Lazare LOMBROSO

1928-2019 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: ,

Lazare LOMBROSO

Introduction

Nous allons essayer de reconstituer le parcours d’un déporté juif de la Seconde Guerre mondiale du nom de Lazare Lombroso en utilisant au mieux les différentes sources à notre disposition.

Date de naissance :

Il est né le 27 février 1928 à Lyon 7ème (Rhône) vers 6 heures du matin.

Famille :

Son père se nommait Haïm Lombroso et sa mère Lonna ou Louna. Elle était juive. Un témoignage indique également que Lazare avait une sœur.

Jeunesse :

La famille déménage à Paris au 4 rue Voltaire. Lazare était scolarisé à l’École primaire de garçons 4, avenue de Bouvines à Paris 11ème.

Date d’arrestation :

12 juillet 1944

Après sa déportation :

Il a habité à Paris III (120 rue de Turenne) où nous pensons qu’il a travaillé dans une fabrique ou dans une société de magazine.

Lazare Lombroso est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 2016. Il est décédé le 28 septembre 2019 à Fontenay-sous-Bois.

Conclusion :

Nous n’avons pas plus d’informations à son sujet et les documents donnés ne nous ont pas permis de trouver davantage d’informations sur sa scolarité et sa jeunesse.

Sources : DACCV / ITS Bad Arolsen

Son arrestation

Lazare Lombroso a été arrêté par la police française (car considéré par les nazis comme un « 1/2 Juif ») à Villepinte le 12 juillet 1944 en raison d’une dénonciation anonyme. (source : deportesdelyon.fr).

Nous avons choisi ce document car il prouve que Lombroso Lazare a été arrêté avec Lombroso Lonna.

Certificat de dépôt à la Préfecture de Police de Paris

Nous avons aussi choisi ce document car il démontre la date ainsi que le lieu de son arrestation.

Source : ITS Bad Arolsen

Source : ITS Bad Arolsen

Son parcours de déporté

Il est arrivé au camp de transfert de Drancy le 15 Juillet 1944 sous le numéro 25187. La fiche de fouille de Drancy indique qu’il avait 24 francs sur lui qu’il a dû laisser. Il est transféré le 31 juillet 1944 vers le KL (KonzentrationsLager – camp de concentration en Allemand) Auschwitz. Il y arrive le 3 août 1944 est se voit attribuer le matricule B-3851. Il y est « magazineur ».

Il est transféré en urgence le 28 janvier 1945 vers le KL Dachau, où il arrive le 4 février 1945, via le KL Gross-Rosen. Là-bas, il prit le numéro 139587. Libéré le 1er mai 1945, il est rapatrié le 13 mai 1945 et arrive en France le 17 mai 1945, par le centre de Strasbourg vers Sarrebourg.

Nous avons réalisé une carte de son parcours sur un logiciel de cartographie libre.

Trajet de déportation de Lazare Lombroso.
Cliquez ici pour visualiser la carte et la légende

 

Archives du musée d’Auschwitz-
Birkenau, Équipe du Bureau des Anciens Détenus,
Ministère des anciens combattants et victimes de
guerre. Source : deportesdelyon.fr

Concernant le transfert en urgence du 28 janvier 1945 vers le KL Dachau, nous avons recherché et trouvé les informations suivantes :

Le KL Auschwitz fût libéré le 27 janvier 1945 mais plusieurs documents dont des listes de transports du KL Auschwitz et du KL Dachau prouvent que Lazare Lombroso prit un train partit le 28 janvier 1945. Plusieurs théories sont imaginables :

  • la progression des Soviétiques dans le KL Auschwitz fût assez lente et la libération du camp aurait pu prendre plusieurs jours,
  • à partir du 12 janvier 1945, quand les Soviétiques ne fût plus qu’à 50 km du KL Auschwitz, l’administration nazie aurait pu remplir les listes de transports avant la déportations des prisonniers ou les marches de la mort, ce qui signifierait que Lazare Lombroso aurait pu être déporté vers le KL Dachau avant le 28 janvier 1945,
  • l’Armée Rouge aurait pu réécrire tous les documents détruits pour faciliter le compte des prisonniers restants en datant les documents au 28 janvier 1945 ;

En prenant compte le fait que dès 1945, l’administration des camps ne fût plus très efficace et que tous les dossiers importants, y compris les dossiers personnels des prisonniers furent détruits lors de la libération.

