Lilli FISCH née BLUMENSTOCK, remariée Auchman
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Für unsere deutschsprachigen Leser*innen: Die Biografie ist unterhalb der französischen Version auch auf deutsch verfügbar.
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ci-contre photo au recto d’une carte postale, datée 7 Mars 1928, collection Anne-Marie Auchman.
Lilli AUCHMAN, veuve FISCH, née BLUMENSTOCK
13 août 1909 à Vienne (Autriche) – 28 août 2001 à Paris (France)
Biographie instruite, documentée et rédigée par Olivier Szlos et Anne-Marie Auchman, fille de Lilli, assistés de Laurence Klejman pour relecture.
Lilli Fisch est née le 13 août 1909 à Vienne (Autriche). Arrivée avec son mari en France au printemps 1937, elle y vivra un moment avec sa famille. Arrêtée pour faits de résistance et déportée comme juive avec sa mère et ses sœurs, elle quitte Drancy par le convoi 77. Elle est survivante, revient chez elle en France où elle se remarie et fonde une famille. Elle décède à Paris le 28 août 2001.
Vienne
La guerre de la Russie contre le Japon fait rage et c’est durant ces mois entre 1904 et 1905, que Schlome Zelmann Blumenstock (né en 1876) et Malka Reisel Munzenmacher (née en 1880), natifs de la ville de Lublin qui est sous occupation de l’Empire russe depuis 1795, en compagnie de leurs trois enfants en bas âge, Anna, Mathias et Suzanne, quittent à tout jamais la terre de leurs parents pour la capitale de l’empire d’Autriche-Hongrie[1].
Cette famille d’immigrants juifs polonais s’installent dans le quartier de Brigittenau, le vingtième arrondissement de Vienne, une ville en croissance. La population du 20e grandit rapidement grâce à la venue de milliers d’immigrants tel que les Blumenstock. Bientôt Fanny et Elsa sont nées. C’est au numéro 13 de la rue Ossmargasse que naît Lilli, le 13 août 1909, la benjamine de la famille Blumenstock[2].
De 71 445 habitants en 1900, le quartier compte à la fin de la décennie 101 326 habitants[3]. Le centre religieux du 20e arrondissement de Vienne est la synagogue au numéro 11 de la rue Kluckygasse. Créée par l’architecte Jakob Gartner (1861-1921), la Brigittenauer Tempel, avec 560 sièges pour hommes et femmes, est construite entre 1899-1900 ; le tout a été financé par l’association de la synagogue fondée en 1875. Le 20 septembre 1900, la synagogue est inaugurée[4].
Les détails de l’enfance de Lilli ne nous sont pas parvenus, mais on peut imaginer sa vie d’écolière et une vie de famille de classe moyenne, son père tenant un commerce. On sait par sa carte d’identité de 1949 qu’elle mesure 1,52 et qu’elle a les yeux marron et les cheveux châtain foncé.
À partir de 1920, et pour les quatorze années à venir, Schlome et sa femme Malka Reizel ont le bonheur d’être témoins des mariages de leurs filles à la Brigittenauer Tempel : Anna épouse Richard M. Ude en 1920 ; Suzanne choisit Albert Kolb en 1928 ; Elsa se marie avec Beno God en 1932 ; Fanny épouse Schulim Joseph Fisch en 1933. Et, à l’âge de vingt-cinq ans, le 4 mars 1934, Lilli épouse Mojsesz Fisch. Leur témoins sont Schulim Fisch, frère de Mojsesz et Albert Kolb. Le rabbin Benjamin Murmelstein et le hazan Shmuel Landerer ont officié à ce mariage[5]. Le mari de Lilli, un commerçant [handelsangestellter], est né le 12 juin 1910 à Kopyczynce, Tarnopol, en Galicie autrichienne, mais territoire polonais depuis 1921, donc Lilli, maintenant mariée, et Mojsesz sont considérés comme étant des citoyens polonais[6].
L’auteur et journaliste viennois Hugo Bettauer écrit sur l’antisémitisme et publie en 1922 le roman prémonitoire La Ville sans Juifs décrivant l’expulsion des Juifs à l’aide de wagons à bestiaux de trains pour les déporter hors de Vienne[7]. 250 000 exemplaires sont vendus. Tragiquement, Bettauer est assassiné par un nazi en 1925, un an après la sortie au cinéma du long métrage basé sur son livre. Les tensions politiques à Vienne sont fortes.
Le 30 janvier 1933, Hitler devient chancelier de l’Allemagne, et la République de Weimar fait place au Troisième Reich de l’Allemagne nazie. Après l’insurrection des travailleurs viennois le 12 février 1934, la police réprime brutalement les socialistes viennois. Le 25 juillet, les nazis autrichiens tentent un coup d’État qui s’achève sur un échec le 30. Lily et Mojsesz militent dans les rangs du parti socialiste.
Le papa de Lilli, Schlome Blumenstock, décède le 1er avril 1936 dans son appartement de Brigittenau à Vienne. Il est enterré le 3 avril au cimetière Zentralfriedhof numéro IV. Sa sépulture existe toujours aujourd’hui[8].
Paris
La France, terre d’espérance et de la déclaration des droits de l’Homme, est plus que jamais une destination de choix pour les Juifs qui quittent leur pays pour une vie meilleure. Le 4 juin 1936, Léon Blum est nommé président du Conseil, après la victoire de la coalition de plusieurs partis de gauche et des radicaux, dite Front populaire, aux élections législatives. Ce Front Populaire, durant un peu plus d’un an, promulgue des lois bénéficiant aux travailleurs avec 15 jours de congés payés, ainsi que la réduction du temps de travail avec la semaine de quarante heures. Blum introduit les concepts de vacances et de temps libre. La politique du Front Populaire est en net contraste avec les évènements extérieurs quand, en juillet 1936, l’Espagne tombe dans une guerre civile, et Hitler, qui veut l’Autriche, signe le 11 juillet un accord garantissant son indépendance, mais aligne la politique étrangère de ce « second Etat allemand », sur celle de l’Allemagne. Le 22 octobre 1936, les Brigades Internationales sont officiellement formées pour se battre aux côtés des Républicains espagnols contre le putsch militaire. Les communistes et internationalistes du monde entier s’organisent pour lui barrer la route.
