Golda ROSENBERG

1901-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Golda Thaia ROSENBERG (1901-1918)

Golda Chaia Herszbaum est née en Pologne le 18 mai 1901, à Bałuty (aujourd’hui Łódź). Ses parents étaient Chaim Herszbaum et Charma Pulvermacher. Son mari, Zailik Rosenberg, est également né en Pologne, à Grójec, le 12 janvier 1898. Il était tailleur. Ils ont eu trois filles. La première est née à Łódź le 15 avril 1918. Nous n’avons pas d’informations sur le lieu de leur mariage, mais comme leur première fille est née à Łódź, nous pouvons constater qu’ils ont gardé un lien avec cette ville.

Bałuty et Łódź (jusqu’à 1918)

Au début du XXe siècle, Łódź comptait environ 314 000 habitants et était la ville avec la plus grande population juive d’Europe. C’était un grand centre industriel en plein développement. Bałuty a été incorporée à la ville de Łódź en 1915, pendant la Première Guerre mondiale. Avant, c’était un grand village d’environ 100 000 habitants. La plupart des habitants de Bałuty étaient des artisans ou des travailleurs du textile. À Bałuty, les conditions de vie étaient dures, les conditions sanitaires difficiles, les gens vivaient dans des maisons surpeuplées. Baluty a rapidement acquis une mauvaise réputation de quartier de la pauvreté et de la criminalité.

Pour les habitants de Łódź, la Première Guerre mondiale a été une épreuve traumatisante. En général, sur le territoire de la Pologne partitionnée, plus de 3 millions d’hommes ont été mobilisés pour trois armées différentes – allemande, russe et austro-hongroise. En effet, au début de la guerre, depuis 1795, cela faisait des décennies que la Pologne n’était pas libre : le territoire de ce qui sera plus tard la Pologne, était divisé par l’Empire de Russie, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Des batailles sanglantes ont eu lieu entre toutes ces armées, et les Polonais ont été forcés par les occupants à se battre, même si cela signifiait tuer d’autres Polonais. 220 000 soldats de l’armée autrichienne ont été abattus, 200 000 de l’armée russe et 110 000 de l’armée allemande. Plus de 90 % du territoire de la Première République de Pologne était un grand champ de bataille, ce qui a causé beaucoup de dégâts. L’une des plus grandes batailles de la guerre s’est déroulée près de Łódź. En 1918, la Pologne a officiellement déclaré son indépendance. Golda n’avait alors que 17 ans.

 

Łodź (anciens panoramas, autour de la Première guerre mondiale)

Paris et Metz (1919-1939)

Après la Première Guerre mondiale et ses atrocités, le Paris des années 1920 est saisi d’un fou besoin de libération. Pendant près de dix ans, la capitale connait une période d’effervescence connue sous le nom d’« Années folles ». Les années folles entrainent les Parisiens dans une sorte de frénésie culturelle et sociale : la ville est transformée par les constructions Art déco, les automobiles envahissent les rues, les appareils ménagers révolutionnent la vie quotidienne… Des changements qui contribueront à l’émancipation des femmes, qui ont déjà pris goût à une certaine indépendance, involontairement éprouvée suite au départ des hommes pour le front. Sous l’impulsion de Mademoiselle Coco Chanel, elles adoptent également une mode représentative de leur état d’esprit : une coupe garçonne, des jupes plus courtes et des vêtements en général plus confortables, contrairement au corset encore porté à la Belle Epoque.

En raison du bilan des morts très élevé de la Première Guerre mondiale, le taux de natalité est faible. Pour résoudre ce problème, on a eu recours à l’immigration massive. Ces immigrés venaient d’Italie, du Portugal, mais aussi d’Europe de l’Est, dont la Pologne, comme les époux Rosenberg. Certaines villes du Nord étaient presque exclusivement composées de Polonais. Par ailleurs, grâce à l’apaisement des relations européennes, l’industrie française s’impose sur les marchés européens et le niveau de vie s’améliore. On peut penser que c’est dans ce contexte, mais aussi pour avoir une vie meilleure, que la famille Rosenberg arrive à Paris en 1919. Une deuxième fille, Rosa, naît le 22 septembre 1920 à Paris. Dans l’acte de naissance, il est indiqué que la famille habite 39 rue La Roquette et que le père de Rosa est tailleur. Le couple Rosenberg ne reste pas longtemps à Paris et déménage à Metz. Un second acte de mariage entre Golda et Zeilik Rosenberg a été rédigé à Metz en janvier 1924. Il leur permet de demander la naturalisation française.

