Aron SIMANOVITCH

1872-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: , , , ,

Aron SIMANOVITCH, 1872-1944

La vie d’Aron Simanovitch a été étudiée par un groupe de trois élèves du Lycée International Français de Vilnius, en Lituanie, dont Aron Simanovitch affirmait être originaire pendant l’Entre-deux-guerres.

Une célébrité

Le cas d’Aron Simanovitch est très particulier, car c’est une célébrité en tant qu’ancien « secrétaire de Raspoutine ». Il a fait l’objet de plusieurs publications, et a lui-même publié un récit autobiographique, Raspoutine et les Juifs. Sa petite-nièce Delin Colon s’en est inspirée pour publier Rasputin and The Jews: A Reversal of History en 2011. Mais le récit autobiographique est à traiter avec la plus grande prudence, car de son vivant Aron Simanovitch était déjà dénoncé pour des propos « fantaisistes ». Et parfois la fantaisie d’Aron Simanovitch ou de ses admirateurs peut aller très loin Simanovitch: dans son livre The Conspirator who saved the Romanovs (1971), Gary Null – qui se fera connaître comme animateur de radio, adepte des thérapies « alternatives », des campagnes contre les vaccins et de théories conspirationnistes – affirme même qu’Aron Simanovitch aurait sauvé Nicolas II et toute sa famille de l’exécution organisée par les bolcheviks en 1918…


Pour reconstituer la biographie d’Aron Simanovitch, le travail ne consistait donc pas tant à chercher des documents comme pour les autres déportés, mais plutôt à exercer un regard critique sur la masse d’informations déjà disponible. Pour cela, nous avons été grandement aidés par le travail d’Anastasia Rahlis, qui a publié un long article en russe sur son blog, « Арон Симанович и сыновья » (« Aron Simanovitch et ses fils« ) où elle confronte les propos d’Aron Simanovitch avec de nombreuses autres sources.
D’autre part, pour étudier la vie d’Aron Simanovitch après la Première Guerre mondiale, nous avons aussi été aidés par le dossier de police constitué sous la Troisième République à son sujet, transmis par les organisateurs du projet, et des informations données par les sites de généalogie comme familysearch.org ou ancestry.com, sans oublier les articles de presse d’époque accessibles sur le site d’archives newspapers.com.

Enfin, la publication de la biographie d’Aron Simanovitch sur le site convoi77.org a permis d’entrer en contact avec sa petite fille Micheline, qui a grandi auprès de lui entre sa naissance en 1934 et sa mise à l’abri en 1942, et son arrière-petite-fille Carol Gary.

Des origines lituaniennes… au sens large

D’après les documents français, Aron Simanovitch serait né le 15 février 1872 à Vilnius, en Lituanie, à l’époque dans l’empire russe, qui abritait une population juive très nombreuse dans ses périphéries occidentales. C’est lié à l’histoire du Grand Duché de Lituanie, qui à la fin du Moyen Âge et à l’Époque Moderne, s’étendait de la mer Baltique à l’Ukraine et ouvrait grand ses portes aux Juifs (chassés de bien d’autres pays européens) qui par leur savoir-faire artisanal et commercial contribuaient au développement du pays. Vilnius, capitale de la Lituanie, était même surnommée la « Jérusalem du Nord ».
Cependant, nous n’avons pas retrouvé l’acte de naissance d’Aron Simanovitch dans les registres juifs de la ville, tous conservés par les Archives Historiques de Lituanie, et publiés sur le site généalogique des Mormons familysearch.org. De plus, Aron Simanovitch utilisait pendant l’Entre-deux-guerres des documents d’identité lituaniens, qui se sont révélés finalement falsifiés… Comme plusieurs autres déportés officiellement « nés à Vilnius » mais introuvables dans les registres juifs de la ville, Aron Simanovitch est sans doute plutôt né dans la région de Vilnius… au sens large : en 1908, dans les registres de la ville de Saint-Pétersbourg, Aron Simanovitch affirme venir de la ville de Mozyr, en Biélorussie. Ce lieu de naissance est confirmé par sa petite-fille Micheline. La ville compte lors du recensement de 1897 un peu plus de 8000 habitants, dont plus de 70% de Juifs. Ces derniers représentent alors une partie importante de la population urbaine dans la Zone de Résidence qui leur est assignée à l’Ouest de l’empire tsariste, et où ils sont souvent regroupés en shtetl (bourgs ou quartiers à dominante juive).
Selon les documents, le père d’Aron Simanovitch s’appelait Simon, Samuel ou Simkhov. Il aurait eu de nombreux enfants suite à plusieurs mariages – lors de conversations privées, Aron Simanovitch aurait même mentionné le chiffre de vingt-et-un frères et sœurs. Nous ne connaissons l’identité que de trois d’entre eux, sa sœur Libba, décédée peu après avoir accouché d’une enfant en 1889, son grand frère Chaïm-Nessel, né en 1868, devenu marchand de métaux précieux, et un certain G., parti aux États-Unis.
Aron Simanovitch semble avoir passé sa jeunesse à Mozyr, s’y initiant au commerce et à la joaillerie avec son frère Chaïm-Nessel. Il a sans doute appris à lire et écrire, sans pour autant suivre une longue scolarité : une fois devenu célèbre, il aura la réputation d’être “illettré”, peu éduqué, et de mal parler russe.