Légende : 1. Matricule Auschwitz ; 2. Nom du camp ; 3. Numéro
Dachau ; 4. Identité ; 5. Date de naissance ; 6. Ville de naissance ;7. lieu de résidence, 8. « race » (il s’agit d’un document allemand), 9. date d’arrestation, 10. lieu d’arrestation, 11. date de départ d’Auschwitz, 12. le commandant du camp.

Témoignage de Lazare Lombroso : son arrestation et sa déportation

« J’ai porté l’étoile de David et ai subi les nombreuses restrictions des lois antisémites de cette époque comme l’interdiction des lieux publics et le couvre-feu à vingt heures pour tous les Juifs. »

En France, le port obligatoire de l’étoile en zone occupée est promulgué le 29 mai 1942.

Le Militärbefehlshaber in Frankreich ou MbF, le commandement militaire allemand en France signe le 29 mai la 8e ordonnance qui rend le port de « l’étoile juive » obligatoire en public à partir du 7 juin 1942, pour les juifs de zone occupée de plus de six ans, Français ou étrangers.

Étoiles Juives lors de la 2e guerre mondiale

Exemple des lois pour le port de l’étoile juive

« Le 12 juillet 1944, la police française m’arrêta avec ma mère suite à une dénonciation. Nous étions cachés à Villepinte chez des amis. Ma sœur, en revanche, était cachée ailleurs. La police voulut me mettre les menottes mais ma mère dit que, étant donné transcription écrite de témoignages oraux qu’elle était là, je n’allais pas m’enfuir. Je fus remis à la Gestapo avant d’aller en prison. Je subis le « coup de la baignoire » pour me faire avouer où était ma sœur. »

Le supplice de la baignoire consistait à plonger le patient dans une baignoire d’eau glacée, menottes aux mains ramenées dans le dos, et à lui maintenir la tête sous l’eau jusqu’à suffocation presque complète. On le ramenait à la surface en le tirant par les cheveux ; s’il refusait encore de parler, on le replongeait immé­diatement dans l’eau.

« Nous fûmes ensuite mis dans des wagons à bestiaux qui partirent pour une durée de trois jours et trois nuits pour finalement arriver à Auschwitz, le 3 août 1944. Ma mère lors de la visite préparatoire à Paris avait de la peine à descendre du wagon et du coup elle se fit « tabasser » par les SS et moi aussi car j’avais voulu l’aider. Le tri se fit, « gauche : le camp, droite : les fours crématoires ».

Photographie extraite de l’Album d’Auschwitz ou Album de Lili Jacob.

« Je fus mis en quarantaine, puis tatoué, et enfin affecté dans un bloc et dans un kommando de terrassement. Il y avait tous les « métiers » au sein du camp, certains avaient la chance de travailler à l’abri. »

« A cinq heures, se faisait le lever avec de « l’ersatz » puis l’appel qui durait des heures. L’hiver, nous ne travaillions pas avant le lever du jour et du coup l’appel durait encore plus longtemps. Le travail se faisait en dehors du camp. Les kommandos étaient organisés avec un kapo (ancien détenu qui avait « droit de vie et de mort sur nous »). L’hiver, la terre était tellement gelée qu’il était difficile de creuser. Le midi, nous avions « une soupe » et j’espérais que le kapo allait remuer la soupe sinon ce n’était que de l’eau. Si personne ne passait pour avoir sa ration, les coups tombaient. Chaque déporté devait avoir sa gamelle et sa cuillère et il fallait faire attention à ne pas se la faire voler. Au dîner, nous avions un quart de pain avec de la margarine ou du saucisson. Le soir dans « les dortoirs », nous ne parlions tous que de nourriture, des souvenirs de plats cuisinés par nos femmes ou nos mères. Le soir, parfois il y avait des mises en rang où les SS retiraient cinquante personnes au hasard et les tuaient. »

Camps de concentration de Gross-Rosen

Camp de concentration de Dachau

Sa famille

Sa mère se nomme Louna ou Lonna Lombroso. Son nom de jeune fille est Amar ou Anav.