Mojsesz Fisch arrive en France le 27 mars 1937, passant la douane au poste frontière les Ponts du Rhin, en Alsace. Il possède un passeport polonais obtenu à Vienne en 1935, son visa est valable jusqu’au 13 mai 1937. Lilli rejoint son mari en France le 12 mai 1937, passant la frontière à Saint Louis, en Alsace, avec un passeport polonais et un visa de tourisme établi au consulat français de Vienne et valable jusqu’au 8 juillet 1937. Le temps presse donc pour que Mojsesz et Lilli régularisent leur présence en France. Fin mai, l’Exposition Internationale de 1937 ouvre ses portes à Paris et Lilli y trouve vite un emploi pour la durée de l’exposition jusqu’à la fin de novembre. La sœur de Lilli, Suzanne, et son mari Albert Kolb travaillent également à l’Exposition pour sa durée ; ils habitent 24 rue Rébeval, dans le XIXe arrondissement de Paris. Le 10 juin 1937, Lilli obtient sa carte d’identité d’étranger qui sert aussi de permis de séjour. Avec son mari, ils habitent au 3 bis passage Lauzin, dans le même arrondissement. Ils poursuivent leurs démarches de régularisation avec l’aide de la Ligue française pour la défense des droits de l’Homme et du citoyen auprès de laquelle ils se présentent en tant que réfugiés politiques, la raison pour laquelle ils ont quitté l’Autriche. Le 15 août, deux jours après son 28e anniversaire, Lilli s’installe avec Mojsesz au 33, rue Rébeval, dans le quartier de Belleville. Tout comme Brigittenau à Vienne, Belleville accueille les Juifs immigrés depuis le tournant du siècle[9].
Le 8 novembre 1937, Mojsesz est inscrit au registre du commerce de la Seine en tant que confectionneur pour dames et peut pratiquer son métier en toute légalité[10]. Les Fisch sont en bonne voie pour pouvoir devenir résidents permanents à Paris. Ils reçoivent l’aide d’Auguste Touchard, député de la 1re circonscription du XIXe arrondissement à l’Assemblée Nationale, qui écrit au ministre de l’Intérieur pour aider Mojsesz à obtenir sa carte d’identité d’étranger. Le 10 décembre 1937, Marx Dormoy, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Camille Chautemps, répond qu’il soutient cette démarche.
Député, Touchard est aussi membre et militant du parti communiste et, depuis le début de la guerre civile espagnole, il entreprend plusieurs missions en Espagne en soutien des Républicains[11]. Il est donc très probable que Mojsesz soit influencé par cet homme politique militant et il se porte combattant volontaire avec la XIe Brigade Internationale, membre du bataillon Edgar-André pour les Austro-Allemands, il part pour l’Espagne le 29 janvier 1938. Le futur des époux Fisch prend fin tragiquement lorsque Mojsesz décède le 1er avril 1938 au combat dans le secteur de Batea, dans la province de Tarragone, en Catalogne[12].
L’Anschluss et la guerre
Le 12 mars 1938, l’Allemagne nazie envahit sans résistance l’Autriche qui, annexée, disparaît comme État politique ; Le 13, c’est l’Anschluss. Les lois de Nuremberg adoptées en septembre 1935 sont appliquées aux Juifs autrichiens, et promulguées avec une grande célérité, dans les premières semaines qui suivent. Répression, humiliation et souffrances deviennent le quotidien des Juifs autrichiens qui, depuis le 28 mars, n’ont plus de statut légal.
Du 9 au 10 novembre 1938, les nazis se déchaîne contre les Juifs durant le pogrom de la Nuit de Cristal (Kristallnacht). À 19 heures, la Brigittenau Tempel est attaquée et pillée. Sur l’ordre de Heydrich, des membres de la Section d’Assault (SA) et de la Jeunesse hitlérienne pillent tous les objets de culte en argent et déchirent les textiles. Les archives de la synagogue sont préservées pour être envoyer au service des renseignements à Berlin. L’arche de la Torah est mise à feu et toute la synagogue s’écroule sous les flammes. De toutes les synagogues à Vienne, une seule sera épargnée. Il y a des centaines de morts, de blessés et femmes violées. 6 000 hommes juifs sont arrêtés et envoyés à Dachau. Les synagogues de Vienne ne seront jamais reconstruites[13].
En France, le gouvernement Daladier s’installe deux jours après l’Anschluss. Les lois du Front Populaire comme la semaine de 40 heures ou le repos le samedi sont abolies. Le gouvernement veut favoriser l’emploi des Français. Une nouvelle loi pour contrôler les étrangers passe le 2 mai et le 12 novembre. Des camps d’internement sont construits en France, tel Gurs où les réfugiés de la guerre civile espagnole sont emprisonnés. La vie pour les étrangers qui demandent à vivre en France devient plus incertaine et compliquée, surtout pour les Juifs qui fuient l’Europe de l’Est et centrale, mais cela ne les dissuade pas de venir alors que la préparation pour la guerre s’accroît[14].
Lilli est condamnée à 1 mois de prison, le 10 mars 1938, pour être restée en France au-delà de la date valable de son visa de séjour. Puis elle reçoit un refus de permis de séjour et doit quitter le pays. Mais la Ligue française pour la défense des droits de l’Homme et du citoyen s’occupe de plaider son cas auprès du gouvernement[15]. Finalement, elle est autorisée à rester à la suite à cette intervention.
Un peu plus de deux mois après la mort de Mojsesz, Anna UDE, veuve de son mari, arrive en France le 13 juin 1938, nantie d’un passeport allemand délivré à Vienne avec un visa valable jusqu’au 8 juillet 1938. Elle emménage avec sa sœur Lilli au 33, rue Rébeval. Leur frère Mathias est arrêté à Vienne parce que juif le 24 juin 1938 et reste emprisonné dans les camps de concentration de Dachau, Buchenwald et Mauthausen jusqu’à sa libération, le 11 mai 1939 ; il rejoindra Lili le 14 juin 1939. Suzanne et Albert KOLB quittent Vienne et reviennent en France le 9 juillet 1938 et habitent à Chelles, en Seine et Marne. La matriarche Malka Reisel, veuve de Schlome, arrive en France le 7 août 1938 et rejoint ses filles rue Rébeval. La dernière des sœurs à quitter Vienne est Elsa, avec son mari Beno GOD et leur fille Pnina, mais la famille a choisi la Palestine, où Elsa retrouve sa sœur Fanny et son mari Joseph FISCH. Les BLUMENSTOCK ne sont plus viennois[16].
Il est clair que tout en gagnant son pain comme couturière dans le prêt à porter pour femme après avoir repris le numéro de registre commercial de son mari, Lilli est très proche des cercles d’Autrichiens réfugiés à Paris. Comme, par exemple, probablement un camarade de guerre de Mojzesz, Josef Stadlbauer qui est prisonnier au camp de concentration de Gurs. Il envoie une lettre datée du 14 juillet 1939 au ministre de l’Intérieur Albert Sarrault, plaidant pour sa remise en liberté afin qu’il puisse partir pour Tanger. Pour son adresse parisienne, il indique celle de Lilli Fisch au 33, rue Rébeval[17].
Le 1er septembre 1939, l’Allemagne nazie attaque et envahit la Pologne ; la France déclare la guerre le 3 septembre 1939. Dès le 18 septembre, les Allemands entrent dans Lublin, en Pologne. Mathias se porte engagé volontaire dans une Compagnie de Travailleurs étrangers (C.T.E.). À partir de mai 1940, des millions de personnes essayent de fuir les envahisseurs, c’est l’exode. Suzanne et Albert Kolb partent pour Montauban ; Anna et Malka Reisel, pour la Sarthe. Lili reste à Paris. Le 14 juin 1940, l’armée allemande entre dans Paris et l’occupe. Le 18 juin, à Londres, le général De Gaulle lance son appel à continuer le combat.