 

D’une ville à l’autre

En 1901 au plus tard, Aron Simanovitch s’installe à Kiev, en Ukraine, toujours à l’intérieur de la Zone de Résidence assignée aux Juifs de l’empire russe. Il y ouvre une bijouterie.
À ce moment-là, Aron Simanovitch est déjà marié et père de plusieurs enfants. Sa femme Teofilia, née le 18 juin 1876, vient elle aussi d’une famille nombreuse, liée au monde de la construction et de l’artisanat, dont certains parents vivent à Saint-Pétersbourg, en dehors de la Zone de Résidence, sous la protection du ministre des Finances Serge Witte, qui cherche à développer l’économie et l’industrie de la Russie. Au moins cinq enfants naissent de cette union : Siemen/Simon, apparemment né le 2 avril 1896 – le fils préféré, le seul mentionné plusieurs fois dans les mémoires du père – puis Ioann/Jean, né le 5 mars 1897, Maria, née vers 1899, Solomon/Salomon, né le 11 avril 1901, et Clara, née à Batoum en Géorgie le 6 mai 1905. Un certain Iosif est aussi souvent mentionné, mais il pourrait s’agir d’un neveu vivant auprès d’Aron Simanovitch.

Kiev à la Belle Epoque

En 1902, Aron Simanovitch s’établit seul à Saint-Pétersbourg, avant d’y installer sa famille après le pogrom de Kiev du 13 au 20 octobre 1905, dans le contexte de la révolution de 1905, quand des éléments nationalistes, monarchistes et antisémites (“Centuries Noires”) s’attaquent à la population juive de l’empire. En octobre 1905, plus de 600 pogroms éclatent, en Ukraine surtout : une centaine de Juifs sont tués à Kiev, deux mille cinq cents à Odessa. Aron Simanovitch revient précipitamment à Kiev, où il découvre les vitres brisées, son magasin pillé, les cadavres de proches dans les rues… Il fait alors jouer ses relations dans la police et la corruption pour évacuer sa famille vers Saint-Pétersbourg – sans autorisation spéciale les Juifs n’ont pas le droit de s’y installer, car la capitale est en dehors de la Zone de Résidence assignée à l’Ouest de l’empire depuis la fin du XVIIIe siècle.
Les pogroms de 1905 sont loin d’être les premiers à se produire dans l’empire tsariste et tout particulièrement en Ukraine : après l’assassinat du tsar Alexandre II en 1881, une première grande vague avait éclaté dans la Zone de Résidence, poussant de nombreux Juifs à fuir la Russie (plus de deux millions de départs entre 1881 et 1914). Mais en 1881, Aron Simanovitch n’était pas en Ukraine, où les pogroms ont été les plus nombreux et les plus violents. D’après Aron Simanovitch, le traumatisme du pogrom de Kiev marque un tournant dans sa vie : à partir de ce moment-là, il serait devenu l’avocat, l’intercesseur des Juifs auprès de la haute société russe qu’il fréquentait.

Victimes du porgrom de Kiev, Kiev Jewish Metropolis, a history 1859-1914, Natan Meir, 2010

 

Le « bijoutier de la Cour »?

À Saint-Pétersbourg la famille vit au 9 rue Pouchkine, à partir de 1909, avant de déménager à une adresse voisine (de l’autre côté de la cour), au 8 rue Nikolaevskaïa, dans un quartier où habitent à l’époque nombre d’artisans, de commerçants et de domestiques. Le dernier appartement habité dans la capitale se compose de six chambres, pour un loyer mensuel de 215 roubles, l’équivalent du salaire d’un ouvrier : la famille appartient aux couches sociales aisées de la ville – après la guerre Aron Simanovitch affirmera aux autorités françaises avoir régulièrement séjourné à Nice avec sa famille en 1905-1908, dans un vaste appartement de l’Hôtel Cécil. D’ailleurs Aron Simanovitch est toujours bijoutier. Plus précisément, il se déclare maître horloger et marchand de métaux précieux, ainsi que de diamants, et tient une boutique d’ « objets en or ».
Dans la capitale Aron Simanovitch fréquente les théâtres, les cabarets, les courses de chevaux et les maisons de jeux. Il aurait même fondé plusieurs cercles de jeux de cartes, fréquentés par la haute société. C’est de cette manière qu’il acquiert une nouvelle clientèle, à laquelle il fournit des bijoux mais aussi des « conseils financiers » – il prête de l’argent contre intérêt. Aron Simanovitch affirme avoir ainsi pénétré le milieu de la cour impériale, par l’intermédiaire des princes Wittgenstein, gardes du corps de l’empereur Nicolas II, puis avoir été présenté à l’impératrice Alexandra, à qui il aurait vendu des bijoux… à bas prix, afin d’acquérir sa protection et sa recommandation. Néanmoins, Aron Simanovitch n’est mentionné ni dans le journal de l’impératrice, ni dans celui du tsar Nicolas II, ni dans leur correspondance.

