Claude LÉON

1894-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Claude LÉON

Photo de Claude Léon
Source : LÉON Claude ©Mémorial de la Shoah

Claude (Léonce Charles) LÉON naît le 16 mai 1894 au 10, rue de Florence à Paris (VIIIe arrondissement). Il est français, de confession juive.

Acte de naissance
Source : LÉON Claude ©Archives de Paris

Il est le fils de Salomon Lucien Léon (1861, à Paris XVIe -1944, à Auschwitz), négociant, et de Hélène Violette Léon (née Heimann, 1872 à Lunéville -1944, à Auschwitz). Ils habitent alors le 10 rue de Florence à Paris (VIIIe arrondissement). Ses parents se sont mariés le 14 avril 1893 dans le XVIIe arrondissement de Paris. Claude semble être fils unique.

Acte de mariage des parents de Claude
Source : LÉON Claude ©Archives de Paris

Une participation héroïque pendant la première guerre mondiale

Son dossier militaire décrit Claude physiquement : il fait 1 mètre 69. Il a des cheveux châtain foncé, des yeux bleus, un front couvert, un nez moyen et un visage ovale.

Le document nous apprend que Claude Léon est mobilisé en octobre 1914 au 6e Régiment mais qu’il est réformé pour une « insuffisance de développement du cœur ».

Pourtant il est « engagé volontaire » en mai 1915 à Troyes dans le 2e régiment d’artillerie lourde.

Fiche matricule n°1664
Document 2 : Partie sous le collage « Suite des services »
Source : LÉON Claude © Archives de Paris
FRADO75RM-D4R1-1826-0309 à 0311

Partie « Blessures, Citations »

Ce dossier militaire nous renseigne sur la personnalité et le comportement de Claude Léon durant la guerre. Il est dit que c’est un « officier de valeur », « un excellent officier de liaison ». Il se fait remarquer pour « son sang-froid et sa bravoure téméraire ». Pour ces faits de guerre, il obtient la croix de guerre avec deux citations à l’ordre du régiment. Il est démobilisé le 8 septembre 1919. Claude effectue un stage de formation à l’école de guerre en 1929. Il obtient le grade de capitaine de réserve en 1933.

Son oncle maternel, Georges Sylvain Heimann, qui était est témoin officiel de sa naissance est caporal, Il meurt sur le front en octobre 1914.

L’après première guerre mondiale

Claude Léon aurait fait des études de droit. Mais il entre dans l’affaire familiale « Léon Frères ». Les fondateurs sont Charles Léon, son grand-père (1826-1889) et Alexandre Léon, son grand-oncle (1833-1907). Il s’agit d’une entreprise de tissage à Saint-Quentin.

L’usine est occupée par les Allemands pendant la première guerre mondiale et en grande partie bombardée. En 1922, les employés réintègreront progressivement des locaux neufs sur un seul site, boulevard Victor Hugo. La société Léon Frères construira aussi une cité ouvrière qui porte son nom.

Vue de l’usine de Saint-Quentin avant la guerre
Source : www.sastq.fr

L’usine après la Première guerre mondiale
Source : www.geneanet.org

Les parts de l’entreprise sont divisées en trois : Lucien Léon, son père (37.500 francs), Eugène Léon, le fils de son grand-oncle (150.000 francs) et Claude (112.5000 francs). Le siège social de l’entreprise est situé au 160 Rue Montmartre à Paris.

Le 11 juillet 1923, Claude épouse Jane Esther Hirsch (23-01-1904 à Joigny (84)- 08/08/1995 à Paris (XIVe arrondissement)) à Neuilly sur Seine. Le lendemain, le mariage est célébré à la synagogue de la Victoire à Paris. Un contrat de mariage est déposé chez Me Guitton, notaire à Paris.

En 1932, ils s’installent au 24 Rue de Téhéran. Ils sont locataires. Le couple aura quatre enfants : Vincent (1924-2002), Bruno (1925-1994), Thierry (1932-2005) et François (le 27 septembre 1940). Les deux époux ne s’entendent plus et ne vivent plus ensemble en 1940. Lorsque la France est divisée en deux, Jane Esther Hirsch quitte Paris pour la zone libre et se rend dans le Puy-de-Dôme.

L’arrestation

Nous ignorons tout de Claude Léon de 1941 à 1943. Mais en 1941 l’entreprise Léon Frères est « aryanisée » par les Allemands, qui désignent un administrateur provisoire, M. Léon Leriche, puis Alexis Chatelain, l’ancien directeur, démobilisé.

En 1943, nous retrouvons la trace de Claude Léon à Saint-Malo mais nous ignorions pourquoi il se trouve là. Il habite au 3 rue Charles La Chambre du 23 mars 1943 au 20 janvier 1944 chez Mme Emile Mahé (la maison a été détruite aujourd’hui). Il travaille pour la SNCF et est mis à disposition de la Reichbahn (chemin de fer allemand) à la gare de Saint-Malo en tant qu’interprète. Cet emploi est assez étonnant. Toutefois un rapport de la police française d’une enquête diligentée par la préfecture d’Ille-et-Villaine en janvier 1955 nous permet d’émettre l’hypothèse que Claude Léon y ait exercé une activité de résistance. Sur ce document, on voit que « n’aimant pas les Allemands et ne fraternisant jamais avec eux. Ses camarades ne furent pas surpris de son arrestation car LEON Claude faisait de la propagande anti-allemande et tout ce qui lui était possible pour nuire à l’Armée d’occupation ».