La Résistance
En décembre 1941, Lilli est en contact avec le Front national autrichien, organisme pour la résistance antiallemande à Paris. Lilli devient un agent du groupe et son nom de guerre est Claude Berger. Elle se spécialise dans la distribution de tracts écrits en allemand. Le but est de persuader les soldats de rejoindre la résistance et de lutter contre le régime nazi. Les meilleurs emplacements pour rencontrer ces soldats sont devant les hôpitaux et, bien sûr, les casernes de soldats allemands. Elle remet ces tracts directement entres les mains des soldats boulevard Saint-Michel. Lilli leur parle en allemand face à face dans les cafés ou dans la rue et parfois même leur donne plusieurs tracts pour qu’ils les distribuent eux-mêmes dans les casernes. Son activité est audacieuse et très dangereuse.
Lilli est en contact avec deux agents de liaison du groupe du Front national autrichien, Hélène et Nic, qui lui fournissent les tracts à diffuser. C’est Nic qui se procure une fausse carte d’identité au nom de Claude Berger pour Lili. Bientôt, pour faits de résistance, la gestapo la recherche. Elle déménage avec sa mère et sa sœur Anna. Car la résistance est désormais aussi une occupation de famille. À leur nouvelle adresse, 9, rue Campagne-Première dans le XIVe arrondissement, chaque personne contribue. Sa maman Malka frappe tous les tracts avec un tampon d’une croix gammée à l’encre rouge. Et sa sœur Anna l’accompagne dans le quartier du Trocadéro, devant les casernes et garages pour distribuer ces tracts.
Les agents du Front national autrichien, Hélène et Nic, sont arrêtés par la Gestapo. La famille est en grand danger. La mère et Malka ont un autre logement au 21, passage Lauzin, puis elles décident de partir se cacher dans la Sarthe, à Mansigné. Serka dite « Olga » Szpiro ABUSH (née le 24 avril 1900 à Lublin) cache Lilli pour 99 jours à son domicile au 12, boulevard Poissonnière, pour 99 jours, entre la date de son anniversaire en août et la fin novembre 1943[18]. Enfin, les trois femmes retournent rue Campagne-Première en janvier 1944. Suzanne est revenue à Paris de Montauban, car son mari Albert KOLB est déporté le 4 mars 1943 depuis Drancy et sera tué soit à Sobibor, soit à Majdanek[19]. Un autre natif viennois et résistant, Alfred Fritz, habite aussi à la même adresse[20]. La Gestapo vient plus d’une fois à la porte de l’immeuble, mais les concierges nient que Lilli y habite.
Tortures et inhumanités
Le 30 mars 1944, Lilli est recherchée « vainement » à la suite « d’une information émanant des Allemands qui la signalaient comme communiste ». Mais le 4 mai 1944, elle est arrêtée avec ses sœurs Anna UDE et Suzanne KOLB ainsi que leur mère Malka REISEL BLUMENSTOCK, et Alfred FRITZ au domicile du 9, rue Campagne-Première par les agents de la Gestapo et les agents de police français de Paris[21]. Le couple CHARPENTIER, concierge de l’immeuble, est arrêté aussi et sera « interné politique ». Les résistants sont incarcérés à la prison de Fresnes. Lilli est considérée comme le chef de groupe de résistance ; soumise à plus d’une quinzaine d’interrogatoires, elle subit des tortures, (cf la photo ci-dessous les témoignages de Lilli SEGAL et de Serka ABUSH dite Olga [22]).
Après trois mois en prison, le 27 juillet, les quatre femmes sont envoyées à Drancy. C’est de là que le 31 juillet, Lilli FISCH (quelques jours avant son 35e anniversaire), Suzanne KOLB (40 ans), Anna UDE (44 ans) et Malka Reisel BLUMENSTOCK (64 ans), montent dans un bus pour la gare de Bobigny d’où elles sont déportées à Auschwitz par le convoi numéro 77. Dans ce convoi se trouvent 40 autres personnes qui étaient en prison et torturées à Fresnes, et 23 natifs de Vienne, dont Alfred FRITZ et Lilli SEGAL[23]. Le train arrive à Auschwitz le 3 août.
Lilli est sélectionnée pour entrer dans le camp et tatouée sur le bras gauche du matricule A 16702. Elle est à Auschwitz jusqu’au 26 octobre 1944, lorsqu’elle est transférée dans un kommando de travail de femmes françaises, au camp de concentration de Gross Rosen Liebau. Liebau est un village allemand en Basse Silésie (aujourd’hui Lubowska, en Pologne). Ce camp de concentration est ouvert depuis septembre 1944.
À peu près 550 femmes provenant de France, Belgique, Hollande, Pologne et Hongrie travaillent dans trois camps de travail forcé. Il y a la manufacture de Kurt Laske où les femmes fabriquent des boîtes à munitions. Il y a l’usine Heinz Wendt Maschinenfabrik pour la fabrication de pièces pour avion. Et Lilli est assignée à l’usine de Nordland GmbH dans la fabrique de chenilles de char[24]. Elle travaille au moins 12 heures de suite, soit le jour soit la nuit, tout comme ses compagnons de souffrance. Les femmes reçoivent quelque nourriture trois fois par jour, qui consiste en un petit déjeuner : quart de pain, une touche de beurre et du café ; d’un déjeuner : un bol de soupe très claire ; et un dîner de la même soupe. Six mois plus tard, le 8 mai 1945, l’armée russe libère le camp de Liebau.
De Liebau, Lilli rentre en France, tout d’abord par le centre de Saint-Avold, où lui fut délivrée une carte de rapatriement, après être passée à la désinfection et au contrôle sanitaire, ainsi qu’à celui de la Police Militaire. Lilli pèse 35 kg, et le traumatisme de la déportation, de la mort de ses sœurs et sa mère, ainsi que l’esclavage, provoquent une aménorrhée. Elle est enfin rapatriée à l’Hôtel Lutetia à Paris le 5 juin 1945 et retrouve son appartement du 9, rue Campagne-Première.
De retour chez elle
Elle rencontre bientôt Moïse Auchman (né le 5 mars 1901 à Torczyn, Ukraine). Moïse a servi comme engagé volontaire au 12e régiment étranger d’infanterie à La Valbonne. Incorporé le 4 octobre 1939, il a combattu avec son unité dans l’Aisne, et a été fait prisonnier le 8 juin 1940 près de Soissons, puis interné au Stalag VII A. Situé à Moosburg dans la Bavière, c’est le plus grand camp de prisonniers de guerre en Allemagne. Il contient 80 000 prisonniers à sa libération par l’armée russe, le 29 avril 1945. Moïse est rapatrié en France le 16 mai 1945 et a été démobilisé à Marseille, le 4 octobre 1945. Son engagement dans l’armée et son statut de prisonnier de guerre lui facilitent l’accès pour une obtention de la nationalité française.