La famille impériale: le tsar Nicolas II, la tsarine Alexandra et leurs enfants

Par contre sa réputation de joueur, remportant des gains faramineux et passant parfois des journées entières, sans dormir, à manier les cartes est confirmée par plusieurs témoignages.

Le « secrétaire de Raspoutine »

C’est Raspoutine qui l’aurait guéri, au moins provisoirement, du démon du jeu.
Grigori Raspoutine est un mystique et un guérisseur, qui est parvenu à s’attirer la protection de nombreux membres de la haute société russe, jusqu’à la famille impériale – surtout la tsarine – dont le fils le tsarévitch Alexis souffre d’hémophilie. Il correspond au personnage traditionnel du « pèlerin », qui a quitté sa Sibérie lointaine après des premières visions mystiques et a mené une vie d’errance. Mais c’est aussi un personnage haut en couleurs, qui s’affirme moine mais a une femme et des enfants, et a la réputation d’un débauché.

Raspoutine est présenté à Nicolas II et à son épouse le 1er novembre 1905, peu après l’installation à Saint-Pétersbourg de la famille d’Aron Simanovitch. Ce dernier raconte avoir déjà croisé la route du guérisseur à Kiev au début du siècle, avant de le rencontrer à nouveau par hasard à Saint-Pétersbourg. Même si Aron Simanovitch affirme avoir été auprès du pèlerin pendant de longues années, il semble qu’il n’ait véritablement fait la connaissance, ou ne soit devenu véritablement proche de Raspoutine qu’en 1914 ou 1915, alors que l’influence de ce dernier se renforçait auprès de la famille impériale après l’éclatement de la Grande Guerre.
À partir de la fin de l’année 1915 Aron Simanovitch rencontre de manière très régulière Raspoutine et acquiert la réputation d’être l’un de ses « secrétaires », malgré sa réputation d’ « illettré »… et même si Raspoutine n’avait pas véritablement de secrétaires, puisqu’il répondait personnellement aux lettres reçues. Mais les témoignages confirment que peu à peu Aron Simanovitch est devenu le principal « secrétaire » du « moine », du moins quelqu’un de proche travaillant dans son ombre, rendant divers services, et participant d’après ses récits à ses fêtes nocturnes. Aron Simanovitch en profite pour intercéder en faveur de ses amis juifs, qui souhaitent s’installer en dehors de la Zone de Résidence, obtenir des places dans les institutions d’enseignement malgré les quotas mis en place contre les Juifs à la fin du XIXe siècle, échapper aux persécutions ou simplement sortir de prison. Cela est confirmé par des témoins de l’époque, même si Aron Simanovitch exagère peut-être le nombre de Juifs sauvés par son intercession (des milliers ?) et son influence sur les décisions de la cour impériale en ce qui concerne la question juive, ou le refus d’une paix séparée avec l’Allemagne. Mais cette intercession ne se limite pas à la question juive : autour de Simanovitch gravitent plusieurs personnalités peu recommandables rencontrées dans les maisons de jeux, notamment des escrocs liés à l’industrie du sucre.
Le « secrétaire » profite aussi des talents de guérisseur de son protecteur : ayant appris que son fils Ioann Simanovitch souffrait depuis longtemps d’un problème neurologique incurable lui paralysant le bras gauche (chorée de Sydenham), Raspoutine aurait invité chez lui le malade et l’aurait guéri par une simple imposition des mains sur le front et un souffle dans les yeux. C’est en tout cas ce que Ioann racontait encore après la Seconde Guerre mondiale.
Pour le fils aîné et préféré, Siemen/Simon, Aron Simanovitch a de grands plans d’avenir – des études à l’Institut Polytechnique – et fait passer plusieurs requêtes par l’intermédiaire de Raspoutine pour échapper aux limitations imposées aux Juifs. Cela a sans doute fonctionné, Simon se présentant comme « ingénieur » après-guerre. De son côté Ioanna a étudié à l’Institut Supérieur du Commerce de Petrograd.

