Daniel STEPANSKI
Ci-contre : Photographie de Jeanine Stepanski (à gauche) et de Daniel Stepanski (à droite).
Source : Mémorial de la Shoah, Paris.
Deux groupes d’élèves, sous la direction d’équipes pédagogiques distinctes ont fait des recherches et produit, chacun, le fruit de leurs travaux sur la courte vie de Daniel Stepanski.
Accéder à la seconde biographie (visible sous la première).
L’enfance de Daniel Stepanski
Daniel Stepanski est né le 7 janvier 1937 à Paris, dans le 17ème arrondissement. Il habite au 60 rue de la Faisanderie à Paris, dans le 16ème arrondissement. Il a une sœur aînée prénommée Jeanine.
Juillet 1944 : l’arrestation et l’internement
Daniel a été arrêté le 14 juillet 1944 à son domicile parisien par la Gestapo, qui est la police politique du IIIème Reich et qui joue un rôle essentiel dans l’extermination des juifs. Il est arrêté parce qu’il est juif. Lors de son arrestation, Daniel est « écolier ».
Il est interné le 19 juillet 1944 au camp de Drancy. Drancy est un camp d’internement et de transit dans la région parisienne. Les conditions de vie dans ce camp sont difficiles, par manque d’hygiène, à cause des maladies et de la mauvaise alimentation. Les internés sont gardés par des Français, leurs papiers sont confisqués.
Juillet – août 1944 : la déportation et la mort
Daniel est déporté le 31 juillet 1944 à Auschwitz dans le convoi 77. C’est un « déporté racial », parce qu’il est juif. Il porte le numéro 35 903. Auschwitz est un camp de concentration et un centre de mise à mort situé dans la Pologne occupée par l’Allemagne nazie. Il est possible de le situer avec cette carte :
Daniel est arrêté car il est juif. L’idéologie nazie veut promouvoir la race aryenne et les juifs sont considérés comme une menace pour la « pureté » du peuple allemand. Pendant l’occupation, la France collabore et aide les Allemands à arrêter des juifs, pour les déporter. Daniel fait partie des déportés « non rentrés ». Il est assassiné très certainement le jour de son arrivée dans le centre de mise à mort d’Auschwitz, du fait de son jeune âge, le 5 août 1944.
Après la Seconde Guerre mondiale, les recherches sur Daniel menées par sa famille
Madame Rachel Franz, la grand-mère maternelle de Daniel, fait une demande d’attribution du titre de déporté politique dans les années 1960. Voici l’en-tête de sa demande :
Dans le dossier, Madame Franz donne des témoignages. On y trouve celui d’Elise Hafliger concernant l’arrestation : Daniel a été arrêté à son domicile. Selon l’enquête menée par le Ministère des anciens combattants et victimes de guerre, il n’en est jamais revenu. Une autre déclaration est complétée par Fernand Mayeur et Louis Paul Bertin : ils attestent sur l’honneur en 1961 que Daniel Stepanski est décédé dans le camp d’Auschwitz.
Son décès est rendu officiel par un jugement du tribunal civil de la Seine le 24 octobre 1947. Le Ministère des anciens combattants et victimes de guerre a attribué à Daniel Stepanski le titre de « déporté politique » le 12 octobre 1962. Il reçoit la carte de déporté n° 1175-15195.
Sa grand-mère, Rachel Frantz, reçoit 120 francs en paiement de pécule aux ayants-cause des déportés ou internés politiques décédés pendant leur détention.
Arbre généalogique
Voici un arbre généalogique que nous avons réalisé sur la famille Stepanski :
Sources
- Source : SHD, AC 21 P 540 930, Dossier individuel de Daniel Stepanski.
Liens
- http://www.enseigner-histoire-shoah.org/outils-et-ressources/lexique/gestapo-geheime-staatspolizei.html
- http://www.enseigner-histoire-shoah.org/outils-et-ressources/fiches-thematiques/le-regime-de-vichy-et-les-juifs-1940-1944/etude-de-cas-le-camp-de-drancy-1941-1944.html
- https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=daniel%20stepanski&spec_expand=1&start=0
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_Drancy
- https://cprd-landes.org/espace-pedagogique/les-camps-dinternement-en-france/
- https://www.amicale-des-deportes-auschwitz-et-birkenau-rhone.asso.fr/70eme-anniversaire-de-la-liberation-du-camp-dauschwitz-birkenau-998.html
- https://convoi77.org/histoire-et-composition-du-convoi/
Daniel STEPANSKI (1937-1944)
Le 30 juillet 1944, Rebecca Stepanski, signant Renée, écrit du camp d’internement de Drancy « nous sommes en parfaite santé, nous partons plein de courage avec le grand espoir de revenir bientôt ».
A cette date, Rebecca est accompagnée par ses deux enfants, Jeannine et Daniel. Ce dernier, né le 7 janvier 1937 dans le XVIIe arrondissement, est âgé d’un peu plus de sept ans. Il réside, jusqu’à son arrestation, avec ses parents au 60 rue de la Faisanderie, à proximité du Lycée Janson de Sailly dont il est l’un des élèves.
Photographies du 60 rue de la Faisanderie Paris XVIe arrondissement. Crédit. A.M Poutiers
En raison de son jeune âge, il fréquente comme c’est l’usage pour les familles aisées, les petites classes de l’établissement et ne va pas à l’école primaire. Sérieux et travailleur, malgré une absence une bonne partie du second trimestre, Daniel a été gratifié d’une belle appréciation de fin d’année: « Bon petit élève. Progrès très satisfaisant”, sur le dernier bulletin de sa scolarité (juin 1944) peu avant sa déportation.