Moïse et Lilli ont une fille, Anne Marie, qui naît en juillet 1946 à Paris, et ils se marient le 26 novembre 1949 à la mairie du XIVe. Lilli devient alors française par mariage. En juin 1950, Moïse obtient son diplôme de docteur en médecine et travaille à l’OSE, une œuvre de secours aux enfants juifs qui a établi des dispensaires après la guerre.
Le 21 octobre 1954, après des années de paperasserie et de témoignages, Lilli reçoit sa carte de Déportée Politique et du gouvernement français la reconnaissance de ses activités dans la résistance. Dans le dossier qu’elle a réuni pour prouver son engagement, l’on trouve notamment une lettre de la résistante Lilli SEGAL qui témoigne, dans une lettre du 25 octobre 1949, de la présence de Lilli à Fresnes, ainsi que d’un interrogatoire et de tortures avenue Foch. Elle affirme aussi qu’à Drancy, elle lui a été présentée par « le groupe autrichien comme agente de liaison de leur réseau qui avait accompli les missions les plus dangereuses pendant les années 1942 et 43. » Raymonde FOUQUE, résistante homologuée, témoigne elle aussi de l’activité de Lilli, qu’elle a rencontrée en 1942 « comme agent de liaison de mon réseau de résistance » et durant l’année 1943 « au sujet de la distribution et la diffusion de tracts anti-allemands ». Il est à noter que, après-guerre, comme ce fut le cas pour Lilli SEGAL, le titre de déporté résistant sera refusé à Lilli FISCH, malgré son internement à Fresnes en tant que résistante, les témoignages et son argumentaire manuscrit reproduit ci-dessous sur deux pages (NDLR : Serge JACUBERT).
Lilli continue sa carrière commencée avant la guerre dans la mode comme mécanicienne dans la fourrure et comme modiste. En 1960, Moïse meurt et Lilli est veuve pour la deuxième fois de sa vie. Elle sera toujours très républicaine, pleurant pendant la Marseillaise et votant à toutes les élections. Elle avait donné sa vie pour défendre les deux. Et malgré tout, elle a aussi retenu des leçons de ses combats quand elle disait à sa fille « ne rentre jamais toute seule dans un commissariat ». Après neuf ans de maladie d’Alzheimer, elle meurt à l’âge de 92 ans le 28 août 2001, à Paris.
Lilli FISCH geb. BLUMENSTOCK, verh. Auchman
Foto einer Postkarte, datiert auf den 7. März 1928, Sammlung Anne-Marie Auchman.
13. August 1909 in Wien (Österreich) – 28. August 2001 in Paris (Frankreich)
Biographie erarbeitet, recherchiert und verfasst von Olivier Szlos und Anne-Marie Auchman, Tochter von Lilli, mit der Unterstützung von Laurence Klejman.
Lilli Fisch wurde am 13. August 1909 in Wien geboren. Ab Frühling 1937 kommt sie mit ihrem Ehemann nach Frankreich und lebt dort eine Weile mit ihrer Familie. Wegen ihres Engagements in der Resistance und als Jüdin wird sie schliesslich mit ihrer Mutter und Schwester mit dem 77. Konvoi über Drancy deportiert. Sie überlebt und kehrt nachFrankreich zurück, wo sie erneut heiratet und eine Familie gründet. Lilli verstirbt am 28. August 2001 in Paris.
Wien
In den Monaten zwischen 1904 und 1905 verließen Schlome Zelmann Blumenstock (geb. 1876) und Malka Reisel Munzenmacher (geb. 1880), die aus der Stadt Lublin stammen, welche seit 1795 vom Russischen Reich besetzt war, zusammen mit ihren drei kleinen Kindern Anna, Mathias und Suzanne das Land und zogen in die Hauptstadt des österreichisch-ungarischen Reiches [1].
Diese Familie polnisch-jüdischer Einwanderer ließ sich im Stadtteil Brigittenau, dem zwanzigsten Bezirk der wachsenden Stadt Wien, nieder. Die Bevölkerung der 20er Jahre wuchs aufgrund der Ankunft von Tausenden von Einwanderern rasch an. Bald wurden Fanny und Elsa geboren. Lilli, die jüngste Tochter der Blumenstock-Familie, wurde am 13. August 1909 [2] in der Ossmargasse 13 geboren.
Von 71.445 Einwohnern im Jahr 1900 wuchs der Bezirk Ende des Jahrzehnts auf 101.326 Einwohner an[3]. Das religiöse Zentrum des 20. Wiener Gemeindebezirks war die Synagoge in der Kluckygasse 11. Der von dem Architekten Jakob Gartner (1861-1921) entworfene Brigittenauer Tempel mit 560 Sitzplätzen für Männer und Frauen wurde zwischen 1899-1900 erbaut; er wurde von dem 1875 gegründeten Synagogenverein finanziert. Am 20. September 1900 wurde die Synagoge eingeweiht [4].
Einzelheiten von Lilli’s Kindheit sind uns nicht überliefert, aber wir können uns ihr Leben als Schulmädchen und ein bürgerliches Familienleben vorstellen; ihr Vater führte ein Geschäft. Aus ihrem Personalausweis von 1949 geht hervor, dass sie 1,52 groß ist, braune Augen und dunkelbraunes Haar hatte.
Ab 1920 und während der folgenden vierzehn Jahre hatten Schlome und seine Frau Malka Reizel das Glück, die Eheschließung ihrer Töchter im Brigittenauer Tempel mitzuerleben: Anna heiratete 1920 Richard M. Ude; Suzanne wählte 1928 Albert Kolb; Elsa heiratete 1932 Beno God; Fanny heiratete 1933 Schulim Joseph Fisch. Und im Alter von fünfundzwanzig Jahren, am 4. März 1934, heiratete Lilli Mojsesz Fisch. Ihre Trauzeugen sind Schulim Fisch, Bruder von Mojsesz und Albert Kolb. Rabbiner Benjamin Murmelstein und Hazan Shmuel Landerer halten bei der Hochzeit die Trauung ab[5]. Lilli’s Ehemann, ein Handelsangestellter, wurde am 12. Juni 1910 in Kopyczynce, Tarnopol, im österreichischen Galizien geboren, das aber seit 1921 zum polnischem Gebiet gehörte, so dass Lilli nach ihrer Hochzeit und Mojsesz als polnische Staatsbürger gelten [6].
Der Wiener Schriftsteller und Journalist Hugo Bettauer schrieb über Antisemitismus und veröffentlichte 1922 den Vorläuferroman Die Stadt ohne Juden, in dem er die Vertreibung von Juden mit Viehwaggons beschrieb, um sie aus Wien zu deportieren [7]. 250.000 Exemplare wurden verkauft. Tragischerweise wurde Bettauer 1925 von einem Nationalsozialist ermordet, ein Jahr nachdem der auf seinem Buch basierende Spielfilm erschienen war. Die politischen Spannungen in Wien waren hoch.