La chute

Mais en 1915-1916, si l’influence de Raspoutine se renforce, les offensives allemandes fragilisent l’empire tsariste et la situation des Simanovitch. Le frère d’Aron, Chaïm-Nessel, vient se réfugier avec toute sa famille auprès de son frère à Petrograd, le nouveau nom « russifié » de Saint-Petersbourg: dans les zones près du front, les Juifs – population jugée « non fiable » par les autorités tsaristes – ont été évacués de force.
D’autre part le protecteur d’Aron Simanovitch est de plus en plus contesté au sein de la Cour, dont plusieurs princes et ministres tentent d’éloigner Raspoutine. L’emprise de ce dernier sur le couple impérial se manifeste par des pressions pour faire remplacer le ministre de la Justice Alexandre Makarov par un homme plus conciliant, Nicolas Dobrovolsky. L’idée semble avoir été soufflée à Raspoutine par Aron Simanovitch lui-même.

Caricature de 1916 dénonçant l’emprise de Raspoutine sur le couple impérial

Les intrigues contre Raspoutine visent parfois son « secrétaire » : on a la trace dans la presse internationale d’une arrestation d’Aron Simanovitch le 22 février 1916 sur ordre du ministre de l’Intérieur puis d’un bannissement à Pskov. Il faut l’intervention de Raspoutine, de la tsarine et semble-t-il de Nicolas II lui-même pour qu’il puisse retrouver la liberté et revenir à Petrograd. Épisode qui suffit à confirmer la proximité entre Aron Simanovitch et Raspoutine.
Cet épisode survient alors que des rumeurs circulent déjà dans la capitale sur un prochain assassinat de Raspoutine, dont le ministre de l’Intérieur serait un instigateur. Aron Simanovitch s’active auprès de ses relations dans la haute-société pour empêcher le meurtre, pousse Raspoutine à se protéger… en vain.
Raspoutine est finalement assassiné le 17 décembre 1916, alors qu’il est l’invité du prince Ioussoupov. Dès que la rumeur de l’assassinat se répand dans la capitale, Aron Simanovitch participe à la recherche du corps. Son fils Simon trouve une galoche près d’un pont, peu avant la découverte du corps dans la Neva. La famille Simanovitch prend aussi soin des deux filles de Raspoutine, Maria et Varvara, pour lesquelles un appartement est trouvé – le Tsar leur accordera une pension.
Montrant trop peu de zèle dans l’enquête sur l’assassinat, le ministre de la justice Alexandre Makarov est finalement remplacé par Nicolas Dobrovolsky. Ce dernier se montre moins conciliant que prévu pour les personnalités un peu « louches » qui gravitaient autour de Raspoutine et Simanovitch, mais ouvert à une amélioration de la situation juridique des Juifs dans l’empire.
Cette victoire d’Aron Simanovitch est un peu tardive, car deux mois plus tard, le tsar Nicolas II est renversé par la Révolution de Février 1917. Aron Simanovitch est alors arrêté sur ordre de la Commission d’Enquête de la Douma, le Parlement. Au début de son interrogatoire, il prétend ne pas avoir connu Raspoutine, ne pas avoir été son secrétaire, ne même pas savoir écrire… ce qui est faux. Son appartement est perquisitionné, et tous ceux qu’on y trouve – les membres de sa famille, les deux filles de Raspoutine, leur gouvernante française et d’autres personnes encore – sont arrêtées. Sa famille est libérée dès le lendemain, mais Aron Simanovitch demeure emprisonné plusieurs jours, passant dans différentes geôles comme la forteresse Pierre-et-Paul. Il est finalement libéré, d’après son récit, contre un paiement de 200 000 roubles et la promesse de quitter la capitale, ce qui n’est pas confirmé par d’autres sources. De toute façon, Aron Simanovitch reste à Petrograd.
D’autre part, le gouvernement provisoire fait exhumer le cadavre de Raspoutine, enterré dans une chapelle en construction près du Palais d’Été, pour le faire incinérer dans une chaudière… de l’Institut polytechnique, où Aron Simanovitch souhaitait tellement que son fils Simon étudie.

