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Il y a 82 ans, les nazis déportaient la quasi totalité de la communauté juive de Salonique (aujourd’hui renommée Thessalonique). Deux classes impliquées dans le projet international Convoi 77, l’une française et l’autre grecque, étaient présentes aux commémorations organisées en ce mois de mars 2025.
Un projet franco-grec
Durant leur séjour en Grèce, les élèves du lycée Victor Louis de Talence (Gironde) ont rencontré ceux du lycée d’Oraiokastro, dans la banlieue de Thessalonique. Les deux classes s’étaient investies dans le projet international Convoi 77 et travaillaient à distance sur les biographies de déportés originaires de l’ancienne Salonique. Leur travail commun sera prochainement publié sur le site de l’association
Une réception au Consulat Général de France
M. Jean Luc Lavaud , consul général de France à Thessalonique, et son équipe ont organisé une rencontre à laquelle ont participé (outre les enseignants et les élèves des deux classes préalablement citées) des enseignants et des élèves d’autres classes de Thessalonique participant au Projet Européen Convoi 77. Après la restitution du travail réalisé conjointement, une table ronde a permis aux enseignants d’échanger leurs expériences sur la façon de mettre en œuvre le projet. Enfin M. Georges Mayer, le président de Convoi 77, et Mme Domna Hatzigiannakou, du ministère grec de l’Éducation et des affaires religieuses en Grèce, ont décerné des diplômes à tous les participants.
Une marche pour se souvenir
Les élèves ont participé le 17 mars à la cérémonie officielle en mémoire des déportés, laquelle a lieu tous les ans. Celle-ci comporte une marche silencieuse d’environ un kilomètre reproduisant le parcours imposé aux juifs en 1943. Le trajet part de la place Eleftheria (« liberté » en grec) où les déportés étaient regroupés par les nazis, et se termine à la gare d’où partirent les convois en direction d’Auschwitz–Birkenau.
Cimetière juif de Salonique, fin du XIXe siècle
La mémoire de la présence juive n’est plus que partiellement visible aujourd’hui dans cette ville. En effet, les nazis ont tenté d’éliminer les traces de cette communauté. En 1942 ils ont ainsi fait raser le cimetière juif situé en plein cœur de la ville. Les pierres tombales ont été récupérées et dispersées de par la ville, aussi est-il fréquent d’apercevoir des morceaux de ces anciens monuments funéraires lorsque l’on parcourt l’actuelle Thessalonique. Le photographe Martin Barzilai a consacré un ouvrage à cette mémoire fantôme (voir sa présentation ainsi qu’une conférence vidéo de l’auteur).
Un foyer juif sur la mer Égée
Salonique en 1917
Salonique occupe une place particulière dans l’histoire et la géographie juives au point d’être surnommée « la Jérusalem des Balkans ». Cette ville a en effet vu s’épanouir une grande communauté juive, présente depuis l’Antiquité. Celle-ci s’est agrandie successivement, d’abord avec l’arrivée des juifs séfarades expulsés de la péninsule ibérique par les rois catholiques en 1492, puis avec les réfugiés ashkénazes fuyant les pogroms de Russie au XIXe siècle.
En 1941, les nazis s’empare de cette région de Grèce et imposent leur réglementation antisémite aux juifs de Salonique, bientôt contraints de vivre dans des ghettos. De mars à août 1943, la quasi totalité de la communauté juive est déportée, soit près de cinquante mille personnes. Moins de deux mille d’entre elles ont survécu.
Leur déportation est organisée par trois nazis, Dieter Wisliceny, Max Merten et Aloïs Brunner, que l’on retrouvera en 1944 à la tête du camp de Drancy, en France.
Le convoi n°77 compte parmi ses déportés 19 femmes et hommes né•e•s à Salonique, qui ont ensuite rejoint la France avant d’être arrêtés en 1944. Sept biographies sont déjà en ligne, quant aux autres elles font actuellement l’objet de recherches.