Am 30. Januar 1933 wird Adolf Hitler zum Reichskanzler ernannt und die Weimarer Republik wird das Deutsche Reich der Nationalsozialisten. Nach dem Aufstand der Wiener Arbeiter am 12. Februar 1934 geht die Polizei brutal gegen die Wiener Sozialisten vor. Am 25. Juli versuchen die österreichischen Nationalsozialisten einen Staatsstreich, der am 30. Juli scheitert. Lily und Mojsesz waren in den Reihen der Sozialistischen Partei aktiv.
Lilli’s Vater, Schlome Blumenstock, starb am 1. April 1936 in seiner Wohnung in Brigittenau in Wien. Er wurde am 3. April auf dem Zentralfriedhof Nummer IV beigesetzt. Sein Grab existiert noch heute [8].
Paris
Frankreich, Land der Hoffnung und der Erklärung der Menschenrechte, war mehr denn je ein bevorzugtes Ziel für Juden, die ihr Land für ein besseres Leben verließen. Am 4. Juni 1936 wird Léon Blum zum Ratspräsidenten ernannt, nachdem die Koalition aus mehreren linken Parteien und Radikalen, die sogenannte Volksfront, die Parlamentswahlen gewonnen hat. Diese Volksfront verkündete seit etwas mehr als einem Jahr Gesetze, die den Arbeitnehmern mit 15 Tagen bezahlten Urlaub und der Verkürzung der Arbeitszeit mit der Vierzig-Stunden-Woche zugute kommen. Blum führte die Begriffe Urlaub und Freizeit ein. Die Politik der Volksfront steht in scharfem Kontrast zu den äußeren Ereignissen, als Spanien im Juli 1936 in einen Bürgerkrieg gerät und Hitler, der Österreich anschliessen möchte, unterzeichnet am 11. Juli ein Abkommen, das die Unabhängigkeit Österreichs garantiert, aber die Außenpolitik dieses « zweiten deutschen Staates » an die Deutschlands anpasst. Am 22. Oktober 1936 werden die Internationalen Brigaden offiziell gebildet, um an der Seite der spanischen Republikaner gegen den Militärputsch Francos zu kämpfen. Kommunisten und Internationalisten aus der ganzen Welt organisieren sich, um ihm den Weg zu versperren.
Mojsesz Fisch kam am 27. März 1937 in Frankreich an und passierte den Zoll am Grenzposten Les Ponts du Rhin im Elsass. Er hatte einen polnischen Reisepass, der 1935 in Wien erworben wurde, sein Visum war bis zum 13. Mai 1937 gültig. Lilli kam am 12. Mai 1937 zu ihrem Ehemann nach Frankreich und überquerte die Grenze in Saint Louis, Elsass, mit einem polnischen Reisepass und einem Touristenvisum, das im französischen Konsulat in Wien ausgestellt wurde und bis zum 8. Juli 1937 gültig war. Die Zeit drängte Mojsesz und Lilli daher, ihre Präsenz in Frankreich zu regularisieren. Ende Mai öffnete die Internationale Ausstellung 1937 in Paris ihre Tore, und Lilli fand dort schnell eine Stelle für die Dauer der Ausstellung bis Ende November. Lillis Schwester Suzanne und ihr Ehemann Albert Kolb arbeiteten ebenfalls für die Dauer der Ausstellung; sie wohnten in der Rue Rébeval 24, im 19. Arrondissement von Paris. Am 10. Juni 1937 erhält Lilli ihren Personalausweis für Ausländer, der auch als Aufenthaltsgenehmigung dient. Zusammen mit ihrem Ehemann wohnten sie in der Passage 3 bis Lauzin, im gleichen Arrondissement. Sie setzten ihren Regularisierungsprozess mit Hilfe der Französischen Liga für die Verteidigung der Menschen- und Bürgerrechte fort, der sie sich als politische Flüchtlinge präsentieren, weshalb sie Österreich verlassen hatten. Am 15. August, zwei Tage nach ihrem 28. Geburtstag, zog Lilli mit Mojsesz in die Rue Rébeval 33 im Bezirk Belleville. Wie Brigittenau in Wien hatte Belleville seit der Jahrhundertwende jüdische Einwanderer aufgenommen [9].
Am 8. November 1937 wird Mojsesz im Seine-Handelsregister als Damenschneider eingetragen und konnte sein Gewerbe legal ausüben. [10] Die Fischs sind auf dem besten Weg, in Paris dauerhaft ansässig zu werden. Sie erhalten Hilfe von Auguste Touchard, Abgeordneter des 1. Wahlkreises des XIX. Bezirks in der Nationalversammlung, der an den Innenminister schreibt, um Mojsesz zu helfen, seinen Personalausweis für Ausländer zu erhalten. Am 10. Dezember 1937 antwortete Marx Dormoy, Innenminister in der Regierung von Camille Chautemps, dass er diese Initiative unterstütze.
Als Parlamentsabgeordneter war Touchard auch Mitglied und Aktivist der Kommunistischen Partei, und seit Beginn des spanischen Bürgerkriegs unternahm er mehrere Missionen in Spanien zur Unterstützung der Republikaner [11]. Es ist daher sehr wahrscheinlich, dass Mojsesz von diesem militanten Politiker beeinflusst wurde und er sich freiwillig zum Kampf mit der 11. Internationalen Brigade, Mitglied des Edgar-Andre-Bataillons für die Österreicher-Deutschen, meldete. Er reiste am 29. Januar 1938 nach Spanien ab. Die Zukunft des Ehepaars Fisch findet ein tragisches Ende, als Mojsesz am 1. April 1938 im Kampf im Sektor Batea in der Provinz Tarragona, Katalonien, starb [12].
Der Anschluss und der Krieg
Am 12. März 1938 marschieren die Nazis widerstandslos in Österreich ein und annektieren Österreich als politischen Staat. Am 13. findet der Anschluss statt. Die im September 1935 verabschiedeten Nürnberger Gesetze werden auf die österreichischen Juden angewendet und in den ersten Wochen danach mit großer Geschwindigkeit verkündet. Repressionen, Erniedrigung und Leid werden zum Alltag der österreichischen Juden, die seit dem 28. März keinen legalen Status mehr haben.
Vom 9. bis 10. November 1938 kommt es zur Reichspogromnacht gegen die Juden. Um 19.00 Uhr wird der Brigittenau-Tempel angegriffen und geplündert. Auf Heydrichs Befehl plünderten Mitglieder der Sturmabteilung (SA) und der Hitlerjugend alle silbernen Kultgegenstände und zerstören die Textilien. Das Archiv der Synagoge wird aufbewahrt, um es an den Nachrichtendienst in Berlin zu schicken. Der Thorabogen wird in Brand gesteckt, und die gesamte Synagoge stürzt unter den Flammen ein. Von allen Synagogen in Wien ist nur eine einzige verschont geblieben. Hunderte werden getötet, verletzt und Frauen vergewaltigt. 6.000 jüdische Männer werden verhaftet und nach Dachau geschickt. Die Synagogen von Wien werden nie wieder aufgebaut werden [13].