Une longue errance

Aron Simanovitch demeure à Petrograd jusqu’à la prise du pouvoir par les bolcheviques en octobre 1917.  Un régime communiste s’instaure en Russie, mais des armées russes « blanches » tentent de le renverser: la guerre civile dure de 1918 à 1921-1922. La Russie est alors ravagée par les combats, mais aussi le chaos économique, la famine et le typhus.
En 1918, Aron Simanovitch se réfugie à Kiev – l’Ukraine a déclaré son indépendance. D’après ses mémoires, il parvient à emmener avec lui un grand nombre de diamants, cachés dans un plâtre autour de son bras, dans un train rempli d’invalides ukrainiens… Peu après, sa famille le rejoint.
Mais l’antisémitisme se développe en Ukraine, des bandes armées commettant en 1918-1920 des pogroms encore plus meurtriers que ceux de 1881-1914 : les Simanovitch partent pour Odessa, où se trouve l’armée russe blanche de Denikine et ses alliés français. Puis, quand l’armée française évacue en avril 1919, les Simanovitch se réfugient à Novorossiisk, un port russe au bord de la mer Noire aux mains de Dénikine. Les conditions de vie y sont précaires, un des fils Simanovitch y attrapant le typhus d’après le récit du père.
S’ensuit un départ vers Batoum en Géorgie, puis en Turquie, avant une installation en Allemagne – tandis que le frère Chaïm-Nessel se réfugie en Roumanie, où il exercera comme dentiste et est rejoint pour quelques temps par Ioann. En 1921 peut-être, Aron Simanovitch s’établit à Berlin, dans les premières années de la République de Weimar. Le contexte politique est très agité, et il y a une forte inflation. Aron Simanovitch tente de se relancer dans les affaires grâce au stock de diamants rapporté de Russie, mais n’y parvient pas.
En 1923 le fils Simon se marie avec une fiancée venue de Roumanie. La même année, le 21 avril, Aron Simanovitch et sa femme partent aux États-Unis, où habitent depuis longtemps déjà le frère G. Simanovitch (dans le New Jersey) et un neveu (à New York), américanisé sous le nom de Harry Linowitz. Plusieurs interviews sont accordées aux journaux américains, en tant qu’ancien secrétaire de Raspoutine.
Puis Aron Simanovitch revient en Europe. La famille s’installe finalement le 10 août 1924 à Paris, où Ioann les rejoint. À partir de 1928, Aron, Ioann et sa femme Bella vivent dans un appartement meublé 9 rue Roy, dans le 8e arrondissement. En 1936, alors que les fils vivent à d’autres adresses avec leurs épouses, Aron Simanovitch est logé au 49 rue La Fayette au Nouvel Hôtel dans le 9e arrondissement, puis au 27 rue Buffault en 1937, toujours dans le 9e arrondissement.

Le mémorialiste de Raspoutine

Aux autorités, notamment lorsqu’il prend des paquebots transatlantiques, Aron Simanovitch affirme être un journaliste, un écrivain, le mémorialiste de Raspoutine: c’est le statut qu’il cherche à acquérir depuis son échec commercial à Berlin.
En 1927, Aron Simanovitch soutient Maria Raspoutine quand elle attaque devant la justice française Felix Youssoupov – qui vient de publier J’ai tué Raspoutine – et exige une forte compensation financière. Mais elle est déboutée. L’année suivante, en 1928, Aron Simanovitch publie en russe Raspoutine et les Juifs. Souvenirs du secrétaire personnel de Grigori Raspoutine, sans doute écrit avec l’aide d’une autre personne. Il y défend la mémoire du moine, notamment en ce qui concerne son intercession en faveur de nombreux Juifs, à la demande de son secrétaire, mais exagère aussi quelque peu la durée et l’intensité de la relation entre le moine et le bijoutier :
«Pendant de nombreuses années, j’ai été auprès de Raspoutine, jour et nuit. C’est moi qui le connaissais le mieux. Je peux dire qu’il ne croyait pas particulièrement à la force de sa relation avec le tsar. Il me semblait souvent qu’il se sentait peu crédible, qu’il n’était pas serein. La pensée qu’il pourrait avoir un grand rôle à jouer un jour le tournait vers l’avenir. Il n’avait pas tant peur de sa mort que de sa chute et des conséquences inévitables avec lui. Raspoutine était d’une vanité très développée, et donc sa chute le gênait plus que sa mort. Il a essayé de se calmer en croyant en sa ‘force’, car il avait des motifs pour cela, que j’ai déjà communiqués. Tourmenté par les doutes et l’inquiétude quant à l’avenir, Raspoutine s’est tourné vers moi pour des conseils et un soutien amicaux. Il me considérait comme un bon mathématicien, avec une grande expérience et un esprit pratique. Il a cru en moi et s’est accroché à moi. J’ai aussi ressenti de l’attachement pour lui. Je n’ai jamais rien vu de mal de sa part et il n’a fait aucun mal aux autres. Ce n’était pas de sa faute si Nicolas II était un empereur faible. Avec mon aide, il a aidé des milliers de personnes et, grâce à sa gentillesse, en a sauvé beaucoup de la pauvreté, de la mort et de la persécution. Je n’oublierai jamais Raspoutine, et donc je n’ai le droit ni de le condamner, ni même de le juger en général. Il n’y a pas de personnes sans défauts, mais, à mon avis, Raspoutine a été plus honnête que toutes les personnes qui se sont rassemblées dans son appartement. »

L’ouvrage est par la suite traduit en plusieurs langues, notamment en français en 1930.

