Herbert HOFFMANN

1904-1944 | Naissance: | Résidence: , , ,

Herbert HOFFMANN

Photo ci-contre: Herbert Hoffmann
(APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-50)

Qui était Herbert Hoffmann, déporté du Convoi 77 ?

Herbert Hoffmann est né le 8 Novembre 1904 à Vienne en Autriche dans une famille de confession juive. Il fait partie des dernières personnes à être déportées de Drancy pour Auschwitz-Birkeunau par le convoi 77 le 31 juillet 1944. Il est le fils de Maurice Hoffmann et Josephine Schnabel [1]. Au cours de sa vie il exerça différents métiers, il fut interprète, travailleur agricole, employé de banque et travailla dans une fabrique de gants. Herbert Hoffman fut également impliqué dans des activités résistantes du parti communiste autrichien dans différents pays d’Europe. Divorcé de Marie Rocek, sans enfant, il vit avec Renée Cointe jusqu’à son arrestation [2].

En 1935, il quitte l’Autriche après avoir été licencié et se rend à Bruxelles. Il y  gère une fabrique de gants et a un bureau au 4 rue des Martyrs [3]. Là-bas, Hoffmann est en contact avec le parti communiste autrichien. Il vend son entreprise et met les revenus de la vente à la disposition du parti communiste autrichien avec qui il coopère. Par la suite, le parti lui versera régulièrement des sommes d’argent pour subvenir à ses besoins [4].

Dans son interrogatoire, Herbert Hoffmann affirme avoir quitté la Belgique pour Paris  en novembre 1940 [5]. Cependant, un certain Guenser, interrogé par les services allemands, affirme que Hoffmann aurait passé l’été 1940 à Langlade dans le sud de la France dans la ferme de Otto Heller [6]. Ce dernier est également connu comme militant communiste autrichien et fut lui aussi déporté par le convoi 77 [7].

En novembre 1940, Herbert Hoffmann arrive à Paris sous le nom de « Heulieu ». Il y séjourne quelque temps et se rend à Toulouse où il loge dans un hôtel. Dans cette ville, il croise un ancien camarade communiste  surnommé « Richard » et lui demande de l’aider financièrement. « Richard » lui présente un certain « Martin », identifié par les services de police comme Othmar Strobel. Quelque temps après, Hoffmann se rend à Luchon avec « Richard », ils vivent dans une pension familiale. En mars 1941, il quitte Luchon pour Marseille en compagnie de « Richard » [8].

A Marseille, Herbert loue un appartement au 27 rue de Crimée. Dans cet appartement il héberge alors des camardes communistes de passage à Marseille. C’est également à Marseille qu’Herbert Hoffmann fait la connaissance des époux Sussmann qui habitent alors un appartement sur le vieux port [9].

Les époux Sussmann,
(APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-54 et 56)

En 1942, Herbert quitte Marseille pour rejoindre Richard à Paris. Ce dernier, le met alors en contact avec une certaine «Edith », identifiée par les services de police comme Antonie Lehr. Elle lui demande de contrôler et surveiller deux autres femmes : « Claude » qui imprime des tracts communistes et « Hellen » qui les distribue. Au bout de deux mois, fin 1942, « Richard » lui demande de mettre fin à sa collaboration avec les trois femmes [10].

Antonie Lehr, dit « Edith »,
ottAPP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-48

 

En mars 1943, il est contacté par la femme du camarade connu à Toulouse sous le nom de « Martin ». Il est chargé de s’occuper de lui afin que ce dernier n’ait pas à quitter son domicile, avenue de Choisy. En juillet 1943, il se retrouve sans argent et reçoit l’aide financière de « Martin ». Il travaille brièvement comme interprète dans une société allemande puis décide de s’installer à  Bordeaux pour chercher du travail mais n’en trouve pas. Il regagne Paris au début du mois de septembre et retrouve son emploi dans la société allemande. Quelque temps après, la femme de « Martin » lui présente un individu probablement allemand. Cet homme lui dit qu’il le mettra en rapport avec quelqu’un de Bruxelles. Il n’a plus jamais revu cet homme car ce dernier lui a donné un rendez-vous à deux reprises à la Motte-Piquet, mais ne s’est pas présenté à cet endroit. A partir de ce moment (septembre 1943), Herbert Hoffmann affirme avoir été coupé définitivement du Parti Communiste et ne plus avoir eu aucune activité politique clandestine [11].

