Newsletter enseignants et chercheurs n°9

NEWSLETTER n°09. CONVOI 77
POUR LES ENSEIGNANTS ET CHERCHEURS

Janvier-Février 2022

Par l’équipe Convoi 77 France de Sciences Po
equipeconvoi77.sciencespo@gmail.com 

A noter dans vos agendas !

Les étudiants en master à Sciences Po Paris, engagés dans un projet collaboratif avec Convoi 77, vous invitent à assister à une conférence qu’ils organisent et qui aura pour thème :

« Commémorer la Shoah au XXIème siècle : nouveaux défis, nouvelles perspectives ? »

Un.e sociologue, un.e historien.nne ainsi qu’un.e enseignant.e qui travaille avec Convoi 77 échangeront sur les enjeux de la commémoration et les perspectives futures pour en renforcer la force et la portée, dans une discussion animée et modérée par François Heilbronn, vice-président du Mémorial de la Shoah. La conférence s’achèvera avec les questions de l’assistance.

Nous vous informerons prochainement du nom des invités conviés ainsi que des sujets abordés plus précisément, de même que les modalités d’inscription si vous souhaitez assister à l’événement.

QUAND ? Mercredi 16 mars 2022 de 19h15 à 21h15

OÙ ? Amphithéâtre Simone Veil, 28 rue des Saint-Pères, 75007 Paris

N’hésitez pas à nous contacter dès à présent sur cette adresse mél si vous souhaitez participer, donner vos idées, réagir … : equipeconvoi77.sciencespo@gmail.com

 

Déplacement mémoriel de Jean Castex à Auschwitz : l’importance de la transmission de l’histoire de la Shoah

A l’occasion de la journée internationale de commémoration pour la mémoire des victimes de la Shoah, le Premier ministre s’est rendu à Oświęcim le 27 janvier dernier, soixante-dix-sept ans après la libération par les forces alliées du camp d’Auschwitz-Birkenau. Entouré de Serge Klarsfeld, d’Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, et de Francis Kalifat, président du Crif, ainsi que des autorités locales, Jean Castex a rendu un hommage appuyé à la mémoire des millions de victimes, connues et inconnues, de la barbarie nazie.

Caractérisée par la présence exceptionnelle de Léon Lewkowicz et Elie Buzyn, rescapés d’Auschwitz, la visite a également été l’occasion pour le Premier ministre d’exprimer son inquiétude face à la recrudescence des actes de haine et propos révisionnistes dans la sphère publique, dénonçant en ces derniers l’œuvre de « falsificateurs de l’histoire ».

Symboles de la nécessité de cette transmission, plusieurs lycéens français ont assisté à la cérémonie avant de visiter, aux côtés du Premier ministre, le mémorial et le musée d’Auschwitz-Birkenau. Ils ont alors pu échanger avec les survivants de la Shoah, témoins des atrocités commises en ces lieux.

La portée de cette commémoration est d’autant plus forte que la visite du Premier ministre précédait de quelques heures la participation du Président de la République et du ministre de l’Éducation Nationale à la cérémonie « Témoignage, Mémoire, Enseignement, Histoire : transmettre la Shoah aux générations futures » au sein du Conseil de l’Europe, à Strasbourg.

© BARTOSZ SIEDLIK / AFP

 

Mise en lumière du projet européen Convoi 77 à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe le 27 janvier dernier

Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah organisée chaque année le 27 janvier : l’Europe, fer de lance de ces commémorations

Dans l’enceinte de l’amphithéâtre où se réunit l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) à Strasbourg, de nombreuses interventions ont permis en ce jeudi 27 janvier 2022 d’afficher le volontarisme partagé à l’échelle européenne de transmettre efficacement et durablement la mémoire de la Shoah aux jeunes générations. Le président de l’APCE, le flamand Rik Daems, a convié successivement plusieurs acteurs venus d’horizons divers (chef d’Etat, ministres, président d’associations, rescapés des camps…), à s’exprimer sur le sujet.