Mais une réputation peu recommandable…

Mais les activités d’Aron Simanovitch sont loin de se limiter à la littérature : en France, l’ancien « secrétaire » attire rapidement l’attention de la police… Dès 1924, la visite d’officiers allemands suspectés d’espionnage est signalée, ainsi que des soupçons de liens avec l’espionnage soviétique. D’autre part Aron utilise un passeport lituanien, mais les autorités lituaniennes informent la police française en 1937 qu’il s’agit d’une pièce subtilisée, et qu’Aron Simanovitch n’a pas la citoyenneté lituanienne.
La défense de la mémoire de Raspoutine ne suffit manifestement pas à faire vivre la famille Simanovitch…. Au mois d’août 1926, Aron est arrêté à la frontière entre l’Italie et l’Autriche, vers laquelle il tente de faire passer en cachette des diamants et d’autres objets précieux.
En février 1927, Aron Simanovitch est arrêté avec son fils Salomon à Paris dans le quartier des Ternes, alors qu’ils tentent d’échanger pour 15000 francs (près de 9000 euros d’aujourd’hui) de chervonets, la nouvelle monnaie soviétique mise en circulation en 1922. Les billets sont faux. Ils ont été fournis par un comte géorgien, Nestor Eristov – une vieille connaissance, que Simanovitch avait présentée à Raspoutine – qui lui-même accuse un ancien colonel de l’armée tsariste, Tcholokachvili. Eux aussi sont arrêtés. Tous prétendent avoir été convaincus de l’authenticité des billets. Aron Simanovitch est néanmoins incarcéré du 18 février au 18 novembre 1927, avant d’être relâché. L’enquête remonte à un certain Shtengeli, qui se présente comme un nationaliste géorgien diffusant de la fausse monnaie soviétique pour affaiblir l’URSS… En septembre de la même année, la presse à faux billets est découverte en Allemagne. Aron Simanovitch finira par être acquitté le 8 juillet 1930, puis à nouveau en janvier 1933, après que la Gosbank (la banque soviétique) a fait appel.

Coupure de presse d’époque reprise par Anastasia Rahlis sur son blog

Mais en 1928, Aron Simanovitch est à nouveau arrêté pour avoir signé un chèque en blanc de 8 000 francs. Cela lui vaut deux semaines d’emprisonnement et une condamnation en 1931 à verser un franc symbolique au destinataire du chèque… mais il sera finalement acquitté en appel par la Cour de Rouen en 1936…
Si Aron Simanovitch a fait appel d’une condamnation aussi légère, c’est peut-être parce qu’elle a été assortie d’une interdiction de fréquenter les maisons de jeux, qui représentent une bonne partie de ses revenus, comme à Saint-Pétersbourg. Aron Simanovitch est un joueur aguerri, et un rabatteur de jeu, dans des cercles comme « Opéra », « Frolic’s », « Cercle Hyppique ». En 1926, un rapport de police le décrit comme un « noctambule invétéré et un fêtard… On le considère comme un chevalier d’industrie sans aucun scrupule pour se procurer les sommes d’argent nécessaires à ses besoins. » Ses fils partagent sa passion du jeu et ce – Simon est lui aussi exclu des salles de jeux le 13 octobre 1934 à la suite d’irrégularités – même s’ils mènent leur propre vie dans les années 30 : Simon et Salomon tiennent deux comptoirs dans Paris, pour le commerce d’objets précieux et pour celui d’instruments de musique. Simon voyage sans doute beaucoup : le dossier de police mentionne une expulsion d’Allemagne nazie en 1933 ou 1934. Maria de son côté danse dans des cabarets, tantôt à Paris tantôt en Roumanie… tout comme la fille Maria de Raspoutine. Il est possible qu’elles aient partagé le même logement en Roumanie.
En attendant cette réhabilitation et cette réintégration dans le milieu du jeu, Aron Simanovitch et sa fille Maria reçoivent des assurances fin 1928 respectivement 100 000 et 200 000 francs, après avoir été renversés par une voiture sur les Champs-Élysées. Cet argent a peut-être été réinvesti : dans les années trente, la police relève de fortes sommes reçues du Royaume-Uni, grâce à des parts dans le pétrole anglais et américain.

Les contrecoups de l’affaire Stavisky

En 1934, Aron Simanovitch et son fils Simon sont même cités dans l’affaire Stavisky, qui fait trembler la Troisième République, et pousse les ligues d’extrême-droite à l’émeute le 6 février devant l’Assemblée Nationale.

Alexandre Stavisky est un financier juif originaire du gouvernement de Kiev, qui s’est rendu coupable d’importants détournements de fonds tout en compromettant des hauts fonctionnaires et des hommes politiques français. Le 8 janvier, il se suicide, ou « est suicidé », mais l’affaire ne s’arrête pas là. Le 20 février, le corps du magistrat Albert Prince, chef de la section financière du parquet de Paris, qui a été en charge de l’affaire, est retrouvé attaché aux rails et déchiqueté près de Dijon, sur la voie vers Paris. Il était arrivé à Dijon le jour même, dans le même train que Simon Simanovitch, alors en « voyage de noces » avec sa seconde épouse. Simon est interrogé par la police. Son père aussi.
Les trois fils Simanovitch sont cités par la presse comme de possibles complices du meurtre. Les journaux d’extrême-droite s’en mêlent, Léon Daudet réclamant dans L’Action française l’arrestation de Simon Simanovitch et de son père, ainsi que du patron du Frolic’s, Max Garfunkel.