In Frankreich ließ sich die Regierung Daladier zwei Tage nach dem Anschluss nieder. Die Gesetze der Volksfront wie die 40-Stunden-Woche oder die Ruhezeit am Samstag werden abgeschafft. Die Regierung will die Beschäftigung der Franzosen fördern. Am 2. Mai und 12. November wird ein neues Gesetz zur Kontrolle von Ausländern verabschiedet. In Frankreich werden Internierungslager gebaut, wie z.B. in Gurs, wo Flüchtlinge aus dem spanischen Bürgerkrieg inhaftiert wurden. Das Leben für Ausländer, die darum bitten, in Frankreich leben zu dürfen, wurde unsicherer und komplizierter, vor allem für Juden, die aus Ost- und Mitteleuropa flohen, aber das hielt sie nicht davon ab, zu kommen, da die Kriegsvorbereitungen zunahmen [14].
Lilli wird am 10. März 1938 zu einem Monat Haft verurteilt, weil sie über das Datum ihres gültigen Aufenthaltsvisums hinaus in Frankreich geblieben ist. Daraufhin wird ihr die Aufenthaltsgenehmigung verweigert und sie muss das Land verlassen. Aber die französischen Zuständigen für die Verteidigung der Menschen- und Bürgerrechte kümmerte sich darum, ihren Fall bei der Regierung vorzutragen [15]. Schließlich darf sie nach dieser Intervention bleiben.
Etwas mehr als zwei Monate nach Mojsesz’ Tod kommt Anna Ude als Witwe, am 13. Juni 1938 mit einem deutschen Reisepass, der in Wien mit einem bis zum 8. Juli 1938 gültigen Visum ausgestellt wurde, in Frankreich an. Sie zieht bei ihrer Schwester Lilli in der Rue Rébeval 33 ein. Ihr Bruder Mathias wird am 24. Juni 1938 in Wien verhaftet, weil er Jude war und bis zu seiner Freilassung am 11. Mai 1939 in den Konzentrationslagern Dachau, Buchenwald und Mauthausen inhaftiert bleibt; am 14. Juni 1939 wird er zu Lili gehen. Suzanne und Albert Kolb verlassen Wien und kehren am 9. Juli 1938 nach Frankreich zurück und lebtn in Chelles, in der Region Seine et Marne. Die Mutter Malka Reisel, Witwe von Schlome, kommt am 7. August 1938 nach Frankreich und schliesst sich ihren Töchtern in der Rue Rébeval an. Als letzte der Schwestern verlässt Elsa mit ihrem Mann Beno God und ihrer Tochter Pnina Wien, doch die Familie entscheidet sich für Palästina, wo Elsa ihre Schwester Fanny und deren Mann Joseph Fisch wiedertrifft. Die Blumenstocks sind nicht mehr wienerisch [16].
Es ist klar, dass Lilli, während sie nach der Übernahme der Handelsregisternummer ihres Mannes ihren Lebensunterhalt als Schneiderin in der Damenkonfektion verdient, den Kreisen der österreichischen Flüchtlinge in Paris sehr nahe steht. Wie zum Beispiel wahrscheinlich ein Kriegskamerad von Mojzesz, Josef Stadlbauer, der im Konzentrationslager Gurs inhaftiert ist. Er sendet einen Brief vom 14. Juli 1939 an den Innenminister Albert Sarrault und bittet um seine Freilassung, damit er nach Tanger abreisen kann. Für seine Pariser Adresse gibt er die Adresse von Lilli Fisch, die 33, rue Rébeval [17] an.
Am 1. September 1939 kommt es zum Überfall von Polen durch die Nazis; Frankreich erklärt am 3. September 1939 den Krieg. Am 18. September dringen die Deutschen im polnischen Lublin ein. Mathias arbeitet ehrenamtlich für eine Kompanie ausländischer Arbeitskräfte (C.T.E.). Seit Mai 1940 versuchen Millionen von Menschen vor den Eindringlingen zu fliehen, es ist der Exodus. Suzanne und Albert Kolb fahren nach Montauban, Anna und Malka reisen nach Sarthe. Lili bleibt in Paris. Am 14. Juni 1940 dringt die deutsche Armee in Paris ein und besetzt die Stadt. Am 18. Juni lanciert General De Gaulle in London seinen Aufruf zur Fortsetzung der Kämpfe.
Die Résistance
Im Dezember 1941 steht Lilli in Kontakt mit der Österreichischen Nationalen Front, einer Organisation für antideutschen Widerstand in Paris. Lilli wird Agentin der Gruppe und ihr nom de guerre wird Claude Berger. Sie ist auf die Verteilung von Flugblättern in deutscher Sprache spezialisiert. Ziel ist es, die Soldaten dazu zu bewegen, sich dem Widerstand anzuschließen und gegen das Nazi-Regime zu kämpfen. Die besten Orte, um diese Soldaten zu treffen, sind vor Krankenhäusern und natürlich vor den Kasernen der deutschen Soldaten. Sie verteilt diese Flugblätter direkt an die Soldaten auf dem Boulevard Saint-Michel. Lilli spricht mit ihnen auf Deutsch und trifft sich in den Cafés oder auf der Straße und überreicht ihnen manchmal sogar mehrere Flugblätter, die sie selbst in den Baracken verteilen können. Ihre Tätigkeit ist gewagt und sehr gefährlich.
Lilli steht in Kontakt mit zwei Verbindungsoffizieren der Gruppe der Österreichischen Nationalen Front, Hélène und Nic, die ihr die Flugblätter zum Verteilen zur Verfügung stellen. Es ist Nic, der für Lili einen falschen Personalausweis im Namen von Claude Berger erwirkt. Bald wird sie wegen Widerstandshandlungen von der Gestapo gesucht. Sie zog mit ihrer Mutter und ihrer Schwester Anna zusammen. Denn Widerstand war jetzt auch ein Familienberuf. An ihrer neuen Adresse, 9, rue Campagne-Première im 14. Arrondissement, leisten alle ihren Beitrag. Ihre Mutter und Malka versehen alle Flugblätter mit einem Hakenkreuzstempel in roter Tinte. Und ihre Schwester Anna begleitet sie in den Bezirk Trocadero, vor die Kasernen und Garagen, um die Flugblätter zu verteilen.
