Léon AJZYKOWICZ

1931-1944 | Naissance: | Résidence: , ,

Léon AJZYKOWICZ

Introduction

L’association Convoi 77 a pour but de retracer des destins individuels durant la Shoah et la Seconde guerre mondiale au travers du convoi de déportation du 31 juillet 1944, le 77è convoi en partance de Drancy.

Dans ce projet européen, nous sommes des élèves français de 3è au collège Les Blés d’or de Bailly-Romainvilliers en Seine-et-Marne. Nous effectuons des recherches à l’aide de documents d’archives fournis par l’association et sur les sites de Yad Vashem et du Mémorial de la Shoah.

Nous allons ici évoquer la mémoire de Léon AJZYKOWICZ. Cet enfant juif âgé de 12 ans qui faisait partie des 1306 déportés à destination de Auschwitz-Birkenau en Pologne.

Naissance et famille

Léon AJZYKOWICZ est né le 17 février 1931 à Moyeuvre-Grande en Moselle.

Son père Henri AJZYKOWICZ est né le 2 février 1902 à Częstochowa en Pologne.

Sa mère Rachel TENENBERGCK est née le 31 mai 1909 à Częstochowa en Pologne.

Sa petite-sœur Célestine est née le 29 novembre en 1932 à Yutz en Moselle.

Histoire de la famille

Les parents de Léon sont partis de Pologne du fait de la crise économique de 1929 et de la montée des violences, des agressions de la population envers les Juifs.

Ils se sont installés à Moyeuvre-Grande en Moselle (57) en France jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale en 1939 probablement car il était plus facile de s’intégrer dans une région où la langue germanique se parlait encore.

Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939.

520 000 français sont évacués des zones frontalières comprises entre la ligne Maginot et l’Allemagne : c’est l’exode. Celui-ci amène la famille AZYKOWICZ à se déplacer à Juillaguet en Charente. L’Allemagne nazie envahit la France, la Belgique, le Luxembourg, pourtant neutre, et les Pays-Bas le 10 mai 1940. En juin 1940, il y avait plus de 270 000 réfugiés en Charente, plus les 85 000 évacués mosellans de septembre 1939, ainsi que des milliers de républicains espagnols. La famille est accueillie dans un petit village de deux cents habitants. En tout sept familles sont hébergées, cachées ou sauvées en Charente et un seul Juif sera arrêté à Juillaguet.

Le 22 juin 1940, l’armistice divise le pays en deux par la ligne de démarcation : le département de la Charente est lui-même coupé en deux. Au nord, l’Allemagne nazie occupe le territoire et annexe l’Alsace et la Moselle.

De septembre 1939 à juillet 1941, on ne sait pas ce qui arrive à la famille, peut-être ont-ils voulu traversé la ligne de démarcation pour rejoindre la zone libre. On retrouve leur trace en 1941 quand les parents sont arrêtés et internés au camp de Poitiers à la mi-juillet 1941.

Camp de Poitiers

Le camp de Poitiers a été créé en 1939 pour les réfugiés Espagnols mais est géré par l’administration française. Il a donc été réouvert pendant la Seconde Guerre mondiale pour les nomades et les Juifs. Les conditions de vie sont difficiles : absence de nourriture, maladie, manque de chauffage et de matériel. En 1942, on recense 456 internés dans ce camp qui a une capacité d’accueil de 900 personnes. Le camp est vidé régulièrement à la suite des déportations des Juifs. Ce camp était composé de baraquements bien différenciés entre les Juifs, les tsiganes et les résistants prisonniers. Il était situé rue de limoges. Aujourd’hui, il n’en reste rien, à sa place on peut trouver une stèle commémorative installée en 1985.

Nous savons que les parents de Léon sont déportés en 1942 : Henri AJZYKOWICZ, à l’âge de 40 ans est déporté le 20 juillet 1942 dans le convoi n°8 qui part d’Angers vers Auschwitz. Dans ce convoi, il y aura quatorze survivants sur 827 déportés mais Henri ne reviendra pas. Et son épouse Rachel, âgée de 32 ans, est déportée le 4 novembre 1942 dans le convoi n°40 qui part de Drancy vers Auschwitz-Birkenau. Dans ce convoi, il y aura 4 survivants sur 1000 déportés mais elle ne reviendra pas.

On retrouve la trace de Léon et de sa sœur Célestine en 1943 à Paris dans un orphelinat au Centre Lamarck de l’UGIF (l’Union Général des Israelites de France). Que s’est-il passé pour les enfants de l’arrestation de leurs parents en 1941 à leur arrivée à Paris en 1943 ? Peut-être ont-ils été placés dans une famille d’accueil ?

L’UGIF a été créé en 1941 par le gouvernement de Vichy à la demande des Allemands. Après les rafles de juillet et octobre 1942, l’UGIF a ouvert des centres pour enfants. Ces maisons sont sous le contrôle du Commissariat aux Questions Juives et de la Gestapo. Elles ont pour vocation de s’occuper des jeunes restés au domicile familial après l’arrestation de leurs parents ou de jeunes arrêtés et récupérés à Drancy. C’est ce service qui fut à l’origine de la création des maisons d’enfants.

70 avenue Secrétan, Paris

Célestine et Léon sont ensuite déplacés avec tous les enfants au Centre UGIF, 70 avenue Secrétan, Paris 19ème à la suite du bombardement du 20 avril 1944 par l’aviation alliée. Par suite de ce bombardement, 154 enfants furent obligés de déménager dans les différents centres de l’UGIF. Le 70 avenue Secrétan est l’école privée Lucien de Hirsch qui est une école juive. C’est le dernier domicile connu de Léon AJZYKOWICZ. A la veille de la seconde guerre mondiale, l’Ecole Lucien de Hirsch comptait 350 élèves. C’est une école qui enseigne la religion juive en plus d’offrir aux enfants une éducation complète.