Photographie de presse de Simon Simanovitch dans les années trente, reprise par Anastasia Rahlis sur son blog

De son côté Aron Simanovitch repart aux États-Unis le 31 octobre 1934 (arrivée à New York le 6 novembre), peut-être pour fuir le scandale, mais aussi pour récupérer de l’argent. Son frère (G.), qui avait été un entrepreneur avant la révolution d’octobre 1917, avait déposé dans la filiale d’une banque américaine à Pétrograd deux millions de roubles-or, confisqués par la suite par le régime bolchevik. Mais en 1933 les États-Unis et l’Union soviétique ont établi des relations diplomatiques, les premiers exigeant de la seconde le remboursement des dettes dues aux citoyens américains. G. Simanovitch, désormais décédé, avait été naturalisé américain, d’où l’espoir de la famille de récupérer l’argent spolié. Aron Simanovitch arrive à New York le 6 novembre 1934, mais ses démarches n’aboutissent pas. Aux États-Unis, il intervient aussi dans l’affaire Anastasia Tchaïkovski, qui affirme être Anastasia, la fille de l’empereur Nicolas II, qui aurait échappé à l’exécution de toute la famille par les bolcheviks en 1918 : Aron Simanovitch qui se présente en grand spécialiste des Romanov affirme que c’est une imposture.
Aron Simanovitch revient en France le 28 septembre 1935 mais le parfum du scandale ne s’est pas dissipé. Les autorités françaises songent à l’expulser, et l’arrêté est signé le 26 mai 1937. Mais plusieurs certificats médicaux et surtout le fait qu’Aron Simanovitch est apatride empêchent l’expulsion : aucun pays n’accepte de l’accueillir, même pas la Lituanie qui juge faux ses documents d’identité. En mars 1939, une assignation à résidence est proposée dans le Cantal, mais elle ne sera jamais mise en œuvre. Les fils Simon et Salomon font eux aussi l’objet d’un arrêté d’expulsion… puis d’une autorisation à séjourner par voie de sursis trimestriel.

Dans les années trente, Aron Simanovitch est recensé à l’hôtel dans le IXème arrondissement, à proximité du quartier des Folies Bergères où il s’adonne au rachat et à la revente de bijoux et pierres précieuses. Mais ce n’est sans-doute qu’un pied-à-terre « professionnel », car sa petite-fille Micheline se souvient avoir grandi auprès de lui dans un hôtel particulier du XVIème arrondissement, boulevard Beauséjour, où résidaient ses parents Maria née Simanovitch et Grégoire Solomoniks, originaire de Vilnius. La petite-fille se souvient d’un grand-père très affectueux, parlant un « vieux-russe » distingué d’avant la révolution qui impressionnait ses interlocuteurs, à rebours de la réputation d’illettré que ses détracteurs lui avaient bâtie, et faisant le baise-main aux dames. Un grand-père un peu trop galant avec les femmes peut-être, car Micheline n’a pas du tout connu sa grand-mère, qui avait quitté un Aron Simanovitch trop volage. Par contre elle a bien connu les petites-filles de Raspoutine, la fille de ce dernier Maria ayant rejoint les Simanovitch à Berlin puis à Paris, avant de se lancer dans une carrière de cirque dans les années trente, Maria Simanovitch s’occupant de l’éducation de ses filles.

Sous l’Occupation

Après l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, les Simanovitch perdent rapidement leur liberté.
Salomon est arrêté dès le 13 septembre, par une patrouille en pleine nuit, alors qu’il se fait passer pour un inspecteur de la défense civile… Il est condamné à quatre mois de prison. Par la suite, d’après le récit de Ioann, il retrouve son père dans un camp pour apatrides. À la fin de la Troisième République, plusieurs camps ont en effet été créés pour différents types d’étrangers : les réfugiés espagnols, les citoyens allemands et autrichiens, les apatrides… Néanmoins, Micheline ne se souvient pas d’avoir été au début de la guerre séparée de son grand-père, qui a donc peut-être échappé aux camps pour apatrides.
Après l’armistice de 1940, l’instauration du régime de Vichy, et l’occupation d’une bonne partie du pays par l’armée allemande, une partie des internés demeure emprisonnés, les autres sont libérés. Ce qui ne les empêche pas d’être victimes des rafles anti-juives plus tard. Ainsi, le 23 mars 1943, Salomon fait partie du convoi 52 de Drancy vers le camp d’extermination de Sobibor, où il est tué.
En 1942, les Solomoniks quittent précipitamment le boulevard Beauséjour et Micheline est cachée et baptisée pour cacher sa judaïté par les sœurs de l’école Sainte-Elisabeth rue de Lourmel, dans le XVème arrondissement – une petite-fille de Raspoutine est la marraine.

