Raymond GRUNBAUM

1922-1945 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Raymond GRUNBAUM

 

Recherches effectuées par Jeanne-Camille Armanet en mai 2022
élève de 3°1 du collège Marengo de Toulouse 

I. Sa famille
II. Sa vie de 1922 à 1944
III. La déportation
IV. Sa mémoire
V. Les sources

 

I) Sa famille

La famille de Raymond Grunbaum est une famille juive, originaire de Pologne qui a émigré en France dans les années 1900.

Ses grands-parents paternels, Raphaël Grunbaum et Schifra Beresin, sont tous les deux nés en Pologne. Son grand-père maternel Berck (Bernard) Sagel est né en 1873 en Pologne et est décédé en 1933 à Paris. Sa grand-mère maternelle Hanna Tchosniak est née en 1875 en Pologne et est décédée en 1934 à Paris.

Sa tante, Berthe Sagel (sœur d’Esther Sagel), est née à Paris en 1905 et est décédée dans le 7ème arrondissement de Paris le 11 janvier 1989.

Ses parents sont arrivés en France entre juillet 1902 et juin 1905, se sont mariés le 31 mai 1917 dans le 14ème arrondissement de Paris et ont été naturalisés Français en 1927.

Son père Jacob (Jacques) Grunbaum est né en 1882 à Opoczno en Pologne et est décédé le 15 novembre 1973 à Paris dans le 10ème arrondissement. Il a été témoin au mariage de ses belles-sœurs, Eva Sagel en 1920 et Rosa Sagel le 20 janvier 1925 dans la 4ème arrondissement de Paris. Il a aussi été témoin du mariage de son beau-frère, Georges Sagel le 18 janvier 1937, ce qui permet de connaître sa profession et ses domiciles au fil des années.

En 1917, au moment de son mariage, il habite  139 rue Oberkampf, dans le 4ème arrondissement de Paris. Il exerce alors la profession de cordonnier. En 1920, il change de prénom, s’appelant désormais Jacques Grunbaum. La famille réside alors 15 rue Mélingue dans le 19ème arrondissement de Paris et Jacques Grunbaum travaille comme marchand de chaussures. En 1937, la famille déménage 75 boulevard de la Villette dans le 10ème arrondissement de Paris où le père de Raymond est commerçant et ce jusqu’en 1939, date où toute la famille Grunbaum se réfugie en « Zone Libre », à Toulouse.

Sa mère, Esther (dite Fanny) Sagel, est née en le 12 octobre 1896 à Łęczyca en Pologne et est décédée en 1981 à Paris.

Jacob Grunbaum posant avec son épouse Esther et ses enfants Fernande et Raymond, France, 1936. De gauche à droite : Fernande, Esther (assise), Jacob et Raymond.

Sa sœur aînée, Fernande Grunbaum, est née en 1918 à Marseille et est décédée en 2002 à Paris. Avant 1939, elle travaillait au Ministère du Travail.

Sa petite sœur, Janine Grunbaum est née en 1937 en France.

Raymond Grunbaum marchant avec ses soeurs Fernande (à droite) et Jeanine (au centre), dans une rue de Toulouse (Haute-Garonne). France, mars 1944.

II) Sa vie de 1922 à 1944

Raymond Grunbaum naît le 13 juillet 1922 dans le 10ème arrondissement à Paris. En 1939, il obtient son bac et s’oriente alors vers des études de médecine.

« Raymond était un élève brillant. Il avait fait une année préparatoire PCB (Physique, Chimie, Biologie) et envisageait des études de médecine » témoigne sa sœur.

Raymond Grunbaum posant dans un jardin public. France, 1937

Au début de la guerre, sa famille se réfugie en «Zone Libre» à Toulouse. Vers 1940/1941, il emménage dans un appartement à Toulouse, 1 Place Saint-Pierre. Sur une photo datant de 1942 donnée par Janine Grunbaum au site du Mémorial Mondial de la Shoah, on le voit posant sur un chantier réalisé par les jeunes de l’UJJ (Union de la Jeunesse Juive). En 1944, il s’engage dans la résistance toulousaine en tant qu’agent de liaison, avec un grade de sous-lieutenant.

Raymond Grunbaum au premier rang posant avec des hommes non identifiés, sur un chantier de jeunesse, Le Cannet-des-Maures (Var). France, avril 1942.

III) Sa déportation

Le 17 mai 1944, il est arrêté par la milice française, boulevard de Strasbourg, à Toulouse sur dénonciation mais le rôle de la milice n’est pas indiqué clairement : un document du Service de Sécurité de Toulouse mentionne qu’il a été arrêté par un « organisme non-identifié ».

Selon un document de l’état français datant du 16 avril 1954, un groupe de « militaires allemands » se seraient présentés au domicile familial (heureusement vide) « avec l’intention probablement d’arrêter les différents membres de la famille Grunbaum ». Ce même document mentionne que : « Selon les renseignements recueillis, la déportation de Monsieur Grunbaum serait d’ordre racial. » Ce document n’a été transmis que le 16 avril 1954, environ quatre mois avant que la déportation de Raymond Grunbaum ne soit reconnue comme étant d’ordre politique, faisant écho en cela à d’autres documents indiquant qu’il a été arrêté comme résistant.