Elle est née le 7 mai 1896 à Istanbul, alors dans l’Empire ottoman.

Nous avons rencontré des difficultés lors de nos recherches. Nous ne pouvons pas savoir exactement le prénom de la mère de Lazare car celui-ci varie selon les archives.

Nous avons fait cette hypothèse car ces deux personnes sont nées à la même date.

Les deux documents suivants sont extraits du site du Mémorial de la Shoah.

 

Source : Mémorial de la Shoah

 

Grâce au registre des naissances ci contre, nous pouvons voir que Lonna est l’épouse d’Haïm Lombroso et qu’elle est la mère de Lazare.

Source : DACCV

D’après le témoignage trouvé par un autre groupe, il semble qu’elle aurait également eu une fille mais qui était cachée ailleurs. Nous n’avons pas réussi à la retrouver.

Elle est arrêtée avec son fils, en même temps que lui, à Villepinte, alors qu’ils étaient cachés chez des amis (témoignage). Sa fille n’était pas présente lors de la rafle, n’a pas été emmenée.

Grâce à ce document, nous avons pu comprendre que Lazare a été déporté avec sa mère, tous deux dans le convoi 77 du 31 juillet 1944, de Drancy à destination d’Auschwitz.

Sur le document ci contre, nous voyons que son numéro de déportée est le B 3851.

Alors que sur le document page suivante le numéro B3851 est le numéro de Lazare.

Source : ITS Bad Arolsen

Son père Haïm Lombroso (né le 05 mai 1884 à Istanbul, Turquie) avait déjà été déporté de Beaune-la-Rolande à Auschwitz par le convoi n°36 du 23 septembre 1942.

Rapatriement et état de santé

Monsieur Lombroso a été interné dans à Drancy, le 15 juillet 1944 immatriculé sous le numéro 25187 et déporté le 31 juillet 1944 en direction du camp de concentration d’Auschwitz.

Il est arrivé à DACHAU le 28 janvier 1945, venant d’Auschwitz, immatriculé sous le numéro 39587. (Il est libéré à Mittelwald par les Américains. Nous avons également relevé qu’il est libéré par les armées Alliés du Kommando d’Octztal.)

Ensuite il a été rapatrié le 17 mai 1945 par le centre de Strasbourg vers Sarrebourg.

 

Informations personnelles établies lors de l’examen médical :

Il est né le 27 février 1928 a Lyon.

Son adresse est le 120 rue Turenne à Paris 3 (75003).

Il a été arrêté pour motif racial.

Il a été libéré le 1er mai 1945.

Il mesure 1m65 pour 39kgs !

Son état de santé est indiqué comme « médiocre ».

Source : DACCV

Rapatrié, il rejoint le sanatorium Joffre de Champrosay, à Draveil, en région parisienne. Il s’agit d’un établissement public pour soigner les hommes victimes de tuberculose grave.

Source : DACCV

Déporté politique pour motif racial – nos sources principales

 

Voici la demande effectuée le 20 Septembre 1956, par Lazare Lombroso ; pour obtention du statut de déporté politique pour motif racial (exemplaire actuel en annexe).

Cette demande fut réalisée au service départemental de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Ce document contient des renseignements classiques (nom, adresse, métier…) et des informations essentielles (date de déportation, lieu de déportation…)

Le numéro de dossier est 21 P 565 698. Ce dossier contient de nombreux documents : une fiche médicale, une trace d’examen médical, des lettres, un extrait du registre d’acte de naissance, des fiches de contrôles, une fiche pour déporté ainsi qu’un certificat…

Sa demande a été acceptée. On peut le retrouver dans le registre des déportés politiques.

Cette demande nous a permis d’avoir accès à de nombreuses sources pour nos recherches.