Aron Simanovitch, qui a poursuivi tant bien que mal son commerce de bijoux, est arrêté dans la nuit du 20 juillet 1944 au 39 rue Richer, dans le 9e arrondissement, puis envoyé au camp de Drancy. Sa petite-fille Micheline raconte qu’il était imprudemment sorti au restaurant pour fêter la Libération en cours du territoire français. Le carnet de fouille de Drancy montre qu’Aron Simanovitch avait alors 3600 francs sur lui, ce qui est une somme relativement importante en comparaison avec les autres détenus – cela équivaudrait à environ 700 euros aujourd’hui. Le « secrétaire de Raspoutine » est inclus dans le convoi 77, qui part le 31 juillet et arrive à Auschwitz le 3 août. Étant donné son âge (72 ans), Aron Simanovitch est sans doute envoyé aux chambres à gaz dès son arrivée, tout comme la majorité des déportés du convoi.
Les nazis finissent donc par éliminer Aron Simanovitch, alors qu’ils se sont inspirés de ses mémoires pour un ouvrage de propagande publié dans plusieurs langues en 1942-1943 : Le Tsar, le magicien et les juifs. Le cas d’Aron Simanovitch, prétendant exercer une grande influence sur le traitement des Juifs en Russie par l’intermédiaire de Raspoutine, est parfait pour illustrer les thèses sur le « complot juif » et la prétendue capacité des Juifs à manipuler les gouvernements du monde entier.

Les fils rescapés

Deux des trois fils d’Aron Simanovitch, Simon et Ioann, ont échappé à la Shoah.
Entre 1940 et 1942, Simon parvient à se réfugier au Liberia, en Afrique. Ses affaires y fleurissent rapidement, et il est assez proche des milieux gouvernementaux et du président Tubman : dans les années 1950 il préside la Chambre du Commerce et de l’Industrie du pays, qu’il représente même à la conférence de l’Organisation Internationale du Travail, où il est élu au Conseil d’Administration. À Monrovia, Simon est aussi nommé consul honoraire d’Israël. Il est décédé le 28 octobre 1958.
Ioann lui aurait vécu l’internement dans les camps pour apatrides, même si son parcours n’est pas très clair. Il aurait été dirigé vers un camp d’extermination par balles en Pologne, mais aurait été libéré en route par les Britanniques, avant d’atterrir dans un camp de personnes déplacées après la guerre. Son fils Henri, né en 1927, a échappé aux rafles, caché dans le Sud de la France pendant l’Occupation, peut-être avec sa mère. Après-guerre il s’est installé en Suisse. Ioann lui est parti comme Simon au Liberia en 1948. À Monrovia, il a ouvert le restaurant “Raspoutine” en l’honneur de son guérisseur : il y reçoit des membres de la famille Tubman, ainsi que plusieurs personnalités soviétiques, comme des diplomates ou Iouri Gagarine en 1962, après son vol dans l’espace. Il est décédé en 1977.
Par contre le destin des filles Simanovitch est inconnu.

Contributeur(s)

Three students from the French International High School in Vilnius, Lithuania, with guidance from their history teacher, Yvan Leclère.

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2 commentaires
  1. klejman laurence 4 ans ago

    Superbe bio pour un parcours vraiment atypique. Bravo pour ce travail !

  2. Carol Galy 3 ans ago

    Bonjour,
    Je suis la fille de Micheline Solomoniks, fille de Maria Solomoniks née Simanovitch, elle-même fille d’Aron et Teofilia Simanovitch
    Je peux vous fournir des compléments d’information et surtout apporter quelques corrections:
    par exemple
    – c’est ma grand-mère, Marie ou Maria, qui est née le 17 octobre1899 (mais ma grand mere s’est rajeunie de 2 ans sur ses paierrs francais!),
    – sa soeur Clara est née le 6 mai 1905 !
    – La 1ere femme de Jean s’appelait Bella, et non Marie! (la seconde, épousée au ibéria s’appelle Truda)
    Ma grand-mère a aussi eu une vie bien mouvementée: elle a aussi cotoyé les familes présidentielles Libériennes Tubman et Tolbert, par qui elle a d’ailleurs été décorée chevalier Grand Commandeur de l’ordre « Liberian Human Order of African Redemption » ).
    Elle a épousé Grégoire simanovitch et a eu une seule enfant, ma mère, en 1934. Elle est décédé en juillet 1989.
    Sa soeur Clara a vécu à Berlin où elle s’est marié avec Abraham Milstein (naturalisé en Henry Morton aux USA), puis aux Etat-Unis où elle a été naturalisé en Clara Morton et y est décédée sans descendance.
    Bien cordialement,
    Carol Galy (née Solomoniks)

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