Die Agenten der Österreichischen Nationalen Front, Hélène und Nic, werden schließlich von der Gestapo verhaftet. Die Familie ist in großer Gefahr. Ihre Mutter und ihre Schwester Malka haben ein anderes Zuhause, die 21, Passage Lauzin, und beschließen dann, sich in der Sarthe, in Mansigné, zu verstecken. Serka, bekannt als « Olga » Szpiro Abush (geboren am 24. April 1900 in Lublin), versteckt Lilli zwischen ihrem Geburtstag im August und Ende November 1943 [18] 99 Tage lang in ihrem Haus am 12, Boulevard Poissonnière. Schließlich kehren die drei Frauen im Januar 1944 in die rue Campagne-Première zurück. Suzanne kehrte von Montauban nach Paris zurück, weil ihr Ehemann Albert Kolb am 4. März 1943 aus Drancy deportiert und entweder in Sobibor oder Majdanek getötet wurde [19]. Ein anderer gebürtiger Wiener und Widerstandskämpfer, Alfred Fritz, wohnte ebenfalls an derselben Adresse [20]. Die Gestapo kommt mehr als einmal an die Tür des Gebäudes, aber die Hausmeister bestreiten, dass Lilli dort wohnt.
Folter und Unmenschlichkeit
Am 30. März 1944 wird Lilli « vergeblich » gesucht, nachdem « eine Information von den Deutschen kam, die sie als Kommunistin meldeten ». Aber am 4. Mai 1944 wird Lilli zusammen mit ihren Schwestern Anna Ude und Suzanne Kolbund ihrer Mutter Malka Reisel Blumenstock und Alfred Fritzim Haus 9, rue Campagne-Première, von Gestapo-Agenten und französischen Polizeibeamten in Paris verhaftet [21]. Das Ehepaar Charpentier, der Hausmeister des Gebäudes, wird ebenfalls gefangen genommen und wird als politischer Häftling verhaftet. Die Widerstandskämpfer werden im Gefängnis von Fresnes inhaftiert. Lilli gilt als Anführerin der Widerstandsgruppe; nach mehr als fünfzehn Verhören wurde sie gefoltert. (siehe Foto unter den Zeugenaussagen von Lilli Segal und Serka Abush, bekannt als Olga) [22].
Nach dreimonatiger Haft werden die vier Frauen am 27. Juli nach Drancy geschickt. Von dort aus besteigen am 31. Juli Lilli Fisch (wenige Tage vor ihrem 35. Geburtstag), Suzanne Kolb (40 Jahre alt), Anna Ude (44 Jahre alt) und Malka Reisel Blumenstock (64 Jahre alt) einen Bus zum Bahnhof von Bobigny, von wo aus sie mit dem Konvoi 77 nach Auschwitz deportiert werden. In diesem Konvoi befinden sich 40 weitere Personen, die in Fresnes im Gefängnis saßen und gefoltert wurden, sowie 23 in Wien geborene Personen, darunter Alfred Fritz und Lilli Segal [23]. Der Zug trifft am 3. August in Auschwitz ein.
Lilli kommt in das Lager und bekommt auf ihrem linken Arm die Nummer A 16702 tätowiert. Sie bleibt bis zum 26. Oktober 1944 in Auschwitz, dann wird sie in einem französischen Frauenarbeitskommando in das Konzentrationslager Gross Rosen Liebau verlegt. Liebau ist ein deutsches Dorf in Niederschlesien (heute Lubowska, Polen). Dieses Konzentrationslager war seit September 1944 geöffnet.
Etwa 550 Frauen aus Frankreich, Belgien, Holland, Polen und Ungarn arbeiten in drei Zwangsarbeitslagern. Es gibt die Kurt Laske Fabrik, in der die Frauen Munitionskisten herstellen, des Weiteren die Heinz Wendt Maschinenfabrik für die Herstellung von Flugzeugteilen. Lilli wird dem Werk der Nordland GmbH in der Panzerkettenfabrik zugeordnet [24]. Sie arbeitet mindestens 12 Stunden am Stück, entweder Tag oder Nacht, genau wie ihre Leidensgenossinnen. Die Frauen bekommen dreimal täglich etwas zu essen, und zwar zum Frühstück: ein Viertel eines Brotlaibs, ein Hauch von Butter und Kaffee; zum Mittagessen: eine Schüssel klare Suppe; und zum Abendessen die gleiche Suppe. Sechs Monate später, am 8. Mai 1945, befreit die russische Armee das Lager Liebau.
Von Liebau aus kehrt Lilli zunächst über das Zentrum in Saint-Avold nach Frankreich zurück, wo ihr nach Desinfektion und Gesundheitskontrollen sowie denen der Militärpolizei eine Rückführungskarte ausgestellt wurde. Lilli wiegt 35 kg, und das Trauma der Deportation, der Tod ihrer Schwestern und ihrer Mutter sowie die Sklaverei hinterließen schwere Schäden. Am 5. Juni 1945 wird sie schließlich in das Hotel Lutetia in Paris zurückgeführt und kehrt in ihre Wohnung in der 9, Rue Campagne-Première zurück.
Die Rückkehr
Bald lernt sie Moses Auchman kennen (geboren am 5. März 1901 in Torczyn, Ukraine). Moses diente als Freiwilliger im 12. ausländischen Infanterieregiment in La Valbonne. Er wurde am 4. Oktober 1939 eingegliedert, kämpfte mit seiner Einheit in der Aisne und wurde am 8. Juni 1940 in der Nähe von Soissons gefangen genommen und dann im Stalag VII A interniert. Es befindet sich im bayerischen Moosburg und ist das größte Kriegsgefangenenlager in Deutschland. Bei ihrer Befreiung durch die russische Armee am 29. April 1945 befinden sich hier 80.000 Gefangene. Moses wird am 16. Mai 1945 nach Frankreich repatriiert und am 4. Oktober 1945 in Marseille demobilisiert. Sein Einsatz in der Armee und sein Status als Kriegsgefangener erleichtern ihm den Zugang zum Erhalt der französischen Staatsbürgerschaft.
Moses und Lilli haben eine Tochter, Anne Marie, die im Juli 1946 in Paris geboren wird, und heiraten am 26. November 1949 im Rathaus des 14. Arrondissements. Lilli wird dann durch Heirat Französin. Im Juni 1950 promoviert Moïse in Medizin und arbeitet bei der OSE, einem Hilfswerk für jüdische Kinder, das nach dem Krieg Waisenhäuser einrichtet.
Am 21. Oktober 1954 erhält Lilli nach jahrelanger Bürokratie und Zeugenaussagen ihren Ausweis als politische Deportierte und die Anerkennung der französischen Regierung für ihre Aktivitäten im Widerstand. In der Akte, die sie zusammengetragen hat, um ihr Engagement zu beweisen, befindet sich ein Brief der Widerstandskämpferin Lilli Segal, die in einem Brief vom 25. Oktober 1949 die Anwesenheit von Lilli in Fresnes sowie ihr Verhör und ihre Folterungen in der Avenue Foch bezeugt. Sie gibt auch an, dass sie in Drancy von « der österreichischen Gruppe als Verbindungsagentin für ihr Netzwerk, das in den Jahren 1942 und 1943 die gefährlichsten Missionen durchgeführt hatte », vorgestellt wurde. Raymonde Fouque, ein anerkanntes Mitglied der Résistance, bezeugt ebenfalls die Tätigkeit von Lilli, die sie 1942 « als Verbindungsagentin für mein Widerstandsnetzwerk » und 1943 « bezüglich der Verteilung und Verbreitung antideutscher Flugblätter » kennen gelernt hatte. Es sei darauf hingewiesen, dass nach dem Krieg, wie im Falle von Lili Segal, Lilli Fisch trotz ihrer Internierung in Fresnes als Widerstandskämpferin der Titel eines widerständigen Deportierten verweigert wurde, wobei die Zeugenaussagen und ihre handschriftliche Argumentation unten auf zwei Seiten wiedergegeben sind (Anmerkung von Serge Jacubert).