 

© Conseil de l’Europe

 

Convoi 77 salué comme projet pédagogique innovant et motivant

Il s’agissait avant tout de rendre hommage aux victimes, de rappeler l’horreur vécue, mais aussi de dessiner de nouvelles perspectives pour renforcer l’enseignement de la Shoah dans les salles de classe européennes. Le projet novateur Convoi 77 a été ainsi évoqué comme pionnier d’une nouvelle dynamique à encourager, dans les allocations du président français, Emmanuel Macron, et du ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, présent sur place. La mobilisation enthousiaste des enseignants et élèves de dix-neuf pays européens participant au projet Convoi 77, qui a pour but de « transmettre autrement », ainsi que les apports multiples retirés de cette expérience, apparaissaient évidents lors de la retransmission d’une courte vidéo. Certains élèves ont ainsi cité l’impression, en rédigeant la biographie d’un déporté ayant un lien avec leur lieu de vie, de réaliser « une enquête », de « redonner une identité et une personnalité » aux victimes, ou encore de faire ressortir de l’oubli des « histoires perdues et jamais racontées ». Les enseignants, de leur côté, ont souligné une « belle opportunité » pour faire de leurs élèves de futurs citoyens « éclairés », davantage aptes à maîtriser l’éloquence et à s’engager activement sans leurs apprentissages, en allant chercher par eux-mêmes les « matériaux » de la mémoire (archives écrites, témoignages oraux…). Enfin, précisons que les 11 délégations d’élèves de Convoi 77 qui devaient recevoir un prix venant récompenser leurs travaux d’une particulière grande qualité suivaient la conférence à distance, pour cause de pandémie.

Une initiative française, l’ « Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe » : une promesse pour réformer la transmission de l’histoire dans 47 pays européens

La création récente d’un « Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe », une initiative proposée par la France, incarne cette détermination des acteurs européens à souligner l’importance qu’a cette discipline afin de développer la conscience qu’ont les jeunes Européens du passé de leur continent. La raison d’être de cet observatoire prend racine sur un constat inquiétant, qu’ont rappelé la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe, la croate Marija Pejčinović Burić : « La conscience historique de la Shoah s’affaiblit ; les jeunes européens connaissent moins bien la Shoah » ; mais aussi le porte-parole du groupe ADLE (Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe), Jacques Maire : « 15% des Français ont des préjugés antisémites selon un dernier sondage ».

Cet observatoire permettra de faire naître des coopérations entre systèmes éducatifs européens, de faciliter les échanges de méthodes pédagogiques en histoire, de les comparer aussi, et ainsi de faire « gagner en qualité et en ampleur » son enseignement dans toute l’Europe, selon le ministre de l’Education Nationale français. L’oubli ou encore l’ignorance des vies brisées de la part des jeunes générations, reviendraient à « prendre le risque de faire réapparaître les discours du pire », d’après les mots d’Emmanuel Macron.

 

Pour en savoir davantage sur cet observatoire, rendez-vous sur :

https://www.coe.int/fr/web/observatory-history-teaching/home

© Conseil de l’Europe

Sigle de ce nouvel observatoire

 

Les témoignages forts de rescapés

A propos de ce phénomène d’effacement, Simone Veil alertait déjà en octobre 2002 les ministres de l’éducation du Conseil de l’Europe. Son discours, retransmis au début de la cérémonie, mettait en garde sur la fin annoncée de l’ère des témoins, qui causerait dès lors une perte irréparable pour la perpétuation de la mémoire. A cet égard, l’allocation d’Eva Clarke (née le 29 avril 1945), depuis le Royaume-Uni où elle vit désormais, d’Eva Clarke, a été sans nul doute le moment le plus poignant et émouvant de cette cérémonie. Liliana Segre, rescapée de la Shoah en Italie, a également livré un témoignage bouleversant, en l’achevant par ces mots : « On ne sort jamais d’Auschwitz ».