Pendant la guerre, les enfants étaient parfois originaires de Paris mais beaucoup d’entre eux étaient issus de l’Est de la France. L’UGIF a essayé de récupérer des enfants de Drancy pour leur éviter la déportation. L’UGIF mettait de manière clandestine ou non des enfants dans des familles d’accueil non-juive ou chez des « nourrices » de préférence à la campagne comme Ehoud Loeb. Début 1943, l’UGIF a réussi à obtenir la libération d’enfants de Drancy à conditions de les bloquer dans leurs centres.

Dans Le journal d’Hélène Berr, Hélène et ses sœurs veulent s’inscrire à l’UGIF mais M. Katz leur dit : « Vous n’avez rien à faire ici ! Si j’ai un conseil à vous donner, partez. » Donc dans cet extrait, on peut voir que les personnes de l’UGIF étaient conscientes de la menace de déportation des Allemands.

Aloïs Brunner, bras droit d’Eichmann, prend la place de chef de Drancy et veut arrêter le plus de Juifs. Brunner lance alors l’arrestation des enfants juifs des centres de l’UGIF en 1944 en représailles à un attentat contre les Allemands.

Célestine, 11 ans, et Léon, 13 ans, sont arrêtés lors de la rafle du 21 au 22 juillet 1944 qui a lieu dans plusieurs centres de l’UGIF (Secrétan, Vauquelin, Ecole du travail, Saint-Mandé, Louveciennes) au lever du jour. Ils sont malheureusement déportés un mois avant la libération de Paris qui aura lieu le 25 aout 1944.

Yvette Levy raconte que le lendemain de son arrivé à Drancy, des enfants de l’UGIF sont arrivés à l’exception des enfants du centre de Neuville. Le SS, en charge de les arrêter, n’avait pas eu le courage de le faire. A son retour à Drancy, Brunner, son chef, furieux, lui a ordonné d’y retourner et de les ramener tous.

Drancy est un camp de transit pendant la seconde guerre mondiale utilisée par les nazis comme camps de regroupement. 70 000 personnes y seront internées.

Ils sont déportés sans retour dans le convoi n°77 qui est le dernier grand convoi de déportation de Juifs de Drancy, du 31 Juillet 1944, de Drancy vers Auschwitz. Ils seront emmenés en bus à Bobigny avant de passer plusieurs jours dans des wagons à bestiaux. 1309 personnes dont 324 enfants sont déportés dans ce convoi. Leur dernier voyage durera 5 jours jusqu’au 5 aout 1944.

Yvette Levy raconte que les personnes étaient entassées « dans un immense train à bestiaux avec des SS entre chaque wagon et des fusils mitrailleuses ». Ils sont partis en chantant. Dans le train, il y a eu « un nouveau-né de 15 jours qui est parti dans une boite en carton en guise de berceau et un vieux monsieur grabataire qui n’a pas dû faire 100km dans son wagon au fond qui a du mourir » avant que le train arrive à Auschwitz.

Léon est déclaré mort le 5 aout 1944 à Auschwitz dans une chambre à gaz dès son arrivée au camp. La loi dit qu’il est sûrement mort à cette date car on n’a pas de date exacte de sa mort. Mais Léon étant très jeune il a dû mourir à la suite de la sélection à l’arrivée du convoi au camps le 3 août 1944. Auschwitz était un camp de travail forcé et d’extermination. Il a été créé le 27 avril 1940 et a été fermé le 27 janvier 1945. Ce camp dirigé par les SS où les prisonniers arrivaient en train. Le jour de leur arrivée, ils étaient triés selon leur âge, leur sexe, et leur capacité à travailler. Les plus faibles étaient directement emmenés dans les chambres à gaz ou parfois exécutés par armes à feu, c’est le cas de Léon à cause de son âge, il avait 13 ans.

Célestine, sa petite sœur, a été déportée dans le même convoi et a sans doute subi le même sort que son frère.

Sur le site de Yad Vashem, une personne a rempli une fiche de témoignage sur Léon et sa sœur, le 4 avril 2016, Xavier MESSALITI habitant en Israël à Jérusalem .

Monsieur MESSALATI parle couramment l’hébreu. Une partie de sa famille vit en Israël. Il est généalogiste et a réalisé plusieurs biographies des déportés du convoi77, peut-être pour un travail de mémoire ou au nom d’un membre de la famille élargie survivant ?

 

Plusieurs membres de la famille AJZYKOWICZ ont trouvé la mort pendant la seconde guerre mondiale en déportation. Sur cet arbre généalogique, on peut voir le frère jumeau d’Henri AJZYKOWICH et ses enfants Léonia et Adam tous morts en août 1944 en déportation.

 

Sources

  • L’école Lucien de Hirsch de 1901 à 1940 par Roger Berg pages 13 à 16
  • La Shoah par Maitre Serge Klarsfeld pages 17 à 19
  • Leon Ajzykowicz (yadvashem.org)
  • LMJ_181_0153.pdf
  • Camp de Poitiers (Vienne), 1940-1944 – Mémorial des Nomades de France (memorialdesnomadesdefrance.fr)
  • Base des morts en déportation (1939-1945) – Leon AJZYKOWICZ – Mémoire des hommes (defense.gouv.fr)
  • AJPN.org

 

This biography of Léon AJZYKOWICZ has been translated into english.

Contributeur(s)

Les élèves de 3è au collège Les Blés d’or de Bailly-Romainvilliers en Seine-et-Marne sous la direction de leurs enseignantes Sophie Jorrion et Éva Garilliere.

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