Peintures, livres anciens, objets précieux… Dans tous les pays qu’ils ont envahis, les nazis ont pillé des œuvres d’art pour les rapporter en Allemagne. Des décennies plus tard s’est posée la question de réparer ces torts et, autant que possible, de permettre aux familles concernées de récupérer ce qui leur a été volé.

Un exemple d’œuvre d’art spoilée et finalement restituée: Paysage avec moulin à vent, par A. Schelfhout. Le tableau avait été en possession d’Abraham Nijstad, marchand d’art néerlandais et juif.
Enquêter pour restituer des biens spoliés
C’est à cette mission que se consacre, en France, la CIVS (Commission pour la restitution des biens et l’indemnisation des victimes de spoliations antisémites). Des commissions homologues existent en Allemagne, Autriche, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni et, depuis quelques années, ces cinq commissions sont fédérées au sein d’un réseau afin de partager les informations et les bonnes pratiques.
Cette année 2025, il est revenu à la France d’accueillir et de présider la réunion annuelle de ces commissions. Au cours de la journée ont été exposées cinq affaires de spoliation, certaines s’étant conclues par la restitution aux familles des biens volés.
Chaque affaire est le résultat d’un patient travail d’enquête. Il faut en effet retracer l’itinéraire des œuvres, attester qu’elles ont été confisquées par les nazis, et authentifier leur propriétaire au moment des spoliations.
Des élèves de Convoi 77 ont apporté leur aide
Comme beaucoup de personnes juives, le couple formé par Regina Kwartler et Schabsé Fanchel ont vu leurs biens confisqués entre 1940 et 1944. Or les élèves du collège Daniel Féry de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), encadrés par leur professeure Mme Marie-Astrid Deweerdt, ont mis au jour des archives et témoignages confirmant les spoliations. Ces sources ont émergé lors de leurs recherches sur la vie de Schabsé, qui fut déporté par le convoi n°77. Elles attestent qu’avant la guerre, le couple Fanchel-Kwartler possédait des biens immobiliers, un commerce et un terrain. Or les autorités leur ont tout confisqué, jusqu’à leurs meubles et leur argent liquide.
Ces archives sont donc susceptibles d’aider l’instruction du dossier en réparation devant la CIVS. Ainsi, l’an prochain, les ayant-droits de la famille Fanchel pourront-ils peut-être récupérer leurs biens. Les élèves, quant à eux, auront la possibilité d’exposer le fruit de leurs recherches lors de leur oral de brevet.