Lilli setzt ihre vor dem Krieg begonnene Karriere in der Modebranche als Pelzhändlerin und Hutmacherin fort. 1960 verstirbt Moses und Lilli wird zum zweiten Mal in ihrem Leben Witwe. Sie bleibt immer sehr republikanisch, weint während der Marseillaise und nimmt an allen Wahlen teil. Sie hatte ihr Leben gegeben, um beides zu verteidigen. Und trotz allem hat sie auch aus ihren Kämpfen gelernt, als sie ihrer Tochter sagte: « Geh nie allein auf ein Polizeirevier ». Nach neun Jahren mit einer Alzheimer Erkrankung, stirbt Lilli im Alter von 92 Jahren am 28. August 2001 in Paris [25].
Références
[1] Pour cette biographie, j’utilise les noms officiels autrichiens. Les noms yiddish polonais de chaque membre de cette famille à Lublin, Empire russe, sont : Szlomo Zelman Blumensztock, Malka Rajzel Micenmacher, Channa Blumensztock, Matys Blumensztock et Sura Rywka Blumensztock.
[2] Source : acte de naissance numéro 1632 – Österreich, Niederösterreich, Wien, Matriken der Israelitischen Kultusgemeinde, 1784-1911- Autriche, Basse-Autriche, Vienna, Registres de la communauté juive, 1784-1911, Registers for the Jewish Community of Vienna 1784-1911 (online source: www.familysearch.org)
[3] ttps://www.statistik.at/blickgem/vz1/g92001.pdf
[4] https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Vereinssynagoge_des_Brigittenauer_Israelitischen_Tempelvereins, et https://www.bh.org.il/jewish-spotlight/austria/vienna/synagogues/
[5] Archive de famille et https://geoffreyshisler.com/cantorial-world-of-vienna-1860-1938/
[6] Source : http://agadd.home.net.pl/metrykalia/300/sygn.%202858/pages/1_300_0_0_2858_0144.htm, et https://www.doew.at/erinnern/biographien/spanienarchiv-online/spanienfreiwillige-f/fisch-moses
[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Bettauer et The Columbia Historical Review, volume 2, winter 2002, “A Wary Silence: Karl Kraus In Interwar Vienna” by Alexander Moulton, page 15. http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.columbia.edu%2Fcu%2Fhistory%2Fpdf%2Fchr_vol2.pdf
[8] https://www.genteam.at/index.php?option=com_gesamt
[9] Archives Nationales de France – Fonds de Moscou
[10] Archives de Paris
[11] « Auguste Touchard » in Dictionnaire biographique Le Maitron, http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article132866
[12] Archive de famille et, « Moses Fisch » in Dictionnaire biographique Le Maitron, http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article113361
[13] https://encyclopedia.ushmm.org/content/en/article/kristallnacht
[14] Wikipedia – gouvernement Daladier
[15] Archives Nationales de France – Fonds de Moscou, dossier Fisch
[16] Arolsen Archives, Israel State Archives et Fonds de Moscou, dossier Ude et Kolb
[17] A.N. Fonds de Moscou, dossier Fisch
[18] Sur la Sarthe, voir l’excellent site https://lesdeportesdesarthe.wordpress.com/blumenstock-malka-nee-munrenmacher/ et https://lesdeportesdesarthe.wordpress.com/hude-anna-nee-blummensftock/.
In Archives de Caen Dossier Lilli FISCH 21 P 699 867. Serka Abush, dite « Olga », « médaille de la Résistance, membre des réseaux Comète et Libération du Nord (sic), croix commémorative » témoigne sur papier timbré le 11 juin 1951 que « madame Fisch Lilly » a été « pourchassée par les agents de la Gestapo pour ses activités de résistance » et l’avoir cachée chez elle.
[19] Convoi 50 – Yad Vashem et Mémorial de la Shoah
[20] Voir la biographie d’Alfred Fritz sur ce site convoi77.org. Il aurait été le compagnon de Lilli. https://convoi77.org/en/deporte_bio/fritz-alfred/
[21] Convoi77.org et stevemorse.org/France, site bilingue du Mémorial de la Déportation des Juifs de France
[22] Archives de Caen Dossier Lilli FISCH 21 P 699 867
[23] Lilli SEGAL, née Schlessinger, in Archives de Caen Dossier Lilli FISCH 21 P 699 867
[24] Archives de Caen Dossier Lilli FISCH 21 P 699 867
[25] Témoignage de sa fille.
Bonjour
Je suis historienne, je m’intéresse au parcours de Lily.
Je travaille notamment sur les personnes non juives qui ont pu l’aider.
Est-ce que la personne qui a rédigé cette fiche pourrait m’indiquer les informations biographiques du couple Charpentier qui a protégé Lily? Il est dit qu’ils sont déportés.
Merci d’avance pour votre aide.
Johanna Lehr
Chère madame,
je vous prie d’excuser ce retard pour ma réponse, mais je n’avais pas été alertée de votre message.
Olivier Szlos, qui réside aux Etats-Unis et est un descendant de la famille Blumenstock, est le principal rédacteur de cette biographie, en collaboration avec Anne-Marie, la fille de Lili qu’il a découverte dans le cadre de ses recherches. Nous avons bien entendu chercher à savoir ce qu’il était advenu des concierges de l’immeuble. Plusieurs indices laissent penser qu’ils sont au moins des sympathisants communistes… mais jusqu’à plus amples informés, nous n’avons rien pu trouver sur eux après l’arrestation. Ont-ils été relâchés immédiatement, plus tard? Internés à Fresnes ou à la Santé en attente d’un procès, et libérés après la Libération de Paris? Nous ne les avons pas trouvés parmi les déportés, en tout cas.
Il faudrait consulter les archives de la prison de Fresnes et de la Santé, lacunaires, me semble-t-il. Mais en commençant par les archives de la BS2 (éventuellement BS1, puisque Lili était juive), à la préfecture de police.
Une autre option, nettement moins sympathique, est qu’ils aient été indicateurs de police et arrêtés pour la forme, comme cela se produisait souvent pour ne pas alerter d’autres membres d’un réseau. Je ne crois pas à cette hypothèse, mais il faut l’envisager.
Tenez-moi au courant de vos recherches, dont je vais faire part à Olivier SZLOS.