Photographie de l’appréciation du bulletin de Daniel Stepanski pour le 2e trimestre de l’année scolaire 1943 – 1944
Photographie de l’appréciation du bulletin de Daniel Stepanski pour le 3e trimestre de l’année scolaire 1943 – 1944
Daniel Stepanski grandit dans Paris avec sa sœur Jeanine qui est de 4 ans son aînée. Elle aussi étudie dans un lycée parisien, le lycée Molière, qui se situe comme Janson de Sailly dans le XVIème arrondissement de Paris.
Daniel et sa sœur Jeannine en bas âge Crédit Mémorial de la Shoah
Leur père, Henri Stepanski, est dentiste. Il est l’époux de Rebecca Stepanski, née Franz. La famille subit les effets des persécutions antisémites mises en oeuvre par l’occupant allemand et les autorités françaises de Vichy. Au printemps 1942, l’Allemagne nazie, par l’intermédiaire de Karl Oberg, exige du régime de Vichy l’arrestation des juifs étrangers et français résidant sur le territoire national, ce que le régime accepte de faire. Ces mesures s’inscrivent dans le prolongement de la conférence de Wannsee, où a été décidée la systématisation de l’extermination des Juifs d’Europe dans le cadre de ce que les nazis appellent “ la Solution Finale”. À partir de mars 1942, des convois partent de France en direction notamment d’Auschwitz. Au total, 77 convois gagnent Auschwitz entre le 27 Mars 1942 et le 31 Juillet 1944, soit 2 ans et 4 mois d’intervalle. La famille Stepanski présente cette particularité qu’elle est touchée par le premier et le dernier de ces convois.
En effet, alors âgé de 35 ans, Henri Stepanski est arrêté, le 12 décembre 1941 lors de l’une des premières rafles de Juifs en France, appelée « la rafle des notables », où 743 Juifs majoritairement français, ayant une situation confortable, sont arrêtés et internés à l’Ecole
Militaire, à Paris, puis transférés dans le camp de Royallieu, à Compiègne. Victime des directives données par Théodore Dannecker, le responsable des affaires juives de la Gestapo en France, il est déporté le 27 mars 1942, avec 1111 autres hommes, par le premier convoi parti
de France, en direction d’Auschwitz.
Le reste de la famille Stepanski est loin de s’imaginer ce que vit Henri, comme en témoigne la lettre de Rebecca mentionnée plus tôt, et où elle écrit également à son correspondant « peut-être reverrais-je Henri plus tôt que je ne le pensais ? Si cela était, je serais impatiente de partir. Ce n’est pas « adieu » que je vous dis, mais « au revoir », et à bientôt. ». Elle ne le sait pas encore, mais son mari qui a été, comme les autres déportés de ce premier convoi, forcé à travailler, est rapidement décédé, notamment du fait des mauvaises conditions de vie au sein du camp. Pendant plusieurs mois, malgré les menaces qui pèsent sur les Juifs de France, Rebecca, Jeanine et Daniel sont parvenus à vivre dans Paris. Mais ils sont arrêtés le 14 juillet 1944 par la gestapo à leur domicile. Daniel, sa soeur et sa mère, sont internés le 19 à Drancy.
Extrait de la liste originale des déportés du convoi n°77 Crédit Mémorial de la Shoah.
Lorsque le 31 juillet, il monte dans le convoi 77, avec 1305 autres déportés juifs, nous savons grâce à la lettre transmise par sa mère à un ami de la famille la veille du départ, que Daniel est placé dans un wagon dédié aux enfants (ces derniers représentent près du 1/5e des déportés).
Dans la nuit du 3 au 4 août 1944, le convoi arrive au coeur du camp de Birkenau. Après la sélection, Daniel, sa soeur et sa mère, tout comme 833 autres personnes, sont envoyées vers la chambre à gaz pour y être assassinés.
A l’issue du conflit, Daniel et sa soeur, Jeannine, grâce aux efforts de leur tante, Simone Cumet, et de leur grand-mère, Rachel Franz, sont reconnus, dans un premier temps comme des “nonrentrés”,
c’est-à-dire des individus ayant été déportés au cours de la guerre et dont personne ne peut garantir de leur retour en France, soit pour cause de mort, soit car leur trace a été perdue.
Leur mort est reconnue en Octobre 1947 par le tribunal civil de la Seine. Ils obtiennent par la suite tous deux la mention de “déporté politique” en 1962 et la mention de mort en déportation
en 2003 sur leurs actes de décès.
Extrait du dossier construit par la tante de Daniel, Simone Cumet, au sortir de la guerre (SHD Caen)
Dernière lettre envoyée par Rebecca Stepanski, depuis Drancy, au docteur Encausse le 30 juillet 1944.
Arbre généalogique de la famille Stepanski.
Marie Tafanelli, Isée Guillon, Marguerite Sablier, Hypokhâgne AL (2022-2023)
Janson de Sailly (Paris) . Encadrées par Alexandre Bande professeur d’Histoire
Sources :
- Dossier Daniel Stepanski SHD – DAVCC Caen
- Dossier Henri Stepanski SHD – DAVCC Caen
- Dossier Rebecca Stepanski SHD – DAVV Caen
- Archives du Lycée Janson de Sailly
This biography of Daniel STEPANSKI has been translated into English.