On peut donc penser que Claude Léon était résistant, même si nous n’avons pas trouvé d’appartenance à un réseau.

Rapport sur Claude Léon
Source : LÉON Claude ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P 476-13133018

En 1954, sa femme semble confirmer cette activité car elle dit que « cette situation était un camouflage ».

Source : LÉON Claude ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P 476-13133018

Le 20 janvier 1944, à 23 heures, il est arrêté à son domicile de Saint-Malo par la gestapo. Selon un témoignage de sa logeuse Mme Mahé, rapporté par son épouse, « les policiers étaient venus dans la journée, fouillant tout ». Les raisons de son arrestation ne sont pas connues. Le service chargé des déportés s’étonne en février 1954, que Claude Léon, décoré de la Légion d’honneur, soit allé de lui-même proposer ses services d’interprète aux Allemands : « démarche imprudente étant donné le nom de jeune fille de son épouse, née HIRSCH Jane Esther, et l’enquête sur sa personne qui devait suivre logiquement ».

Sa femme, indique qu’il aurait été arrêté pour « motif racial ».

Selon le fils cadet de Claude, François, qui tient l’information de sa mère, Jane Léon (Hirsch), la famille payait un collaborateur français très haut placé, Jean de Mayol de Lupé[1], pour éviter l’arrestation. Mais n’ayant plus suffisamment d’argent pour la protection, le fils et les deux parents auraient été arrêtés en même temps (Claude à Saint-Malo, ses parents à Paris). Aucun document ne nous permet de prouver cette hypothèse.

Jean de Mayol de Lupé

Claude est conduit à la maison d’arrêt de Saint-Malo, avant d’être transféré trois jours plus tard à Rennes. Le 15 mai 1944, la veille de son anniversaire, il arrive à Drancy où il est enregistré sous le matricule 21.992.

Carnet de fouille
Source : LÉON Claude ©Mémorial de la Shoah

Son père, âgé de 82 ans, qui résidait 17, rue de Phalsbourg à Paris XVIIe, est interné à Drancy le 14 juillet 1944 sous le matricule 25.114. Il a sur lui de l’argent (61.389 francs), des bijoux ainsi que des titres d’actions bancaires et obligations, des clefs de coffre-fort et un carnet de chèques de la Banque de France (il reçoit plusieurs reçus du carnet de fouilles).

Carnet de fouille du père de Claude
Source : LÉON Lucien ©Mémorial de la Shoah

L’arrestation de Claude a probablement conduit le dirigeant SS du camp, Aloïs Brunner, à faire chercher ses parents. Il est fort probable qu’une famille aussi connue se soit faite recensée comme juive quand l’ordre en a été donné en 1940. Il n’était pas difficile de les trouver. 

La déportation vers Auschwitz-Birkenau

Claude et ses parents sont déportés le 31 juillet 1944 vers le camp d’extermination d’ Auschwitz-Birkenau et sans aucun doute gazés à leur arrivée.

La déportation
Claude et ses parents

Source : LÉON Claude ©Mémorial de la Shoah

L’après-guerre

Le décès est prononcé le 29 novembre 1946. Claude est déclaré « Mort pour la France ». Sa femme obtient une pension de veuve. Paul Léon, cousin de Salomon, père de Claude, est reconnu tuteur légal des enfants.

Extrait des minutes des actes de décès
Source : LÉON Claude ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P 476-13133018

En 1955, Jane obtient pour lui le titre de « Déporté politique ».

En juillet 2000, un de ses fils, Vincent, demande à l’administration un acte de disparition.

En 2020, un cousin, José Meyer, dépose une feuille de témoignage sur le site de Yad Vashem.

Statut de déporté politique
Source : LÉON Claude ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21P 476-13133018

Feuille de témoignage
Source : yadvashem.org

Merci à François Léon, le dernier fils vivant de Claude, qui n’a jamais connu son père mais qui a bien voulu partager avec nous les souvenirs de sa mère.

Merci à Marc Jean, directeur des Archives de Saint-Malo, de nous avoir aidés dans cette recherche.

 

[1] Jean de Mayol de Lupé (1873-1955) : aumônier français militaire de la Légion des volontaires français, puis de la Division SS Charlemagne. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Mayol_de_Lupé

Contributeur(s)

Biographie réalisée par Maïwen, Maëlann, Blandine, Lucas, Louna, Yasminn, Elise, Manoë, Marie, Louise, Julien, Maeg, Ilan, Antoine, Léo, Manon, Olivia, Amandine, Jane, Maïa, Jeanne, Cerise, Lily-May, Angelina, Erwan, Théo, Malon, Emma, Charline, Délia, Leïla et Justine, élèves de Terminale du lycée Jacques Cartier de Saint-Malo.

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