Dans l’année 1944, Herbert Hoffman est suspecté par la police car il est aperçu à plusieurs reprises au domicile des époux Sussmann (43 rue Truffaut), communistes et étrangers notoires faisant l’objet d’une enquête et d’une surveillance de la part de la Police française [12]. Le 10 mai 1944,  l’administration allemande transmet un compte rendu sur Herbert Hoffman à la Police française. Ce document, réalisé à partir des interrogatoires de différents résistants communistes révèle l’implication d’Herbert Hoffmann dans des activités politiques illégales [13]. En conséquences, il est arrêté le 12 mai 1944 avec sa compagne, Rénée Cointe, chez elle au 12 bis Avenue d’Outrebon à Villemomble. Sur Herbert Hoffmann ainsi qu’au domicile de Renée Cointe, les policiers trouvent de nombreux faux papiers (carte d’identité, carte de tabac ou d’alimentation, fiche de démobilisation, extrait d’acte de naissance, certificat de travail) aux noms de Van Howe et Heyndrixx, ainsi qu’une enveloppe contenant deux cents Reichsmarks, mais aucun document de nature politique [14]. Le 13 mai Hoffmann et sa compagne sont interrogés par la police française (Commissaire divisionnaire Fernand). Hoffmann se dit alors catholique et de « race aryenne » [15]. Ils sont incarcérés à la prison de la Seine [16]. Après un nouvel interrogatoire de Renée Cointe, le 15 mai, le dossier est clôturé par la Préfecture de Police mais transmis immédiatement à la Brigade Spéciale n°1 des Renseignement généraux pour un nouvel interrogatoire (inspecteur Thilloux) [17]. Le couple sera à nouveau arrêté et interrogé par les services de police le 21 mai [18]. La police française ou l’administration allemande découvre vraisemblablement les origines juives d’Herbert Hoffmann au cours de cette enquête puisqu’il est finalement interné à Drancy le 27 juillet et déporté au camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, le 31 juillet 1944. Il finit ses jours dans ce camp [19].

Biographie réalisée au cours de l’année scolaire 2022-2023, par les élèves de 3ème D du collège Christine de Pisan (Aulnay-Sous-Bois), à partir d’un corpus d’archives de la Préfecture de police de Paris, dans le cadre du projet européen « Convoi 77 »

A l’exception d’un document issu des archives autrichiennes (extrait du registre israélite des naissances de la ville de Vienne – « Vienne-DOW-Herbert-Franz-Hoffmann »), les élèves ont travaillé sur un unique dossier d’archives de la Préfecture de Police de Paris intitulé « Affaire contre Hoffmann Herbert et Cointe Renée », lui-même issu d’un dossier intitulé « GB086 ». Chaque document de ce dossier est référencé sous le nom « APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN » suivi du numéro du document.Il s’agit principalement des comptes rendus de fouilles et d’arrestation d’Herbert Hoffmann et de sa compagne Renée Cointe, ainsi que de leurs interrogatoires respectifs. Ces documents ont tous été produits par une même institution et sur un temps très resserrés (mai 1944). Les renseignements dont nous disposons sur Herbert Hoffmann se concentrent donc sur une courte période de sa vie. Son interrogatoire permet cependant de retracer une grande partie de son parcours depuis son départ de Vienne en 1935 jusqu’à son arrestation dix ans plus tard. Les élèves ont été immédiatement avertis des limites d’un tel document. Certains silences ou mensonges d’Herbert Hoffmann ont d’ailleurs pu être mis en évidence par le recourt à d’autres documents précieux : l’extrait du registre israélite des naissances de la ville de Vienne, par exemple, révèle les origines juives qu’Hoffmann tente de cacher à la police en se déclarant « aryen » et « catholique ». Les interrogatoires d’autres résistants communistes réalisés par l’administration allemande, confirment ou contredisent certaines informations données par Hoffmann.Enfin, les archives du Mémorial de la Shoah ont permis de confirmer la déportation d’Hebert Hoffmann par le Convoi 77 et de préciser la date de son internement à Drancy.