© Conseil de l’Europe

Simone Veil prononce son discours en octobre 2002 devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg

Conclusion

Tous les acteurs réunis semblaient ainsi s’accorder sur l’impérieuse nécessité de développer des projets alternatifs, à l’image de Convoi 77, pour enseigner l’histoire de la Shoah. Pourquoi ? En citant Bertold Brecht, le député allemand du parti « Die Grüne » ayant pris la parole y a répondu : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ». Un rappel bien nécessaire…

 

Les films du mois de janvier qui racontent la Shoah …

Adieu Monsieur Haffmann, un film réalisé par Fred Cavayé. Avec Daniel Auteuil, Gilles Lellouche, Sara Giraudeau.

  1. Joseph Haffmann, bijoutier talentueux de Montmartre, décide d’envoyer sa femme et ses enfants en zone libre, à cause du contrôle de plus en plus pesant qui cible la population juive. Bien qu’il connaisse à peine son nouvel apprenti, François Mercier, il décide pourtant de lui confier les clefs de sa boutique et de son appartement, avant de pouvoir rejoindre sa famille en exil. Mais sa fuite ne se passe pas comme prévu, et Joseph est contraint de faire demi-tour et de demander à François et son épouse, Blanche, de se cacher dans la cave…

Adapté d’une pièce reprise à Paris l’été dernier, Adieu Monsieur Haffmann n’échappe pas aux pièges du théâtre filmé. Néanmoins, le procédé permet de créer un huis-clos plutôt réussi entre les trois personnages, confrontés à leurs états d’âme et dilemmes moraux face à l’Histoire qui les dépasse. Le film parvient à montrer la lâcheté d’un homme brisé par son sentiment d’infériorité, son incapacité d’être père et de réussir (François), qui profite de la situation de son patron pour mieux le manipuler et l’exploiter ; mais aussi la droiture d’une femme honnête (Blanche) ; ou encore l’inquiétude grandissante du propriétaire des lieux, qui sent peu à peu le piège se refermer sur lui.

Le journal Le Monde, dans ses pages « Critiques », a souligné la faiblesse d’un scénario qui pâtit de ses points de ressemblance avec Le dernier métro, de François Truffaut. Nous ne pouvons que vous recommander de voir ce dernier !

Une jeune fille qui va bien, un film réalisé par Sandrine Kiberlain. Avec Rebecca Marder, Anthony Bajon, André Marcon, Françoise Widhoff, India Hair.

La comédienne Sandrine Kiberlain s’essaye pour la première fois à la réalisation, dans un film épuré, touchant, porté par la fougue et le jeu rayonnant de l’interprète principale de son histoire, la révélation Rebecca Marder de la Comédie Française.

Irène rêve d’intégrer le conservatoire. Tourbillonnante, vive, solaire, elle court toute la journée, jonglant entre ses répétitions de Marivaux, ses longues discussions au café avec ses amis, en passant par le théâtre où elle est ouvreuse et le domicile familial, où son père, taiseux mais tendre, et sa grand-mère, libre de ton et avide de confidences, l’entourent avec son frère, Igor.

Bientôt, le spectateur par quelques allusions subtilement glissées dans les répliques ou les éléments du décor, comprend que l’intrigue se déroule dans le Paris de la Seconde Guerre Mondiale. Irène et sa famille sont juifs et peu à peu, le danger se fait de plus en plus tangible, les privations de plus en plus insensées. Mais Irène semble insouciante, emportée par les tourments de ses premiers émois et concentrée sur son concours d’entrée au conservatoire.

On perçoit tout au long du film l’empreinte qu’a du laisser le Journal d’Hélène Berr dans les souvenirs de la réalisatrice, et le film permet de retrouver cette association détonante entre légèreté et horreur qui se prépare, qui frappait à la lecture de ce livre.

Difficile de quitter la salle, non sans émotion, après les dernières séquences…

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