d’établir des informations complètes et exactes sur toutes les personnes présentes dans le camp ».

Des Juifs dans le camp d’internement de Drancy, entre 1942 et 1944 (Musée National Auschwitz-Birkenau à Oświęcim).

RETOUR A PARIS

Chaja Chajman a survécu à la Shoah. Elle est retournée à Paris le 20 mai 1945, après être passée par Longuyon en région Grand-Est. Elle s’est installée à son ancienne adresse, 3 rue du Pressoir, dans le quartier parisien de Belleville. Laurence Klejman écrit qu’à l’époque, des Juifs pauvres ont habité et travaillé dans ce quartier qui est de nos jours un mélange d’immeubles et de jardins publics. En 1950, Chaja est partie aux Etats-Unis avec son mari, dont nous ne connaissons pas le sort pendant l’arrestation de sa femme. Ils se sont installés au Bronx à New York, 1149 Stratford Ave. Nous n’avons pas pu trouver la date de sa mort.

 

 

 

 

Le document reçu de Mme Laurence Klejman contenant des informations sur Chaja.

Stratford Ave, Bronx NYC
Source : apartments.com

 

This biography of Chaja CHAJMAN has been translated into English.

Contributeur(s)

Les élèves de terminale du Ier Lycée Leon Kruczkowski de Tychy: Hania, Joasia, Marysia, Miłka et Nina.

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