  •  17 mai au 15 juin 1944 : Raymond Grunbaum est incarcéré à la caserne Caffarelli à Toulouse avec d’autres familles juives.
  • 15 juin 1944 au 6 juillet 1944 : Raymond Grunbaum est interné, avec de nombreux résistants, au camp de Royallieu, une ancienne caserne militaire à Compiègne.
  • 6 juillet 1944 : Il est transporté en bus du camp de Royallieu vers le camp d’internement de Drancy.
  • 6 juillet au 31 juillet 1944 : Raymond Grunbaum est enfermé au camp d’internement de Drancy, surnommé l’antichambre de la mort. Ce camp est dirigé officiellement par le préfet de police mais est entièrement supervisé par des SS. A sa tête se succèdent Dannecker, Röthke et Brunner.
  • Le 31 juillet 1944 : Le convoi 77 quitte la gare de Bobigny. Le convoi est composé de 30 wagons, certains disposent d’un seau d’eau, de boîtes de vivres supplémentaires ou de quelques matelas. Le sol est partiellement recouvert de paille.
  • 3 août 1944 : Le convoi 77 arrive à Auschwitz-Birkenau en Pologne.
  • A une date inconnue, Raymond Grunbaum est déporté en wagon à bestiaux vers le camp de concentration de Sachsenhausen, en Allemagne, à 30 km au nord de Berlin.
  • 16 février 1945 : Il est transféré en wagon à bestiaux vers le camp d’extermination de Mauthausen-Gusen, en Autriche.

Raymond Grunbaum est affecté au Kommando de Gusen II, un camp satellite de Mauthausen, où il y avait des usines souterraines d’armement et une boulangerie, ce qui explique pourquoi, dans les archives du camp, Raymond Grunbaum est présenté comme boulanger. Gisen II est surnommé le camp des Juifs parce qu’ils y étaient très nombreux, tout comme les Polonais et les Russes. Raymond Grunbaum est décédé le 10 mars 1945 à Gusen II, moins de deux mois avant la libération du camp, à l’âge de 22 ans, 7 mois et 28 jours. Les causes et les circonstances de sa mort ne sont pas précisées mais dans ce camp, le travail était très dur, la nourriture et les soins médicaux, rares. On estime à 30 000 le nombre de déportés qui y ont trouvé la mort. Le corps de Raymond Grunbaum n’a pas été remis à sa famille. Son acte de décès est établi officiellement en octobre 1948, trois ans après sa mort.

IV) Sa mémoire

Bien que son corps n’ait pas été retrouvé, et même s’il n’a pas de sépulture, des traces de l’existence de Raymond Grunbaum demeurent, 78 ans après sa mort. Sa famille a tenu à faire connaître sa vie et a beaucoup œuvré pour conserver et perpétuer sa mémoire en publiant de nombreux documents.

Janine Grunbaum, sa sœur, a donné des photos de Raymond au site du Mémorial Mondial de la Shoah.

Sa sœur Fernande, a déposé un témoignage à Yad Vashem en 1991. Son cousin, Philippe Isapof, a fait de même en 2001.

Ses parents ont souhaité faire valoir son engagement pour la France et les circonstances de sa mort. Ils ont demandé l’inscription « Mort pour la France » sur l’acte de décès de leur fils, dressé en 1948. En 1995, a été ajoutée la mention « Mort en déportation ».

Sa mère a également entamé des démarches pour qu’il obtienne le statut de déporté politique pour attester de son engagement dans la Résistance. Cela a été reconnu en 1954, 10 ans après sa mort.

En l’absence de véritable sépulture, sa famille a tenu à graver son nom sur le monument de l’Alliance Israélite au cimetière de Bagneux, ainsi que sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris, inauguré en 2005. Son nom figure également sur le site du Mémorial Mondial de Yad Vashem.

V) Les sources

  • Archives de Paris (actes de naissance, mariage, naturalisation, décès)
  • Photos déposées sur le site du Mémorial Mondial de la Shoah par sa petite-sœur, Janine Grunbaum. Témoignage de son cousin Philippe Isapof et de sa sœur Fernande sur le site de Yad Vashem.
  • Document officiel du camp de Mauthausen décrivant son parcours au sein du complexe    concentrationnaire.
  • Demande d’attribution du titre de déporté politique demandé par sa mère.
  • Document du Ministère de l’Intérieur décrivant les circonstances de l’arrestation.
  • Lettre de témoignage de Janine Grunbaum

Contributeur(s)

Recherches effectuées par Jeanne-Camille Armanet en mai 2022, élève de 3°1 du collège Marengo de Toulouse 

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1 commentaire
  1. klejman 3 mois ago

    Attention ! Déporté politique ne veut rien dire d’autre que Déporté racial. Raymond n’a pas été reconnu comme résistant mais comme déporté juif.

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