This biography of Herbert HOFFMANN has been translated into english.

 

[1] Extrait du registre israélite des naissances de la ville de Vienne (Vienne-DOW-Herbert-Franz-Hoffmann)

[2] Compte rendu d’arrestation (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-35)

[3] Interrogatoire d’Herbert Hoffmann (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-8)

[4] Synthèse de divers interrogatoires de prisonniers politiques par l’administration allemande (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-85)

[5] Interrogatoire d’Herbert Hoffmann (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-9)

[6] Synthèse de divers interrogatoires de prisonniers politiques par l’administration allemande (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-85)

[7]https://convoi77.org/deporte_bio/heller-otto/

[8] Interrogatoire d’Herbert Hoffmann (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-9, 10 et 37)

[9] Interrogatoire d’Herbert Hoffmann (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-11 et 37)

[10] Interrogatoire d’Herbert Hoffmann (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-11, 12 et 38) et Synthèse de divers interrogatoires de prisonniers politiques par l’administration allemande (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-85)

[11] Interrogatoire d’Herbert Hoffmann (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-11 à 15 et 38)

[12] Compte rendu d’arrestation (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-35)

[13] Synthèse de divers interrogatoires de prisonniers politiques par l’administration allemande (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-85)

[14] Compte rendu des fouilles d’Herbert Hoffmann et de son domicile (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-32 à 34)

[15] Interrogatoires d’Herbert Hoffmann et Renée Cointe (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-37 à 43)

[16] Reçu du Surveillant en Chef de dépôt de la préfecture – prison de la Seine (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-64)

[17] Deuxième interrogatoire de Renée Cointe (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-44), Reçu de la Brigade spéciale des Renseignements Généraux (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-60) et Note d’information de la Direction générale des Renseignements Généraux pour le commissaire divisionnaire ((APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-62)

[18] Note de synthèse (APP_Gb-86-Affaire-HOFFMANN-Herbert-SUSSMANN-89)

[19]Carnet de fouilles de Drancy et Liste originale du convoi de déportation, disponibles dans les ressources en ligne du Mémorial de la Shoah, (https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=herbert%20hoffmann&spec_expand=1&start=0)

Contributeur(s)

Biographie réalisée au cours de l’année scolaire 2022-2023, par les élèves de 3ème D du collège Christine de Pisan (Aulnay-Sous-Bois).

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3 commentaires
  1. klejman 3 mois ago

    Herbert Hoffmann se marie le 28 mars 1935, dans le rite catholique, à la paroisse Wiensanktleopold de Vienne avec Marie Rocek. Ce qui implique au minimum une conversion au catholicisme s’il était juif. Il ne ment donc pas devant les autorités allemandes.

  2. klejman 3 mois ago

    Herbert Hoffmann est baptisé le 5 novembre 1911 dans la paroisse catholique de Unsere Liebe Frau Zu den Schotten, à Vienne. Juste avant ses 7 ans.

  3. klejman 3 mois ago

    Son père était médecin. Ses frères et soeur sont baptisés entre 1911 et 1912. Plusieurs des frères et soeurs de sa mère, née Shnabel, meurent à Terezin ou Treblinka en 1942. Elle-même est déclarée morte en Belgique en 1940.

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