Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l’antisémitisme explose en France : au dernier trimestre 2023, les actes antisémites ont été aussi nombreux que ces 3 dernières années cumulées, indique un rapport du Crif paru le 25 janvier 2024. Soit une augmentation de + 1 000%. Vous trouverez l’intégralité des chiffres dans le rapport, via ce lien.
L’ampleur de cette hausse est inédite, a souligné Yonathan Arfi, Président du Crif, à l’AFP. Il précise que dans 60% des cas, ces actes constituent des atteintes aux personnes (violences physiques, propos et gestes menaçant). « Ce sont bien les juifs qui sont visés, en tant que personnes », indique Yonathan Arfi dans une interview donnée sur France 2.
Le Crif rappelle que ces chiffres ne prennent en compte que ceux qui ont fait l’objet d’une plainte ou d’un signalement à la police.
Un rajeunissement des auteurs
Autre phénomène inquiétant, le rapport pointe une forte augmentation de ces actes en milieu scolaire. 12,7% des actes antisémites recensés ont eu lieu à l’école (primaire, collège, lycée, établissement supérieur).
Le rapport pointe une augmentation de + 1200% et un rajeunissement des auteurs de ces actes. Il note aussi que “ces faits sont accompagnés de propos faisant l’apologie du nazisme (près de 40% des actes), l’apologie du djihadisme (plus de 15% des actes) et de propos évoquant la thématique de la « Palestine » (près d’1/3 des actes).”
De l’actualité au passage à l’acte
Le rapport du Crif démontre que la forte hausse des actes antisémites est corrélée à l’attaque du Hamas contre Israël : “le jour même de la diffusion des images du massacre de civils israéliens, les actes antisémites augmentent de plus de 700% comparativement à la moyenne journalière observée d’année en année”.
Il rappelle que cette recrudescence a aussi été observée au lendemain de l’attentat contre l’école juive à Toulouse en 2012 (augmentation de près de 200%) et après l’attentat de l’HyperCacher en 2015 (augmentation de près de 300%).
L’historien Alexandre Bande, dans une interview à France 24 indique que d’autres moments en lien avec l’actualité au Proche-Orient ont donné lieu à une augmentation des actes et slogans antisémites, notamment en 2014 lors de la manifestation “Jour de colère” à Paris, et ce depuis la “Guerre des 6 jours” de 1967 qui a opposé Israël à l’Égypte, la Jordanie et la Syrie.
Alexandre Bande a co-dirigé la rédaction du livre “Histoire politique de l’antisémitisme : de 1967 à nos jours” parue en janvier 2024 aux éditions Robert Laffont.
L’importance de la transmission de la mémoire
Face à ces terribles chiffres, que faire ? Le sociologue Michel Wieviorka analysait mi-novembre le rapport des jeunes à l’histoire et à la mémoire de la Shoah sur France Info : “Pour les nouvelles générations, quand on parle de la Shoah, on parle de quelque chose qu’elles n’ont pas connu. Elles n’ont même pas non plus baigné dans une atmosphère où la Shoah existait concrètement, parce qu’on avait connu un grand-père qui avait survécu. Ce n’est pas du tout qu’elles vont minimiser ou oublier, mais elles n’ont pas les mêmes repères. Pour les jeunes générations, la Shoah s’est un peu institutionnalisée. On a des musées, des lieux de mémoire, des visites à Auschwitz, on l’enseigne dans les programmes… C’est rentré dans l’histoire et c’est peut-être un peu sorti de la mémoire.”
Lire l’intégralité du rapport du Crif.