Source : DACCV

Le lieu de déposition et à Paris, Rue Bercy, cet endroit a énormément changé. Là où auparavant, nous pouvions observer de vieilles enseignes et d’anciens bâtiments, se trouvent maintenant des immeubles modernes. La différence est flagrante.

 

Avant (1964 environ)

Après (2022)

Enfin, dans les documents, nous avons également trouvé une lettre indiquant un camarade de déportation nommé Elysée Manceaux. Nous n’avons pas trouvé d’informations au sujet de celui ci.

 

Sources:

  1. Source : DAVCC
  2. Source : ITS
  3. Source : Archives du musée d’Auschwitz-Birkenau, Bureau des Anciens Détenus
  4. Certificat de dépôt à la Préfecture de Police de Paris

 

Les sources mises à disposition par « convoi77 »

Les sources de l’ITS et de la DAVCC ont été mises à disposition par les organisateurs du projet
« convoi 77 ». Il nous a été conseillé de consulter également le site du « Mémorial de la Shoah »

Présentation de ces sources :

L’INTERNATIONAL TRACING SERVICE / ITS

L’International Tracing Service (ITS) est un centre d’archives et de documentation sur les
persécutions nazies et la libération des survivants. Sur la base de plus de 30 millions de documents,
il procure aux anciens persécutés et à leurs descendants des informations sur l’incarcération,
le travail forcé ainsi que sur l’assistance des Alliés dans l’après-guerre.
Les élèves ont également eu à leur disposition une liste de sites internet en lien avec la recherche, en
plus des sites et informations qu’ils ont pu trouver par leurs recherches personnelles sur internet.

La Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC)

À CAEN Les archives du PAVCC de Caen, antenne du Service Historique de la Défense, regroupent notamment des dossiers concernant les individus décédés ou non, reconnus victime de guerre et/ou ayant reçu la mention « mort pour la France » et « mort en déportation ». Des archives nominatives concernant les prisonniers de guerre et les travailleurs partis en Allemagne y sont également conservées. Ces dossiers peuvent s’avérer très utiles pour retracer un parcours et comprendre les démarches qui ont pu être menées après-guerre par l’interné ou sa famille.

LE MÉMORIAL DE LA SHOAH À PARIS

Sur le territoire français, le mémorial de la Shoah mène une démarche similaire au centre Yad Vashem en faisant des recherches sur les victimes de la Shoah arrêtées en France décédées ou ayant survécu. Sur leur site internet, il est possible d’interroger une base nominative contenant la liste du Mur des noms (victimes de la déportation), le registre des Juifs tués en France hors déportation, le registre des Juifs résistants membres des réseaux de l’Organisation Juive de Combat et le registre des Justes de France recensés par Yad Vashem. La base de données que vous pouvez consulter en ligne a été réalisée grâce à divers documents d’archives, ce qui peut expliquer certaines divergences d’orthographes, sur le nom, le prénom ou la date de naissance.
Les médiateurs du Mémorial National de la prison de Montluc nous ont communiqué les archives à leur disposition et ont partagé les documents de travail pour démarrer la recherche.

Liens:

  1. https://michelle-goldstein.blogspot.com/2007/11/des-nouvelles-de-bad-arolsen.html
  2. https://www.memorialdelashoah.org/
  3. https://www.nadir.org/nadir/kampagnen/mittenwald/2005/bro/Zweimal-auf-dem-Todesmarsch.html
  4. https://www.musee-armee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Support-Visite-Fiches-Objets/Fiches-1939-1945/MA_fiche-objet-etoile-jaune.pdf/
  5. https://www.deportesdelyon.fr/les-archives-par-famille-a-m/enfants-lombroso/
  6. Carte créée spécialement pour le projet par des élèves : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/trajet-de-lazare-lombroso_730665#5/48.822/20.168

 

This biography of Lazare LOMBROSO has been translated into english.

Contributeur(s)

La classe de 3e4 du collège Christiane Bernardin (Francheville) et leur professeure principale Mme Grieneisen.

Reproduction du texte et des images

Toute reproduction même partielle d'une biographie doit donner lieu à un accord préalable par écrit de l'association. Pour demander une autorisation, merci de remplir le formulaire ci-dessous : Formulaire

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