Paris et Metz dans les années 1920

Lyon sous l’occupation nazie (1939-1944)

Dans les années 1930, le couple décide de déménager à nouveau et trouve une nouvelle maison au 29 rue St Eusebe à Lyon. On peut imaginer que c’est pour des raisons politiques avec le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe et en France. Golda a alors environ 40 ans.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lyon a connu un mélange de destins. Situé en zone sud, il devient, conformément à l’armistice du 22 juin 1940, la ville la plus importante de la France libre. Il joue un rôle majeur avec le redéploiement des services administratifs et des organes de presse de Paris. Important foyer intellectuel, Lyon voit paraître dès l’été 1940 de nombreux tracts et journaux clandestins. Parallèlement, la Résistance civile et militaire s’organise.

Le 11 novembre 1942, la situation change radicalement : Les troupes allemandes envahissent la zone sud et l’occupation allemande de la ville commence. Les services de répression nazis et la police auxiliaire de Vichy traquent les résistants et procèdent à de nombreuses arrestations. La répression s’abat également sur les Juifs et de nombreuses rafles sont organisées à partir d’août 1942.

Le 14 septembre 1944, lors d’un discours à l’Hôtel de Ville, le Général de Gaulle rend hommage à l’engagement de la ville et proclame Lyon « Capitale de la Résistance ».

Anciennes images de Lyon sous l’occupation nazie / Membres de la Résistance

Arrestation à Lyon et déportation de Drancy à KL Auschwitz-Birkenau (1944)

Léon Lerner, beau-fils de Golda Thaïa, était membre de la résistance gaulliste, mouvement inspiré par le général De Gaulle. Ils s’opposaient à l’armistice avec l’Allemagne nazie et à la collaboration de Vichy dirigée par Phillippe Pétain. Le 22 juin 1944, Léon a rendez-vous avec l’un des membres de son organisation de résistance. Mais ce dernier est arrêté sur le lieu de l’échange et torturé pour obtenir des informations, notamment sur l’adresse du domicile des Lerner. Le même jour, la police arrête les 4 membres de la famille, dont Golda Thaia Rosenberg avec son mari et la grand-mère d’Ida, et les remet à la Gestapo. Leon Lerner réussit à s’échapper mais meurt plus tard lors d’une autre mission.

Ida, la troisième fille de Golda, a été arrêtée dans un deuxième temps. Elle cite comme témoins de l’arrestation Mme Sanchez, née Francine Merlin, 26 rue du Nord à Villeurbanne et M. Henri Platzman, 92 rue de Montreuil à Paris et comme témoins de la déportation Mme Elly Majerowiz, 7 rue Fournet à Lyon et Mme Régine Jacubowiz, 53 rue des Quatre-Églises à Nancy.

Les archives indiquent que Golda Thaia Rosenberg a été déportée à Drancy le 31 juin 1944 après un séjour au Fort Montluc qui était une prison située dans la ville de Lyon. Celui-ci a été construit au début des années 1830 avec tout un système de remparts afin de protéger la ville contre les invasions. Pendant la Seconde Guerre mondiale, plus de 10 000 personnes y ont été amenées et des figures très célèbres de la Résistance française y ont été emprisonnées, comme Jean Moulin ou Marc Bloch. Parmi les prisonniers, il y avait surtout des communistes et des révolutionnaires ; dès le début de l’année 1943, toute la prison du Fort était sous le contrôle direct de Klaus Barbie. Les prisonniers vivaient dans des conditions inhumaines. On peut imaginer les mêmes pour Golda et sa famille dans le camp de transit de Drancy, les archives mentionnant une arrivée au camp d’Auschwitz-Birkenau le 3 août 1944.

Fort Montluc à Lyon et le camp de Drancy

KL Auschwitz-Birkenau était le plus grand des camps de concentration et des centres de mise à mort nazis. Lorsque les Juifs arrivaient au camp, les médecins SS séparaient ceux qui étaient aptes au travail (hommes et femmes) de ceux qui seraient conduits directement à la chambre à gaz (femmes avec enfants, enfants, personnes âgées, handicapées). On peut imaginer que Golda a été séparée de sa famille (mari, fille, mère).

Le 24 septembre 1954, lors de l’audition concernant la demande de status de déportée politique pour sa mère décédée, Ida, la troisième fille de Golda, a déclaré que sa mère, son père et sa grand-mère avaient été emmenés dans la chambre à gaz et assassinés le soir, et que leurs corps avaient été brûlés dans le crématorium. Ils ne sont pas revenus du camp d’Auschtwitz-Birkenau. Ida a réussi à survivre à l’enfer du camp d’Auschwitz. Elle est rentrée en France à l’âge de 21 ans.

Ida est décédée le 26 septembre 1999 à Caluire-et-Cuire dans la région Auvergne Rhône Alpes.

Contributeur(s)

Jagoda GROBELNA

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